[Chronique fantasy] Boudicca, de Jean-Laurent del Socorro

Boudicca ne cesse de dire que les mots ne sont pas faits pour elle, et pourtant ceux qu’elle exprime m’ont bien souvent bouleversée.

Acherontia Nyx

Synopsis

Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ? À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.

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[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

L’auteur se propose de nous révéler les secrets de la naissance du royaume de France, ni plus ni moins. Et je dois dire que c’est un pari réussi haut la main!

Acherontia

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

Après la mort de son père, Childéric Ier, Clovis devient le roi de tous les Francs, jusqu’à poser les fondations de la future France. Comment un jeune barbare inexpérimenté a-t-il pu supplanter ses puissants voisins et rivaux ? Grâce à sa conversion au catholicisme lui assurant le soutien des élites gallo-romaines ? À sa science militaire ? Certainement. Mais avant tout grâce à l’action de trois agents secrets, une femme et deux hommes. Obéissant chacun à des motivations différentes, ces guerriers de l’ombre au tragique passé vont peu à peu transformer l’héritier en roi des rois. Manipulations, chantages, trahisons, sexe, meurtres… Mission impossible au pays des Francs.

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare
[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

Je tiens d’abord à remercier les éditions Pygmalion pour ce service presse, ainsi que Babelio et son opération Masse Critique. C’est une lecture que j’avais sélectionné lors de l’avant-dernière MC, et cela m’a fait très plaisir d’être tirée au sort pour la lire et la chroniquer!

Pourquoi ai-je demandé cette lecture en particulier? Parce que le résumé m’a plu et m’a intriguée, bien sûr. D’ailleurs, il fallait bien cela pour que je me décide à essayer un genre qui change radicalement de mes habitudes. Car oui, des romans historiques, j’en lis très peu, voire pas du tout. Et ce n’est pas que cela me débecte, bien au contraire, je suis très fan d’histoire, surtout pour les époques médiévales et victoriennes. Mais voilà, j’ai décidé, au début de ce blog, d’axer celui-ci sur les littératures de l’imaginaire, mon genre de prédilection. Cela n’exclut pas les autres genres que j’apprécie, mais cela les limite, car j’ai peu de temps pour la lecture et je préfère donc me concentrer sur ce qui entre dans le thème de mon blog.

J’ai donc fait une exception pour « Mérovingiens », parce que son auteur a déjà rédigé des romans de l’imaginaire (notamment les Haut Conteurs et Darryl Ouvremonde) d’une part, et parce que d’une autre part je pressentais qu’il y aurait malgré tout des éléments fantastiques dans le récit. Avais-je raison de me pencher sur ce roman en faisant fi de mes habitudes littéraires? C’est ce que nous allons voir…

– Ingénieux, mais dangereux, reprit Clovis en palpant distraitement sa courte barbe. Commettre un régicide reste impardonnable, quelles qu’en soient les raisons. Je pourrais te faire décapiter pour m’avoir avoué ton crime.
– Impardonnable, sauf si la victime est l’un de tes ennemis acharnés. Euric voulait ta perte.
– Je le sais. Comme je sais que son fils Alaric me gênera beaucoup moins, répindait Clovis sans cesser d’observer son hôte.
La cagoule baissée de Gunthar révélait ses cheveux noirs coupés très courts. Tête ainsi nue et avec les bagues finement ouvragées qui ornaient quatre de ses doigts, il ressemblait davantage à un Romain qu’à un Barbare wisigoth. Certes, un Romain pourvu de traits peu gracieux, avec son nez ridiculement court et sa bouche aux lèvres si minces qu’elle en paraissait privée. Mais un Romain quand même. Un bon point supplémentaire, jugea Clovis. Sournois, comploteur, devin et sûrement sorcier, cet assassin si efficace représentait une chance à ne pas laisser filer.

Mérovingiens, de Patrick McSpare

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

L’auteur se propose de nous révéler les secrets de la naissance du royaume de France, ni plus ni moins. Et je dois dire que c’est un pari réussi haut la main!

Au fil du roman, nous suivons Wyso, jeune Irlandais qui a fait sa vie sur le territoire Franc. Par l’entremise de Daga Wulf, dont nous parlerons un peu plus loin, il se voit contraint de servir d’espion pour Clovis, roi des Francs saliens, qui aspire à devenir le Roi des rois. Dans les différentes missions qui lui seront données, il sera aidé de Guntar et de la ravissante Valesta.

C’est un travail remarquable qu’a réalisé l’auteur, car il lui a fallut partir des sources historiques pour ensuite imaginer tout ce qui a pu se tramer en coulisse, recréer les missions des espions, leur quotidien, les relations entre eux… Je connais malheureusement fort mal l’époque mérovingienne, et donc je peux difficilement juger de l’exactitude historique du récit. Cela me désole, car je peine à distinguer les éléments historiques des éléments romanesques. Ceci étant, on sent que l’auteur s’est remarquablement bien documenté, et il donne envie au lecteur de faire de même. Peut-être ferais-je finalement bien de me replonger dans mes cours d’histoire?

Wyso avait ressenti une antipathie générale à son encontre, dès les présentations formulées par Clovis. Les ministres voyaient de mauvaise grâce l’arrivée d’un étranger venu s’approprier une part de leurs privilèges. Deux d’entre eux s’étaient risqués à tenter de dompter l’Irlandais du regard, mais ses yeux gris acier les avaient forcés à vite se détourner, en piètres vaincus d’un combat virtuel. Isolé à un bout de table, seul le devin conservait une attitude neutre. Et pour cause. Avant d’entrer dans la salle de conseil, Clovis avait informé Wyso qu’il s’agissait de l’homme avec qui il ferait désormais équipe. Un devin et une fausse religieuse. Voilà donc les gens qu’il devrait côtoyer au cours de ses missions meurtrières. L’Irlandais n’était plus maître de son destin et il détestait cela.

Mérovingiens, de Patrick McSpare

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

Au-delà de la notion d’histoire, il y a la composante humaine, prépondérante tout au long du récit. Les trois espions m’ont touchée à divers degrés, que ce soit de par leur passé douloureux ou par leur caractère.

À la base, rien ne les prédestinait à devenir espions. Mais les évènements de la vie (ou notre fameux Daga Wulf, c’est selon) les ont formaté de sorte qu’ils se sont blindés intérieurement. Valesta, par exemple, qui a connu des choses très dures dans sa jeunesse, est si brisée de l’intérieur qu’elle ne ressent pratiquement plus rien. De même, Wyso est amené à connaître un chantage qui ne présage rien de bon quant à une hypothétique issue heureuse. Et de ce fait, lui aussi finit par se sentir intérieurement vide. Ce sont ces fractures qui leur permettent d’effectuer les tâches les plus viles sans remord aucun. Au final, même si je ne cautionne pas leurs actes, je les ai trouvé terriblement attachants dans leur complexité et leur impuissance face au sort qui leur est réservé. Car on s’aperçoit vite qu’ils ne sont que des pions sur un échiquier bien trop vaste pour eux, manipulés par des puissances qu’ils peuvent à peine concevoir.

Trois ans d’esclavage, de viols, d’humiliations… Le chef qui les avait enlevées s’était conduit à leur égard comme le pire des monstres, donnant visage humain à la cruauté et à la perversité. Des années après, Valesta refusait encore de formuler son nom. Elle le ferait le jour où elle l’éventrerait. Lentement. Très, très lentement. D’ici là, elle continuerait de remercier la providence qui les avait secourues. Même si sa soeur, hantée de cauchemars, s’était réfugiée auprès du dieu crucifié et cloîtrée dans un couvent. La jeune fille inspira profondément. Il lui restait à parachever sa mortelle comédie. Elle frotta rapidement ses yeux d’une gousse d’ail cachée dans sa tunique, poussa un cri perçant et se rua vers la porte.

Mérovingiens, de Patrick McSpare

 

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

Y a-t-il eu des éléments fantastiques au cours de ce récit? À mon sens, oui…

Il y a surtout eu Daga Wulf, ce mystérieux homme sorti de nulle part, et qui se prétend sorcier. En est-il réellement un, cela, je vous le laisse découvrir… Ceci étant, le bonhomme a tout de même la fâcheuse manie d’apparaître et de disparaître au moment où on s’y attend le moins, comme par magie. Et ce n’est pas tout! Il semble connaître l’avenir, ou en tout cas, il est capable de voir très loin dans le temps, et sait ainsi prévoir toutes les implications de tel ou tel acte.

Ainsi, son but est de faire de Clovis ce qu’il appelle le « Roi des rois ». Quels sombres desseins anime cet homme-démon qui n’hésite pas à employer des moyens pour le moins barbares pour arriver à ses fins? C’est d’ailleurs ce fil conducteur-là qui m’a tenu le plus en haleine tout au long du récit. Il me fallait savoir qui il était, et si les chantages exercés sur Wyso, espion de Clovis, prendront fin de façon heureuse ou non.

Certes, il n’y pas que cela, dans ce roman, qui tient en haleine. Les machinations politiques, les batailles, les trahisons, les meurtres… bref, toute cette fange qui a accouché de Clovis en tant que roi des Francs, et dont les missions des trois espions font partie intégrantes, est tout à fait captivante et fascine le lecteur du début à la fin.

Guénolé ne l’attendait pas sur le seuil de leur maison. À sa place se tenait un homme maigre, voûté, aux yeux translucides, au crâne chauve et pointu, à la pâleur mortuaire, aux doigts griffus, aux dents acérées. L’apparence d’un spectre, pensa Wyso en réprimant un frisson.
– Qui es-tu? cracha-t-il, prêt à tirer l’épée hors du fourreau.
– Daga Wulf. Et je vais t’employer, répondit l’homme, d’une voix à la fois rauque et aigüe, désagréable comme le crissement de deux lames frottées l’une contre l’autre.
– Je travaille pour le comte Brent.
– La tâche qui t’attend dépasse le service du comte Brent.
Irrité par le ton et l’audace de l’étranger, Wyso sauta de cheval et dégaina sa spatha. Guénolé avait dû voir arriver l’intrus et s’était enfermée. L’Irlandais jeta un bref coup d’oeil aux buissons bas sur sa gauche. Il connaissait suffisamment leur forme pour certifier que personne ne s’y embusquait. L’arrière de la maison, il le contrôlerait vite. Pour l’heure, il n’allait pas supporter davantage la morgue d’un inconnu profanant son domaine.
– Qui t’a envoyé? siffla Wyso en appuyant la pointe de l’épée sur la poitrine décharnée.
– La destinée. Celle qui te forgea si bien pour l’art de la manipulation.

Mérovingiens, de Patrick McSpare

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare
[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

J’ai bien accroché avec ce roman, le tout premier relevant du style historique à être chroniqué sur ce blog. Pour une première, donc, mes attentes sont pleinement satisfaites. En matière d’action et d’intrigue, j’ai été copieusement servie. Le côté historique est, bien entendu, mis fortement en avant. C’est d’ailleurs un côté très plaisant, car l’on sent que l’auteur maîtrise pleinement son sujet, et s’amuse même à recréer, ou imaginer, des scènes qui se sont passées « en coulisses » et qu’il est donc impossible de connaître.

Ai-je réellement trouvé les éléments imaginaires que je soupçonnais en ouvrant le roman? Non, pas vraiment, même si quelques traces subsistent, avec l’apparition du sorcier Daga Wulf. Mais il n’y a rien de véritablement transcendant pour les amateurs d’imaginaire. En même temps, je pense que ce n’était guère le but de l’auteur. Personnellement, même si je suis plus familière des littératures de l’imaginaire, le fait que l’on soit dans un style historique pratiquement pur et dur ne m’a nullement dérangée. Je me suis même prêtée au jeu, me laissant bluffer par le réalisme du récit.

Le style d’écriture, quant à lui, n’est pas désagréable, loin s’en faut. On pourrais peut-être lui reprocher un petit côté vieillot, mais qui cadre finalement bien avec l’époque choisie. Ce qui m’a un peu gênée, en revanche, c’est que j’ai trouvé certains passages trop plats à mon goût. Mais je vous rassure, ils sont loin d’être légion! Et d’une façon générale, l’auteur est assez doué de sa plume, donc je pense que l’ouvrage en ravira plus d’un.

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare
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Acherontia

[Chronique historique] Mérovingiens, de Patrick McSpare

Lu dans le cadre des challenges…

Défi lecture 2017

n°31 – Un livre avec un seul mot dans le titre

 

Si j’étais un livre #3

Je serais un livre avec une couverture bleue

 

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay

Si vous cherchez une héroïne qui en a dans la culotte sans se la jouer, un ténébreux héros un rien gaffeur sur les bords, de la magie pleine de fraîcheur qui ne réinvente peut-être pas le genre mais qui divertit à coup sûr, alors ce roman est fait pour vous!

Acherontia

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

Chloé, élève en seconde, assiste un jour par hasard à un combat à l’épée entre Thomas, un élève d’une autre classe qu’elle connaît à peine, et une sorte de démon. L’adolescente tente d’intervenir mais est blessée et perd connaissance. A son réveil, la créature est morte et Thomas lui explique qu’il est un mage et que sa mission est de repérer et fermer les failles vers le monde des démons.

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

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Acherontia’s chronicles – Le coeur et le sabre

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay
[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

Je tiens d’abord à remercier les éditions Castelmore pour ce service presse. C’est une lecture que j’avais demandé sur la plateforme Netgalley.fr, et cela m’a fait très plaisir d’être sélectionnée pour le lire et le chroniquer!

Pourquoi ai-je demandé cette lecture en particulier? Parce que cela faisait un petit moment que j’entendais parler d’Olivier Gay, que je n’avais encore rien lu venant de lui, et que je me disais qu’il serait grand temps de remédier au problème, tout simplement. Après, il faut avouer que la couverture et le résumé ont beaucoup influencé mon choix… Mais quel lecteur ne se laisserait pas influencer par eux, hein?

Ma mère était devant son chevalet, comme d’habitude lorsqu’elle ne traînait pas sur les sites de rencontre. Elle semblait convaincue qu’elle avait du talent. Moi aussi, je l’avais longtemps cru, je l’avais même encouragée dans sa passion. Mais, depuis que Papa était parti, elle semblait se contenter de vivre de la prestation compensatoire en attendant qu’une éventuelle galerie daigne la transformer en star.
Elle leva vaguement les yeux vers moi puis retourna à sa peinture. Deux diffuseurs d’encens ne suffisaient pas à couvrir l’odeur de la térébenthine.
– Il y a quelques restes dans le frigo, et j’ai fait une salade de pâtes.
Pas de « bonjour », pas de « comment s’est passée ta journée », ni même un « alors, pourquoi rentres-tu si tard? ».
D’habitude, je ne m’en offusquais pas ; ces derniers temps, ma mère n’était que l’ombre d’elle-même. Ce soit, pourtant…

Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay
[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

La première chose qui m’a frappé dans ce roman (aïe…), ce sont les deux personnages principaux. Ils ne représentent en rien l’archétype du super-héros, sans être pour autant des antihéros. Ils se situent à la frontière des deux, ce qui les rend au final très humains, et c’est ce qui me plaît chez eux.

