[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l’intégrale, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Chaque tome de cette série a été édité en français, puis réédités à plusieurs reprises, jusqu'à ce que Bragelonne les réunissent dans cette superbe intégrale, augmentée d'une nouvelle inédite intitulée Le démon de Penric.

Voici un petit résumé de cette trilogie… Histoire que vous vous y retrouviez dans les chroniques et dans la suite chronologique du récit!

PS : Je voudrais saluer le magistral travail de traduction effectué par Mélanie Fazi et Emmanuelle Casse-Castric… Vraiment, c'est du grand art!

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

S'il m'a fallu un petit temps d'adaptation à l'univers de Chalion, l'histoire m'a totalement submergée jusqu'à la fin! Je me suis laissée embarquer sur cette rivière tumultueuse, un flot incessant d'intrigues de cour, de complots, de trahisons, de possession démoniaque, de rites de mort, de ménageries exotiques, de révélations, de… oulà, j'en ai encore le coeur qui palpite!

Je me suis profondément entichée de cet univers riche et complexe, de ces personnages tellement humains, tellement humbles, avec leurs qualités et leurs défauts… J'ai adoré le personnage de Cazaril, à tel point que j'ai eu du mal à continuer la trilogie quand j'ai vu qu'il n'était question de lui nulle part dans les tomes suivants. Pour une fois qu'on ne nous présente pas un héros masculin sous la forme d'un géant plein de muscles et dotés de super pouvoirs aussi mirobolants que risibles…

Quant au style d'écriture, il est fluide, rythmé, captivant. L'auteur possède une imagination débordante, foisonnante de super idées, aussi ne puis-je que vous donner ce conseil : jetez-vous dessus!

Enfin, pas trop fort quand même… Je ne voudrais pas être responsable d'accidents en chaîne!

 

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Chassé de sa chambre par son atmosphère confinée lors d'une journée chaude et brumeuse succédant à des averses nocturnes d'une rare intensité, Cazaril s'aventura dans le jardin à la recherche d'un perchoir plus confortable. Le livre qu'il tenait sous son bras était l'un des rares qu'il n'ait pas déjà lus dans la maigre bibliothèque du château – non que "Les cinq chemins de l'âme : les véritables méthodes de la théologie quintarienne" d'Ordol le passionne plus que de raison. Peut-être ses pages, voletant librement sur ses genoux, donneraient-elles à sa sieste une apparence plus érudite pour les passants. Il contourna la tonnelle de roses et se figea en découvrant que la royina, accompagnée d'une de ses dames munie d'un métier à broder occupait le banc qu'il convoitait. Lorsque les deux femmes levèrent la tête, il esquiva quelques abeilles en délire et s'excusa d'une révérence pour cette intrusion involontaire.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Bon, je ne vais pas vous le cacher, j'ai eu très difficile à l'entame de ce nouveau tome de Chalion. En fait, je m'attendais à retrouver les personnages du premier tome pour suivre la suite de leurs aventures. Mais les premiers chapitres donnent rapidement le ton… Plus de Cazaril, de Betriz, d'Iselle, de Palli et des autres! La seule qui revient en lice, c'est Ista, un personnage qui m'avait très peu marqué lors de ma lecture du premier tome… pour ne pas dire déplu.

Je me suis accrochée. Encore. Et encore. Puis Ista s'est mise à se rebeller contre l'autorité en place. Elle est sortie de son amorphe léthargie pour partir à l'aventure. Une aventure! Ah, enfin, elle se réveille!! Et là, j'ai commencer à accrocher avec le personnage comme avec le récit. Pour finir, je n'ai pas été déçue. Son personnage s'améliore au fil du récit, pour passer du noir à un blanc radical.

Certes, l'intrigue est parfois vraiment tirée par les cheveux. Très bien imaginée, très bien conçue, mais parfois vraiment hard à suivre. Le dénouement vaut la peine que l'on s'accroche, mais je vous le dit tout de suite, si vous cherchez une lecture pas trop casse-tête, passez votre chemin! Cela mis à part, je me dois de saluer bien bas l'imagination débordante de l'auteur. La théorie sur les démons se voit de plus en plus étoffée, ce qui fait bondir de joie mon coeur de lectrice.

Sinon, j'ai vraiment apprécié le fait que l'on découvre d'autres coins de Chalion. Le territoire est immense, et donne envie d'être découvert dans son intégralité.

 

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Le souffle coupé, Ista étouffa un cri. Elle tomba à genoux près du lit de camp. "Cinq dieux, on l'a assassiné." Mais comment? Personne n'était entré dans cette tente depuis le départ du serviteur. Avait-il trahi son maître de la sorte? S'agissait-il d'un espion roknari? La main tremblante d'Ista écarta le drap.
Sous le sein gauche, la blessure béait comme une petite bouche sombre. Du sang en coulait lentement. Un coup de poignard, peut-être, dirigé en plein cœur. "Vit-il toujours?" Elle pressa les doigts contre cette bouche dont elle ressentait le baiser collant contre sa paume, guettant désespérément la moindre palpitation indiquant que le cœur battait toujours. Elle n'aurait su le dire. Oserait-elle poser l'oreille contre sa poitrine?
Un souvenir hideux fulgura devant son œil interne, l'homme long et mince de son rêve, et le flot rouge de sang qui s'échappait entre ses doigts. Elle retira vivement la main.

Paladin des âmes, de Lois Mcmaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Que dire de ce troisième et dernier tome? Qu'il s'inscrit dans la droite lignée des deux précédents? C'est une certitude. Qu'il est aussi bon que les précédents? Cela, j'en suis un peu moins sûre…

Les idées mises en place sont vraiment excellentes. Transformer les histoires de possession démoniaque en possession animale, c'est intelligent, et cela change un peu des deux premiers tomes. Il y a cette histoire de malédiction courant de génération en génération qui revient sur le tapis, mais déclinée cette fois-ci de façon un peu différente que dans le premier tome. C'est malin… Cela aurait pu marcher, oui… si je n'avais pas trouvé l'écriture si brouillonne par moment. J'ai parfois eu du mal à suivre l'auteur lorsque ses personnages entrent dans de grandes digressions métaphysique. Les sujets religieux ou chamaniques qu'ils abordent sont parfois si abscons, et les répercussions sur leurs vies sont si tordues que j'en saisis difficilement le sens.

Et c'est bien dommage, car il y a vraiment de l'idée, et les personnages d'Ingrey et d'Ijada sont attachants. Bon, je ne vais pas dire que ce roman m'ait déplu, que du contraire. Je lui ai tout de même donné une note convaincante, parce que l'écriture est toujours aussi belle, que les concepts sont sympas, et qu'il y a toujours de l'aventure, de l'intrigue et des rebondissements. C'est juste que je m'y suis parfois perdue… mais je suis peut-être bien la seule à avoir été déboussolée par l'histoire!

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Le chaos suscité par cet événement avait, de toute évidence, engourdi les serviteurs du prince au point qu'ils n'avaient pas osé laver ni vêtir le corps. De la crasse assombrissait les replis du corps de Boleso… Non, pas de la crasse. Ingrey passa le doigt le long d'un sillon de chair glaciale, puis inspecta d'un oeil circonspect cette trace de couleur, bleu terne, jaune étamine, ainsi qu'un vert malsain là où ils se mêlaient. Teinture, peinture, quelque poudre colorée? La fourrure sombre de la sous-robe portait elle aussi de légères traces.
Ingrey se redressa et aperçut ce qu'il avait d'abord pris pour un tas de fourrures repoussé le long du mur opposé. Il s'en approcha puis s'agenouilla.
C'était un léopard mort. Une femelle léopard, corrigea-t-il en retournant partiellement l'animal. Sa fourrure fine et douce était d'un contact fascinant. Il suivit du doigt le contour des froides oreilles incurvées, des moustaches blanches et raides, le tracé de noires volutes sur soie dorée. Il souleva une lourde patte, tâta les coussinets, les épaisses griffes d'ivoire. On les avait coupées. Une corde de soie rouge, nouée serré autour de son cou, mordait profondément la fourrure. On en avait taillé l'extrémité. Les poils d'Ingrey se hérissèrent, réaction qu'il réprima.

La chasse sacrée, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

Je dois dire que les éditions Bragelonne ont été très bien inspirées en joignant cette nouvelle inédite au cycle de Chalion. Ce texte apporte un peu de fraîcheur et vient confirmer le talent de l'auteur pour l'écriture. La plume est fluide et très agréable, comme toujours.

J'ai trouvé que cette nouvelle constituait un vrai "plus" au cycle. Ainsi avons-nous une belle palette de tout ce qui peut se faire en matière de possession, de démons, d'âmes et de rites bizarres en Chalion!

Je me permets de vous recopier le début de la nouvelle, afin que, comme moi, vous puissiez vous délecter du style de l'auteur…

La lumière matinale coulait en pente douce dans les prairies, infusant d'une lueur vert pâle les branches entremêlées des arbres du bois qui s'étendait au-delà et éclairant ici et là quelques fleurs blanches et rose pâle parmi les nouvelles feuilles. L'air printanier était doux et gonflé de promesses. La mère de Penric, avant de partir en chariot avec ses sœurs pour mettre la dernière main aux préparatifs, avait levé la tête vers le ciel bleu froid et décrété que c'était un jour parfait pour des fiançailles – sûrement le signe que les dieux souriaient enfin à la maison de Jurald! Penric s'était retenu de faire remarquer que les érudits divins enseignaient que les dieux ne contrôlaient pas la météo. Pour tout remerciement pour son respect filial, il avait été gratifié d'un ordre sec lui enjoignant de se dépêcher de finir de s'habiller et de les suivre! Ce n'était pas le moment de traîner les pieds!

Le démon de Penric, de Lois McMaster Bujold

[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold
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[Saga fantasy] Le cycle de Chalion, l'intégrale, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

Certes, l'intrigue est parfois vraiment tirée par les cheveux. Très bien imaginée, très bien conçue, mais parfois vraiment hard à suivre. Le dénouement vaut la peine que l'on s'accroche, mais je vous le dit tout de suite, si vous cherchez une lecture pas trop casse-tête, passez votre chemin! Cela mis à part, je me dois de saluer bien bas l'imagination débordante de l'auteur. La théorie sur les démons se voit de plus en plus étoffée, ce qui fait bondir de joie mon coeur de lectrice.

Acherontia

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

Depuis que la Royina Ista a rencontré les dieux, tout le monde la tient, à tort, pour folle. Un pèlerinage devient le prétexte idéal pour quitter l'atmosphère étouffante du château de Valenda, où le confinement et la condescendance de ses gardiens commençaient à lui peser. Mais si Ista se réjouit davantage de la liberté retrouvée qu'elle ne se soucie des dieux, ces derniers ne l'ont pas oubliée, car en brisant la malédiction qui menaçait sa lignée, Ista a libéré un mal incontrôlable. Et maintenant c'est elle, la folle, qui doit sauver Chalion.

