[Chronique horreur] Les anges oubliés, de Graham Masterton

Les pages se tournent comme mues par un vent imaginaire aux relents d’égout.

Synopsis

La majorité des enfants sont bénis… d’autres, maudits. Et certains n’auraient jamais dû naitre du tout. Dans l’obscurité des égouts, beaucoup de ces enfants oubliés survivent malgré tout. Gemma aime son travail, elle s’occupe des égouts du XIXe siècle avec passion, même quand un grasseberg vient les bloquer. Un jour, elle découvre que les créatures les plus dangereuses qui infestent les égouts ne sont pas les rats. Elle fait alors appel au détective Pardoe et au sergent Patel, tous deux expérimentés dans la résolution de crimes étranges et terrifiants. Mais sauront-ils faire face à la mère de toutes les horreurs ?

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[Chronique horreur] Derniers jours, d’Adam Nevill

L’horreur vient à pas de loups, mais reste présente pendant toute la durée du roman, avec cette impression d’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête des protagonistes, ce sentiment d’inéluctabilité.

Acherontia Nyx

Éditions Bragelonne, 2014

456 pages

Traduction de Benoît Domis

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[Chronique thriller/fantastique] Écarlate, de Philippe Auribeau

L’auteur n’épargnera personne, ni ses personnages, ni le lecteur, qu’il va prendre un malin plaisir à rudoyer par une trame très bien ficelée et haletante de bout en bout.

Acherontia Nyx

Providence, 1931. Une troupe de théâtre est sauvagement assassinée alors qu’elle travaillait à l’adaptation du roman La Lettre écarlate. Si la piste d’un ancien anarchiste italien semble évidente pour la police locale, l’équipe fédérale de Thomas Jefferson flaire des raisons bien plus obscures. Une ombre plane sur ce meurtre… et sur ceux qui mènent l’enquête.

Éditions ActuSF, collection Les 3 souhaits

Année 2020

496 pages

Caleb Beauford gara la Cadillac le long du trottoir. C’était une conduite bleu pâle, aux chromes rutilants et aux sièges de cuir blanc ivoire. Des passants suspendirent leur pas pour s’émerveiller devant les courbes de la luxueuse automobile, avant que leurs visages ne se ferment en découvrant que son chauffeur était noir. Nombre d’entre eux passèrent alors leur chemin.

Philippe Auribeau, in Écarlate
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[Mois Lovecraft 2020] Dagon

Je pense que c’est à cet instant précis que je suis devenu fou.

H. P. Lovecraft, Dagon

Mars, c’est généralement le « mois Lovecraft » chez les Indés de l’imaginaire ! Et, bien sûr, ça l’est aussi chez Acherontia Nyx ! En ce joli (?) mois de Mars, je vais envahir vos mirettes avec autre chose que le coronavirus (encore que je doute que ce soit plus réjouissant…). Je vais vous présenter quatre nouvelles du célèbre Lovecraft, une par semaine, en commençant avec un récit de jeunesse, ou presque…

En parallèle, je vous propose une illustration par nouvelle sur mon site web.

Introduction…

Dagon (titre original : Dagon) est une courte nouvelle, d’abord rédigée en juillet 1917 (et donc considérée comme faisant partie des derniers récits de jeunesse de Lovecraft), puis publiée en novembre 1919 dans le onzième numéro du magazine The Vagrant, avant d’être réimprimée dans le pulp Weird Tales en octobre 1923 puis en janvier 1936. Lovecraft a vingt-sept ans lorsqu’il invente cette histoire. Avec La tombe, elle est considérée comme ses premières oeuvres « d’adulte ».

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[Chronique Horreur] L’asile du Nord. 1, Camille, de Carine Paquin

Tout commence par un « innocent » jeu de Ouija entre filles (c’est fou, cette propension qu’ont les adolescents à aimer se faire peur !). Se mêle à cela le décès d’une grand-mère qui, post-mortem, se révèle être plus étrange qu’il n’y paraissait de son vivant. Vous tenez là un cocktail trouble à souhait et qui sent déjà le sapin roussi !