Il y a Chloé, qui est une adolescente de taille démesurée, et donc d’un naturel maladroit, ce qui la mène souvent à des situations rocambolesques, voire drôlissimes. Ses problèmes familiaux lui confèrent une profondeur et un background historique intéressants ; son père est parti quelques années plus tôt au bras d’une femme plus âgée que sa mère, et cette dernière se réfugie dans l’alcool et la peinture, ne consacrant plus assez de temps à Chloé. La mère et la fille vont tenter de se rapprocher tout au long du récit, mais il faudra du temps à la mère pour comprendre ce que sa fille attend d’elle et pour l’appliquer. Chloé n’est pas à proprement dit la fille la plus populaire de son lycée, loin s’en faut. Mais à défaut de popularité, elle possède un franc parler tout à fait délectable qui prête le lecteur à sourire à de nombreuses reprises.

Et puis il y a Thomas, cet adolescent qui se la joue ténébreux et qui s’avère être un très gentil garçon, dans le genre mage foireux. Parce que, oui, Thomas est mage, comme vous allez le voir dans la suite…

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

Dans le Paris décrit par Olivier Gay, la magie existe bel et bien. Elle y est même plus puissante qui partout ailleurs. Ce n’est peut-être pas celle du monde de Harry Potter (et encore…), mais plutôt une magie qui joue avec les élémentaux et les forces de la nature.

Dans ce Paris, il y a aussi des failles qui donnent sur d’autres univers et que les mages doivent colmater afin d’éviter une invasion de goules et autres monstres indésirables. C’est le rôle de Thomas, et c’est d’ailleurs dans l’exercice de cette fonction qu’il rencontrera Chloé. Lors d’un combat avec une goule, alors qu’il est en mauvaise posture, Chloé vient à sa rescousse mais manque de mourir par la même occasion. Pour la sauver, Thomas n’a qu’une solution…

Thomas recula de nouveau. Comme tout à l’heure, il agita sa main gauche à hauteur de son visage.
– Air et feu, Feu follet, Viens et Frappe, Danse et Brûle, Feu follet, Air et Feu, Chante et Tue…
Une bille de lumière se forma sans sa main, grandissant alors qu’il psalmodiait.
OK, on venait officiellement d’entrer dans le grand n’importe quoi. Qu’est-ce qu’il essayait de faire? Et c’était quoi, ces paroles pourries? On aurait dit une chanson de RnB.
Je perdais pied – dans tous les sens du terme. Mes bras et mes jambes s’engourdissaient. J’avais beau être musclée, cela faisait presque cinq minutes que je pendouillais ainsi. Mais je n’avais pas envie de descendre pour autant.
Thomas n’eut pas le temps de finir son improbable litanie. L’homme se fendit de nouveau et manqua de le toucher au poignet. Puis il feinta, un mouvement bas et long qui trompa la garde du garçon.

Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

… Faire subir à Chloé un rituel qui est normalement interdit pour son rang : celui de l’Adoubement. Chloé devient alors le chevalier servant de Thomas, littéralement. Elle devra le protéger envers et contre tout des monstres qui le menacent tandis qu’il tisse ses rituels. Pour mener à bien sa mission, Chloé se voit « augmentée » de pouvoirs extraordinaires ; mais cela, je vous le laisse découvrir dans le roman… Ce ne serait pas comique, si je vous disais tout!

Qui dit Chevalier dit aussi épée. Ou plutôt sabre, en ce qui nous concerne. Et cela tombe bien, car Chloé est justement une vraie cheffe en matière d’escrime! Elle se débrouille même tellement bien qu’elle est sur le point de se rendre à un tournoi qui pourrait faire d’elle une escrimeuse professionnelle.

C’est d’ailleurs, selon moi, un des gros points forts de ce roman. Je ne sais pas si l’auteur pratique lui-même l’escrime, ou s’il s’est très bien documenté sur ce sport, mais quoi qu’il en soit, les descriptions semblaient très réalistes. On voit qu’Olivier Gay maîtrise bien son sujet, sans toutefois inonder le lecteur sous les termes techniques et les descriptions de combat à rallonges.

Et le mousquetaire, dans tout ça, me direz-vous? Ah ben ça… Je vous laisse le découvrir!

Il se leva, et se planta juste devant moi. Je n’avais pas pu juger de sa taille alors qu’il était assis, mais il arrivait presque à ma hauteur, avec de larges épaules et des mains comme des battoirs. Il avait dû être une vraie force de la nature avant que la vieillesse le rattrape. De nouveau, je cherchai à deviner son âge. Soixante ans? Plus?
– Thomas nous a forcé la main. Il a réalisé un rituel qu’il ne devait faire sous aucun prétexte. Il devait attendre le jour de ses dix-huit ans pour se lier avec un Chevalier et, au lieu de ça…
– Ce n’est pas la première fois que j’entends ce mot, intervins-je. Qu’est-ce que ça veut dire?
Ha! Chacun son tour de se faire interrompre. Mais la plaisanterie n’était pas du goût de Mickael. Il se pinça l’arête du nez avant de reprendre, la voix glaciale :
– Un Chevalier est un homme dévoué à notre cause, qui se retrouve doté de capacités extraordinaires pour nous protéger. Nous, les Mages.
– Mais…
– Ce n’est pas un rôle pour une femme. Depuis quatre mille ans, tous les Chevaliers sont des hommes. Et nous allons devoir supporter les conséquences de son erreur ridicule.

Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

Le seul réel bémol que je peux émettre concernant ce roman, ce sont les méchants de l’histoire, les fameuses goules. Qui sont-ils/elles? D’où viennent-ils/elles? D’un univers parallèle certes, mais on ne sait pas grand-chose de cet univers, et c’est bien dommage. Peut-être est-ce réservé au tome suivant? Mais moi, j’aurais bien aimé un petit mot d’explication les concernant. Déjà, pourquoi les appelle-t-on « goules »?

Il y a bien un élément d’explication quant au fait qu’elles essaient constamment d’envahir l’univers de Chloé et Thomas, mais je le trouve un peu léger, j’aurais vraiment apprécié d’en savoir plus, ou au moins savoir que de plus amples informations me seront fournies au prochain numéro…

– Il paraît que tu connais de nombreux rituels, observa l’homme en avançant d’un pas, testant la lame de son adversaire.
– Il paraît.
– Tu penses que cela va m’arrêter?
– En tout cas, ça t’a fait réfléchir. Tu ne devais pas me percer le coeur?
L’homme eut un rire froid. De nouveau, il avança. De nouveau, les lames s’entrechoquèrent. De nouveau, Thomas prit de la distance. Je constatai avec surprise qu’ils étaient plutôt doués. Malgré leur position peu orthodoxe, ils se déplaçaient avec la souplesse d’escrimeurs-nés. Oui, ils étaient bons – mais pas exceptionnels. Même d’aussi haut, je pouvais voir des trous béants dans leur garde. Mon prof les aurait traités de tous les noms.
Fascinée, je contemplai ce ballet incompréhensible sans intervenir, sans prononcer le moindre mot. J’en oubliai même mes mains douloureuses à force de serrer cette maudite corde. Tout cela n’avait aucun sens.

Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay
[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

J’ai vraiment adoré tout ce qui était lié à la magie dans ce roman. Ce n’est peut-être pas ce qui s’est fait de plus original, cela ne réinvente clairement pas le fantastique moderne, mais j’ai aimé la fraîcheur du concept La façon dont celui-ci est traité, aussi, avec beaucoup de simplicité et de candeur. Dieu merci, on est lui de la bit-lit pour grands ados aux hormones bouillonnantes, où les scènes de fesses crues et vulgaires sont plus présentes que les éléments fantastiques censés pourtant abonder. Certes, il y a bien un peu de romance, mais on est beaucoup plus proche des premiers émois adolescents que de la littérature érotico-pornographique.

Le personnage de Chloé est ce qui m’a le plus convaincue dans ce roman. Je l’ai appréciée pour ses qualités autant que pour ses défauts. Ses réparties étaient drôles, sa maladresse était attendrissante, et je ne doute pas que bon nombre d’adolescentes pourront s’identifier à elle, que ce soit dans son manque de popularité à l’école ou dans ses difficultés familiales.

L’écriture d’Olivier Gay est fluide et agréable à lire. Quelques cliffhangers viennent ponctuer et rythmer le récit, lui conférant un côté addictif très plaisant. Je dois bien avouer que j’avais hâte de retrouver ma lecture chaque jour et de tourner les pages pour voir ce qui allait s’y passer. Certes, le combat final est peut-être un tantinet trop « easy », on se serait cru dans une grosse production hollywoodienne où les héros réussissent à tuer tous les méchants d’un coup de cuillère à pot. Heureusement, la toute fin vient tout sauver, avec l’arrivée d’un personnage aux pouvoirs un peu particuliers, ainsi que de révélations finales qui laissent pantois et donnent envie de se réjouir du tome suivant.[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay
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Lianne (De livres en livres)

Althea (Althea’s books)

Agathe Lou Lp (Les lectures d’Agathe)

Lady Chantilly (Lady Chantilly bouquine)

Chems (Chems book)

Maud Bonnefond (Des livres / une fille)

[Chronique jeunesse] La magie de Paris. T1, Le coeur et le sabre, d'Olivier Gay

Lu dans le cadre des challenges…

Littérature de l’imaginaire 2017

Défi lecture 2017

n°22 – Un livre dans lequel il pleut

Challenge Si j’étais un livre #3

…Je serais le premier tome d’une saga

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Le monde de l'art, c'est un peu comme celui des rêves. Lorsque nous y entrons, nous allons d'inspirations nébuleuses en fantasmes malsains, de beauté ultime en violence extrême…

Acherontia, in : "Chronique de sublimation"

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Bordeaux, place de la Bourse, une œuvre d’art intrigue les passants. Le meurtre atroce qu’elle dissimule annonce une psychose sans précédent. Dans son atelier parisien, Damian Leisenberg subit les assauts de visions persistantes, des scènes macabres laissant présager le pire. Le controversé Capitaine Bonhoure se lance sur la piste d’un tueur en série pour le moins créatif, mais face à la complexité de l’enquête, ses dons de criminologue ne seront rien sans les avis éclairés du Lieutenant Torrès. Du port de la lune à Paris, le duo d’enquêteurs, impuissant, assiste au décompte des victimes. Dans la lignée de Seven, un thriller psychologique qui changera à jamais votre regard sur l’Art.

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

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Acherontia's chronicles – Sublimation

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

…Ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains!

Certaines scènes violentes, voire gores, pourraient mettre mal à l'aise certains lecteurs plus sensibles.

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Il n'y a pas si longtemps, je n'avais encore jamais entendu parler de Bastien Pantalé, ni de ses romans autoédités. Le hasard faisant souvent bien les choses, l'auteur, qui est probablement tombé par hasard sur mon blog, m'a proposé de chroniquer un de ses romans, au choix. Il y avait un roman plutôt SF qui me tentait bien aussi, mais j'ai finalement jeté mon dévolu sur ce roman, Sublimation. J'étais en effet intriguée par le résumé et curieuse de voir comment l'auteur allait mêler art et crimes.

Après lecture, je me dis que mon choix fut bon, même si j'ai encore envie de m'essayer à la SF de l'auteur.

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Le première chose qui m'a permis d'accrocher à l'histoire, c'est le style d'écriture de l'auteur, qui allie fluidité et rythme, avec un soupçon de poésie quand cela est nécessaire. Certes, tout n'est pas parfait, mais pour un roman autoédité, on est déjà sur un travail de très bonne qualité, et l'on sent tout le potentiel d'écriture qui se cache derrière ces 365 pages.

Personnellement, j'aurais appuyer un peu plus sur certaines descriptions, les retravailler pour rendre l'ambiance plus glauque et malsaine encore. Mais c'est juste une question de point de vue.

Il tourna la tête dans toutes les directions, tentant de distinguer une forme reconnaissable. Rien, trop de lumière. Le silence fut de courte durée. Il lui sembla distinguer des bruits de pas, d’outils… puis un gémissement, long, saisissant. Le son lui parvint étouffé, comme entravé par un bâillon. À nouveau le silence. Puis encore un cri de douleur. Entre les plaintes de cet humain qu’il ne pouvait pas voir, Charles distingua des sons encore plus dérangeants, plus organiques. Quelque chose d’extrêmement perturbant le fit tressaillir, un mélange entre le bruit d’un tissu que l’on déchire et un grincement vibrant dans l’air. Un goutte-à-goutte, puis l’écoulement d’un liquide épais, et encore des cris. C’était des chairs que l’on malmenait, le corps d’un homme ou d’une femme subissait les pires sévices. Quelqu’un souffrait à quelques mètres de lui, agonisait entre les mains d’un inconnu, et il n’était même pas capable de se relever. Le son horrifiant d’un os qui se rompt le saisit en pleine poitrine et lui arracha un cri de frayeur. Il ne pleurait plus seulement à cause de la lumière à présent. Pourtant, Charles Girard n’était pas homme à s’émouvoir facilement. L’odeur de la peur, l’odeur de la mort l’atteignit pour la première fois.

Sublimation, de Bastien Pantalé

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Une des grandes forces du roman, ce sont ses personnages ; ils sont terriblement réalistes, humains et, pour ma part, très attachants.

Manoa, l'enquêteur en charge du dossier dont il est question dans le roman, n'est pas juste là en figure de détective fade et sans volume. L'auteur s'est attaché à lui donner un background historique fourni, ainsi qu'une histoire personnelle touchante qui prend parfois le pas sur l'enquête elle-même. Sa relation avec Zina, une jeune femme russe et ex-prostituée. Sa relation même avec l'enfant de Zina, qu'il protège comme s'il s'agissait du sien. Et sa folle lutte pour délivrer sa bien-aimée des griffes de son ancien maque.

Quant à sa coéquipière improvisée, Aurora, on en sait moins sur son compte, mais elle s'impose par son caractère et sa présence comme un des personnages phares de l'histoire.

Les deux forment un duo de choc qu'il est plaisant de suivre au fil du récit. Chacun a ses qualités et ses défauts, sa sensibilité et son bagage personnel ; le tout mis ensemble leur permet d'appréhender au mieux l'enquête et de trouver des solutions auxquelles personne n'aurait pensé.

Manoa et Aurora, chacun de leur côté, laissaient germer les idées les plus fantasques dans leurs cerveaux particulièrement irrigués par les évènements de ces derniers jours. En enquêteur expérimenté, Bonhoure savait très bien qu’il n’aurait aucune certitude tant qu’il ne se serait pas assis de l’autre côté de la table, tant qu’il ne serait pas allé au fond des choses. Se retrouver face à ce type, plonger son regard dans le sien, et le confronter aux photos et à ce que furent ses victimes de leur vivant… Alors, et seulement alors, il pourrait se faire une idée. Et encore, peut-être que son interrogatoire ne ferait que renforcer ses doutes. Pour l’heure, ça ne tenait pas debout. Ses doigts tapaient nerveusement la poignée intérieure du véhicule ; ils y étaient presque.