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

… Ou comment j'en suis venue à choisir ce roman-là, et pas un autre.

 

Ce roman est le cinquième lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady pour décembre 2016. Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne pour ce partenariat et la découverte de ce livre.

Fin d'année oblige, les éditions Bragelonne proposaient, dans leur catalogue de décembre 2016, de très belles intégrales, dont celle-ci. Toutes me tentaient, mais j'ai finalement jeté mon dévolu sur Chalion parce que les critiques que j'en avais vu sur Livraddict étaient très positives, mais aussi parce que le résumé me plaisait et m'intriguait.

Je vais donc vous présenter séparément les trois romans figurant dans cette intégrale, puis j'écrirai une page récapitulative de saga, comme je le fais habituellement.

Oui, j'ai fait un copié-collé, c'est mal, hein?! Beeeeuuuurk!! Peux pas!!

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

… et on n'a franchement pas envie que ça change!

 

Dans ce second tome, on retrouve la superbe plume de Lois McMaster Bujold, toujours au mieux de sa forme. L'écriture est toujours aussi fluide, le rythme est effréné et le suspens haletant.

On retrouve bien entendu l'univers très fouillé de Chalion, avec sa religion quintarienne si particulière, ses rites religieux, ses croyances et superstitions, mais aussi avec ce concept très étrange de démons qui prennent possession de corps, vivants ou morts.

Ce roman ne fait pas exception à la règle. On y retrouve Ista, l'étrange royina douairière dont la mère vient de décéder, aux prises de démons bizarres et de vivants qui ne le sont pas tant que ça. Je vous raconte un peu le contexte : plus rien ne la retenant au château de Valenda, Ista décide de partir et de découvrir le monde tant qu'elle est encore en âge de le faire. Elle refuse d'être accompagnée par une pelletée de gens en armes et de dames de compagnie dont elle commence à être lassée. Non, la royina désire se défaire de ces carcans de conventions et de bienséance qui régissaient sa vie jusqu'ici. Quittant peu à peu son état de catatonie et de "folie" supposée, elle s'émancipe et envoie valser son statut de noble. Elle est accompagnée uniquement de gens qu'elle a choisi et qu'elle apprécie. Très vite, le voyage prendra une tournure mystérieuse, voire mystique. Certains de ses rêves, qu'elle pense prémonitoires, l'amèneront dans un curieux château assiégé, où elle devra résoudre une énigme des plus capillotractées.

Un peu trop capillotractées, peut-être… Il faut bien se concentrer et ne rater aucun élément dans ce récit fourmillant de détails. Mais pour celle/celui qui y arrive, le dénouement de l'intrigue vaut vraiment le détour!

Assise sous la tonnelle de roses de sa mère, Ista tordait un mouchoir de tissu entre ses doigts. Sa dame de compagnie, à ses côtés, piquetait une broderie à l'aide d'une aiguille aussi étroite que son esprit, encore que plus aiguisée. Ista avait fait les cent pas dans l'air frais du matin jusqu'à ce que la dame de compagnie, la voix grimpant dans les aigus, la suppliât d'arrêter. La suivante délaissa un instant son ouvrage pour observer les mains d'Ista, laquelle, irritée, déposa près d'elle le bout de tissu torturé. Sous l'abri de ses jupes, un pied chaussé d'une pantoufle se mit à battre nerveusement – non, furieusement.
Un jardinier s'affairait, arrosant les fleurs dans les bacs placés autour des portes pour la Saison de la Fille, comme il l'avait fait des années durant sous la direction de la vieille provincara. Ista se demandait combien de temps s'écoulerait avant que ne disparaissent ces habitudes nées de la répétition. Ou persisteraient-elles à jamais, comme si le fantôme méticuleux de la vieille dame surveillait encore chaque tâche?

Paladin des âmes, de Lois Mcmaster Bujold

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

… Quand la princesse se rebelle et envoie valser tous ces stupides nobliaux!

 

Je n'étais pas fan d'Ista dans le premier tome de Chalion… mais alors, vraiment pas! J'avais du mal à comprendre son attitude de profonde catatonie. Malédiction ou pas malédiction, je la trouvais molle, fade, sans relief. Eh bien, je me trompais. Oh! Comme j'aime constater que je me suis leurrée sur un personnage! Et comme j'aime apprendre à aimer ce même personnage!

À partir de la mort de sa mère, Ista n'est plus ce qu'elle était… et c'est tant mieux, vraiment! Un soudain désir d'aventure et d'émancipation la saisit, pour notre plus grand ravissement. Mais dame Ista est tout de même quelqu'un d'un peu spécial. Elle l'a toujours été, au demeurant. Loin d'être folle, je la qualifierais plutôt de sensible et de réceptive. Dans notre monde, on dirait d'elle qu'elle est médium, clairvoyante, touchée par les dieux. C'est une faculté qui la conduira vers de bien étranges destinations, et vers des situations plus étranges encore.

Loin de se décourager et de ressentir le besoin de cesser sa quête initiatique, Ista verra son caractère se forger au fil du temps et des aventures. Les rencontres qu'elles fera seront déterminantes pour sa vie future, aussi le lecteur ne peut-il être que captivé par ses pérégrinations.

Ce n'est pas un ours. Ou pas seulement un ours. Haletante, fascinée, Ista s'approcha d'un pas vacillant. Malgré l'impression initiale de terrifiante énergie, ce n'était pas non plus un ours au mieux de sa forme. Il avait, à présent qu'elle le voyait de plus près, la fourrure galeuse, pelée par plaques, et, malgré son imposante carcasse, moins de chair que d'os. Ses pattes tremblaient. Il leva les yeux vers Ista comme en proie à une fascination réciproque.
Il sembla à Ista que l'essentiel de sa nature d'ours avait presque été rongée de l'intérieur. Les yeux braqués sur elle brillaient d'une intelligence rouge, qui ne devait rien à l'esprit animal. "Il est la proie d'un démon. Qui l'a maintenant pratiquement dévoré."
"Et, à présent, le cavalier cherche une autre monture."
– Comment oses-tu? grinça Ista.
Même un simple ours ne méritait pas un tel sort. "Ta place n'est pas ici, démon. Retourne à ton maître maudit."

Paladin des âmes, de Lois Mcmaster Bujold

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

… des songes qui n'ont rien de bien shakespearien.

 

Je vous disais qu'Ista était quelqu'un de très réceptif. Et c'est peu de le dire! Car ce sont ses rêves, qu'elle pense prémonitoire, qui la mèneront vers de rocambolesques aventures. Elle aurait pu s'enfuir mille fois devant le danger, mais ce qu'elle a vu dans ses rêves l'en dissuadait à chaque fois. Elle était même guidée par eux, cherchant les lieux oniriques rencontrés dans la réalité.

Mais plus que les rêves eux-mêmes, ce sont ces appels constants qui l'empêchent de se débiner. Car au creux de ses visions se cache un homme, qu'elle n'a jamais vu et qu'elle ne connaît pas, mais qui l'intrigue au plus haut point. Un homme qui semble lui demander de l'aide alors qu'il se trouve entre la vie et la mort. Ista sent qu'elle doit impérativement le retrouver et faire quelque chose pour lui. Mais comment parvenir jusqu'à lui? Et comment pourra-t-elle l'aider?

Ista rêvait et elle le savait.
Elle traversait une cour de château pavée, par une journée de fin de printemps ou de début d'été. Une galerie à la voûte de pierre contournait la cour, avec des colonnes d'albâtre ornées d'un tracé sculpté de fleurs et de plantes grimpantes dans le style roknari. Le soleil haut tapait fort ; les ombres marquaient aux pieds d'Ista des accents noirs. Elle gravit (non, survola) les marches de pierre situées tout au bout, menant à une galerie boisée au-dessus de l'allée, qu'elle emprunta. À l'extrémité, une pièce : elle s'y glissa doucement sans avoir à ouvrir la porte sculptée, qui sembla s'écarter puis se refermer sur sa peau comme de l'eau.
La pièce était fraîche et peu éclairée, mais un motif lumineux semblait traverser les volets clos pour se projeter sur les tapis, dont il ravivait brièvement les couleurs assourdies. Dans cette pièce, un lit ; sur ce lit, une forme. Ista flotta plus près, tel un fantôme.
La forme était celle d'un homme, endormi ou mort, mais très pâle et silencieux.

Paladin des âmes, de Lois Mcmaster Bujold

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
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… quand les âmes testent les principes des vases communicants.

 

C'est une bien étrange affaire qu'Ista aura à traiter. Bien sûr, il est question de possession démoniaque, comme dans les trois tomes qui constituent le cycle de Chalion. Mais pas que… Il faut bien que le concept se renouvelle un peu!

Ista se verra chargée de pouvoirs divins afin de résoudre une affaire très délicate et de la plus haute importance. Car le cas de possession auquel elle est confrontée touche un membre de la noblesse, ainsi que son frère. Or, il se fait que ces deux personnes constituent le dernier rempart contre une invasion roknari imminente. Ista devra donc dénouer l'écheveau tissé par de puissants sortilèges, défaire de redoutables ennemis qui pratique la magie démoniaque, et tenter d'y voir clair dans toute cette histoire.

Mais à ce jeu, peut-être gagnera-t-elle au final bien plus qu'une simple auréole de sainteté et de gloire…

Le souffle coupé, Ista étouffa un cri. Elle tomba à genoux près du lit de camp. "Cinq dieux, on l'a assassiné." Mais comment? Personne n'était entré dans cette tente depuis le départ du serviteur. Avait-il trahi son maître de la sorte? S'agissait-il d'un espion roknari? La main tremblante d'Ista écarta le drap.
Sous le sein gauche, la blessure béait comme une petite bouche sombre. Du sang en coulait lentement. Un coup de poignard, peut-être, dirigé en plein cœur. "Vit-il toujours?" Elle pressa les doigts contre cette bouche dont elle ressentait le baiser collant contre sa paume, guettant désespérément la moindre palpitation indiquant que le cœur battait toujours. Elle n'aurait su le dire. Oserait-elle poser l'oreille contre sa poitrine?
Un souvenir hideux fulgura devant son œil interne, l'homme long et mince de son rêve, et le flot rouge de sang qui s'échappait entre ses doigts. Elle retira vivement la main.

Paladin des âmes, de Lois Mcmaster Bujold

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold

Bon, je ne vais pas vous le cacher, j'ai eu très difficile à l'entame de ce nouveau tome de Chalion. En fait, je m'attendais à retrouver les personnages du premier tome pour suivre la suite de leurs aventures. Mais les premiers chapitres donnent rapidement le ton… Plus de Cazaril, de Betriz, d'Iselle, de Palli et des autres! La seule qui revient en lice, c'est Ista, un personnage qui m'avait très peu marqué lors de ma lecture du premier tome… pour ne pas dire déplu.