Acherontia

Synopsis

Peu de temps après la mort de sa grand-mère, à l’aube de l’an 2000, une jeune fille de seize ans est internée à l’hôpital psychiatrique. Son diagnostique: schizophrénie paranoïde. Pourtant, certaines personnes de la ville sont convaincues que la petite n’est pas folle, que ce qui l’affecte n’a rien d’humain. Existerait-il quelque chose d’invisible à l’homme qui peut s’emparer de lui et détruire sa vie? Enfermée entre les quatre murs de cet hôpital, que fera Camille quand elle constatera que sa vie ne lui appartient plus? Pour quoi, ou plutôt pour « qui » vit-elle?

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[Chronique] Par-delà le gouffre des étoiles, de Frédéric Gynsterblom

À défaut d’avoir atteint les sommets de l’horreur, au bout d’une ascension longue et laborieuse, c’est surtout le gouffre de la bêtise que j’ai trouvé… Un trou noir béant qui a avalé aussi bien les étoiles que mes espoirs de fan de Lovecraft.

Acherontia

Synopsis

couv53121210Les Grands Anciens ont été, sont et seront.
Du fin fond des univers multidimensionnels, ils jailliront en légions pour revendiquer la propriété de la Terre, reléguant le bétail humain au rang de pâture gémissante et soumise.
Mais peut-être sont-ils déjà là ? Dissimulés sous les traits de quidams les plus anodins ou sommeillant dans notre ADN, attendant patiemment le début d’un nouveau cycle.
Par la porte du ciel nocturne, ils viendront. Par delà le gouffre des étoiles, ils déferleront sur l’humanité pour l’emporter dans les ténèbres.
En s’inspirant de la mythologie de Lovecraft, Frédéric Gynsterblom est sur le point d’atteindre les sommets de l’horreur.

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Throwback Thursday #16

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Le Throwback Thursday a été initié par BettieRose books sur son blog. Chaque jeudi, un nouveau thème est proposé. À moi de trouver un livre qui colle à ce thème et de vous en parler un peu.

Et cette semaine, le thème est…

Comme un oiseau en cage

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[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Bien qu'il ne soit pas très récent, ce roman m'a comme qui dirait envoûtée. L'ambiance, d'abord charmante et printanière, devient très vite oppressante, gagnant en intensité au fil que l'histoire se déroule. L'écriture est plaisante, pour ne pas dire brillante. Chaque élément d'intrigue est amené au compte-goutte, si bien qu'on ne parvient que difficilement à décrocher du livre.

Acherontia

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Aucun homme ne doit savoir, ni aucune femme en parler. Sinon…

Un peintre new-yorkais, sa femme et sa fille d'une douzaine d'années réalisent enfin leur rêve : s'installer à la campagne. Ils trouvent une vieille maison dans un village où les habitants vivent encore selon les coutumes ancestrales. Nos citadins sont aussitôt séduits par ces gens si proches de la nature, par cette vie toujours rythmée par les fêtes traditionnelles. Pourtant, peu à peu, l'inquiétude s'installe : Quels sont exactement ces rites de fertilité dont on parle à mi-mots ? Ce culte de la terre si vivace, si pittoresque, n'impliquerait-il pas des sacrifices humains ?

 

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

On ne peut pas vraiment dire que je me sois sentie attirée par la couverture… Comme beaucoup de romans des années 90, le graphisme n'est pas vraiment au rendez-vous… Alors pourquoi un tel choix?

C'est que cela fait quelques temps déjà que je me passionne pour la collection Terreur des éditions Presses Pocket. C'est une vieille collection, et elle n'est plus publiée, certes, mais c'est avec elle que j'ai commencé à lire des romans d'épouvante, donc je la porte tout naturellement dans mon coeur. Régulièrement, lorsque je dévalise les foires aux livres et les bouquinistes, j'achète les tomes qui me manquent encore (et ils sont assez nombreux…), le but étant d'un jour réunir la collection complète, même si tous les titres qui la composent ne se valent pas.

C'est dans le cadre de cette collection que j'ai acquis ce roman au titre qui prête à sourire. Et c'est aussi grâce à ce titre en particulier que j'ai enfin décidé de sortir ce roman de ma PAL. Début janvier, je me suis inscrite à un challenge sur le site Livraddict, qui consiste à se trouver un binôme lecteur, puis de piocher dans sa PAL deux romans qui nous intriguent. Gilsayan, mon binôme, a très judicieusement porté son premier choix sur ce titre un peu bizarre.