Sublimation, de Bastien Pantalé

Il y a aussi Damian, l'artiste, qui est amené à se poser des questions sur lui-même, sur ces rêves étranges qui le réveillent en sursaut durant la nuit, à ces indices qui divergent vers lui, le liant irrémédiablement à l'enquête en cours. Sa petite amie Liya, qui est également son modèle, serait-elle en danger?

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Le monde de l'art, c'est un peu comme celui des rêves. Lorsque nous y entrons, nous allons d'inspirations nébuleuses en fantasmes malsains, de beauté ultime en violence extrême… Tous ces aspects semblent opposés, et pourtant tout se rejoint, au sein même du concept d'art. Dès lors, de tout ce qui constitue nos balises, le bien mal, le beau, le laid, l'ordre et le chaos, plus rien de tout cela n'existe vraiment. Cette réalité se reflète jusque dans le chef du tueur de ce roman, appelé "Le sculpteur". Il croit faire le beau, pourtant il montre ce que l'humain porte de pire en lui : la mort. Il croit faire le bien, mais cette notion est-elle la même pour tout le monde? Il croit travailler dans l'ordre, mais il sème le chaos derrière lui.

Dans quel but le Sculpteur officie-t-il? Cherche-t-il seulement à corriger les torts de la société en supprimant celles et ceux qu'il considère comme nuisibles, ou y a-t-il un dessein plus profond et plus sombre encore?

Voici un autre point fort de ce roman, au travers duquel l'auteur nous propose de nombreuses réflexions au sujet de l'art. De tous les thrillers que j'ai pu lire, peu au final traitent de l'art de cette façon. C'était original et bien amené, et j'ai donc eu plaisir à découvrir la façon dont cette thématique était traitée. Oui, au final, pour ce point précis, le roman m'a un peu rappelé le film Seven… Surtout dans la façon dont les meurtres sont amenés.

Le sculpteur ne vit dans ses larmes qu’une expression de la beauté créatrice, l’émotion de se voir prendre forme sans doute. Il donna d’abord leurs positions aux bras et aux jambes, profitant de la température élevée du métal pour obtenir la forme souhaitée. De toutes ses forces, il plia, tourna et écarta, sentant les os grincer, le cuir tirer et se déchirer par endroits ; il façonna le squelette de son œuvre. Pour la tête, la manœuvre fut plus délicate : il fit d’abord pénétrer la tige sous la clavicule, suffisamment en profondeur, pour ensuite la faire remonter et la planter sous la mâchoire. Enfin un port de tête gracieux !

Sublimation, de Bastien Pantalé

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Une chose qui m'a un peu gênée, en revanche, ce sont tous ces termes "à la française" qui pullulent tout au long du texte. Une grande partie du roman se situe dans le milieu judiciaire français, d'où la surabondance de termes spécifiques, et surtout, d'acronymes comme nos amis savent les pondre. OCBC, ENSP, FNAEG, et j'en passe… Personnellement, je m'y suis complètement perdue. Surtout qu'étant belge, les noms ne sont pas du tout pareils chez nous. Certes, quelques termes étaient expliqués et définis dans les notes, mais ces notes n'arrivent qu'en toute fin de roman, et jusqu'à preuve du contraire, ma liseuse ne me permet pas de cliquer sur la note, puis de revenir en arrière, à la bonne page. Alors, plutôt que de risquer de perdre ma page, j'ai préféré rester dans mon ignorance et faire abstraction de mon incompréhension. Après tout, et je vous rassure sur ce point, le roman se comprend très bien sans nécessairement comprendre tous les termes spécifiques à la PJ…

— T’es aux Biens Culturels depuis longtemps ?
— Ça va faire trois ans. Après une licence en Histoire de l’Art, j’ai validé un Master en Droit des Affaires, spécialité Marché de l’Art, puis j’ai intégré l’ENSP7 de Saint-Cyr.
— Excusez-moi du peu ! taquina Manoa avec un accent mondain qui extirpa un petit rire nerveux à la jeune femme.
— Tu ne crois pas si bien dire. Mon père est l’ancien ambassadeur du Venezuela à Paris.
— Oh, mais on m’envoie du beau monde dites-moi !
— Arrête ! J’ai toujours voulu défendre le patrimoine culturel français – je suis Française par ma mère –, et à l’OCBC, j’ai trouvé comment me rendre utile.

Sublimation, de Bastien Pantalé

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Donc, dans l'ensemble, le roman se laisse lire de très agréable façon. Un point, toutefois, m'a vraiment laissée sur ma faim, et non des moindres, puisque c'est de la chute qu'il s'agit. L'identité du fameux Sculpteur et le lien que le relie à Damian.

J'ai un peu de mal à comprendre tout le mystère que l'auteur fait autour de ce lien, tellement cela saute aux yeux, et ce dès le début du roman. Moi, je m'étais dit que peut-être l'auteur nous mettait sur une fausse piste exprès, pour mieux nous retourner comme un gant en fin de roman. Eeeeeh non! Lecteurs, si comme moi vous avez eu la prescience de cette chose que l'auteur cherche absolument à cacher, apprêtez-vous à être déçu dans les derniers chapitres. Car vous aurez découvert le pot aux roses bien trop tôt, et comme moi, vous serez sans doute déçu du manque d'originalité de la chose.

En se glissant dans le jardin qui aurait très bien pu le voir grandir, le colosse pensait aux traits qu’il donnerait à sa prochaine œuvre, au masque surtout, qu’il sculpterait lui-même, l’expression qu’il souhaitait lui donner revêtait trop de sens pour qu’il se contente d’un objet déjà formé ; le couteau, lui, porterait son propre sang. Quelle douceur d’imaginer ce salaud disparaître sous la pâleur purificatrice du plâtre !
Le fragile grillage plia sous le poids du rôdeur, et la haie hétéroclite qu’on avait oublié d’entretenir le dissimula presque jusqu’à la terrasse. Étrange de constater qu’un si bref passage en ces lieux puisse lui laisser autant de souvenirs ; rien n’avait vraiment changé, le jardin et la maison semblaient encore plus ternes sous la lumière ténue de la lune, et la même odeur de bois pourri agressait ses narines. Il l’avait pourtant aimée cette fragrance, ce parfum de nature qui lui évoquait jadis la forêt profonde ; jusqu’à ce qu’on le place dans cette famille d’accueil, son ultime chance de connaître une vie “normale”. Préadolescent, il avait posé les choses, s’était concerté avec ses multiples démons, et était prêt à faire un effort. Il cacherait tous ses vices et ses penchants macabres aux yeux du monde, serait plus lisse qu’un lac inerte, si cela pouvait lui apporter la sécurité et la stabilité d’un foyer. Oui, il était prêt à se faire violence, à garder tout cela pour lui seul, quitte à mentir à la terre entière, à commettre ses forfaits en douce. Il accepterait d’être un jeune homme irréprochable.

Sublimation, de Bastien Pantalé

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Pour résumer ce que j'ai pensé de cette lecture, qui fut très agréable en de nombreux points, je dirais surtout que, malgré l'écriture fluide et rythmée, les personnages attachants et le sympathique lien des meurtres avec l'art, certaines petites choses peuvent être encore améliorées. Certaines longueurs, notamment, qui pourraient être abrégées. De trop nombreux termes spécifiques à la PJ, abrégés en acronymes incompréhensibles pour qui n'est pas français et au fait de l'univers judiciaire. Ils sont expliqués en note, mais en fin de roman, c'est qui est, pour le dire platement, emmerdant, parce que cela freine la lecture.

Donc oui, j'ai apprécié ma lecture dans l'ensemble, mais j'ai été cruellement déçue par la fin, et par l'explication de ce lien qui unit le meurtrier à Damian, l'artiste. Beaucoup trop téléphoné à mon goût… Je m'en suis doutée dès les premiers chapitres, et j'attendais de l'auteur qu'il me surprenne en proposant un lien tout autre. Voilà pour le bémol…

Mais d'une façon générale, c'était tout de même un bon roman, qui procurera les frissons nécessaires aux amateurs du genre.

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
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[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé
[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Kerry Le Gres (Les perles de Kerry)

Sagweste (Sagweste in librio)

[Chronique thriller] Sublimation, de Bastien Pantalé

Lu dans le cadre du Défi lecture 2017…

n°51.     Un livre qui se déroule dans le milieu artistique

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

L'auteur ouvre une brèche dans le tissu superficiel de l'humanité et s'amuse à nous y faire chuter. Mais de fond point il n'y a. Car la turpitude, le vice, la folie et l'horreur n'ont pas de limites…

Acherontia, chronique de "Poétique du morcellement"

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

« Des pleurs étouffés tirèrent Rachel de son inconscience. Elle ouvrit les yeux mais demeura plongée dans le noir. Il lui fallut plusieurs secondes avant de réaliser qu’elle n’était plus ligotée. Un petit cri s’échappa de sa gorge et, en une seconde, elle fut debout, tâtonnant nerveusement à travers l’obscurité qui l’enveloppait. Essoufflée, elle heurta un mur, écarta les bras puis en toucha deux autres latéralement. Elle se retourna brusquement, fit trois pas précipités et rencontra une autre cloison. Hystérique, elle battit des bras comme pour déchirer le voile de ténèbres qui l’oppressait. Elle hurla avant de plaquer ses mains sur sa bouche, ne laissant plus sortir qu’un grognement pitoyable. Et si son agresseur l’observait, au-delà des cloisons, attendant le moment propice pour lui tomber dessus et la torturer? Qui l’avait amenée ici et pourquoi ? Luttant pour contenir le flot de peur brute qui ne demandait qu’à corrompre son corps et son esprit, elle demeura immobile quelque temps, prostrée. Puis, reprenant ses esprits, elle tendit l’oreille. Les sanglots s’étaient arrêtés, mais il lui sembla entendre la voix lointaine d’un homme. L’air charriait des relents d’excréments et de moisissures, c’était la première fois qu’elle le remarquait. »

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Playlist Spotify

Acherontia's chronicles – Poétique du morcellement

Playlist aussi disponible sur YouTube…

PS : The coronation de Dishearten a été remplacé par Portal of Anatolia du même groupe. Quant au morceau d'Eros Necropsique, je n'ai pas pu le trouver sur Youtube…

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

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[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

…Ce roman n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains!

Comme le dit l’auteur lui-même, cette lecture est déconseillée aux humanistes végétariens. J’ajouterai que, d’une façon générale, je ne la conseille pas aux âmes sensibles.

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Je vais encore faire dans l’original, sur le coup, je le sens venir ^^

L’auteur m’a donc proposé son roman en m’envoyant un gentil petit mail sur la boîte du blog… Après lecture dudit mail et du résumé, j’ai accepté, parce que le thème et le ton me plaisaient, et que je n’étais pas trop débordée en apparence.

Mouais… En apparence, seulement! Parce que le gentil monsieur, cela fait un an qu’il l’attend, sa chronique, pauvre de lui! Je n’en suis pas fière, croyez-moi… C’est la tête basse et le regard fuyant que je m’installe derrière ce PC. Pour peu, on pourrait me confondre avec le teckel du voisin… Attendez! Mais le voisin n’a pas de teckel?! Enfin, oui, vous m’avez comprise.

À ma décharge, le livre est tout petit et tout fin. Pour vous dire, un petit quinze centimètres de hauteur, pour cinq millimètres d’épaisseur. On dit souvent que ce n’est pas la taille qui compte, mais dans ce cas-ci, sa taille lui a permit de se faufiler loin loin dans ma PAL, et de s’y cacher si bien que je ne l’ai retrouvé que récemment lors de mon déménagement. Je pense que ce livre est conscient des horreurs qu’il renferme, et qu’il me jugeait trop sensible pour me délivrer ses sombres petits secrets.

C’est dommage, car l’auteur s’était chargé de le tatouer avant de me l’envoyer. Une magnifique dédicace à rallonge en première page, avec un emoji diablotin prêt à me piquer le popotin avec sa fourche. Il y avait pourtant de quoi me donner l’eau à la bouche!

Soit, j’ai remis la main sur le bouquin fugueur, je l’ai donc lu une fois mon déménagement terminé, et voici ce que j’en ai pensé… Je vais vous le décortiquer nouvelle après nouvelle, ce sera plus simple.

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

D’une façon générale, l’écriture de l’auteur est fluide et bien maîtrisée. J’ai apprécié le vocabulaire parfois soutenu, le français impeccable, la rythmique agréable des récits. Premier bon point, Monsieur Janulewicz, c’est bien! Au troisième, vous aurez des bonbons!

Tenez, voici un second bon point pour vous : J’ai trouvé que les nouvelles, pour la plupart, étaient bien construites, distillant peu à peu le suspens, faisant sombrer le lecteur de plus en plus dans les insondables abîmes de l’horreur. Une nouvelle en particulier m’a interpellée à ce niveau-là, je vous en parle un peu plus loin. 

Quant aux chutes, élément primordial pour une nouvelle réussie, la plupart étaient totalement imprévisibles et ont réussi à me surprendre. À part une, mais là aussi, je vous en parle plus loin. Et voilà, Monsieur Janulewicz, troisième bon point! Bravo, vous voici l’heureux propriétaire d’un authentique sachet de Carimbo! À moins que vous préfériez les Haribar? (Petit clin d’oeil que seul celui qui a déjà lu ce recueil pourra comprendre…)

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Synopsis

Un restaurateur a reçu la visite impromptue d’un critique culinaire, et n’est guère ravi de l’article écrit à son sujet. Il rumine sa colère, jusqu’au jour où le critique revient dans son établissement…

Mon avis

Une sympathique mise en bouche pour ce recueil de nouvelles… Mauvais jeu de mot, s’il en est, je sais! Mais cela ne devrait pas étonner celles et ceux qui me connaissent.

La chute est assez chouette, car plutôt inattendue. Ceci étant, la nouvelle se compose surtout de la « lecture » de la critique acide reçue par le restaurateur, et je l’ai trouvée longuette. Un peu plus d’action pure aurait été la bienvenue.

J'ai laissé s'exprimer le molosse impitoyable que j'abritais à mon insu. Dans ma vie, j'ai découpé, tranché, filé des milliers de morceaux de viande, mais là c'est une expérience inédite. Et ultime.

Ver solitaire. In : Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Synopsis

Daniel bricole chez lui un dimanche, jusqu’au moment où il est interrompu par sa propriétaire. Celle-ci lui reproche de faire trop de bruit…

Mon avis

Pas mal, mais sans plus. J’ai trouvé la fin franchement téléphonée (et là, je vous donne un indice sans même le vouloir!). Disons que je me suis moi aussi essayée à l’art de la nouvelle. Je me suis par conséquent informée quant aux différents types de chute possible, et ceci faisait partie des exemples trouvés. En revanche, le côté sanglant et morbide est au rendez-vous, palliant un peu le manque d’originalité.