Je me suis accrochée. Encore. Et encore. Puis Ista s'est mise à se rebeller contre l'autorité en place. Elle est sortie de son amorphe léthargie pour partir à l'aventure. Une aventure! Ah, enfin, elle se réveille!! Et là, j'ai commencer à accrocher avec le personnage comme avec le récit. Pour finir, je n'ai pas été déçue. Son personnage s'améliore au fil du récit, pour passer du noir à un blanc radical.

Certes, l'intrigue est parfois vraiment tirée par les cheveux. Très bien imaginée, très bien conçue, mais parfois vraiment hard à suivre. Le dénouement vaut la peine que l'on s'accroche, mais je vous le dit tout de suite, si vous cherchez une lecture pas trop casse-tête, passez votre chemin! Cela mis à part, je me dois de saluer bien bas l'imagination débordante de l'auteur. La théorie sur les démons se voit de plus en plus étoffée, ce qui fait bondir de joie mon coeur de lectrice.

Sinon, j'ai vraiment apprécié le fait que l'on découvre d'autres coins de Chalion. Le territoire est immense, et donne envie d'être découvert dans son intégralité.

[Chronique fantasy] Paladin des âmes, de Lois McMaster Bujold
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[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

S'il m'a fallu un petit temps d'adaptation à l'univers de Chalion, l'histoire m'a totalement submergée jusqu'à la fin! Je me suis laissée embarquer sur cette rivière tumultueuse, un flot incessant d'intrigues de cour, de complots, de trahisons, de possession démoniaque, de rites de mort, de ménageries exotiques, de révélations, de… oulà, j'en ai encore le coeur qui palpite!

Acherontia

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

A la veille du Jour de la Fille – la grande fête en honneur de la Dame Printemps, l’une des cinq grandes déités – un homme au corps et à l’esprit brisés avance lentement sur la route de Valenda. Ancien soldat et courtisan, Cazaril a survécu à l’indignité et à d’horribles tortures comme esclave à bord d’une galère ennemie. Aujourd’hui libre, tout ce qu’il cherche, c’est un travail subalterne dans les cuisines de la Douairière Provincara, dans la noble maison où il servit comme page durant sa jeunesse. Mais les dieux ont d’autres plans pour cet homme humble. Accueilli chaleureusement, vêtu et nourri, il est nommé, à sa grande surprise, secrétaire personnel et tuteur de la Royesse Iselle – la sœur, belle et obstinée, du garçon impétueux destiné à devenir le prochain seigneur du pays. Mais ce poste placera Cazaril à l’endroit qu’il craint plus encore que la mer : la cour royale de Cardegoss, où règnent l’intrigue et la trahison. A Cardegoss, les puissants ennemis qui avaient jeté Cazaril aux fers d’une rame roknari occupent à présent les positions les plus élevées du royaume, juste en dessous du Roya. Pourtant quelque chose de plus sinistre encore que leurs plans machiavéliques pend comme une épée au dessus de la famille royale : une malédiction sanguine qui touche non seulement ceux qui règnent mais également leur entourage. Le futur d’Iselle et de la Maison de Chalion semble compromis. La seule solution pour Cazaril est d’avoir recours à la plus noire des magies, mais pour cela, il devra sacrifier sa vie.

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

… Ou comment j'en suis venue à choisir ce roman-là, et pas un autre.

 

Ce roman est le cinquième lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady pour décembre 2016. Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne pour ce partenariat et la découverte de ce livre.

Fin d'année oblige, les éditions Bragelonne proposaient, dans leur catalogue de décembre 2016, de très belles intégrales, dont celle-ci. Toutes me tentaient, mais j'ai finalement jeté mon dévolu sur Chalion parce que les critiques que j'en avais vu sur Livraddict étaient très positives, mais aussi parce que le résumé me plaisait et m'intriguait.

Je vais donc vous présenter séparément les trois romans figurant dans cette intégrale, puis j'écrirai une page récapitulative de saga, comme je le fais habituellement.

 

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

… où addictivité, fluidité et rythme se superposent.

 

Dire que j'ai eu du mal, au début, à m'y retrouver dans l'univers proposé par l'auteur est un euphémisme… Lois McMaster Bujold semble partir du principe qu'il n'est nul besoin d'explications, et que le lecteur est tout à fait capable de tirer ses conclusions tout seul. Certes. C'est bien de ne pas prendre le lecteur pour un imbécile, j'apprécie l'initiative. Mais le contraire est tout aussi déroutant. Tant de termes bizarres, tant de concepts inconnus, tant de lieux non répertoriés sur une carte… Eh oui, la sacro-sainte carte typique des romans fantasy manquait. Dommage, cela aurait été grandement utile… J'ai rebondi d'un néologisme à l'autre comme sur des écueils dépassant d'un fleuve déchaîné. Roya, royina, royesse, royse, march, castillar, ser,… En l'absence de tout glossaire, il m'a fallut le temps pour capter qu'il s'agissait de termes de noblesse. Pour vous (et c'est bien parce que c'est vous! ^^), je vais dresser ici un petit lexique qui trouvera, je crois, grâce à vos yeux de lecteurs novices…

Le roya et la royina sont donc le roi et la reine d'un pays, la royesse et le royse sont respectivement la princesse et le prince. Quant aux autres, ils représentent d'autres titres de moindre importance, tels que ducs, barons, comtes, etc. Je n'ai jamais vraiment compris dans quel ordre cela fonctionnait, mais peu m'importait, du moment que je savais distinguer la royauté des "simples" nobles.

Une fois passée cette "épreuve d'entrée", tout se fait beaucoup plus fluide. On se familiarise progressivement avec la religion du coin, bien différente de tout ce que nous connaissons. Et c'est chose importante, car ce système de croyance est au coeur des trois romans qui composent le cycle de Chalion.

Mais je vous rassure, l'écriture de l'auteur est très sympathique, et malgré les quelques difficultés initiales, on s'attache très vite au personnage principal, Cazaril, dont nous parlerons plus loin. Plus l'histoire va bon train, plus le récit se fait addictif. Il faut dire que le rythme et la fluidité de la plume y sont pour beaucoup. Cela se lit tout seul, comme on dit. Puis on se laisse totalement emporter par l'intrigue. Une fois les personnages arrivés à la cour de Cardegoss, les évènements s'enchaînent et ne se ressemblent pas. À ce moment-là, il est déjà trop tard pour vous, cher lecteur! La grande mécanique du cycle de Chalion s'est emparée de vous pour ne plus vous lâcher. Je vous conseille de préparer beaucoup de café (ou de thé si vous êtes comme moi), car vous ne verrez plus la différence entre le jour et la nuit, absorbé que vous serez par le rapide défilé des mots sous vos yeux.

La dizaine d'années écoulées depuis la dernière fois que Cazaril l'avait vu n'avait pas été tendre. Orico n'avait jamais été bel homme, même dans la vigueur de sa jeunesse. Il était d'une taille légèrement inférieure à la moyenne, avec un nez court et brisé lors d'un malheureux accident de cheval, du temps de son adolescence, et qui semblait maintenant planté au milieu de son visage comme un champignon écrasé. Il avait naguère les cheveux auburn et bouclés. Ils étaient maintenant d'un brun grisâtre, toujours bouclés mais nettement plus fins. Ses cheveux étaient d'ailleurs la seule chose en lui à s'être affinée ; son corps, dans l'ensemble, avait épaissi. Il avait le visage pâle et bouffi, avec des paupières gonflées. Il murmurait à l'intention de son chat tacheté qui frotta sa tête contre sa tunique, répandant d'autres poils, puis lécha vigoureusement le brocart avec une langue de la taille d'une éponge, visant une large tache de sauce qui s'étalait sur le ventre impressionnant du roya.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

… un antihéros intelligent d'esprit et de coeur, rien que ça!

 

Au coeur de ce récit oscillant entre aventures humaines et possession démoniaque, les personnages sont d'une importance capitale. Certains sont d'affreuses crapules sournoises prêtes à tout pour satisfaire à leur soif de pouvoir (on en connaît d'autres à l'heure actuelle, pas vrai?) ; d'autres sont comme des taches de soleil dans un sous-bois ombragé.

Je ne vous parlerai ici que des principaux, et les meilleurs d'entre eux, cela va de soi…

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

Cazaril… Ah! Cazaril! Que ne donnerais-je pour vivre d'autres aventures en sa compagnie!

Oui, enfin… Ne vous méprenez pas, n'est-ce pas… C'est juste que j'ai une affection toute particulière pour les personnages fragiles et maladroits qui finissent pas accomplir mille prouesses. Cruellement torturé et mis en esclavage pendant des années, il revient sur les terres qu'il a connues jadis, avec l'espoir de reprendre du service auprès de la provincara dy Valenda (une sorte de duchesse, ai-je supposé. Et bien sûr, c'est elle la patronne de la ville de Valenda. Vous voyez le topo…) Il revient au pays très affaibli, dépouillé de ses anciennes possessions et tourmenté par de douloureuses cicatrices.

Au-delà de ces désagréments physiques et matériels, Cazaril se présente comme un homme d'environ 35 ans, terriblement gauche, maladroit, peu à l'aise avec son corps, et affublé d'une terrible timidité envers les femmes qu'il trouve à son goût. À ce sens, on pourrait le qualifier d'antihéros. Sauf que notre ami Caz est un honnête homme, loyal, droit, et doté d'un esprit affûté. D'une rare intelligence, il connaît fort bien la politique du pays, tout comme sa géographie et les langues qui y sont parlées. Il maîtrise l'art de la guerre et s'y connaît en stratégie militaire. Et ce n'est pas tout… notre bonhomme saura se montrer courageux au-delà de toute espérance dans les moments les plus délicats.

Chassé de sa chambre par son atmosphère confinée lors d'une journée chaude et brumeuse succédant à des averses nocturnes d'une rare intensité, Cazaril s'aventura dans le jardin à la recherche d'un perchoir plus confortable. Le livre qu'il tenait sous son bras était l'un des rares qu'il n'ait pas déjà lus dans la maigre bibliothèque du château – non que "Les cinq chemins de l'âme : les véritables méthodes de la théologie quintarienne" d'Ordol le passionne plus que de raison. Peut-être ses pages, voletant librement sur ses genoux, donneraient-elles à sa sieste une apparence plus érudite pour les passants. Il contourna la tonnelle de roses et se figea en découvrant que la royina, accompagnée d'une de ses dames munie d'un métier à broder occupait le banc qu'il convoitait. Lorsque les deux femmes levèrent la tête, il esquiva quelques abeilles en délire et s'excusa d'une révérence pour cette intrusion involontaire.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

Courageux et valeureux, disais-je? Oui, je sais, ça ne se remarque guère dans ce dernier extrait… Mais c'est ce que j'ai aimé avec ce personnage. Il est d'apparence très simple, presque fruste. Il ne cherche ni l'argent, ni le pouvoir, et encore moins les ennuis. C'est donc avec une extrême humilité qu'il résout chaque conflit, donnant de sa personne avec passion et loyauté, sans jamais rien demander en retour, sinon du calme et de la sérénité.