Je vous invite donc à découvrir ce qui se cache derrière…

Le temps revêtait le passé d'une patine de tendresse et l'on ne se souvenait plus combien, en ce temps-là, l'homme devait travailler dur et longtemps pour se nourrir, comme il était difficile de mettre au monde un enfant, comme il y avait peu de médicaments, peu de confort ; combien la vie était austère.

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Le roman commence gentiment, calmement. Le lecteur a tout le temps qu'il veut pour se plonger progressivement dans l'univers bucolique et conservateur du petit village de Cornwall Coombe. En gros, cela commence par l'exode d'un couple new-yorkais d'âge moyen et de leur fille ado décident. Alors qu'ils commencent à se lasser de leur vie citadine, ils décident de retourner vivre à la campagne. Leur beau rêve prend forme un peu par hasard, lors d'un déplacement en voiture au cours duquel ils empruntent des routes qu'ils ne connaissent pas pour visiter la région. Ils découvrent un magnifique village à l'ancienne, niché au creux d'une nature luxuriante et sauvage. Et, comble du bonheur, leurs pérégrinations les conduisent tout droit vers une grande maison qui semble abandonnée. Ils se renseignent auprès du voisinage pour voir si elle est à vendre, repartent bredouilles à New York, pour recevoir quelques temps plus tard un coup de téléphone de la propriétaire, qui accepte de céder son bien à un prix dérisoire.

L'histoire s'axe alors sur les rénovations de la maison et l'intégration de cette gentille famille citadine au petit monde très fermé du village. Peu à peu, on apprend à connaître les personnages les plus influents du village. La Veuve Fortune, par exemple, qui fait office de doyenne et de rebouteuse, et qui semble connaître tout ce qu'il y a à connaître sur cet écrin de verdure. Il y a aussi les Dodd, le couple voisin de la maison. Et toute une kyrielle d'autres protagonistes, tous aussi hauts en couleurs les uns que les autres. Des personnages que l'on apprécie, ou que l'on déteste, c'est selon. Mais une chose est certaine, aucun d'eux ne laisse indifférent.

Personnellement, j'ai adoré ce retour campagnard, cette volonté qu'a le couple new-yorkais de "retourner à la terre", comme ils le disent, de sentir à nouveau la terre sous leurs pieds et la nature autour d'eux, de revenir à des valeurs plus essentielles et de sortir du rythme effréné de la vie urbaine. Je ne peux que les comprendre. Moi-même, je me dis souvent que ce rythme de vie plus que soutenu est vain, tout comme l'est le fait d'être hyperconnecté, de courir sans cesse après le temps, de ne plus apprécier le moment présent comme il se doit… Je me dis souvent que l'on passe à côté de choses tout à fait essentielles, sans toutefois pouvoir changer de mode de vie. Et moi qui suis une campagnarde, à la base, je n'ai pu qu'apprécier ce retour à la nature, ainsi que ce village dont les bons côtés ne sont pas sans rappeler ceux de mon village d'enfance.

Oui, je parle des bons côtés, notez bien… Car, bien sûr, les problèmes pointent bien vite le bout de leur nez, comme vous l'imaginez. Très rapidement, on ressent que les habitants du village ne sont pas nets, qu'ils cachent bien des choses. L'ambiance, de prime abord ensoleillée, légère et accueillante, se fait de plus en plus oppressante au fil des pages. Il y a cette tombe creusée à l'écart du cimetière ; sa pierre tombale mentionne une mystérieuse jeune femme dont tout le monde refuse de parler. Il y a Missy Penrose, une fillette retardée qui semble posséder de curieux dons de divination. Il y a ce culte que les habitants du coin semblent vouer au maïs ; et de façon plus large, il y a le fait qu'ils soient si conservateurs…

J'aimais l'atmosphère de ces lieux, leur aspect tranquille, bucolique, la sensation de paix qui se dégageait des maisons, des pelouses soigneusement entretenues, des jardins nouvellement fleuris. J'aimais cette vigueur, cette pérennité dont étaient empreints les passants eux-mêmes, des paysans simples, aux visages simples de campagnards. On sentait une sorte de vénération pour le passé, un effort intransigeant pour conserver les choses telles qu'elles étaient autrefois et peut-être même une résistance à admettre les choses telles qu'elles sont.