La saisir par les cheveux pour lui fracasser le crâne contre le mur est la première idée qui traverse l'esprit de Daniel. Résistant néanmoins à la tentation, il espère une réaction plus civilisée.

Bricoleur du dimanche. In : Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Synopsis

Des femmes sont enlevées et séquestrées dans un but qu’elles ignorent. Lorsqu’elles en découvriront la raison, il sera déjà trop tard pour elles…

Mon avis

La meilleure nouvelle de ce recueil, à mon sens. J’ai beaucoup aimé sa construction. Un peu à la façon d’une macabre poupée russe, on découvre au fur et à mesure que les couches du récit se soulèvent des horreurs toujours pires que les précédentes. Jusqu’à la surprise finale, bien évidemment, subtilement cachée sous des monceaux de mots putrides et de syntaxe nauséabonde. L’ambiance du récit elle-même est glauque à souhait. L’auteur ouvre une brèche dans le tissu superficiel de l’humanité et s’amuse à nous y faire chuter. Mais de fond point il n’y a. Car la turpitude, le vice, la folie et l’horreur n’ont pas de limites…

Avachie sur le sol, revêtue seulement de ses dessous crasseux, Laura redressa la tête avec difficulté. À travers sa vision déformée par les larmes et la drogue qui commençait à agir, la silhouette floue de l'homme qui se tenait en face d'elle semblait onduler comme une plante d'aquarium.

Fantasme ultime. In : Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Synopsis

Un homme est licencié de façon injuste alors qu’il travaillait depuis des années pour une firme de bonbons. Il était chargé de rédiger les blagues imprimées au dos des emballages. Le destin va frapper à sa porte d’une bien étrange manière pour lui proposer de prendre sa revanche.

Mon avis

Pas mal, mais peut faire mieux au niveau de la rédaction. Je pense que le récit et les différents éléments de suspense auraient pu être agencés de façon plus machiavélique encore…

Il enfila des gants en latex et attrapa un bonbon qu'il agita au-dessus de sa tête. Rien dans son aspect ne le distinguait des autres, mis à part qu'il semblait d'un gabarit un peu plus important. L'homme ôta la papillote et agita son contenu sous les regards incrédules du groupe, qui explosa en jurons et cris de dégoût.

Dernière blague. In : Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Synopsis

Prostrée chez elle dans la misère et la crasse, une femme est sur le point d’accoucher alors que son copain vient de la larguer.

Mon avis

Une petite nouvelle ma foi fort sympathique, si l’on aime les récits désespérés où la misère côtoie l’horreur. Je n’ai qu’un seul regret, qu’elle ne soit pas un peu plus développée. Je sais que c’est volontaire de la part de l’auteur (enfin, je le suppose…), mais un peu plus de suspense et de matière m’aurait fait encore plus plaisir.

Front plissé, paupières si serrées qu'elles semblent hermétiquement fermées, le visage de Rosy est un masque de colère taillé dans un bois envahi de stries. Si Franck se tenait en face d'elle, le venin qu'elle déverserait lui ferait l'effet d'un acide.

Petite poupée. In : Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Synopsis

Un vieil homme doit aller donner son sang, mais c’est un acte qu’il n’a encore jamais fait, et il se sent stressé. L’infirmière fait de son mieux pour le rassurer, mais le passé resurgit parfois au moment où on s’y attend le moins, et pas toujours de la façon la plus agréable…

Mon avis

Alors là, je suis sur le derrière, comme on dit. La chute est complètement inattendue! Enfin… On commence à se douter de quelque chose vers la moitié du texte, mais sans toutefois pouvoir mettre le doigt sur THE truc qui va vous faire bondir à la toute fin. Une dernière nouvelle assez bien construite et rédigée qui clôture un sympathique recueil de nouvelles digne des froides soirées d’Halloween…

Un fracas de verre brisé, la tôle qui se déchire. Paul a les os broyés, les chairs éclatées. La douleur, fulgurante, lui coupe la respiration. Terrorisé, il tend une main tremblante vers le visage de son père qui le regarde avec une expression de tristesse infinie.

Redemption sangles. In : Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

Vous l’aurez compris, dans ce très (trop) court recueil de nouvelles, il y a du bon et du moins bon. Je ne vous dirai pas qu’il y a à boire et à manger, car ce sont là des mets auxquels l’on n’a guère envie de goûter, à moins d’être nécrophile, ou scatophile, ou cannibale, ou…

Bref, ceci n’est clairement pas un recueil à mettre à la portée de tous. Mais les amateurs du genre horrifique y prendront un certain plaisir, surtout s’ils sont en plus portés sur l’humour noir.

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz

FungiLumini (Livraisons littéraires)

Eléonore (Le repaire des livres)

Mélisande (Lire ou mourir)

[Chronique] Poétique du morcellement, de Romano Vlad Janulewicz
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Livre lu dans le cadre du Défi lecture 2017…

Thème 74 : Un titre imagé (qui n’a rien à voir avec le thème)

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Ce second tome est à mon sens égal au premier tome en matière de qualité. L'écriture est belle et fluide, les personnages sont attachants (sauf Shimi, qui me les brise de long en large). L'intrigue est très bien ficelée et très dense, avec de nombreux éléments qui s'entrecoupent et viennent s'emboîter comme les pièces d'un puzzle.

Acherontia

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Les extraordinaires talents de Mirei en font maintenant la magicienne la plus puissante qui soit. Pour certains, elle est un miracle vivant ; pour d’autres, une abomination et l’incarnation du Mal… et ils ont fait vœu de détruire tous ceux qui la soutiennent. Les sorcières des deux camps s’engagent dans une guerre sanglante, sans merci, et pour la gagner elles recourent sans hésiter à la magie, la traîtrise, le meurtre. Mais il se pourrait que ces adversaires s’affrontent pour rien. Car le pouvoir que redoutent les sorcières rebelles, cette magie ultime qui n’appartient qu’à Mirei, ce don, est aussi son arrêt de mort.

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Ce diptyque m'a été offert par ma mère à Noël il y a deux ans, un cadeau qui m'a fait fort plaisir et qui continue à enjoliver mes étagères. J'ai lu le premier tome, Guerrière, très peu de temps après l'avoir reçu, et j'avais bien apprécié cette lecture, à l'époque. Puis d'autres lectures sont venues se greffer par-dessus, ma PAL a pris des proportions déraisonnables, et vous savez comme c'est, n'est-ce pas…

Heureusement, cette année, j'ai décidé de remédier au "problème" en vidant ma PAL grâce à des challenges. Et en ce mois de février, je participe au challenge spécial fin de sagas. Plus je termine de sagas entamées, plus je gagne de points. Voici donc une merveilleuse occasion de sortir le second et dernier tome de ma PAL!

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Si vous n'avez pas lu le premier tome, cette chronique risque de vous dévoiler des éléments importants de l'histoire… Si tel est votre cas, n'hésitez pas à vous reporter à la chronique du premier tome, dont le lien figure à la fin du présent article. Merci!

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Bien sûr, quand je parle d'avis partagés, je ne parle pas d'avis concernant ce livre… mais plutôt des avis concernant la réunion de la sorcière et de son double. Si vous avez lu récemment le premier tome de la série, vous vous souvenez sans doute que Miryo, la soeur sorcière, et Mirage, la soeur Guerrière, ont été réunies en une seule et même personne, Mirei. Cette dernière possède aussi bien les pouvoirs de sorcières de Miryo que les talents de Chasseuse de Mirage (encore que Mirei soit un peu plus lente). C'était la première que cela arrivait dans l'histoire des sorcière, car personne ne savait qu'une telle réunification était possible. Traditionnellement, le double guerrier, supposé ne pas avoir d'âme, devait être tué par la sorcière afin que celle-ci puisse contrôler sa magie. Une telle unification de la sorcière et de son double remet beaucoup de traditions en question.

Vous imaginez donc aisément que cette découverte divise la communauté des sorcières. Comme dans bon nombre de religions, il y a les traditionalistes, qui refusent tout net de modifier leurs rituels ancestraux, et il y a les progressistes, qui y voient un miracle offert par la Déesse et qui n'hésitent pas à remettre en question les traditions.

La Chute de l'Étoile, le grand QG des sorcières, se voit dès lors divisée et en proie à des difficultés aussi bien théosophiques que politiques. Alors que la cheffe de la Chute de l'Étoile, Satomi, essaie de comprendre comment les sorcières peuvent tirer parti de la découverte, une des dirigeantes, Shimi, décide que réunir une sorcière et son double constitue un acte abominable. Elle quitte la Chute de l'Étoile et crée un petit groupe de sorcières dissidentes, dont le nombre d'adeptes croit dangereusement au fil des jours.

Je suis partie, et je ne reviendrai pas. Je refuse de rester en compagnie de cette abomination. Le double nous est ôté pour une bonne raison, et le faire revenir est la pire des hérésies. Il doit être détruit. L'affirmation selon laquelle il serait la Guerrière et le néant n'est pas un argument en sa faveur – au contraire, c'est précisément pourquoi nous devons nous en débarrasser. Il est la destruction de la vie, la destruction de la magie, l'antithèse de tout ce qui existe ici-bas et, si nous accueillons favorablement son retour, nous aurons commis un péché terrible. Il ne suffit pas que ce monstre s'en aille. Nous devons le détruire, éradiquer cette horreur de notre monde.

Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Les affaires se corsent lorsque l'on découvre que certaines sorcières étudiant à la Chute de l'Étoile possèdent des doubles dans différentes écoles de Chasseurs. Ces doubles doivent être récupérés avant que Shimi ne s'en empare. Certes, elle ne pourra pas les tuer, car seule une sorcière peut tuer son propre double. Mais en les enlevant et en les cachant, elle peut ralentir le processus visant à réunir les sorcières et leurs doubles. Pire encore, elle est tout à fait capable de manoeuvrer pour que les sorcières tuent elles-mêmes leur double, soit par manipulation psychologique, soit grâce à d'obscures manigances.

Mirei va devoir partir à la recherche des sosies, les faire sortir des différentes écoles de Chasseurs, et les faire revenir à la Chute de l'Étoile, où ils seront en sécurité et pourront s'entraîner avec leur double sorcière. Mais c'est sans compter sur l'endoctrinement imposé par les écoles de Chasseurs elles-mêmes, qui apprennent à leurs élèves à détester les sorcières. Si Mirage était très admirée pour ses incroyables talents de Chasseuse, Mirei est beaucoup moins populaire auprès des sosies à cause de sa partie sorcière. Les adolescentes sont particulièrement rebelles, et ne sont absolument pas prêtes à accepter leur double sorcière. La partie s'annonce compliquée…

– Sale sorcière! cracha cette dernière.
Elle avait aperçu Amas et Indera et semblait avoir reconnu en elles des apprenties Chasseuses, bien qu'elle ne fût pas du Feu d'Argent. Elles avaient ôté leur foulard durant le temps passé dans la cachette, et leurs cheveux courts étaient visibles dans la pâle clarté de la lune qui se levait. Toutes deux avaient mis pied à terre et observaient la scène avec étonnement.
– Ne lui faites pas confiance! C'est une sorcière! Elle va nous emmener pour nous tuer…
– Je te l'ai déjà dit, je suis celle qui ne veux pas te tuer, répliqua Mirei en resserrant sa prise sur les poignets de la fille. Est-ce que tu vas te taire, maintenant, ou faudra-t-il que je t'endorme encore avec un sort?

Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Mais bien entendu, il est de bon ton de compliquer encore un peu les choses…

Éclipse, le coéquipier de Mirage lorsqu'elle était Chasseuse, et qui l'a beaucoup aidée tout au long du premier tome, a disparu. Il n'a plus donné de ses nouvelles depuis fort longtemps, et Mirei est inquiète. Malheureusement, elle doit d'abord ramener les doubles à la Chute de l'Étoile, car le temps presse et que Shimi se fait de plus en plus dangereuse. Elle se voit contrainte de s'occuper du problème d'Éclipse plus tard. Et peut-être qu'à ce moment-là, il sera trop tard…

Éclipse va devoir se débrouiller seul, mais quel prix lui faudra-t-il payer pour se libérer? Et si ce prix avait un impact sur l'intrigue? Si ce prix plaçait une épée de Damoclès au-dessus de sa tête et de celle de Mirei?

Éclipse se rendit compte qu'une fois de plus, il se tordait les mains dans ses fers pour essayer de les libérer. Il ne cessait de le faire, quand bien même l'expérience lui avait démontré que c'était une perte de temps. On l'avait très bien menotté, et même le sang à ses poignets écorchés ne lui permettait pas de glisser les mains hors de leur étau métallique. Par ailleurs, même s'il avait réussi à se libérer de ses entraves, il demeurait dans une pièce sans fenêtre, derrière une porte verrouillée et trop solide pour être enfoncée, porte qui était munie d'un judas grillagé par lequel ses geôlières regardaient systématiquement avant d'entrer. S'il ne leur montrait pas ses mains, elles n'ouvraient pas. Il avait ainsi manqué quelques repas, ce qui expliquait son incertitude quant au nombre de jours passés ici. Et la sorcière qui chantait le sort ne pénétrait jamais dans sa cellule. Elle se contentait de l'observer par le judas, et repartait dès qu'elle en avait fini.

Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

La grande majorité du roman est emprunt de beaucoup de suspens et d'intrigue. Le lecteur est au coeur d'une atmosphère orageuse, mêlant complots, trahisons, attaques déguisées, ruses, tensions internes et menaces externes. C'est une guerre larvée qui, jusqu'au trois quarts du roman, menace d'exploser à tout moment. Les dirigeantes de la Chute de l'Étoile ne savent plus sur qui elles peuvent réellement compter. Quelqu'un peut très bien donner l'impression d'adhérer à leur cause, et être en fait un pion de Shimi. Satomi, la cheffe suprême, ne sait même plus si elle peut avoir confiance en ses primes et, de ce fait, se sent bien seule au monde.

D'anciennes alliées sorcières reviennent, mais peut-on se fier sur elles? Et les Cousines qui servent les sorcières depuis la nuit des temps, ne sont-elle pas elles aussi occupées à fomenter leur propre révolution?

– J'ai peur d'une révolution, dit-elle d'une voix calme, empreinte de gravité. Je redoute qu'une guerre nous déchire et provoque de nombreuses morts. Il y a celles qui suivraient volontiers Shimi. Si elles l'emportent, alors les doubles continueront de mourir, comme ça a été le cas depuis le commencement. Ce sont des morts qui ne comptent peut-être pas pour les autres, mais elles sont bien réelles pour moi. Je ne veux pas que les arguments de Shimi prévalent. Mais je ne sais pas jusqu'où nous devrons aller pour l'arrêter. Et je ne sais pas si je dois accepter la mort de sorcières comme prix pour parvenir à ce résultat. Et, si cela se produit, combien. Pour le moment, je ne projette la mort de personne. Mais si tu veux la vérité (Satomi éprouva une terrible envie de rire, mais pas parce qu'elle trouvait la chose amusante), j'ignore ce que je ferai demain.

Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan

Ce second tome est à mon sens égal au premier tome en matière de qualité. L'écriture est belle et fluide, les personnages sont attachants (sauf Shimi, qui me les brise de long en large). L'intrigue est très bien ficelée et très dense, avec de nombreux éléments qui s'entrecoupent et viennent s'emboîter comme les pièces d'un puzzle.

L'univers développé par Marie Brennan est très complexe (d'ailleurs, j'ai été ravie de retrouver un glossaire en fin de roman, ce fut très utile) et très riche. Les concepts déployés dans le roman sont vraiment intéressant, surtout en ce qui concerne ce culte de la Déesse et de ses cinq facettes, que j'ai trouvé original.

Évidemment, mes poils se sont hérissés de colère face à la bêtise crasse du conservatisme religieux pur et dur. C'est voulu par l'auteur, bien entendu, et cela prouve qu'elle a du talent. C'est une belle thématique résolument moderne qu'elle nous présente magistralement sous la forme d'une allégorie fantasy très réussie.

La seule chose sur laquelle je me dois de mettre un bémol, c'est la finale. Je ne peux évidemment pas tout raconter, mais en gros… ! Attention, spoil !

[Il y a une bataille et on se demande comment le "bon clan" va s'en sortir tant une issue positive semble improbable. Et puis là, l'auteur fait une grande ellipse que j'ai trouvé très maladroite, et saute directement à l'épilogue. Je me suis retrouvée toute bête, à me dire "Mais… Mais… Et la bataille, elle se termine comment?!" Bon, ça peut arriver d'avoir du mal à écrire une scène de bataille, mais laisser le lecteur sur sa faim, c'est un peu gros tout de même…]

Du coup, je voulais mettre une meilleure note que pour le premier tome, mais non, ce sera un 16 aussi.

[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
[Chronique fantasy] Les deux soeurs. Tome 2, Sorcière, de Marie Brennan
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Acherontia.

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Difficile de résumer ce roman, tant il a tendance à partir dans toutes les directions. Pourtant, en un seul mot, je pourrais peut-être le faire : génial!

Acherontia

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Santa Mondega, une ville d'Amérique du Sud oubliée du reste du monde, où sommeillent de terribles secrets.
Un serial killer qui assassine ceux qui ont eu la malchance de lire un énigmatique livre sans nom. La seule victime encore vivante du tueur, qui, après cinq ans de coma, se réveille, amnésique. Deux flics très spéciaux, des barons du crime, des moines férus d'arts martiaux, une pierre précieuse à la valeur inestimable, un massacre dans un monastère isolé, quelques clins d'oeil à Seven et à The Ring, et voilà le thriller le plus rock'n'roll et le plus jubilatoire de l'année ! Diffusé anonymement sur Internet en 2007, cet ouvrage aussi original que réjouissant est vite devenu culte.
II a ensuite été publié en Angleterre puis aux Etats-Unis, où il connaît un succès fulgurant.

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Bourré de références pop, construit de telle sorte qu'on ne puisse pas arrêter de tourner les pages, ce livre a tout pour lui : de l'humour, de l'amour, de la vengeance, du sexe, de la violence et du bourbon. Anonyme, sers-nous-en un autre, et vite!

The Telegraph (quatrième de couverture de l'édition française publiée chez Sonatine)

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

…Cet article de blog est politiquement incorrect!

Veuillez noter que cet état de fait est purement indépendant de ma volonté, et qu'il constitue une exception sur ce blog d'habitude si décent et soucieux de l'étiquette. Veuillez noter également que je dégage toute responsabilité quant aux injures et à la violence contenues dans les extraits, qui sont purement du fait de cet auteur Anonyme, et non du mien. Esprits chatouilleux s'abstenir, donc…

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Je ne suis pas très fière de le dire, mais ce livre végète littéralement dans ma PAL depuis plusieurs été. Oui, je dis été car c'est la saison durant laquelle il fut acheté. Au mois d'août, précisément, en occasion lors de la Nuit du livre de Redu (c'est en Belgique, pour ceux qui ne connaissent pas l'évènement). En revanche, vous dire en quelle année cet achat fut fait, je pense que ma mémoire ne vous permettra pas de vous fournir l'information…

Pourquoi l'ai-je acheté à l'époque? Ma foi, parce que j'en ai beaucoup entendu parler, de un. Et de deux, parce que le prix demandé était dérisoire par rapport au prix du livre neuf. Hé oui, c'est un élément important à prendre en considération, d'autant plus que l'objet se trouvait être particulièrement bien conservé. Je ne sais quel fluide d'embaumement son précédent possesseur a utilisé, mais cela fut efficace, de toute évidence.

Pourquoi ne pas l'avoir lu plus tôt? Je pense que l'objet s'est un peu perdu dans la jungle de ma PAL… comme c'est d'ailleurs souvent le cas pour beaucoup de livres, et pour beaucoup de blogueurs, si je ne m'abuse.

Pourquoi le ressortir maintenant, alors que tout espoir de lecture semblait perdu? Parce que j'ai eu la délicieuse chance de m'associer à Gilsayan pour le challenge "Pioche dans ma PAL", et que son choix s'est par chance porté sur ce titre… Et puis, de toute façon, j'avais prévu de le lire pour mon Challenge ABC de l'imaginaire de cette année. Donc cela tombait fort bien ^^

Vous désespériez de trouver un équivalent littéraire aux films de Quentin Tarantino, de John Carpenter, de Robert Rodriguez? Lisez le Livre sans nom. À vos risques et périls.

Quatrième de couverture de l'édition française publiée chez Sonatine

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Ha! Je vous sens curieux d'en savoir plus sur ce livre, tiens! On y parle d'un livre sans nom, l'auteur est anonyme, ça fait beaucoup de mystères, tout ça… Hé oui, figurez-vous que c'est aussi cela qui a favorisé le succès de ce roman, et qui a fait parler bien des langues.

Pour la petite histoire, ce roman a été publié en juin 2007 sur internet, sur le site lulu.com, de façon tout à fait anonyme. Comment en est-on arrivé à l'éditer en format papier, je ne connaît malheureusement pas le fin mot de l'histoire, et je ne peux donc pas répondre à cette question. Toujours est-il qu'à l'heure actuelle encore, l'auteur n'a toujours pas donné son nom. Même les éditions Sonatine, qui ont publié la traduction française du roman initialement publié à Londres par Michael O'Mara Books, ne savent pas réellement qui il est.

Bien sûr, les rumeurs vont bon train ; les lecteurs curieux ont même attribué la paternité du roman à certaines célébrités. Quentin Tarantino a fait très logiquement partie du nombre. En effet, on ne peut pas nier que le roman possède un côté Kill Bill assez marqué. Le roman se situe même totalement dans la veine du film From dusk till dawn, dont Tarantino a réalisé le scénario. Ceci dit, les éditions Sonatine ont plutôt l'air de penser qu'il s'agit d'un parfait inconnu. Mais je crois que nous n'aurons jamais vraiment la réponse. Et si vous comptez fouiller du côté des réseaux sociaux, il paraît que l'auteur possède une page Facebook… au nom de Bourbon Kid!

Si vous avez envie de creuser plus le sujet, je vous propose cette petite interview de l'auteur himself ^^

Plus on avance dans le livre, et plus une angoisse nous étreint : y aura-t-il assez de survivants dans l'histoire pour qu'on ait le plaisir de lire une suite?

The Booklist (quatrième de couverture de l'édition française publiée chez Sonatine)

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

La première fois que j'ai lu le synopsis de ce roman, j'ai plutôt halluciné. "Mais qu'est-ce que c'est que ce roman qui mélange autant d'éléments n'ayant rien en commun", me suis-je dit, tout en pouffant de rire. C'est surtout les "moines férus d'arts martiaux" qui m'a fait tiquer… Non pas parce que je me suis justement cassé le pied trois mois plus tôt à mon cours de Taekwondo, mais plutôt parce que cela clochait dans la liste des thèmes abordés. En cela, je paraphraserai la seule et unique philosophe issue de la téléréalité : "Des arts martiaux dans un western? Non, mais Allô, quoi!!"

Alors, laissez-moi vous expliquer… Une des grandes forces de ce roman, c'est de partir dans toutes les directions tout en gardant un fil conducteur et une unité certaine. Et ce fil conducteur, c'est ce côté western, justement.

On retrouve dans le récit les éléments typiques du genre, mais en version modernisée. Exit la période "Guerre de Sécession", les roulottes, les femmes avec des chapeaux ridicules, les indiens emplumés, les hennissements des cataclopes, le french cancan, et tout ça tout ça. Le récit est bien ancré dans notre petit monde moderne. Les roulottes et les cataclopes sont devenus des cadillacs jaunes, les chapeaux ridicules des déguisements d'Elvis, les indiens plein de plumes des vampires de la plus basse espèce, et le french cancan… euh… bah, laissez tomber.

Ceci dit… on retrouve le thème de la petite ville paumée au milieu d'un paysage désertique. Ce n'est peut-être pas une ville du Far West, mais c'est tout comme. Oui, enfin… Santa Mondega est située en Amérique du Sud, mais vous savez, le sud, l'ouest, c'est comme WC/toilettes et GB/Carrefour, n'est-ce pas… Ceci dit, ce bled est très représentatif des termes "paumé" et "désertique". On verrait presque des tumbleweed traverser les rues, poussés par le vent sentant le souffre.

Et bien sûr, en guise du bon vieux saloon cracra, l'auteur nous balance le Tapioca, petit bar miteux que seuls les habitués peuvent fréquenter. Pourquoi est-il ouvert aux seuls autochtones? Parce que dès qu'un étranger débarque, c'est la bagarre assurée. Et Sanchez, le tenancier du bar, déteste avoir à ramasser les morceaux…

Les moines étaient sortis sans un mot. "Bon débarras", pensa Sanchez. Nettoyer le plancher du Tapioca recouvert de sang était l'une des tâches qu'il aimait le moins. Et à présent, à cause de ces deux inconnus qu'il aurait dû envoyer paître dès leur arrivée, il allait devoir s'y coller.
Il alla dans la cuisine au fond du bar pour y prendre une serpillière et un seau d'eau et revint juste à temps pour voir un homme entrer au Tapioca. Un autre inconnu. Grand. Bien bâti. Habillé bizarrement, remarqua-t-il. Comme les deux autres clowns. C'était vraiment une journée de merde que s'annonçait. Sanchez en avait déjà assez, et on n'en était qu'au début de l'après-midi. Il avait un type raide mort par terre, la cervelle éparpillée aux quatre coins de la salle, et un autre mec avec une balle dans la jambe. Il faudrait appeler la police, mais peut-être pas tout de suite.

Le livre sans nom, de Anonyme

Il y a aussi ceux qui jouent au caïd, avec leurs longs manteaux et leurs Stetson pleins de poussière. Et puis il y a ceux qui jouent au shérif, version moderne. Bien entendu, l'on retrouve de nombreuses scènes de Bang!, de Pan!, de Bim! et de Piouh piouh! (ah non, ça c'est dans Star Wars, zut!)… Depuis le temps que ce blog existe, vous savez peut-être que je n'aime pas, mais alors VRAIMENT pas les scènes de baston à coup de flingue. Même au cinéma, et même si c'est Bruce Willis en petit débardeur sexy qui tient ledit flingue, ces scènes de mitraillage m'embêtent toujours au plus haut point. Allons savoir pourquoi. Moi-même, je n'ai jamais trouvé de raison valable à cet état de fait.

Quoi qu'il en soit, assez curieusement, cela ne m'a pas du tout gênée dans ce livre. Il est vrai que les combats sont variés et ne se font pas toujours à grand renfort de balles et d'explosifs. L'auteur fait appel à de nombreuses autres techniques, telles que le combat au couteau, le catch, ou les arts martiaux justement. Cette variété, doublée du fait que ces scènes de combat sont plus comiques qu'autre chose, contribue à mon appréciation. Il y a juste ce qu'il faut d'action, ce n'est pas répétitif, cela fait sourire, c'est donc juste parfait pour mes appétits limités en matière de western. Honnêtement, j'avais plus le sentiment de voir une scène de Kill Bill plutôt que des Sept mercenaires. Et comme j'ai adoré Kill Bill, ça tombe bien!

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Je sais que cela ne figure pas dans le résumé, mais vous vous en rendrez compte très vite à la lecture du roman, ce livre n'est pas juste un bouquin d'action. Que nenni! Il comporte également de nombreux éléments fantastiques. Et c'est là que ça devient intéressant pour moi, puisque le fantastique, c'est mon élément vital.

Très tôt dans l'histoire, vous entendrez parler d'une pierre bleue un peu spéciale, L'oeil de la lune. Je ne vous dirai évidemment pas ses propriétés, sinon je risque de vous spoiler une bonne partie de l'intrigue. Mais c'est un élément capital, car elle constitue selon moi le principal fil conducteur de l'histoire. Volée au monastère d'Hubal, nos deux moines "karaté kid" sont chargés de la retrouver à Santa Mondega. Manque de bol, il se trouve que les deux clowns sont mal préparés pour la mission. Ce sont des moines, après tout… imaginez-les, ils n'ont jamais touché à l'alcool, n'ont jamais utilisé de l'argent de leur vie, n'ont jamais vu une bagarre de café, ne peuvent ni voler, ni mentir, ni… sans enfreindre leur serment sacré. Bref, deux loustics comme eux sont bien mal rodés à la vie de cowboy.

Et puis bon, ils ne doivent pas mener leurs investigations dans n'importe quelle ville, c'est Santa Mondega, quoi… Une ville violente et corrompue, dirigée par une impitoyable mafia locale, et peut-être même quelque chose d'encore plus terrifiant que la mafia…

– Dis-moi, petit con, ça te dirait que je t'en mette une autre devant tous ces gens?
– Non.
– Alors ferme ta gueule et laisse-moi finir.
– Désolé.
– Tu m'étonnes que t'es désolé, putain. Maintenant écoutez bien, tous les deux. Dieu m'emploie au même titre qu'Il emploie Ses prêtres ou Ses exorcistes. Mais je suis le seul à faire ce que je fais. Je suis unique en mon genre." Il se pencha légèrement afin de s'assurer que toute l'attention des deux moines lui était acquise. "Notre Seigneur Tout-Puissant m'a chargé de débarrasser le monde des créatures du mal. Et Santa Mondega, mes bien chers frères, est la capitale mondiale des créatures du mal."