Et, cerise sur le gâteau, il sait faire de l'humour quand l'occasion s'y prête, comme dans ce passage où il explique sa chute de cheval…

– Tout est la faute de mon noble destrier, Madame : attaqué, croyait-il, par un cerf hippophage. Il a fait un pas de côté, et pas moi.

Cazaril, dans "Le fléau de Chalion", de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

De nombreux autres personnages méritent que l'on s'y attarde. À commencer par Iselle, la jeune royesse dont Cazaril supervise l'enseignement. Son caractère bien trempé, son sourire, sa fougue et sa bonté sont autant de sources de ravissement pour le lecteur. Elle est toujours suivie d'une demoiselle de compagnie, dame Betriz, que j'affectionne particulièrement pour son intelligence, son caractère et son courage.

Un autre personnage que je suis venue à apprécier avec le temps, c'est Umegat, le valet qui s'occupe de la ménagerie d'Orico. Vous verrez qu'il vous réserve bien des surprises… Vous rencontrerez aussi le Ser dy Palliar, qui sauvera la situation à maintes reprises.

Il y a les personnages sur qui l'on se pose des questions, sans réellement savoir si on les apprécie ou pas, à l'instar de la royina douairière Ista, la royina Sara et le roya Orico.

Puis il y a les personnages que l'on aime détester… Martou et Dondo dy Jironal étant en tête de liste, bien entendu. Mais je vous laisse les découvrir en temps et en heure ^^

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

Je vous parlais plus haut de nouveaux concepts, notamment au niveau de la religion, qui est très différente de ce celles que nous connaissons. Pour faire bref, dans la religion quintarienne telle qu'employée en Chalion, il existe cinq dieux : le Père, la Mère, le Fils, la Fille, et le Bâtard. Chacun représente une saison, à l'exception du Bâtard, et chacun a une ou plusieurs couleurs qui lui sont propres.

Le temple de Cardegoss avait assez de ressources pour commander les plus beaux des animaux sacrés, sélectionnés pour leurs couleurs et leur sexe. L'acolyte de la Fille, vêtue de robes bleues, portait un superbe geai bleu femelle à crête, né au cours du printemps. La représentante de la Mère, vêtue de vert, tenait sur son bras un énorme oiseau vert, proche parent, songea Cazaril, de celui que gardait Umegat dans la ménagerie du roya. L'acolyte du Fils aux robes rouge orangé menait un splendide jeune renard dont la fourrure dorée semblait luire comme des flammes dans les ombres de la chambre voûtée remplie d'échos. L'acolyte du Père, en gris, fut précédé d'un loup gris, robuste et plein d'une immense dignité. Cazaril s'attendait à voir l'acolyte du Bâtard, vêtue de robes blanches, porter l'un des corbeaux sacrés de Fonsa, au lieu de quoi elle tenait dans ses bras un couple de rats blancs dodus au regard curieux.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

Bien sûr, cette conception de la déité s'accompagne de rites très différents des nôtres. Les rites funéraires, par exemple, dont il sera souvent question dans les trois romans du cycle. L'âme d'un défunt est, la plupart du temps, réclamée par un des cinq dieux. Pour savoir à quel dieu va le défunt, des animaux sacrés, chacun rattachés à un dieu, sont présentés devant le corps. Celui qui présente le comportement le moins indifférent montre que son dieu accepte l'âme du décédé. Parfois, aucun animal ne fait mine de s'intéresser au corps, ce qui signifie que l'âme n'est pas reprise par les dieux. Elle est donc condamnée à errer jusqu'à sa dissolution complète. 

Il existe aussi des démons. Certains prennent possession de corps morts qu'ils trouvent à leur disposition, et doivent être exorcisés à l'aide d'un rituel spécifique. D'autres se mettent à posséder des personnes bien vivantes. Il est alors très difficile de les déloger.

On peut aussi invoquer ces démons, et ce pour une raison bien spécifique : tuer quelqu'un à l'aide d'un sort de mort. Le seul problème, c'est que le lanceur de sort est tué au même titre que la personne cible. C'est sur cette dernière problématique que s'axe ce premier roman du cycle. Vous pourrez y découvrir un rituel raté, des bizarreries médicales, et un homme capable de mourir trois fois. Mais chhhhht! Je ne vous ai rien dit 😉

Il se battit avec le rat pour le tirer du sac; approcha le couteau de sa gorge et murmura :
– Retourne à ton seigneur avec ma prière.
D'un coup vif et rapide, il fit couler son sang ; le liquide sombre et tiède se déversa sur sa main. Il déposa la petite dépouille à ses genoux.
Il tendit le bras vers son corbeau ; l'oiseau bondit dessus et se pencha pour laper le sang de rat sur ses doigts. La langue noire ainsi surgie surprit Cazaril au point qu'il sursauta et faillit perdre à nouveau l'oiseau. Il coinça le corbeau sous son bras et l'embrassa sur la tête.
– Pardonne-moi. Je suis dans le besoin. Peut-être que le Bâtard te nourrira du pain des dieux, et que tu pourras te percher son Son épaule, quand tu Le rejoindras. Vole vers ton maître avec ma prière.
D'un coup sec, il brisa la nuque du corbeau. L'oiseau battit brièvement des ailes, puis s'immobilisa entre ses mains.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

Outre la religion, les démons, les saints, les miracles et toutes les curiosités liées aux dieux, l'on trouve bien entendu des intrigues politiques. Elles sont bien ficelées, elles sont haletantes, elles sont passionnantes, et elles nous emmènent de la cour de Cardegoss jusqu'aux confins de Chalion.

Franchement, j'ai adoré! Et cette façon qu'a Cazaril de déjouer les pièges les plus tordus, c'est juste… jouissif! Je ne trouve pas d'autres mots…

Sur cette note aussi peu concluante que satisfaisante, ils furent contraints d'en rester là, mais Cazaril fut heureux de savoir qu'Iselle et Betriz devenaient plus attentives aux dangers subtils de la vie de cour. Toute cette gaieté éblouissait et séduisait, festin pour les yeux qui pouvait laisser la raison aussi vacillante et ivre que le corps. Pour quelques dames et courtisans, supposait Cazaril, c'était bel et bien le jeu innocent et joyeux – encore que coûteux – dont il avait les apparences. Pour d'autres, c'était un ballet d'ostentations, de messages cryptés, de bottes et de parades aussi sérieuses que des duels, à défaut de causer une mort aussi instantanée. Pour rester debout, il fallait distinguer les joueurs de ceux dont on se jouait. Dondo dy Jironal était lui-même un joueur important, et cependant… Si tous ses mouvements n'étaient pas dictés par son frère aîné, on pouvait affirmer sans trop de risques qu'ils étaient permis par lui.
Non. Pas sans trop de risques. Simplement sans se tromper.

Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold

S'il m'a fallu un petit temps d'adaptation à l'univers de Chalion, l'histoire m'a totalement submergée jusqu'à la fin! Je me suis laissée embarquer sur cette rivière tumultueuse, un flot incessant d'intrigues de cour, de complots, de trahisons, de possession démoniaque, de rites de mort, de ménageries exotiques, de révélations, de… oulà, j'en ai encore le coeur qui palpite!

Je me suis profondément entichée de cet univers riche et complexe, de ces personnages tellement humains, tellement humbles, avec leurs qualités et leurs défauts… J'ai adoré le personnage de Cazaril, à tel point que j'ai eu du mal à continuer la trilogie quand j'ai vu qu'il n'était question de lui nulle part dans les tomes suivants. Pour une fois qu'on ne nous présente pas un héros masculin sous la forme d'un géant plein de muscles et dotés de super pouvoirs aussi mirobolants que risibles…

Quant au style d'écriture, il est fluide, rythmé, captivant. L'auteur possède une imagination débordante, foisonnante de super idées, aussi ne puis-je que vous donner ce conseil : jetez-vous dessus!

Enfin, pas trop fort quand même… Je ne voudrais pas être responsable d'accidents en chaîne!

[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
[Chronique fantasy] Le fléau de Chalion, de Lois McMaster Bujold
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[Chronique] Le rêve oméga, l’intégrale, de Jeff Balek

[Chronique] Le rêve oméga, l'intégrale, de Jeff Balek

Synopsis

Yumington, 2075. Garibor Coont est un ouvrier disséqueur. Son métier : extraire les organes des morts afin de les préparer à la transplantation. Si son quotidien est banal, ses hobbies le sont bien moins : Coont a la capacité extraordinaire de décoder les mémoires d'Heisenberg, les implants mentaux dont est équipé l'essentiel de la population de Yumington. Un don qui va attirer l'attention de l'Organisation, une société secrète dont l'objectif est de résoudre des crimes aussi technologiques que mystérieux. Sous la contrainte, Coont devra enquêter pour leur compte. Et ce qu'il apprendra l'amènera à remettre en cause sa propre identité. Yumington : la cité aux mille récits. Plongez dans ses bas-fonds, et vous n'en reviendrez peut-être pas… Et si l'homme se trouvait confronté à l'apparition d'un homme d'une espèce nouvelle et supérieure ? Et si l'apparition de cette nouvelle espèce n'était pas issue de l'évolution naturelle ? L'homme de Neandertal a disparu après l'apparition de l'Homo Sapiens Sapiens. Et si l'histoire se répétait ?

La loi d'attraction universelle…

Ce roman est mon premier roman lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady pour août 2016. Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne et leur collection Snark pour ce partenariat et la découverte de cet ebook.

Je sais, je lis rarement de la science-fiction… Le genre m'attire généralement assez peu, car je préfère le surnaturel, la magie, les créatures fantastiques, aux grosses machines futuristes et aux petits hommes verts (ce que je dis est très cliché, je le sais… il m'est arrivé de lire d'excellents romans de SF qui sortaient des sentiers battus). Alors pourquoi choisir de lire un roman SF? Une intégrale, qui plus est… La raison est très simple, le résumé m'a intriguée, et j'ai eu envie d'en savoir plus. Parlez-moi d'ouvrier disséqueur, et vous avez déjà gagné toute mon attention…

[Chronique] Le rêve oméga, l'intégrale, de Jeff Balek

Le concept en quelques points…

Yumington, c'est avant tout un univers très particulier, un style d'univers que je n'avais encore jamais rencontré auparavant (mais peut-être est-ce parce que je lis peu de science-fiction, je ne sais pas…). Ce qui rend le monde de Yumington si particulier, c'est qu'il s'agit d'un univers transmédia…

Transmédia… Un mot barbare, dites-vous? Mais non! Je vous laisse l'auteur vous l'expliquer dans cette courte vidéo…

Vous l'aurez compris, Yumington, c'est un univers riche, et surtout interactif. D'ailleurs, vous aussi pouvez interagir et faire partie de la communauté! Je n'ai personnellement pas encore essayé, mais ça semble tentant…

Mais qu'est-ce que Yumington, au juste? Une cité? Un univers? Bah, je dirais un peu des deux!