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Le premier élément qui est venu m'inquiéter, ce n'est pas ce que les habitants cachent, mais plutôt ce qu'ils montrent ouvertement, c'est-à-dire leur conservatisme à toute épreuve. En fait, le village de Cornwall Coombe tout entier semble être resté à une époque reculée, un reliquat de la fin des années 1800, ou du début du siècle dernier. Petite parenthèse, j'ai même trouvé complètement incroyable cette façon qu'a l'auteur de décrire ce village. On ressent si bien l'ambiance qui s'en dégage qu'on a presque le sentiment d'évoluer dans une vieille carte postale sépia! On sent même les odeurs du cru, la bouse des champs, la poussière des habitations, l'odeur du linge de maison nettoyé à l'ancienne, les relents rances des remèdes de grand-mère, le fumet riche de la cuisine traditionnelle, le crottin des chevaux qui conduisent les calèches, les effluves corporelles peu recommandables, et j'en passe.

La première chose à laquelle j'ai pensé, c'est que j'avais peut-être affaire à une sorte de boucle temporelle, un étrange phénomène qui ferait que cette portion précise de l'Amérique reste figée à la même époque, sans plus évoluer. Je me suis souvenue du film Le jour de la marmotte, où le héros ne cesse de se réveiller le matin du même jour, pour revivre sans cesse les mêmes aventures.

Outre mes supputations alambiquées, je trouve toujours un tel niveau de repli sur soi très inquiétant. Ces gens sont si enfermés dans leurs anciens schémas, si intolérants à tout ce qui vient de l'extérieur et tout ce qui représente le progrès, qu'on ne peut que craindre pour la survie des nouveaux arrivants. Heureusement pour ces derniers, ils viennent avec la totale volonté de laisser derrière eux la ville et leur ancien mode de vie. Ils se montrent même plutôt charmés par les manières désuètes et les vieilles superstitions des gens du cru. C'est même ce qu'ils recherchaient en emménageant dans le trou de cul du monde, si je puis dire.

De chaque côté de la route s'étendaient des champs de maïs déjà haut ; je dis que la récolte promettait d'être bonne et la Veuve acquiesça.
"Je le savais. J'ai écouté pousser le maïs pendant tout l'été. Oh! oui ; on l'entend très bien. Vous viendrez avec moi, une nuit, l'année prochaine. Ne riez pas, ce ne sont pas des balivernes, et vous l'entendrez, vous aussi. Le doux bruissement des feuilles, doux comme des ailes de fée. Et les tiges qui s'élancent vers le ciel, les épis qui se gonflent, petit à petit, jusqu'à ce qu'on entende éclater leur enveloppe. C'est quelque chose que d'entendre pousser le maïs, par une chaude nuit d'été, à la clarté mauve de la lune. C'est à ce moment-là qu'on peut dire que la terre a rendu la semence au centuple."

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Je pense que tout aurait pu se passer à merveille pour nos nouveaux arrivants, s'ils s'étaient pliés sans broncher aux vieilles traditions imposées par leurs nouveaux concitoyens. Mais vous le savez, n'est-ce pas… il y a toujours un mais! Écartez-vous un tant soit peu du carcan imposé, et vous serez au mieux pointé du doigt, au pire mis au ban de la société. Et tant qu'à faire les choses comme il faut, pourquoi ne pas devenir l'objet d'une chasse aux sorcières, ou d'une conspiration? Allons, soyons fous!

Vous connaissez peut-être cette chanson de Rammstein, Rosenrot. "Tiefe Wasser sind nicht still…", nous dit le chanteur. Comprenez par là que les eaux profondes ne sont pas calmes. Et que dire, dans ce cas, des très vieilles eaux, aussi obscures que la fin des temps, et aussi décomposées que les siècles qui passent?