Le livre sans nom, de Anonyme

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Enfin, quand je dis "juste un peu d'humour"… C'est juste pour continuer à effeuiller la pâquerette au fil de mes titres. Parce que de l'humour, ce roman en est truffé. Je ne sais pas si tel était le but au départ, mais au final, c'est plutôt très réussi. Je vous parlais des deux moines un peu plus haut, et déjà, vous vous doutiez que leurs aventures ne risquaient pas d'être tristes. Mais c'est sans compter sur le terrible sosie d'Elvis, tueur à gage de son état, ainsi qu'une jolie panoplie de personnages complètement loufoques. Ils sont censés être sérieux, au départ, mais très vite, leurs tribulations prêtent à sourire. Le texte tout entier est empreint de dérision, avec un émaillage de railleries et d'humour noir du plus bel effet.

Je pense aussi que la plupart des scènes comportent une telle démesure que le lecteur finit par se gausser d'une situation au départ dramatique. Exactement comme dans Kill Bill, finalement. C'est cette surenchère de gore et de tragique qui confère au récit son originalité et son côté comique.

Et que dire de la finale, où tout le monde est déguisé pour la Fête de la lune, avec des costumes d'emprunt tous plus ridicules l'un que l'autre. Il faut dire aussi que le roman possède un côté très visuel. Lorsqu'on est plongé dans sa lecture, les mots se transforment aisément en images, et très vite, c'est comme si l'on regardait un film de série B ou un comics. Pour être honnête, c'est cette facette-là du roman que j'ai préféré. Sans parler des références hilarantes à la pop culture…

"Vous êtes censés être déguisés en quoi? demanda Sanchez.
– On est les rangers solitaires, répondit Miguel, prenant le pas sur Carlito de manière inhabituelle.
– Les Rangers solitaires? répéta Mukka d'un ton moqueur. C'est une blague, c'est ça?
– Non, pourquoi? Miguel semblait légèrement troublé.
– Peut-être parce que le principal trait du Ranger solitaire, c'est d'être seul, justement, répondit Mukka. D'où le surnom "Ranger solitaire"."
Miguel paraissait à présent tout à fait perdu. Carlito, de son côté, semblait se désintéresser totalement de la conversation.
"Écoute, ducon, finit par lancer Miguel. Dans la série télé, il avait toujours son fidèle Tonto à ses côtés, donc il était pas tout à fait "solitaire", pas vrai?
– Mais Tonto était pas un "ranger", pas vrai? C'était un "indien" corrigea Mukka. S'ensuivit un long silence.
– Ah, d'accord! dit Miguel, saisissant enfin où Mukka voulait en venir. Ouais, c'est vrai. T'as raison, en fait."

Le livre sans nom, de Anonyme

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Clairement, si vous cherchez du romantisme entre ces pages, passez votre chemin. Le langage est cru, les personnages n'ont aucune moralité, la ville est pourrie jusqu'à la moelle par le vice, et j'en passe. Même les couples qui pourraient paraître "mignons" se révèlent ne pas l'être du tout. Amis du sentimentalisme s'abstenir, donc… Moi, personnellement, cela m'a très bien convenu. Car s'il est une chose que je n'aime pas dans les romans, à l'instar des scènes où ça flingue dans tous les sens, ce sont les scènes romantiques où ça embrasse à tout va.

Et dire que mes parents espéraient une petite fille romantique et en dentelles… Bah! Elle est bien bonne, celle-là! 😉

"AOUH!… PUTAIN!… Mais merde!… Espèce de putain d'abruti! Putain de merde, vous m'avez planté! BORDEL DE MERDE! Espèce de… espèce de vieil enculé!
– Ça fait mal? demanda Kacy, et ce ne fut franchement pas l'une de ses plus brillantes remarques.
– BIEN SÛR QUE CA FAIT MAL, PUTAIN! JE VIENS DE ME FAIRE POIGNARDER, BORDEL!"
Dante agrippait son bras, tentant désespérément de juguler l'hémorragie, dont le débit était fort impressionnant. Cromwell avait tiré de sa poche un mouchoir en papier avec lequel il essuyait la lame de son couteau.
"Sentez-vous la blessure guérir d'elle-même, Dante? demanda-t-il posément.
– Vous vous foutez de ma gueule? Vous avez failli me couper le bras en deux. Bien sûr que c'est pas en train de guérir tout seul. Ça va prendre des putains de semaines à guérir. Il va sûrement falloir me faire des points de suture. Putain, Cromwell, mais qu'est-ce qui vous est passé par la tête? Je pensais que vous alliez juste me faire une petite entaille, pas me découper le bras, bordel de merde!

Le livre sans nom, de Anonyme

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

Difficile de résumer ce roman, tant il a tendance à partir dans toutes les directions. Pourtant, en un seul mot, je pourrais peut-être le faire : génial!

L'intrigue est super bien ficelée, l'auteur déploie d'excellentes idées et parvient à maintenir l'histoire sur les rails grâce à un fil conducteur, celui de la recherche de la pierre perdue. Le style d'écriture n'est pas spécialement fouillé. Mr Anonymous emprunte même beaucoup de vocabulaire au parler populaire, voire vulgaire. Mais cela cadre si bien avec l'histoire et les personnages que ce n'est absolument pas dérangeant. Donc, pour ceux qui ne sont pas puritains à l'extrême, je vous conseille de foncer sur cette lecture.

Et… Oh! Je ne vous ai pas parlé du fameux Livre sans nom… Ah, c'était le clou de l'histoire, pourtant. Eh bien tant pis, je vais vous laisser lire ça par vous-même. N'est-ce pas, que je suis cruelle? Héhé…

Allez, je suis bonne joueuse, je vais quand même vous donner un indice avec cette citation… Pas sur le livre sans nom, mais sur la façon de découvrir le méchant de l'histoire avant la fin ^^

– Aujourd'hui, ce sera les films d'horreur, dit Jensen dans un sourire. Copycat ou Ring?
– Ring, sans hésiter, répondit aussitôt Somers. Copycat n'est rien d'autre qu'un film de série B : n'importe quel cinéphile digne de ce nom est capable de deviner l'identité du tueur en série dès la première scène.
– C'est vrai? Jensen semblait surpris. Je ne m'en souviens plus.
– Ben tiens. William McNamara, qui commençait à l'époque à avoir le vent en poupe, était perdu dans la première scène au milieu d'une foule de figurants. Je me souviens encore de l'avoir vu et de m'être dit : qu'est-ce qu'un acteur qui a joué plusieurs rôles principaux peut bien faire assis au milieu d'un tas de figurants, à moins qu'il ne s'agisse du tueur en série dont on découvrira plus tard l'identité? J'avais bien évidemment raison, mais je dois admettre que cela ne m'a pas vraiment gâché le reste du film : le réalisateur s'en est très bien chargé tout seul.

Le livre sans nom, de Anonyme

[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom
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[Chronique fantastique] Bourbon Kid. Tome 1, Le livre sans nom

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Acherontia.

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Bien qu'il ne soit pas très récent, ce roman m'a comme qui dirait envoûtée. L'ambiance, d'abord charmante et printanière, devient très vite oppressante, gagnant en intensité au fil que l'histoire se déroule. L'écriture est plaisante, pour ne pas dire brillante. Chaque élément d'intrigue est amené au compte-goutte, si bien qu'on ne parvient que difficilement à décrocher du livre.

Acherontia

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Aucun homme ne doit savoir, ni aucune femme en parler. Sinon…

Un peintre new-yorkais, sa femme et sa fille d'une douzaine d'années réalisent enfin leur rêve : s'installer à la campagne. Ils trouvent une vieille maison dans un village où les habitants vivent encore selon les coutumes ancestrales. Nos citadins sont aussitôt séduits par ces gens si proches de la nature, par cette vie toujours rythmée par les fêtes traditionnelles. Pourtant, peu à peu, l'inquiétude s'installe : Quels sont exactement ces rites de fertilité dont on parle à mi-mots ? Ce culte de la terre si vivace, si pittoresque, n'impliquerait-il pas des sacrifices humains ?

 

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

On ne peut pas vraiment dire que je me sois sentie attirée par la couverture… Comme beaucoup de romans des années 90, le graphisme n'est pas vraiment au rendez-vous… Alors pourquoi un tel choix?

C'est que cela fait quelques temps déjà que je me passionne pour la collection Terreur des éditions Presses Pocket. C'est une vieille collection, et elle n'est plus publiée, certes, mais c'est avec elle que j'ai commencé à lire des romans d'épouvante, donc je la porte tout naturellement dans mon coeur. Régulièrement, lorsque je dévalise les foires aux livres et les bouquinistes, j'achète les tomes qui me manquent encore (et ils sont assez nombreux…), le but étant d'un jour réunir la collection complète, même si tous les titres qui la composent ne se valent pas.

C'est dans le cadre de cette collection que j'ai acquis ce roman au titre qui prête à sourire. Et c'est aussi grâce à ce titre en particulier que j'ai enfin décidé de sortir ce roman de ma PAL. Début janvier, je me suis inscrite à un challenge sur le site Livraddict, qui consiste à se trouver un binôme lecteur, puis de piocher dans sa PAL deux romans qui nous intriguent. Gilsayan, mon binôme, a très judicieusement porté son premier choix sur ce titre un peu bizarre.

Je vous invite donc à découvrir ce qui se cache derrière…

Le temps revêtait le passé d'une patine de tendresse et l'on ne se souvenait plus combien, en ce temps-là, l'homme devait travailler dur et longtemps pour se nourrir, comme il était difficile de mettre au monde un enfant, comme il y avait peu de médicaments, peu de confort ; combien la vie était austère.

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Le roman commence gentiment, calmement. Le lecteur a tout le temps qu'il veut pour se plonger progressivement dans l'univers bucolique et conservateur du petit village de Cornwall Coombe. En gros, cela commence par l'exode d'un couple new-yorkais d'âge moyen et de leur fille ado décident. Alors qu'ils commencent à se lasser de leur vie citadine, ils décident de retourner vivre à la campagne. Leur beau rêve prend forme un peu par hasard, lors d'un déplacement en voiture au cours duquel ils empruntent des routes qu'ils ne connaissent pas pour visiter la région. Ils découvrent un magnifique village à l'ancienne, niché au creux d'une nature luxuriante et sauvage. Et, comble du bonheur, leurs pérégrinations les conduisent tout droit vers une grande maison qui semble abandonnée. Ils se renseignent auprès du voisinage pour voir si elle est à vendre, repartent bredouilles à New York, pour recevoir quelques temps plus tard un coup de téléphone de la propriétaire, qui accepte de céder son bien à un prix dérisoire.

L'histoire s'axe alors sur les rénovations de la maison et l'intégration de cette gentille famille citadine au petit monde très fermé du village. Peu à peu, on apprend à connaître les personnages les plus influents du village. La Veuve Fortune, par exemple, qui fait office de doyenne et de rebouteuse, et qui semble connaître tout ce qu'il y a à connaître sur cet écrin de verdure. Il y a aussi les Dodd, le couple voisin de la maison. Et toute une kyrielle d'autres protagonistes, tous aussi hauts en couleurs les uns que les autres. Des personnages que l'on apprécie, ou que l'on déteste, c'est selon. Mais une chose est certaine, aucun d'eux ne laisse indifférent.

Personnellement, j'ai adoré ce retour campagnard, cette volonté qu'a le couple new-yorkais de "retourner à la terre", comme ils le disent, de sentir à nouveau la terre sous leurs pieds et la nature autour d'eux, de revenir à des valeurs plus essentielles et de sortir du rythme effréné de la vie urbaine. Je ne peux que les comprendre. Moi-même, je me dis souvent que ce rythme de vie plus que soutenu est vain, tout comme l'est le fait d'être hyperconnecté, de courir sans cesse après le temps, de ne plus apprécier le moment présent comme il se doit… Je me dis souvent que l'on passe à côté de choses tout à fait essentielles, sans toutefois pouvoir changer de mode de vie. Et moi qui suis une campagnarde, à la base, je n'ai pu qu'apprécier ce retour à la nature, ainsi que ce village dont les bons côtés ne sont pas sans rappeler ceux de mon village d'enfance.

Oui, je parle des bons côtés, notez bien… Car, bien sûr, les problèmes pointent bien vite le bout de leur nez, comme vous l'imaginez. Très rapidement, on ressent que les habitants du village ne sont pas nets, qu'ils cachent bien des choses. L'ambiance, de prime abord ensoleillée, légère et accueillante, se fait de plus en plus oppressante au fil des pages. Il y a cette tombe creusée à l'écart du cimetière ; sa pierre tombale mentionne une mystérieuse jeune femme dont tout le monde refuse de parler. Il y a Missy Penrose, une fillette retardée qui semble posséder de curieux dons de divination. Il y a ce culte que les habitants du coin semblent vouer au maïs ; et de façon plus large, il y a le fait qu'ils soient si conservateurs…

J'aimais l'atmosphère de ces lieux, leur aspect tranquille, bucolique, la sensation de paix qui se dégageait des maisons, des pelouses soigneusement entretenues, des jardins nouvellement fleuris. J'aimais cette vigueur, cette pérennité dont étaient empreints les passants eux-mêmes, des paysans simples, aux visages simples de campagnards. On sentait une sorte de vénération pour le passé, un effort intransigeant pour conserver les choses telles qu'elles étaient autrefois et peut-être même une résistance à admettre les choses telles qu'elles sont.

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Le premier élément qui est venu m'inquiéter, ce n'est pas ce que les habitants cachent, mais plutôt ce qu'ils montrent ouvertement, c'est-à-dire leur conservatisme à toute épreuve. En fait, le village de Cornwall Coombe tout entier semble être resté à une époque reculée, un reliquat de la fin des années 1800, ou du début du siècle dernier. Petite parenthèse, j'ai même trouvé complètement incroyable cette façon qu'a l'auteur de décrire ce village. On ressent si bien l'ambiance qui s'en dégage qu'on a presque le sentiment d'évoluer dans une vieille carte postale sépia! On sent même les odeurs du cru, la bouse des champs, la poussière des habitations, l'odeur du linge de maison nettoyé à l'ancienne, les relents rances des remèdes de grand-mère, le fumet riche de la cuisine traditionnelle, le crottin des chevaux qui conduisent les calèches, les effluves corporelles peu recommandables, et j'en passe.

La première chose à laquelle j'ai pensé, c'est que j'avais peut-être affaire à une sorte de boucle temporelle, un étrange phénomène qui ferait que cette portion précise de l'Amérique reste figée à la même époque, sans plus évoluer. Je me suis souvenue du film Le jour de la marmotte, où le héros ne cesse de se réveiller le matin du même jour, pour revivre sans cesse les mêmes aventures.

Outre mes supputations alambiquées, je trouve toujours un tel niveau de repli sur soi très inquiétant. Ces gens sont si enfermés dans leurs anciens schémas, si intolérants à tout ce qui vient de l'extérieur et tout ce qui représente le progrès, qu'on ne peut que craindre pour la survie des nouveaux arrivants. Heureusement pour ces derniers, ils viennent avec la totale volonté de laisser derrière eux la ville et leur ancien mode de vie. Ils se montrent même plutôt charmés par les manières désuètes et les vieilles superstitions des gens du cru. C'est même ce qu'ils recherchaient en emménageant dans le trou de cul du monde, si je puis dire.