Les bases de l'univers de Yumington…

Qui, mieux que l'auteur, peut vous donner les clés pour entrer dans cette ville futuriste qui constitue un univers à elle seule? Voici un petit extrait qui éclairera vos lanternes…

Urbanisme.
Pour faire face à l’augmentation de la population, Yumington a fait construire dix nouvelles zones habitables souterraines. De véritables villes sous la ville où s’élèvent de nouveaux immeubles et complexes commerciaux. À l’origine très convoités, ces niveaux souterrains sont peu à peu devenus des quartiers d’autant plus insalubres qu’ils sont profonds.
 
Robotique.
En 2045, suite à une série de braquages de banques utilisant des robots à apparence humaine, ceux-ci ont été interdits dans Yumington.
Seuls des robots rudimentaires œuvrent dans la ville. Ils sont assignés aux tâches les plus difficiles et les plus répétitives.
Des robots humanoïdes, surnommés humanos ou encore les tu-sais-quoi, sont cependant encore exploités en toute illégalité dans des maisons de passe de la ville.
 
Nanotechnologies et biotechnologies.
Les nanotechnologies et les biotechnologies permettent à l’homme de s’extraire du carcan de l’évolution darwinienne. L’homme a le pouvoir de prendre en main et déterminer sa propre évolution. Il s’agit de l’évolution proactive.
Implants mentaux permettant d’améliorer ses capacités cognitives, greffes de tissus biologiques autorisant de nouvelles performances physiques, sont monnaie courante à Yumington en cette fin du vingt et unième siècle.
Si ces avancées biotechnologiques sont la promesse d’un homme nouveau, elles sont aussi l’objet de nombreux trafics.
 
Mémoire d’Heidelberg.
Les seuls implants mentaux autorisés sont des assistants mémoriels, codés et obligatoirement détruits après la mort du porteur. Cette technologie est également appelée Mémoire d’Heidelberg, du nom de son inventeur. Elle permet d’augmenter les capacités cognitives de leurs porteurs.

Le rêve oméga 1, Souvenirs mortels, de Jeff Balek

Et ce ne sont là que quelques uns des merveilleux concepts développés au court de l'histoire. Mais je ne vais pas vous gâcher l'effet de surprise en vous donnant toutes les clés, n'est-ce pas?

Une écriture morcelée…

Ce côté transmédia a une incidence directe sur la façon dont cette intégrale est écrite. Le texte est rédigé de façon morcelée, un peu comme un patchwork ou, puisque l'on parle d'ouvrier disséqueur, de morceaux de corps que l'on grefferait l'un à l'autre pour former une entité à part entière. Une espèce de Frankenstein urbain et futuriste, si vous voulez, l'odeur en moins.

Bon, je vous le dis tout de suite, il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour atterrir proprement dans cette lecture. Heureusement que la promesse de l'ouvrier disséqueur était là, planant quelque part entre ma liseuse et mon subconscient.

Le récit est raconté à la première personne. C'est un choix comme un autre, choix que je rencontre de plus en plus souvent au gré de mes lectures, d'ailleurs, soit dit en passant. À croire que cela devient une mode! Mais ici, en plus, la narration en "je" est surlignée par le fait que l'auteur ne s'embarrasse pas de littérarité. Tout est vraiment fait comme si Coont s'était enregistré lui-même dans un dictaphone tandis qu'il décrit ses enquêtes et sa petite vie. D'ailleurs, chaque chapitre commence par "Enregistrement n°xxx – Play" et se termine par "Stop." Original, oui, mais il y a un point où l’agacement prend le pas sur l'originalité. Car l'auteur n'a pas pensé que dans un format ebook, il peut se passer d'étranges choses que seule la fée électricité peut expliquer. Et donc moi, pauvre lectrice prise au piège de la technologie, je tournais souvent ma page pour me retrouver à la page suivante, avec pour seul mot ce "Stop." Autant l'avouer, c'est très frustrant, et plutôt horripilant.

Ceci mis à part, je n'ai rien à redire quant à la structure, dont j'ai beaucoup apprécié l'originalité. Car il n'y a pas que ces fameux enregistrements qui font office d'histoire, il y a aussi tous ces petits à-côtés qui font le charme de cette intégrale. Les fausses publicités, notamment, les bons conseils du Docteur Fillglück, ou encore les petites annonces, comme celle qui suit. Savoureux, n'est-ce pas?

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Le rêve oméga 1, Souvenirs mortels, de Jeff Balek

L'Organisation…

Un petit côté Matrix dans cet univers de Yumington? Noooon, absolument pas! L'agent Smith est d'ailleurs la pour le prouver. Mais quel agent Smith? Car dans l'Organisation qui recrute Coont pour le pousser à lire les mémoires de Heidelberg des gens, ils s'appellent tous John Smith.

L'Organisation, c'est donc une sorte de société secrète qui enquête sur des phénomènes bizarres en parallèle des autorités locales (et en marchant souvent sur leurs plates-bandes).

John Smith.
Tu imagines le gars en costard noir, chemise blanche, lunettes noires ?
Tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’à l’épaule.
Il n’y a que dans les films ou dans les agences gouvernementales que les types sont aussi facilement identifiables.
Non, John Smith est neutre. Parfaitement neutre. C’est un cadre moyen comme tout le monde. Si parfaitement comme tout le monde, que tu le prends pour un cadre moyen paumé quand il entre sur ton lieu de travail. Jusqu’à ce que ce cadre moyen qui semble tombé de son siège à roulettes te colle sa carte professionnelle sous le nez. Et comme le cadre moyen n’appartient à aucune agence gouvernementale officielle, la seule carte dont il dispose est un neuf millimètres.
Cadre moyen ou pas, ça fait toujours son effet, bordel de dieu !
— Garibor Coont ?
Je reste là, la mâchoire affalée sur la poitrine.
— Je vous pose la question par principe. Je SAIS que vous êtes Garibor Coont. Garibor Coont ?
Je hoche la tête, le regard rivé sur le canon du flingue que le gars me pointe vers le visage.
— Bien. (Le type remballe sa carte de visite et sourit.) En ce cas je vous prie de me suivre. Notez bien que prie n’est qu’une formule de politesse. Vous n’avez pas le choix. Je m’appelle John Smith.

Le rêve oméga 1, Souvenirs mortels, de Jeff Balek

Missions par pizza interposée…

Ne vous fiez pas à son côté psychorigide, l'Organisation sait plaisanter quand cela est nécessaire. Un petit coup de mou? Ils vous livrent vos missions en code pizza, apportées par des robots ancienne génération souvent d'assez mauvais poil et adeptes des pourboires.

Je me réveille en sursaut. Une de ses saloperies de bots de livraison de pizzas de chez PizzaBots se penche sur moi. Sa trogne de conserve à moitié rouillée à quelques centimètres à peine de mon visage. La même trogne que la dernière fois.
— Quatre fromages. Vous avez commandé une pizza quatre fromages.
— Mais bordel, qu’est-ce que tu fous chez moi ?
J’entendrais presque les processeurs calculer dans son crâne de métal. Je n’aime pas les robots. D’aussi loin que je me souvienne, je déteste ces succédanés d’humain.
— Votre porte était ouverte, monsieur Garibor Coont. L’une de nos missions est de porter secours aux êtres humains. La mienne est également de livrer des pizzas.
Pause.
— Je suis entré au cas où vous auriez été victime d’un malaise. Vous dormiez. Je livre votre pizza. Vous me devez 12 Yu$, sans les pourboires. Les pourboires permettent à PizzaBot de…
— Ta gueule !

Le rêve oméga 3, Abysses hallucinés, de Jeff Balek

Y-Files, ou les dossiers Yumington…

Des missions, Garibor Coont en résoudra quatre dans cette intégrale. Il sauvera de pauvres citoyens dont les souvenirs se voient effacés au profit d'un seul, un affreux cauchemar qui revient sans cesse. Il prêtera main forte aux scientifiques pour tenter de découvrir pourquoi certains de ses concitoyens se transforment en rocher vivant à l'écoute d'un message sur un GSM.

Je m’approche de la victime. Les paramédics sont comme autant de canards qui auraient trouvé un fusil-mitrailleur. Ils ne savent que faire et s’interrogent du regard. Je comprends bientôt l’objet de leur embarras.
Evereth Stinger est allongé, nu, sur le sol. Toute sa peau est couleur gris souris et son réseau veineux se dessine sur son corps en noir charbon.
Je m’accroupis à ses côtés, les secouristes s’écartent.
Cadavre ? Pas tout à fait.
J’ai un mouvement de recul quand je m’aperçois que les yeux de Stinger bougent encore dans leurs orbites. Le type est aussi raide qu’une plaque de marbre, mais ses yeux vont d’un secouriste à l’autre, affolés. Ça a quelque chose de répugnant.
J’ai vu défiler bon nombre de cadavres à la ProEvTech, mais jamais de cadavres encore vivants.
Je prends sur moi et tapote le bras de Stinger. Sa peau sonne comme de la pierre.
— Fascinant, hein ?
C’est Smith qui, debout juste derrière moi, laisse tomber cette réflexion. Je ne réponds rien.
— Le fourgon de l’Organisation ne devrait pas tarder. On l’embarque et on l’étudie au labo.
Puis plus doucement :
— Vous pourrez vous y connecter tranquillement et voir ce qui a bien pu lui faire ça.
— Je ne suis pas médecin, Smith.
— On n’a plus vraiment affaire à un patient, Coont. Les constantes vitales de ce gars chutent à chaque minute qui passe. Dans trois heures, il sera mort.
— Donc il n’est pas encore mort, Smith. Et s’il n’est pas encore mort, il est encore vivant.
— Considérez-le comme un pré-mort, alors.

Le rêve oméga 2, Peaux de pierre, de Jeff Balek

Il s'en ira vingt mille lieues sous les mers afin de définir pourquoi l'équipage entier s'est auto-zigouillé.

Baxter attend l’ennemi. Il va surgir d’un instant à l’autre. Face à lui. Baxter lève sa lame. Mais ce n’est pas l’horreur de l’ennemi qui le fait hurler. Ce qu’il observe avec effroi est en lui. Plus exactement, sort de lui. Un ver. Puis deux. Puis dix. Puis cent sortent grouillant du dos de sa main.
Baxter les voit. Forcer sa peau puis surgir au travers d’elle, longs, fins, se tortillant. Sa main est bientôt couverte de vers noirs d’une dizaine de centimètres de long. Puis cette infection intime gagne son avant-bras jusqu’à le couvrir complètement d’une horreur grouillante. Le bras ne résiste pas à cette répugnante colonisation.
Stopper la progression de l’ennemi. Éliminer l’ennemi. Tuer l’ennemi qui progresse maintenant jusqu’à la base de son cou. Bientôt son visage sera couvert de cette monstruosité. Son visage sera dévoré par les vers. Ses joues. Ses yeux. Son cerveau.
Survivre.
Stopper la progression de l’ennemi à tout prix.
Baxter plante la lame de son couteau à la base de sa mâchoire puis découpe sa propre chair.
Dans ce cauchemar, il distingue à peine la voix de l’homme qui hurle à quelques pas de lui.