Dans ce roman, tout est question d'apparence. Les villageois les plus sympathiques pourraient bien se révéler être les plus machiavéliques. Les fantômes et autres créatures surnaturelles entr'aperçus au clair de lune pourraient bien être plus humains qu'on le pense. Et si cette petite société rurale ne reposait pas tout à fait sur les mêmes principes que la société que l'on connaît, même avec un ou deux siècles de retard? Je vous le dis, méfiez-vous de l'eau qui dort…

Bientôt il ne resta plus personne, que moi.
Et le mouton étripé.
Et Missy Penrose.
Elle respirait par la bouche et émettait d'étranges sonorités, incompréhensibles, en regardant la cavité béante. "Mmm-um-nmm." La panse n'était plus rouge, une bile noire s'écoulait maintenant des tissus déchirés. Elle y plongea les doigts et les ressortit encore plus sanglants, encore plus noirs, les leva vers le ciel. Son corps se raidit et se mit à trembler. "Mm, um, nmm, mm."

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Qu'est-ce qui se cache derrière cet étrange culte du maïs, derrière ces fêtes populaires et ces traditions qui entoure la culture de cette plante au demeurant si banale? Superstitions, croyances désuètes, remèdes de grand-mère, rebouteux, rites ancestraux et impies… Allez, je laisse un peu votre imagination galoper!

Quoi qu'il en soit, personnellement, je n'ai pas pu une seule seconde deviner ce qui allait se passer. La fin m'a totalement bluffée, pour mon plus grand plaisir. Le seul petit bémol, c'est que je n'ai pas été suffisamment terrorisée. Peut-être n'était-ce pas vraiment le but de l'auteur, d'ailleurs… J'ai le sentiment que son objectif premier était avant tout de mettre l'accent sur l'ambiance suffocante, et de baser l'intrigue sur les déviances qui peuvent arriver lorsqu'une communauté vit aussi repliée sur elle-même. Ceci dit, il y avait quelques éléments d'intrigue que j'ai trouvé particulièrement ingénieux. Je ne vous en dit pas plus, sinon ce n'est pas marrant. Mais honnêtement, je vois mal un lecteur capable de deviner ce qui se cache derrière chaque personnage, derrière chaque tradition et derrière chaque secret.

Une belle découverte, vraiment!

Toutes deux avaient le corps en épis de maïs, de grands yeux dans une tête de paille, des jambes de paille et, pour vêtements, des chiffons en lambeaux. La poupée de Missy n'était qu'un jouet d'enfant, mais l'autre… Je contemplai son visage étrange, effroyable, essayant encore de comprendre ce qu'elle était. Elle représentait, de toute évidence, une femme car de grosses protubérances, des seins, étaient fixées au corps de maïs et le sexe était clairement défini par une fente profonde entre les jambes.
Qu'était-ce? Quelle main avait fabriqué cela? Je me rappelai tout à coup un de mes livres d'histoire de l'art. Je pris l'ouvrage sur l'étagère et l'ouvris au chapitre "Art primitif"…

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Bien qu'il ne soit pas très récent, ce roman m'a comme qui dirait envoûtée. L'ambiance, d'abord charmante et printanière, devient très vite oppressante, gagnant en intensité au fil que l'histoire se déroule. L'écriture est plaisante, pour ne pas dire brillante. Chaque élément d'intrigue est amené au compte-goutte, si bien qu'on ne parvient que difficilement à décrocher du livre.

L'intrigue proposée est tout bonnement géniale, et bien malin sera celui qui pourra deviner la chute avant la dernière page. L'auteur maîtrise l'art d'étonner ses lecteurs en le mettant sur de fausses pistes. Et puis j'ai adoré ce village qui semble tout droit sorti d'une vieille carte postale victorienne, avec ses superstitions, ses rites, ses traditions. Tout cela sent tellement la poussière, la boue et la magie païenne!

Ce que je retiens de ce roman, surtout, c'est, au final, cette analyse très pointue de ce qui peut se passer au sein de certaines communautés vivant en autarcie complète, avec toutes les dérives que peuvent engendrer l'étroitesse d'esprit et la volonté de respecter à tout prix les traditions.

Je n'ai pas souvent dit cela au sujet de romans qui commencent à dater, mais je pense que ce roman précis mériterait une édition plus récente et plus coquette. Les quelques éditions faites par le passé (je crois que la dernière date de 1991) ont vraiment un look douteux qui ne donnent pas vraiment envie de découvrir l'histoire. Je crois que cela vaudrait la peine d'y penser. Après tout, la quatrième de couverture de mon édition en parle comme "l'un des livres clé de la terreur moderne", et je ne suis pas loin de partager cet avis…

Le vent souffla de nouveau, de nouveau la chose cria. Le corbeau lança un croassement plaintif, mortuaire. Je me sentis soudain très seul au milieu de cette clairière. Je regardai de nouveau l'arbre, essayant de percer le secret de cette créature grotesque. Son expression de défi acharné était à la fois mystérieuse et révélatrice, preuve que la vie lui avait été dérobée à un moment de refus ou de protestation.