De chaque côté de la route s'étendaient des champs de maïs déjà haut ; je dis que la récolte promettait d'être bonne et la Veuve acquiesça.
"Je le savais. J'ai écouté pousser le maïs pendant tout l'été. Oh! oui ; on l'entend très bien. Vous viendrez avec moi, une nuit, l'année prochaine. Ne riez pas, ce ne sont pas des balivernes, et vous l'entendrez, vous aussi. Le doux bruissement des feuilles, doux comme des ailes de fée. Et les tiges qui s'élancent vers le ciel, les épis qui se gonflent, petit à petit, jusqu'à ce qu'on entende éclater leur enveloppe. C'est quelque chose que d'entendre pousser le maïs, par une chaude nuit d'été, à la clarté mauve de la lune. C'est à ce moment-là qu'on peut dire que la terre a rendu la semence au centuple."

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Je pense que tout aurait pu se passer à merveille pour nos nouveaux arrivants, s'ils s'étaient pliés sans broncher aux vieilles traditions imposées par leurs nouveaux concitoyens. Mais vous le savez, n'est-ce pas… il y a toujours un mais! Écartez-vous un tant soit peu du carcan imposé, et vous serez au mieux pointé du doigt, au pire mis au ban de la société. Et tant qu'à faire les choses comme il faut, pourquoi ne pas devenir l'objet d'une chasse aux sorcières, ou d'une conspiration? Allons, soyons fous!

Vous connaissez peut-être cette chanson de Rammstein, Rosenrot. "Tiefe Wasser sind nicht still…", nous dit le chanteur. Comprenez par là que les eaux profondes ne sont pas calmes. Et que dire, dans ce cas, des très vieilles eaux, aussi obscures que la fin des temps, et aussi décomposées que les siècles qui passent?

Dans ce roman, tout est question d'apparence. Les villageois les plus sympathiques pourraient bien se révéler être les plus machiavéliques. Les fantômes et autres créatures surnaturelles entr'aperçus au clair de lune pourraient bien être plus humains qu'on le pense. Et si cette petite société rurale ne reposait pas tout à fait sur les mêmes principes que la société que l'on connaît, même avec un ou deux siècles de retard? Je vous le dis, méfiez-vous de l'eau qui dort…

Bientôt il ne resta plus personne, que moi.
Et le mouton étripé.
Et Missy Penrose.
Elle respirait par la bouche et émettait d'étranges sonorités, incompréhensibles, en regardant la cavité béante. "Mmm-um-nmm." La panse n'était plus rouge, une bile noire s'écoulait maintenant des tissus déchirés. Elle y plongea les doigts et les ressortit encore plus sanglants, encore plus noirs, les leva vers le ciel. Son corps se raidit et se mit à trembler. "Mm, um, nmm, mm."

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Qu'est-ce qui se cache derrière cet étrange culte du maïs, derrière ces fêtes populaires et ces traditions qui entoure la culture de cette plante au demeurant si banale? Superstitions, croyances désuètes, remèdes de grand-mère, rebouteux, rites ancestraux et impies… Allez, je laisse un peu votre imagination galoper!

Quoi qu'il en soit, personnellement, je n'ai pas pu une seule seconde deviner ce qui allait se passer. La fin m'a totalement bluffée, pour mon plus grand plaisir. Le seul petit bémol, c'est que je n'ai pas été suffisamment terrorisée. Peut-être n'était-ce pas vraiment le but de l'auteur, d'ailleurs… J'ai le sentiment que son objectif premier était avant tout de mettre l'accent sur l'ambiance suffocante, et de baser l'intrigue sur les déviances qui peuvent arriver lorsqu'une communauté vit aussi repliée sur elle-même. Ceci dit, il y avait quelques éléments d'intrigue que j'ai trouvé particulièrement ingénieux. Je ne vous en dit pas plus, sinon ce n'est pas marrant. Mais honnêtement, je vois mal un lecteur capable de deviner ce qui se cache derrière chaque personnage, derrière chaque tradition et derrière chaque secret.

Une belle découverte, vraiment!

Toutes deux avaient le corps en épis de maïs, de grands yeux dans une tête de paille, des jambes de paille et, pour vêtements, des chiffons en lambeaux. La poupée de Missy n'était qu'un jouet d'enfant, mais l'autre… Je contemplai son visage étrange, effroyable, essayant encore de comprendre ce qu'elle était. Elle représentait, de toute évidence, une femme car de grosses protubérances, des seins, étaient fixées au corps de maïs et le sexe était clairement défini par une fente profonde entre les jambes.
Qu'était-ce? Quelle main avait fabriqué cela? Je me rappelai tout à coup un de mes livres d'histoire de l'art. Je pris l'ouvrage sur l'étagère et l'ouvris au chapitre "Art primitif"…

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon

Bien qu'il ne soit pas très récent, ce roman m'a comme qui dirait envoûtée. L'ambiance, d'abord charmante et printanière, devient très vite oppressante, gagnant en intensité au fil que l'histoire se déroule. L'écriture est plaisante, pour ne pas dire brillante. Chaque élément d'intrigue est amené au compte-goutte, si bien qu'on ne parvient que difficilement à décrocher du livre.

L'intrigue proposée est tout bonnement géniale, et bien malin sera celui qui pourra deviner la chute avant la dernière page. L'auteur maîtrise l'art d'étonner ses lecteurs en le mettant sur de fausses pistes. Et puis j'ai adoré ce village qui semble tout droit sorti d'une vieille carte postale victorienne, avec ses superstitions, ses rites, ses traditions. Tout cela sent tellement la poussière, la boue et la magie païenne!

Ce que je retiens de ce roman, surtout, c'est, au final, cette analyse très pointue de ce qui peut se passer au sein de certaines communautés vivant en autarcie complète, avec toutes les dérives que peuvent engendrer l'étroitesse d'esprit et la volonté de respecter à tout prix les traditions.

Je n'ai pas souvent dit cela au sujet de romans qui commencent à dater, mais je pense que ce roman précis mériterait une édition plus récente et plus coquette. Les quelques éditions faites par le passé (je crois que la dernière date de 1991) ont vraiment un look douteux qui ne donnent pas vraiment envie de découvrir l'histoire. Je crois que cela vaudrait la peine d'y penser. Après tout, la quatrième de couverture de mon édition en parle comme "l'un des livres clé de la terreur moderne", et je ne suis pas loin de partager cet avis…

Le vent souffla de nouveau, de nouveau la chose cria. Le corbeau lança un croassement plaintif, mortuaire. Je me sentis soudain très seul au milieu de cette clairière. Je regardai de nouveau l'arbre, essayant de percer le secret de cette créature grotesque. Son expression de défi acharné était à la fois mystérieuse et révélatrice, preuve que la vie lui avait été dérobée à un moment de refus ou de protestation.

La fête du maïs, de Thomas Tryon

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
Lu dans le cadre du challenge "Pioche dans ma PAL", session du 1er janvier au 28 février 2017

Lu dans le cadre du challenge "Pioche dans ma PAL", session du 1er janvier au 28 février 2017

Lu dans le cadre du challenge "Défi lecture 2017", thème n°23, un livre dont un des personnages est docteur (ici : la Veuve Fortune est docteur et rebouteuse)

Lu dans le cadre du challenge "Défi lecture 2017", thème n°23, un livre dont un des personnages est docteur (ici : la Veuve Fortune est docteur et rebouteuse)

[Chronique épouvante] La fête du maïs, de Thomas Tryon
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[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l’intégrale, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Chaque tome de cette série a été édité en français, puis réédités à plusieurs reprises, jusqu'à ce que Bragelonne les réunissent dans cette superbe intégrale, augmentée d'une nouvelle inédite intitulée Le démon de Penric.

Voici un petit résumé de cette trilogie… Histoire que vous vous y retrouviez dans les chroniques et dans la suite chronologique du récit!

PS : Je voudrais saluer le magistral travail de traduction effectué par Mélanie Fazi et Emmanuelle Casse-Castric… Vraiment, c'est du grand art!

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

S'il m'a fallu un petit temps d'adaptation à l'univers de Chalion, l'histoire m'a totalement submergée jusqu'à la fin! Je me suis laissée embarquer sur cette rivière tumultueuse, un flot incessant d'intrigues de cour, de complots, de trahisons, de possession démoniaque, de rites de mort, de ménageries exotiques, de révélations, de… oulà, j'en ai encore le coeur qui palpite!

Je me suis profondément entichée de cet univers riche et complexe, de ces personnages tellement humains, tellement humbles, avec leurs qualités et leurs défauts… J'ai adoré le personnage de Cazaril, à tel point que j'ai eu du mal à continuer la trilogie quand j'ai vu qu'il n'était question de lui nulle part dans les tomes suivants. Pour une fois qu'on ne nous présente pas un héros masculin sous la forme d'un géant plein de muscles et dotés de super pouvoirs aussi mirobolants que risibles…

Quant au style d'écriture, il est fluide, rythmé, captivant. L'auteur possède une imagination débordante, foisonnante de super idées, aussi ne puis-je que vous donner ce conseil : jetez-vous dessus!

Enfin, pas trop fort quand même… Je ne voudrais pas être responsable d'accidents en chaîne!

 

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Chassé de sa chambre par son atmosphère confinée lors d'une journée chaude et brumeuse succédant à des averses nocturnes d'une rare intensité, Cazaril s'aventura dans le jardin à la recherche d'un perchoir plus confortable. Le livre qu'il tenait sous son bras était l'un des rares qu'il n'ait pas déjà lus dans la maigre bibliothèque du château – non que "Les cinq chemins de l'âme : les véritables méthodes de la théologie quintarienne" d'Ordol le passionne plus que de raison. Peut-être ses pages, voletant librement sur ses genoux, donneraient-elles à sa sieste une apparence plus érudite pour les passants. Il contourna la tonnelle de roses et se figea en découvrant que la royina, accompagnée d'une de ses dames munie d'un métier à broder occupait le banc qu'il convoitait. Lorsque les deux femmes levèrent la tête, il esquiva quelques abeilles en délire et s'excusa d'une révérence pour cette intrusion involontaire.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Bon, je ne vais pas vous le cacher, j'ai eu très difficile à l'entame de ce nouveau tome de Chalion. En fait, je m'attendais à retrouver les personnages du premier tome pour suivre la suite de leurs aventures. Mais les premiers chapitres donnent rapidement le ton… Plus de Cazaril, de Betriz, d'Iselle, de Palli et des autres! La seule qui revient en lice, c'est Ista, un personnage qui m'avait très peu marqué lors de ma lecture du premier tome… pour ne pas dire déplu.

Je me suis accrochée. Encore. Et encore. Puis Ista s'est mise à se rebeller contre l'autorité en place. Elle est sortie de son amorphe léthargie pour partir à l'aventure. Une aventure! Ah, enfin, elle se réveille!! Et là, j'ai commencer à accrocher avec le personnage comme avec le récit. Pour finir, je n'ai pas été déçue. Son personnage s'améliore au fil du récit, pour passer du noir à un blanc radical.

Certes, l'intrigue est parfois vraiment tirée par les cheveux. Très bien imaginée, très bien conçue, mais parfois vraiment hard à suivre. Le dénouement vaut la peine que l'on s'accroche, mais je vous le dit tout de suite, si vous cherchez une lecture pas trop casse-tête, passez votre chemin! Cela mis à part, je me dois de saluer bien bas l'imagination débordante de l'auteur. La théorie sur les démons se voit de plus en plus étoffée, ce qui fait bondir de joie mon coeur de lectrice.

Sinon, j'ai vraiment apprécié le fait que l'on découvre d'autres coins de Chalion. Le territoire est immense, et donne envie d'être découvert dans son intégralité.

 

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Le souffle coupé, Ista étouffa un cri. Elle tomba à genoux près du lit de camp. "Cinq dieux, on l'a assassiné." Mais comment? Personne n'était entré dans cette tente depuis le départ du serviteur. Avait-il trahi son maître de la sorte? S'agissait-il d'un espion roknari? La main tremblante d'Ista écarta le drap.
Sous le sein gauche, la blessure béait comme une petite bouche sombre. Du sang en coulait lentement. Un coup de poignard, peut-être, dirigé en plein cœur. "Vit-il toujours?" Elle pressa les doigts contre cette bouche dont elle ressentait le baiser collant contre sa paume, guettant désespérément la moindre palpitation indiquant que le cœur battait toujours. Elle n'aurait su le dire. Oserait-elle poser l'oreille contre sa poitrine?
Un souvenir hideux fulgura devant son œil interne, l'homme long et mince de son rêve, et le flot rouge de sang qui s'échappait entre ses doigts. Elle retira vivement la main.

Paladin des âmes, de Lois Mcmaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Que dire de ce troisième et dernier tome? Qu'il s'inscrit dans la droite lignée des deux précédents? C'est une certitude. Qu'il est aussi bon que les précédents? Cela, j'en suis un peu moins sûre…

Les idées mises en place sont vraiment excellentes. Transformer les histoires de possession démoniaque en possession animale, c'est intelligent, et cela change un peu des deux premiers tomes. Il y a cette histoire de malédiction courant de génération en génération qui revient sur le tapis, mais déclinée cette fois-ci de façon un peu différente que dans le premier tome. C'est malin… Cela aurait pu marcher, oui… si je n'avais pas trouvé l'écriture si brouillonne par moment. J'ai parfois eu du mal à suivre l'auteur lorsque ses personnages entrent dans de grandes digressions métaphysique. Les sujets religieux ou chamaniques qu'ils abordent sont parfois si abscons, et les répercussions sur leurs vies sont si tordues que j'en saisis difficilement le sens.

Et c'est bien dommage, car il y a vraiment de l'idée, et les personnages d'Ingrey et d'Ijada sont attachants. Bon, je ne vais pas dire que ce roman m'ait déplu, que du contraire. Je lui ai tout de même donné une note convaincante, parce que l'écriture est toujours aussi belle, que les concepts sont sympas, et qu'il y a toujours de l'aventure, de l'intrigue et des rebondissements. C'est juste que je m'y suis parfois perdue… mais je suis peut-être bien la seule à avoir été déboussolée par l'histoire!