Le rêve oméga 3, Abysses hallucinés, de Jeff Balek

Il sera pour finir envoyer à #Tijuana avec son collègue Tremblay pour retrouver Baker, un codeur de génie pris au piège dans la salle de bain de sa chambre d'hôtel par une organisation malveillante.

Comment avait-il pu se planter cinq échardes dans le doigt ?
Dans un premier temps il tenta de gratter ces petites pointes qui affleuraient. La douleur fut instantanée, comme s’il avait plongé son index dans de l’huile bouillante. Il ne put retenir un cri. Il se leva, alla chercher la loupe qu’il conservait dans le placard de sa chambre d’étudiant. Un ustensile qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’utiliser jusqu’alors mais auquel il était attaché car il le tenait de son grand-père.
Il revint à son bureau, orienta la lampe d’architecte sur son doigt et observa les cinq curieux points noirs. Il eut un mouvement de recul.
— Putain ! Mais qu’est-ce que c’est que ça !
L’effroi le saisit plus de cinq minutes et durant tout ce temps il fut incapable de regarder à nouveau son index. Prenant sur lui, il observa à nouveau. La nausée le submergea et il courut aux toilettes pour vomir.
— Quelle horreur ! Quelle horreur ! Quelle horreur ! ne pouvait-il s’empêcher de répéter pour lui-même.
Malgré toute la répugnance que lui inspirait cette observation, il se pencha une troisième fois, aussi fasciné qu’horrifié sur l’extrémité de son doigt. Grâce au fort grossissement de la loupe, il y distinguait très nettement de petites têtes de vers noirs qui semblaient s’être nichés dans un bourrelet de chair. Un nid constitué de sa propre peau dans lesquels ces corps étrangers et bien vivants s’étaient logés. De la pointe de son stylo, et avec beaucoup d’appréhension, il tenta de titiller l’une de ces têtes. La bête se rétracta et la douleur fut immédiate, insupportable.

Le rêve oméga 4, Enquête à #Tijuana 1, de Jeff Balek

Cubicle et colocataires…

Parce qu'il n'y a pas que le travail dans la vie, Coont a un chez lui. Oui, enfin… Un très petit chez lui. Un cublicle (ce qui n'est déjà pas grand) qu'il partage avec son meilleur pote Churros et une nouvelle colocataire, Dancing, qui a l'air de lui plaire beaucoup.

En fait, nous avons là l'essentiel des personnages des trois premiers épisodes de cette intégrale. Coont, Churros, Dancing, les John Smith, et quelques intervenants mineurs qu'on voit à peine passer. Du coup, je me suis sentie un peu à l'étroit dans l'univers de Coont. Peu d'amis, peu de relations en dehors de chez lui, pas de famille… Oh, bien sûr, tout cela est plus ou moins expliquer dans le tout dernier tome, Génésis. Mais en attendant les réponses, eh bien, cela déconcerte, voire cela ennuie un tantinet. Parce qu'en dehors des enquêtes, on a le sentiment qu'il ne se passe pas grand chose de captivant.

Churros entre donc dans mon cubicle sans frapper, comme d’habitude.
— Merde Churros, tu peux pas frapper ? Je suis en plein enregistrement !
Je lui dis ça par principe et sans réelle conviction sachant que jamais il ne frappera pour entrer chez moi.
— TaaaaaTaaaaaaaaaaaaaaaaaaTaTaaaaaaaa
Il se tient là, debout, bras et jambes écartés, ventre en avant.
— Alors ?
— Alors… Quoi ?
— Ben qu’est-ce que t’en penses ?
— Qu’est-ce que je pense de quoi ?
Il balaie des deux mains, de haut en bas, l’ensemble de sa personne.
Je me redresse sur un coude. Et je ne lui trouve rien de changé : immense, potelé comme un bébé de huit jours, gras comme un churros.
— Quoi ? T’as changé quoi ?
— Comment ça ce que j’ai changé ?
Je ne retiens pas un soupir dont il n’a rien à cirer et je l’observe plus en détail.
— Non, je vois pas. Désolé, vieux, mais là… Je vois pas.
— Merde ! Le tee-shirt, le bermuda, les tongs…
Maintenant qu’il me le fait remarquer je vois le changement radical.
La veille encore, il se baladait en toge orange de moine bouddhiste, deux petites cymbales accrochées aux majeurs, quatre bracelets de clochettes aux chevilles et aux poignets.
Comment ai-je pu passer à côté de ça ?
— T’es plus bouddhiste ?

Le rêve oméga 1, Souvenirs mortels, de Jeff Balek

#Tijuana, ou le changement radical de décor…

Ah ouais, là, pour le coup…! Je vous conseille de vous chausser de vos santiags préférées avant d'entamer les deux tomes de #Tijuana, car ça va déménager! Changement d'époque, déjà, puisqu'on passe de 2075 à 1970… Juste un petit bond dans le passé, si peu… Et changement de décor, aussi! Bienvenue dans le western spaghetti!

Ici, on commence à sentir un peu plus d'air frais, grâce à l'apparition de nouveaux personnages (Baker, Allegra et ses sbires…). Le changement de décor aussi permet de nous sentir moins enfermé.

Progressivement, au fil de l'histoire, on va s'apercevoir que l'on se trouve dans un univers gigogne, où chaque univers est imbriqué dans un autre. C'est un peu comme le film Inception et ses différents niveaux de rêves. Et ici, du rêve, vous allez vous en enfiler à la pelle, les amis! Car tout tourne autour du rêve et de l'irréalité.

C’est le type au chapeau de cow-boy qui parle. Je peux l’observer en détail maintenant. Un grand type, très grand. Il a bien la gueule d’ours que j’avais remarquée quelques heures plus tôt. Il porte un pantalon de cuir, des santiags, et il est torse nu sous un gilet en peau de reptile.
La fille quant à elle est bien plus menue. Les traits de visage sont fins, ses yeux aussi noirs que ceux de son acolyte. Elle semble arborer un sourire en permanence.
— On va déjà décider quoi faire de vous, pas vrai, ma Doody ?
— Faut bien !
— Pas la peine de vous lever si je dois vous descendre, hein ?
Le type rit grassement. Dancing aussi mais son rire est heureusement plus cristallin.
— Bon alors, commençons gentiment. Tout d’abord se mettre en condition.
Le type attrape une cigarette roulée qu’il porte sur l’oreille et l’allume avec son Zippo. À l’odeur, je devine immédiatement qu’il ne fume pas que du tabac. Il inspire une grande bouffée avant de grogner en s’ébrouant.
— Bon. Les choses sérieuses, maintenant.
Il sort un jeu du Destin de la poche intérieure de son gilet.
— Oh non, pas ça ! je fais.
— Quoi ? Tu ne crois pas au destin ?
— Non.

Le rêve oméga 4, Enquête à #Tijuana 1, de Jeff Balek

Génésis, où la boucle est bouclée…

Troisième et dernier changement de décor. On revient à Yumington, mais cette fois, ce n'est plus Coont qui est aux commandes de l'histoire. Un militaire doit diriger une mission dans une prison appelée Jailcity. Cette prison est une sorte de grande ville coupée du monde extérieure, où les prisonniers ont pris leurs aises. Notre militaire doit éliminer un certain Koenigsman, qui dirige une sorte de secte et qui serait responsable d'une série d'abominations scientifiques. C'est au cœur de Jailcity que le lecteur trouvera les réponses aux questions qu'il se pose depuis le tout début de cette intégrale. À savoir, qui est réellement Coont?

— C’était quoi, ce truc ?
— C’était un homme, pas un truc, Steer. Un type d’ici. Un barjot, lui répond Yang à voix basse.
— Non. C’était tout sauf humain. C’était gris, comme avec des écailles.
— Tu délires, Steer.
— Je l’ai vu, je te dis. Il avait des griffes. C’est avec ses griffes qu’il a égorgé Johanson, pas avec un couteau. Je sais ce que j’ai vu. Je suis pas dingue.
— Ça va maintenant, Steer. Tu la fermes. Et tu regardes devant toi.
Sur les parois, les tags qui marquent le territoire de Koenigsman se font de plus en plus nombreux. J’ai la sensation d’entrer au cœur de l’enfer. Un enfer dont nul ne peut sortir vivant. Un lieu où règne la violence totale, la terreur. Un enfer où les hommes sont réduits à l’état de bêtes sauvages et immondes. Un enfer sur lequel règne un dieu absolu, intransigeant, mauvais, sournois : Koenigsman.
Je comprends un peu mieux les inquiétudes de Chase. Si un tel monstre prenait possession de toute l’île et se révélait capable de lever une armée prête à donner l’assaut sur la Ville, plus aucun espoir ne serait permis. Ces types détruiraient bien plus que la Ville, massacreraient bien plus que ses habitants. Il annihilerait la civilisation elle-même.

Le rêve oméga 6, Génésis, de Jeff Balek

Tout à coup, Johanson braque le spot sur sa droite. Une ombre s’échappe dans un conduit perpendiculaire, comme effrayée par la lumière.
— Un animal, dit-il à voix basse. Rien qu’un animal.
C’est la première fois que j’entends le son de sa voix.
L’atmosphère se détend peu à peu. Je m’autorise à relâcher un peu mon attention, même si j’ai conscience que nous ne sommes pas à l’écart de tout danger.
— Il y a des animaux, ici ?
— De toutes sortes. Chiens, chats… Des rats, bien entendu. Mais aussi des vaches, des porcs. Mais ceux-là ne sont pas dans les égouts. Il faut bien que les gens se nourrissent. Il y a deux fermes industrielles sur l’île. Tenues par des gangs, bien évidemment. Jail City est un véritable écosystème auto-suffisant. Tous ces gens vivent dans une quasi-totale autarcie.
— C’est sans compter les monstres, ajoute Steer.
— Les monstres ?
Yang se marre et allume une cigarette.
— Ouais, les monstres.
Il ne semble pas vouloir en dire plus.
— Les monstres ? Quels monstres ?
Yang lance un coup d’œil qui me paraît complice à Steer.
— C’est l’île aux monstres. Il n’y a que des monstres, ici. Ou presque. Tous ces tueurs, ces violeurs, ces terroristes sont des monstres, pas vrai ?
Je regarde Yang droit dans les yeux. Il me cache quelque chose. Celui-ci ne détourne pas le regard tout en tirant sur sa cigarette.
— Y a-t-il des informations que j’ignore et dont je devrais être informé ?