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
Lu dans le cadre du challenge "Pioche dans ma PAL", session du 1er janvier au 28 février 2017

Lu dans le cadre du challenge "Pioche dans ma PAL", session du 1er janvier au 28 février 2017

Lu dans le cadre du challenge "Défi lecture 2017", thème n°23, un livre dont un des personnages est docteur (ici : la Veuve Fortune est docteur et rebouteuse)

Lu dans le cadre du challenge "Défi lecture 2017", thème n°23, un livre dont un des personnages est docteur (ici : la Veuve Fortune est docteur et rebouteuse)

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

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Cereal readers #2

Cereal readers #2

Des Golden Grahams en compagnie de Graham Masterton! – Partie 2

Bonjour tout le monde!

Vous êtes prêt pour la seconde partie de ce bol de Golden Grahams en compagnie du maître incontesté du gore et de l'épouvante? Mais attention, hein, ne venez pas dégobiller votre déjeuner dans mon salon XD

Cereal readers #2

La nouvelle…

Elle est parue dans la revue Phenix n°38, dirigée par Marc Bailly. La nouvelle originale provient d'une anthologie, The mammouth book of terror, où elle était parue sous le titre Pig's dinner. C'est bien sûr Dennis Labbé qui l'a traduite.

Le délice pour cochon, de Graham Masterton

David et son frère Malcolm tiennent un élevage de cochons destinés à la consommation, mais l'entreprise a des difficultés financières. Un soir que David rentre d'un entretien avec un banquier, il trouve les lumières de la grange allumées. Par un malheureux concours de circonstances, alors qu'il croyait le broyeur à viande éteint et le bouton sur "marche", David ferme l'interrupteur du broyeur. Mais celui-ci se met en marche… avec Malcolm dans la cuve.

L'on retrouve dans cette nouvelle un thème que j'ai déjà rencontré chez Masterton, celui du cochon qui devient "pensant" grâce à l'incursion d'une conscience humaine dans son cerveau. Cela peut venir du fait que le cochon a mangé des restes humains (Le délice pour cochon) ou par une suite de mutations génétiques (Sang impur). Toujours est-il que dans les deux cas, le cochon est énorme, de couleur noir, et généralement létal pour qui tente de l'approcher. Un bon concentré de gore et d'imagination tordue!

Il avait quitté la porcherie à cinq heures et demie du matin, avait conduit pendant toute la route vers Chester sous une pluie diluvienne avec un fatras de sept petits cochons de Landrace souffrant peut-être d'érysipèle du cochon. Il avant attendu deux heures et demie un jeune inspecteur de l santé qui avait raté sa correspondance de Coventry. Puis il avait déjeuné d'un pudding à la viande de bœuf et aux rognons avec un directeur adjoint de banque dont le costume humide empestait comme un épagneul, et qui avait estimé ne pas pouvoir accorder à David le prêt dont lui et Malcolm avaient désespérément besoin afin de réparer le toit de la vieille grange noire.

Il avait presque atteint les escaliers de pierre lorsqu'il se rendit compte que les lumières de la fabrique de nourriture étaient restées allumées. Quelle barbe, pensa-t-il. Malcolm était toujours aussi négligent. C'était l'investissement trop ambitieux de Malcolm dans une nouvelle machinerie et l'insistance de Malcolm pour installer leur propre abattoir et leurs propres chambres froides qui avaient entraîné leurs finances jusqu'au point de non-retour. La Bryce Prime Pork avait été coincée entre la baisse de demande et la hausse des coûts, et le rêve de David de devenir propriétaire terrien prospère s'était petit à petit effiloché autour de lui.

Le délice pour cochon, de Graham Masterton

Retrouvez les scènes gores de cette nouvelle dans ma nouvelle collection d'extraits… Frissons garantis!