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Le chaos suscité par cet événement avait, de toute évidence, engourdi les serviteurs du prince au point qu'ils n'avaient pas osé laver ni vêtir le corps. De la crasse assombrissait les replis du corps de Boleso… Non, pas de la crasse. Ingrey passa le doigt le long d'un sillon de chair glaciale, puis inspecta d'un oeil circonspect cette trace de couleur, bleu terne, jaune étamine, ainsi qu'un vert malsain là où ils se mêlaient. Teinture, peinture, quelque poudre colorée? La fourrure sombre de la sous-robe portait elle aussi de légères traces.
Ingrey se redressa et aperçut ce qu'il avait d'abord pris pour un tas de fourrures repoussé le long du mur opposé. Il s'en approcha puis s'agenouilla.
C'était un léopard mort. Une femelle léopard, corrigea-t-il en retournant partiellement l'animal. Sa fourrure fine et douce était d'un contact fascinant. Il suivit du doigt le contour des froides oreilles incurvées, des moustaches blanches et raides, le tracé de noires volutes sur soie dorée. Il souleva une lourde patte, tâta les coussinets, les épaisses griffes d'ivoire. On les avait coupées. Une corde de soie rouge, nouée serré autour de son cou, mordait profondément la fourrure. On en avait taillé l'extrémité. Les poils d'Ingrey se hérissèrent, réaction qu'il réprima.

La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Je dois dire que les éditions Bragelonne ont été très bien inspirées en joignant cette nouvelle inédite au cycle de Chalion. Ce texte apporte un peu de fraîcheur et vient confirmer le talent de l'auteur pour l'écriture. La plume est fluide et très agréable, comme toujours.

J'ai trouvé que cette nouvelle constituait un vrai "plus" au cycle. Ainsi avons-nous une belle palette de tout ce qui peut se faire en matière de possession, de démons, d'âmes et de rites bizarres en Chalion!

Je me permets de vous recopier le début de la nouvelle, afin que, comme moi, vous puissiez vous délecter du style de l'auteur…

La lumière matinale coulait en pente douce dans les prairies, infusant d'une lueur vert pâle les branches entremêlées des arbres du bois qui s'étendait au-delà et éclairant ici et là quelques fleurs blanches et rose pâle parmi les nouvelles feuilles. L'air printanier était doux et gonflé de promesses. La mère de Penric, avant de partir en chariot avec ses sœurs pour mettre la dernière main aux préparatifs, avait levé la tête vers le ciel bleu froid et décrété que c'était un jour parfait pour des fiançailles – sûrement le signe que les dieux souriaient enfin à la maison de Jurald! Penric s'était retenu de faire remarquer que les érudits divins enseignaient que les dieux ne contrôlaient pas la météo. Pour tout remerciement pour son respect filial, il avait été gratifié d'un ordre sec lui enjoignant de se dépêcher de finir de s'habiller et de les suivre! Ce n'était pas le moment de traîner les pieds!

Le démon de Penric, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

Les idées mises en place sont vraiment excellentes. Transformer les histoires de possession démoniaque en possession animale, c'est intelligent, et cela change un peu des deux premiers tomes. Il y a cette histoire de malédiction courant de génération en génération qui revient sur le tapis, mais déclinée cette fois-ci de façon un peu différente que dans le premier tome. C'est malin… Cela aurait pu marcher, oui… si je n'avais pas trouvé l'écriture un peu trop brouillonne par moment.

Acherontia

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

Le prince Boleso est mort.
Sire Ingrey des Rocheloup est envoyé au château afin de conduire le cadavre jusqu'à son lieu de sépulture et d'escorter dame Ijada, meurtrière présumée, vers son jugement. Mission désagréable et délicate, d'autant que la situation politique est instable et que la couronne est de nouveau en jeu.
Mais il y a plus : les sombres actions de Boleso ont imposé à la fière Ijada un « don » mystique qui risque de signer son arrêt de mort. Un esprit interdit habite à présent son âme ! Une malédiction qu'Ingrey connaît bien, car il la subit lui-même depuis l'enfance. Une bête intérieure qui peut faire des ravages…
Sur leur chemin semé de dangers, Ingrey comprend bientôt qu'Ijada est la seule personne à qui il puisse se fier. Sans elle, il ne parviendra jamais à se libérer ni à comprendre la terrible destinée que lui ont imposée les dieux, les damnés et les morts.

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

Ce roman est le cinquième lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady pour décembre 2016. Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne pour ce partenariat et la découverte de ce livre.

Fin d'année oblige, les éditions Bragelonne proposaient, dans leur catalogue de décembre 2016, de très belles intégrales, dont celle-ci. Toutes me tentaient, mais j'ai finalement jeté mon dévolu sur Chalion parce que les critiques que j'en avais vu sur Livraddict étaient très positives, mais aussi parce que le résumé me plaisait et m'intriguait.

Je vais donc vous présenter séparément les trois romans figurant dans cette intégrale, puis j'écrirai une page récapitulative de saga, comme je le fais habituellement.

Redit. : Oui, j'ai fait un copié-collé, c'est mal, hein?! Beeeeuuuurk!! Peux pas!!

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

… où les repères tombent comme un château de cartes.

 

Plus on avance dans la série, plus on s'éloigne des personnages et du cadre du premier tome… Ce troisième et dernier tome n'a juste plus rien à voir avec la cour de Cardegoss et les personnages gravitant autour. Ce qui, je dois dire, m'a assez perturbée et un peu dépitée, dans un sens. Car, comme je l'ai dit dans la chronique du tome 2, je m'étais beaucoup attachée à Cazaril et à son entourage, et le fait de ne pas les retrouver, même pas sous forme de simple mention, m'a un peu attristée. Dans le second tome, j'ai au moins eu la chance de suivre les aventures d'Ista, la mère d'Iselle et de Teidez (ceux qui ont lu les tomes précédents s'en souviendront), et j'ai recroisé le chemin des frères dy Gura, ce qui fut un vrai plaisir.

À l'entame de ce dernier tome, les anciens personnages s'effacent pour laisser la place à d'autres. Ainsi faisons-nous la connaissance de sire Ingrey des Rocheloups, de dame Ijada, du comte Wencel de Fleuvéquin, etc. Les lieux mêmes de l'intrigue nous sont totalement inconnus. Quoiqu'encore situés en Chalion, on se trouve ici, comme je l'ai compris, loin de Cardegoss et de sa cour.

La politique n'est plus du tout au coeur de l'intrigue, ou très peu. On sent bien que la façon de gérer le pays est différente ici qu'à Cardegoss, mais il est difficile de dire en quoi, puisque ce côté est assez peu développé. D'ailleurs, on ne parle plus de la famille royale de Chalion, mais d'un autre roi, couché sur son lit de mort. Et qui dit autre roi, dit autre cour et autres moeurs… La géographie aussi est différente, le nom des villes ne ressemblant pas aux habituels noms rencontrés dans Chalion. On dirait d'ailleurs des noms issus de World of Warcraft, car beaucoup sont des "noms valises", des amalgames de deux noms communs n'en formant plus qu'un seul (la ville de Boisbouleau, par exemple, Pontmartre, Gîtelevant, ou la famille des rocheloups).

Bref, c'est bizarre, et perturbant. J'ai le sentiment désagréable d'avoir perdu les quelques repères auxquels je m'accrochais dans les précédents tomes, et l'auteur ne m'en fournit pas de nouveaux sur lesquels m'appuyer. Pas dans un premier temps, du moins. Car malgré tout, on finit peu à peu par y voir plus clair. Mais je dois avouer que j'aurais apprécié des descriptions et des explications plus détaillées. Une carte, pour commencer… 

Au dehors, l'air humide et froid se teintait d'une lueur tout juste suffisante pour qu'il pût retrouver son chemin dans les rues. Lorsqu'il atteignit l'autre côté de la Ville-royale, la marche lui avait éclairci les idées, malgré sa migraine tenace.
L'aube parait le monde de ses couleurs. La solide pierre taillée de la large entrée du palais de Hetwar se colorait d'une nuance évoquant celle du beurre. Le portier de nuit reconnut immédiatement Ingrey à travers la trappe des lourdes portes d'entrée sculptées et entrouvrit un rabat juste assez grand pour le laisser entrer dans cette épaisse pénombre étouffée. Un serviteur s'offrit de l'annoncer, mais Ingrey déclina et gravit les marches menant au bureau du maître des sceaux. Quelques serviteurs allaient et venaient en silence, tirant des rideaux, remuant des feux, transportant de l'eau.

La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

… où les âmes d'animaux innocents sont bues comme du petit lait.

 

Vous êtes à présent accoutumés au fait que toutes les intrigues de Chalion tournent autour de la religion, en particulier des démons, qui possèdent les personnages de différentes façons. Plus on avance dans la trilogie, plus les intrigues sont tordues et capillotractées, mettant en scène non plus des cas d'école mais de parfaites raretés dignes d'un freak show.

Ce troisième tome ne fait pas exception à la règle, car il y est bien question de possession, mais d'un genre totalement nouveau. Nous sommes ici confrontés à un autre type de religion, celle pratiquée par les anciens clans. En vérité, cette religion tient plus du chamanisme, avec un côté très ritualiste et même démoniaque, puisqu'il y est question de sacrifices (d'animaux, d'humains, des deux, peut-être).

À l'époque où se déroule l'action, ces rituels sont tombés en désuétudes et sont même très mal vu. Pourtant, certains continuent de la pratiquer, à leurs dépens…

Le chaos suscité par cet événement avait, de toute évidence, engourdi les serviteurs du prince au point qu'ils n'avaient pas osé laver ni vêtir le corps. De la crasse assombrissait les replis du corps de Boleso… Non, pas de la crasse. Ingrey passa le doigt le long d'un sillon de chair glaciale, puis inspecta d'un oeil circonspect cette trace de couleur, bleu terne, jaune étamine, ainsi qu'un vert malsain là où ils se mêlaient. Teinture, peinture, quelque poudre colorée? La fourrure sombre de la sous-robe portait elle aussi de légères traces.
Ingrey se redressa et aperçut ce qu'il avait d'abord pris pour un tas de fourrures repoussé le long du mur opposé. Il s'en approcha puis s'agenouilla.
C'était un léopard mort. Une femelle léopard, corrigea-t-il en retournant partiellement l'animal. Sa fourrure fine et douce était d'un contact fascinant. Il suivit du doigt le contour des froides oreilles incurvées, des moustaches blanches et raides, le tracé de noires volutes sur soie dorée. Il souleva une lourde patte, tâta les coussinets, les épaisses griffes d'ivoire. On les avait coupées. Une corde de soie rouge, nouée serré autour de son cou, mordait profondément la fourrure. On en avait taillé l'extrémité. Les poils d'Ingrey se hérissèrent, réaction qu'il réprima.

La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

…Quand l'on ne fait qu'un avec son animal totem.

 

Les âmes animales sont au centre de cette nouvelle intrigue. Ces âmes, détachées de leur corps originel par le biais d'un cruel sacrifice, viennent posséder des humains, consentants ou non, pour leur prodiguer plus de pouvoir.

J'ai trouvé l'idée très bonne, mais malheureusement, j'ai trouvé l'intrigue parfois trop brouillonne. Je n'ai pas toujours bien pu suivre les circonvolutions de l'histoire, et n'ai pas toujours tout compris comme je l'aurais dû.

Aussi ne vous en dirai-je pas plus, afin de vous laisser vous faire votre propre opinion, et en même temps, pour ne pas vous contaminer avec mon incompréhension crasse. Peut-être – sans doute, même – aurez-vous plus de jugeote pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire.

Il décapiterait d'abord le serviteur trop bavard, d'un seul coup. Puis se tournerait vers les femmes hurlantes. Ijada était déjà à genoux, comme une victime devant son bourreau, des mèches de cheveux s'échappant pour voiler son visage. Le tranchant cinglant de l'épée, la femme enceinte… Son esprit regimba, nia.
Puis hurla cette négation avec une telle férocité qu'elle s'inversa et se transmuta en assentiment. "Aide-les, sauve-la, soutiens-moi, loup intérieur! Puise en moi, puise…"
Sa mâchoire s'allongea, ses dents se changèrent en blancs couteaux acérés. Il se mit à mordre et à déchirer les veines, grondant et agitant la tête comme un loup secouant un lapin pour lui briser l'échine.

La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

… où la prison forestière des guerriers ensommeillés.

 

Bien entendu, tout cela ne serait pas aussi marrant si une sombre malédiction ne venait obscurcir le tableau… Une malédiction qui court de génération en génération, cela nous vous rappelle rien? Ah oui, le premier tome, n'est-ce pas? Vous voyez comme l'histoire se répète tout en changeant? C'est un des tours de force de ce cycle de Chalion. L'auteur tourne autour des mêmes thèmes mais les décline de plusieurs façons.

Nous avons donc une malédiction qui sert le profit d'un seul homme, et une armée entière retenue prisonnière par ce biais. Des guerriers retenus dans les limbes, attendant d'être repris par un des cinq dieux de la religion quintarienne. Et de toute évidence, ce sont Sire Ingrey et Dame Ijada qui détiennent la clé de l'énigme. Mais de quelle façon?

Un jeune homme aux cheveux fauves, anxieux et résolu, entièrement nu à l'exception de signes peints sur la peau, se tenait assis sur une haute branche de chêne à la lumière vacillante des torches. Une corde soyeuse de fibres d'orties lui encerclait le cou et du sang coulait le long de ses membres depuis une série de coupures bien nettes. Il éleva bien haut ses mains tendues et parla d'une voix vibrante, légèrement chevrotante, puis bascula comme un homme plongeant d'un haut rocher dans un étang. Près du sol, la chute s'interrompit assez brusquement pour lui briser la nuque… Les yeux dilatés de Wencel brillaient. "Était-ce là l'un des princes envoyés aux dieux en tant que courriers de son roi sacré…?" La vérité se déversait tel un flot ; Ingrey avait l'impression qu'on lui tenait la tête sous le courant jusqu'à ce que sa cervelle risquât d'éclater.

La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
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Que dire de ce troisième et dernier tome? Qu'il s'inscrit dans la droite lignée des deux précédents? C'est une certitude. Qu'il est aussi bon que les précédents? Cela, j'en suis un peu moins sûre…

Les idées mises en place sont vraiment excellentes. Transformer les histoires de possession démoniaque en possession animale, c'est intelligent, et cela change un peu des deux premiers tomes. Il y a cette histoire de malédiction courant de génération en génération qui revient sur le tapis, mais déclinée cette fois-ci de façon un peu différente que dans le premier tome. C'est malin… Cela aurait pu marcher, oui… si je n'avais pas trouvé l'écriture si brouillonne par moment. J'ai parfois eu du mal à suivre l'auteur lorsque ses personnages entrent dans de grandes digressions métaphysique. Les sujets religieux ou chamaniques qu'ils abordent sont parfois si abscons, et les répercussions sur leurs vies sont si tordues que j'en saisis difficilement le sens.

Et c'est bien dommage, car il y a vraiment de l'idée, et les personnages d'Ingrey et d'Ijada sont attachants. Bon, je ne vais pas dire que ce roman m'ait déplu, que du contraire. Je lui ai tout de même donné une note convaincante, parce que l'écriture est toujours aussi belle, que les concepts sont sympas, et qu'il y a toujours de l'aventure, de l'intrigue et des rebondissements. C'est juste que je m'y suis parfois perdue… mais je suis peut-être bien la seule à avoir été déboussolée par l'histoire!

[Chronique fantasy] La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold
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