Le rêve oméga 6, Génésis, de Jeff Balek

En résumé…

J'ai relativement bien accroché avec cette série de S-F qui s'est vraiment laissée lire toute seule. Au début, j'étais catastrophée de voir qu'elle faisait 856 pages, et puis à ma première lecture, j'ai vu qu'elles défilaient vite et bien, donc ça m'a rassurée. C'est vrai que je n'ai pas retrouvé ma littérarité bien-aimée, mais l'histoire avait un côté si divertissant et si fou que je me suis prise au jeu malgré tout. Quelques petites coquilles s'étaient glissées dans le texte et ont un peu gêné ma lecture, surtout dans les deux épisodes de #Tijuana, mais ce n'était pas vraiment grave.

Là où je plussoie de façon très enthousiaste, c'est pour l'univers proposé, et cet humour, parfois noir et grinçant, parfois décalé avec un petit côté "nonsense" que j'adore.

Malgré le capharnaüm qui semble régnait au sein de ces histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres, il y a une logique, et les réponses viennent à la fin. Le lecteur ne reste donc pas avec des questions en suspens, ce qui est fort appréciable.

Je ne vais pas dire que les personnages sont attachants, toutefois. Garibor Coont est un bon gars, mais bien trop insouciant et débonnaire pour que je m'attache réellement à lui. Quand à ses colocataires… Churros a un côté comique, mais il peut vite taper sur le système. Dancing, quant à elle, reste au final assez mystérieuse.

Ma note finale : 15/20 - L'histoire et ses concepts étaient géniaux, mais les personnages étaient plutôt bof et trop peu nombreux, et l'écriture m'a parfois donné du fil à retordre. L'humour m'a plu, en revanche.

[Chronique] Le rêve oméga, l'intégrale, de Jeff Balek

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques!

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Votre dévouée,

Acherontia.

[Chronique] New Victoria, l’intégrale, de Lia Habel – part 1

[Chronique] New Victoria, l'intégrale, de Lia Habel - part 1

Synopsis…

New Victoria : une civilisation high tech obéissant aux codes et aux modes de l’ère victorienne, dont les frontières sont menacées par des rebelles curieusement difficiles à tuer. Bien loin des combats armés, Nora, jeune aristocrate en crinoline, a un destin tout tracé : épouser un membre de la haute société et collectionner les robes de bal. Faire honneur à la mémoire de son père, l’éminent docteur Dearly. Rien, dans sa délicate éducation victorienne, ne l’a préparée à un violent kidnapping, ni à survivre dans le camp d’une faction rebelle. Et pourtant elle devra surmonter ses craintes et ses préjugés pour comprendre la nature du véritable danger qui menace les vivants… comme les morts.

La loi d'attraction universelle…

Je sais que cela devient lassant, mais… la couverture! Eh oui, cet élément indispensable de l'objet-livre a encore frappé!

Et quel objet-livre! Bragelonne a, de nouveau, mis le paquet sur la présentation, parvenant à appâter même les cœurs les plus endurcis. En fine amatrice d'esthétique steampunk, je ne pouvais fondamentalement pas passer à côté. Alors, voyons voir, passons en revue les atouts séduction de ce volume… Une présentation soignée, des couleurs paon et turquoise, sombres et lumineuses à la fois, qui attirent le regard aussi sûrement qu'un éphèbe nu sur une plage, un cœur mécanique disloqué laissant apparaître un joli petit lot de rouages (et là, c'est mon propre cœur qui fond à cette douce évocation), un grand format agréable à manipuler, des tranches dorées, une petite frise baroque sur les en-têtes et les pieds de pages et, cerise sur le gâteau, les coins des pages sont arrondis. Même les intitulés de chapitres sont agrémentés de tuyauteries et de mécanismes steampunk!

Voici qui confère à cette intégrale des allures de merveilleux rainbow cake entr'aperçu dans la vitrine d'une boulangerie et qui me donne envie de m'en faire une part sur le champ!

New Victoria en portrait chinois…

Si New Victoria était une musique…

Alliant sonorités futuristes et culture zombie, The Browning décrit assez bien ce roman avec ce morceau Living dead.

Si New Victoria était un tableau…

Steam zombies, de Simon Beer.

[Chronique] New Victoria, l'intégrale, de Lia Habel - part 1
Si New Victoria était un plat…

Du tofu aux asticots. Vous comprendrez pourquoi en lisant cette chronique plus avant 😉

Si New Victoria était un juron…

Celui qui est mien et que j'affectionne le plus : putréfaction!

Quand post-apocalyptique et steampunk se mêlent…

L'univers proposé par Lia Habel est original en ce sens qu'il mêle différents genres des littératures de l'imaginaire : le roman post-apocalyptique et presque dystopique, où, suite à une série de catastrophes naturelles, la plupart des pays ont disparus et les survivants se sont réorganisés comme ils ont pu…

Cent cinquante ans auparavant, le monde était un endroit terrifiant. À cette époque, la race humaine avait déjà subi une longue liste d'horreurs. Sur terre, les pôles avaient de nouveau disparu sous des chapes de glace meurtrières, et les hivers étaient devenus longs et rudes pour un nombre croissant de nations. Les humains avaient été contraints de se replier vers les zones tempérées le long de l'équateur, créant d'importantes vagues migratoires. Des pays avaient été totalement balayés de la surface du globe par des tempêtes cataclysmiques. Cuba, l'Indonésie, l'Angleterre, le Japon. Tous avaient disparu.

La planète toute entière souffrait, mais les Amériques, selon moi, enduraient plus que leur lot de catastrophes. Les réfugiés venus du Canada étaient porteurs d'une nouvelle souche du virus de la grippe qui terrassa une personne infectée sur quatre. La famine succéda à cette épidémie, puis la second guerre de Sécession et ses destructions nucléaires.

Personne ne remporta cette guerre. Les États-Unis cessèrent d'exister. Les survivants se préservèrent comme ils le purent, se regroupant pour fonder de nouvelles tribus qui ne reposaient ni sur la race, ni sur la classe sociale, ni sur la nationalité.

Cependant, le pire restait à venir.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

… Et le steampunk, de par l'esthétique du roman et le choix d'une pseudo société victorienne…

La direction que nous prîmes ne fut pas le fruit d'un coup de tête ou d'une folie passagère, mais mon peuple, conservateur par nature, n'avait jamais oublié le passé. Alors que les tribus du Sud imaginaient des mondes parfaits, futuristes et complètement utopiques, ou bien sombraient dans le chaos et la misère, les miens adoptèrent un mode de vie à l'ancienne. Les robes longues redevinrent la norme pour les dames. L'étiquette devint un passe-temps national. La violence et la grossièreté furent sévèrement réprouvées. Chacun était tenu de respecter ses supérieurs et d'être bien conscient de la place qu'il occupait dans la société.

Quelques décennies plus tard, mes ancêtres avaient définitivement arrêté leur choix sur l'époque victorienne comme modèle de politesse, d'ordre et de prospérité. Lorsque le moment fut venu d'entériner notre Constitution et de baptiser notre pays, le peuple se prononça, avec une écrasante majorité, en faveur de "New Victoria".

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

J'avoue que j'ai eu un peu de mal à m'adapter à ce mélange dans un premier temps, même si mon trouble n'a perduré que le temps de lire les trente premières pages. Je me suis sentie déroutée de voir une société "high tech" employer l'étiquette et les mœurs de l'époque victorienne. Pour moi qui suis accoutumée aux romans steampunk se passant effectivement à la fin du 18e siècle, voire au début du 19e siècle, ou même pendant la seconde guerre mondiale comme c'est parfois le cas, le décalage était si énorme qu'il m'a fallu m'y acclimater. C'est que, pour moi, une demoiselle en robe de bal et corset assise dans un fiacre et lisant… une tablette numérique… c'est délicieusement nouveau et inattendu.

Une fois accoutumée à ce décalage temporel, on devient vite accro au concept. Finalement, que nous ayons affaire à de la mécanique steampunk toute de cuivre vêtue et fonctionnant à l'éther, ou à des gadgets high tech fonctionnant à la fée électricité et visant à recréer un monde idéal basé sur l'époque victorienne, ma foi… c'est toujours de la technologie! Même si je confesse une préférence accrue pour la bonne vieille mécanique de cuivre et de laiton fonctionnant à la vapeur ou à l'éther et dotée de noms barbares qui feraient boucler les moustaches du plus puritain des gentlemen.

Une autre chose à laquelle j'ai eu un peu de mal à m'adapter, c'est le passage incessant d'un personnage à l'autre d'un point de vue narratif. L'histoire est racontée en "je", mais à chaque chapitre, la personne qui se cache derrière ce "je" change, sans pour autant que le style d'écriture soit adapté en fonction (comme on peut le voir notamment dans La horde du Contrevent d'Alain Damasio). C'est un peu perturbant au début, mais on s'y fait. Et heureusement, chaque chapitre est intitulé en fonction du nom du narrateur, ça aide 😉

Lazare et tofu…

Désolée, mais vu le thème et l'actualité, je n'ai pas pu m'en empêcher…

Une des grandes forces de ce roman, qui fait également son originalité, ce sont bien sûr les zombies. On sent que Lia Habel a mené une enquête très approfondie sur ces créatures, ne gardant que le meilleur de toutes les histoires de morts-vivants qu'elle a pu lire ou visionner.

Pour faire simple, les zombies tirent leur état d'un virus très justement nommé le Lazare (du même nom que ce personnage biblique mort depuis quatre jours et ressuscité par Jésus). L'auteur explique savamment bien les mécanismes du Lazare, ses origines, ses effets sur l'organisme et ses conséquences. Tellement bien que l'on y croirait.

Lia Habel explique aussi que certains individus qui se réveillent après leur mort sous l'effet du Lazare sont intacts, leur personnalités inchangées et leurs souvenirs indemnes, ou presque. Ces individus-là se trouveront dans les rues, errant sans but, en état de choc. D'autres, en revanche, reviennent avec un esprit beaucoup plus altéré. Ceux-là errent aussi dans les rues, mais avec un autre but, celui de grignoter du bifteck au goûter, fût-il animal ou humain.

– C'est vrai, il semblerait que nous ayons des tendances naturelles au cannibalisme, répondit-il d'un ton si détaché que j'en eus la chair de poule. Voilà ce dont je voulais parler quand je vous ai dit que votre père m'avait sauvé la vie. Au cours de ses recherches, il s'est aperçu que certains d'entre nous revenaient mieux… conservés que d'autres. Au niveau des souvenirs, ou de la personnalité, par exemple. De nouveaux morts-vivants que ses hommes croisaient avaient l'air d'errer sans but, complètement perdus et bouleversés… Ceux-là ne semblaient pas nécessairement à l'affût de leur prochain repas. C'est ainsi que sa mission s'est transformée… Eh bien, c'est-à-dire qu'en l'absence de remède sa mission est devenue de nous aider à gérer notre maladie.

J'eus l'impression qu'on venait de m'écraser une brique entre les deux yeux. Tout à coup, tout devint limpide. Mon père avait réellement vu des monstres affamés évoluer devant ses yeux. Un vieux conte était devenu réalité. Cela aurait été la même chose s'il avait découvert un dragon. Il aurait essayé de le dompter.