Ma progression dans le Phenix n°38…

2 nouvelles lues sur 7!

À très bientôt pour un nouveau Cereal Readers!

Si vous appréciez ce concept, n'hésitez pas à faire pareil et à venir parler des nouvelles que vous avez lues, soit en commentaire de cet article, soit sur la page Facebook du blog!

Cereal readers #1

Cereal readers #1

Des Golden Grahams en compagnie de Graham Masterton!

Bonjour tout le monde!

Vous le savez peut-être déjà, je me suis prise de goût pour l'écriture de nouvelles, mais je constate que j'en ai lu trop peu sur ma courte vie. Or, cela peut s'avérer utile pour glaner des idées et apprendre à construire ces courtes histoires d'une main de maître. Afin de remédier à ce triste constat, j'ai décidé de vous donner rendez-vous les dimanches matins (les vendredis et les samedis aussi, mais cela, je vous l'ai déjà expliqué ^^). Un grand bol de céréales sur les genoux, je lirai une (ou plusieurs) nouvelle(s) d'horreur ou de steampunk, et vous donnerai mon avis dans un court article.

Cela me permet, d'une part, de lire davantage de nouvelles et de découvrir de nouveaux auteurs, et d'une autre part de progressivement vider ma PAL des grosses anthologies qui la peuplent. Et, par la même occasion, de retomber un peu en enfance en m'enfilant un bol de céréales comme au bon vieux temps 😉

Je ne sais pas encore si ce rendez-vous sera hebdomadaire ou pas… Il est à l'essai jusqu'en septembre. Dès lors, je devrai décider d'une fréquence, en fonction de ce que je peux lire, de ce que je peux chroniquer, et aussi de ce que mon corps peut absorber sans trop prendre de poids (déjà que j'essaie d'en perdre…)!

Mais cessons de tergiverser, et allons déguster ces céréales avant qu'elles ne ramollissent!

La nouvelle… Le Laird de Dunain, par Graham Masterton

Cette nouvelle a été publiée dans sa version originale en 1992 dans le recueil The Mammouth book of vampires, puis traduite par Dennis Labbé et publiée en français dans la revue Phenix n°38.

Claire et sa classe de dessin partent en voyage en Écosse afin d'y peaufiner leur formation en y dessinant les paysages. Ils logent dans le château du Laird de Dunain, un énigmatique personnage. Celui-ci s'intéresse au travail de Claire et lui demande de faire son portrait. Claire est ravie et accepte de bonne grâce, mais très vite, elle va s'apercevoir que peindre le Laird n'est pas chose si aisée…

J'ai littéralement adoré cette nouvelle, d'une part parce que c'est Graham Masterton qui l'a écrite, et on sait tous bien qu'il est l'un de mes auteurs d'horreur favoris, si pas mon favoris tout court. Et d'une autre part parce que les mécanismes qui régissent cette nouvelle sont tout bonnement machiavéliques. On savait déjà que Masterton appréciait les histoires de tableaux qui évoluent avec les personnages qu'ils dépeignent (son roman Le portrait du mal le prouve bien). Ici encore, l'on retrouve ce concept, avec de belles scènes gores, des descriptions et style propres à l'auteur, et une chute magistrale qui en surprendra plus d'un.

Dans les premières brumes matinales, le Laird du Dunain sortit sur les pelouses vêtu d'un kilt, d'un sporran et d'un épais pull-over beige. Il avait le visage pâle, osseux, agréable, une barbe rousse comme les flammes, ses cheveux en bataille ressemblaient à un carré de chardons sauvages. Le pur Écossais, exactement comme celui que l'on peut voir sur les boîtes de pain ou sur les bouteilles de whisky pur malt. Excepté qu'il paraissait plus crispé et plus décharné, plus affamé spirituellement aussi.
C'était la première fois que Claire le voyait depuis son arrivée. Elle tendit le bras, tapa doucement sur celui de Duncan avec le bout de son pinceau en lui disant :
– Regarde, ça y est! N'est-ce pas fantastique?

Retrouvez les scènes gores de cette nouvelle dans ma nouvelle collection d'extraits… Frissons garantis!

Ma progression dans le Phenix n°38…

Cereal readers #1

1 nouvelle sur 7 lue!

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À très bientôt pour un nouveau Cereal Readers!

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