– C'est comme… voyez-vous, comme pour un être humain vivant, continua Bram. Il vous faut certaines choses. Vous avez besoin de nourriture, d'eau. Si vous en manquiez, alors peu importe le niveau de civilisation que vous pensez avoir, vous régresseriez. Sans ces éléments, vous deviendriez folle. Vous tueriez les autres, trouveriez des astuces pour vous les procurer. C'est un simple instinct animal. Il est difficile d'être gentil quand on est tenaillé par la faim. Eh bien, j'ai besoin de certaines choses, moi aussi. J'ai un besoin maladif de liquides, parce que je suis en train de me dessécher. J'ai un besoin maladif de protéines, parce qu'à chacun de mes mouvements, j'endommage les tissus de mon organisme, même si je ne peux plus utiliser les protéines pour me régénérer. Et les prions qui vivent dans mon cerveau ont un besoin maladif de nouvelles victimes et poussent mes synapses à me rendre un peu vif. Bref, je suis complètement reprogrammé pour éprouver le désir brûlant de trouver un beau corps bien chaud. Comme n'importe quel adolescent, voyez-vous.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

Deux catégories de zombies, donc… Si la première est totalement inoffensive, la seconde, en revanche, est létale. Mais comme dans tout roman post-apocalyptique qui se respecte, l'armée (ou ce qui en tient lieu) est là pour veiller au grain. Et bien sûr, quoi de plus naturel que d'utiliser les zombies sains pour lutter contre les cannibales? Après tout, ils sont sacrifiables, ils sont déjà morts…

C'est donc dans ces circonstances qu'évolue Bram, l'un des héros de cette histoire. Bram est en gentil zombie. Il marche à peu près comme tout le monde, parle normalement, a une apparence presque saine, si ce n'est le voile blanc qui recouvre ses yeux. Il calme ses envies sanguinaires en ingurgitant du tofu. Même si son corps est incapable de synthétiser les protéines pour se régénérer, le tofu a au moins le mérite de lui contenter l'estomac et les papilles (ou presque). Oui, Bram est un brave zombie, un petit capitaine au service de sa patrie, prêt à donner sa vie (?) pour sauver les pauvres Victoriens qui ne savent pas quel fléau les guette. Et comme tous les zombies de son âge, Bram est amoureux. Difficile, quand on a plus de cœur à faire battre plus fort, et quand les papillons dans le ventre ne sont en fait que des vers attirés par la chair en décomposition. D'autant plus difficile que l'heureuse élue est, elle, bien vivante…

Heureusement, Bram a de nombreux amis dans son unité. Entre Chas, Coalhouse, Renfield, et j'en passe, il n'y a que l'embarras du choix. Eux aussi sont de braves zombies, avec du caractère, toutefois. Ils ne sont peut-être que de la chair à canon, mais faut pas les emmerder! Surtout Chas, d'ailleurs. Nommée originellement Chasteté, cette jeune demoiselle a tout pour me plaire. Une langue bien pendue, un caractère bien trempé, un look d'enfer et une mâchoire d'acier.

Une héroïne et demi qui en a…

Un autre point fort du roman, c'est Nora Dearly, notre héroïne en corset et jupons. Je pense que tout me plaît dans son caractère. Et, vous savez, le caractère d'un personnage, c'est un peu comme en cuisine. Il faut user des bons ingrédients dans de bonnes proportions et éviter les mélanges hasardeux. Dans le présent cas, Nora est une jeune demoiselle qui sait ce qu'elle veut et qui fera tout pour obtenir gain de cause. Opiniâtre, mais non têtue, combative mais non garçon manqué, romantique sans être fleur bleue, sensible sans être fragile, jolie sans être canonissime, mignonne mais pas potiche, et d'une intelligence extrême, elle incarne pour moi l'héroïne parfaite, le mélange et le dosage idéal. Elle ne m'a déçue à aucun moment, mais en revanche, elle n'a cessé de m'étonner.

J'ai particulièrement apprécié son petit jeu avec Bram, jeu qui avait pour but de faire accepter à Nora la réalité de la situation avec le Lazare, le fait qu'elle soit entourée de morts et que le monde tel qu'elle le connaissait s'écroule autour d'elle. C'est un passage tout en délicatesse, parce que Bram respecte au mieux la sensibilité de Nora et ne cherche en aucun cas à la brusquer. De son côté, Nora se laisse le temps pour assimiler les bribes d'information données par Bram. C'est une sorte d'apprivoisement d'un monde nouveau, version zombie.

[Nora]

Je parvins à loger les cartouches dans le chargeur et le refermai d'un claquement sec. Je remplis les poches amples de ma chemise de nuit avec le reste des munitions. Ensuite, me forçant à calmer ma respiration, je regardai autour de moi. La salle de bains de mon père était accessible d'où je me trouvais, mais il n'y avait aucune issue par là. De larges baies vitrées donnaient accès au balcon, mais il faudrait alors que je saute dans la rue…

… ou que je grimpe sur le treillage pour rejoindre le toit.

Une fois mon plan arrêté, je me jetai sur les portes vitrées du balcon et les ouvris en grand. La chambre de mon père se trouvait juste au-dessus de son bureau et, en contrebas, je vis d'autres créatures s'engouffrer à l'intérieur par les fenêtres. Combien étaient-elles? Descendre n'était sûrement pas envisageable.

Je passai la bandoulière du fusil par-dessus ma tête, et commençai à escalader le treillage blanc fixé sur la façade de la maison. Il était recouvert de roses, dont les épines m'égratignèrent la peau et s'accrochèrent à ma chemise de nuit. Des gouttes de sang perlèrent sur mes doigts, mais je fis abstraction de la douleur.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

Tiens? J'ai bien dit une héroïne et demi? Une héroïne et… une paire de jambes qui avance seule? Ou alors… une héroïne et un buste qui se traîne? Rien de tout cela, je vous rassure!

Il y a une autre personne que l'on pourrait élever au rang de demi-héroïne (et demi doit ici être pris au sens de "personnage secondaire qui aurait tout d'une héroïne"). Il s'agit de sa meilleure amie, miss Pamela Roe. Pamela n'est certes pas le personnage central de l'histoire, et d'ailleurs au début, je pensais qu'elle n'était là que pour le décor, ou pour épauler Nora de temps à autre comme n'importe quelle bonne amie. Mais en réalité Pamela prend véritablement part à l'histoire, à son histoire à elle, vécue en parallèle de celle de Nora. Et on peut dire qu'elle gère la situation aussi bien que son amie.

[Pamela]

Je l'attrapai en ôtant une main de la femme et commençai à frapper. Je suis incapable de dire si cela lui fit mal ou non, mais cela la déconcentra assez pour qu'elle s'en prenne à l'ombrelle plutôt qu'à moi. Je parvins à la repousser suffisamment pour pouvoir me libérer de son poids en me tortillant, et à me relever. À bout de souffle, j'agrippai l'ombrelle comme une batte de base-ball.

Elle s'élança vers moi. Je la frappai avec force. Je parvins à la maintenir à distance, mais malgré la force des coups que je lui assenais, l'ombrelle n'était pas assez lourde pour la blesser sérieusement. J'essayai de m'échapper, mais elle était si rapide qu'elle parvint à attraper le bord de ma robe, exactement comme ma mère l'avait fait quelques minutes plus tôt, et je n'eus d'autre choix que de me retourner et l'affronter à nouveau. Elle eut tôt fait de m'acculer contre un mur, faisant de moi une proie impuissante. Elle s'approcha en sifflant, le corps penché vers l'avant, et je compris que j'allais mourir.

Je ne saurai jamais ce qui me prit à cet instant-là, quelle partie de mon cerveau commanda mes bras. Peut-être que Nora était morte et que son esprit me hurlait ses instructions. Mais, dans une dernière et pathétique tentative pour me sauver, je retournai l'ombrelle pour la tenir comme un javelot, et la lançai de toutes mes forces au moment où elle bondissait sur moi comme un animal.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

D'autres personnages… qui en ont moins…

Comme dans tous les bons romans, on trouve également ce que l'on appelle des anti-héros. Dans ce roman-ci, je peux en citer trois qui m'ont littéralement tapé sur le système nerveux… N'est-ce pas, Isambard Roe, Michael Allister et Vespertine Minck?

Ce ne sont pas des méchants à proprement dit, juste d’indécrottables casses-pieds qui ralentissent les héros et qui me sont antipathiques à mourir. Et Isambard, celui-là… À la seule évocation de ce prénom, mon estomac gronde tout seul dans son coin… trop proche de "Carambar"!

La belle et… le zombie!?

C'est peut-être l'élément le plus improbable de ce roman, au final. Je vous ai dit que Bram était amoureux, n'est-ce pas? Est que l'heureuse élue était une vivante? Eh bien, devinez de qui il s'agit… Je ne vous ferai toutefois pas l'affront de vous révéler si cet amour sera partagé ou non!

Mais, quoi qu'il en soit, vous imaginez cela, vous? Une romance entre une vivante et un zombie? Embrasser de la chair froide, flasque, et tout et tout? Voir votre amoureux vous regarder d'un œil languide et… plein de pus? Je ne peux pas m'empêcher de multiplier les blagues graveleuses et d'imaginer les pires scénarios.

"Tient donc, chéri, tu as l'air bien réceptif, ce soir…

– Hé ouais, ma puce, rigidité cadavérique…" ou encore…

"Hihi, chéri, tu me chatouilles!

– Et merde! Euh… t'aurais encore un peu de vermifuge?"

Oui, bon, soit. C'est rigolo, mais ça reste quand même un tantinet nécrophile, et ça, c'est franchement tek tek beurk…

Ceci dit, malgré ce côté un peu risible, j'ai trouvé ça complètement mignon au final. Et puis j'ai aimé leur respect mutuel, leur manière de s'apprivoiser l'un l'autre. Pour une amourette d'ado, les deux zigotos sont au final très matures dans leurs sentiments respectifs, et ça… hé ben ça, j'achète, évidemment!

Nora tourna son visage vers moi. Elle ne sourit pas mais, sans que je sache pourquoi, j'aimais la façon dont elle me regarda. Comme si je lui inspirais quelque chose. Comme si j'avais dit quelque chose qui résonnait en elle.

Je lui tendis la main.
– Allons danser.
Elle sourit.

Pendant les deux heures qui suivirent, nous nous rapprochâmes l'un de l'autre et nous nous touchâmes sans aucune peur ni regrets. À la fin, Nora accepta de se blottir dans mes bras pour danser un slow, mais il fallut d'abord que je la persuade que nous le dansions de cette façon chez les Punks et que ce n'était pas simplement un prétexte pour pouvoir la tenir contre moi.

Quelque chose rompit cependant le charme. Je me retrouvai à humer son odeur pour la deuxième fois de la journée, penché tout contre son oreille. Elle se raidit un peu.

– Que se passe-t-il?
– Vous sentez… le chocolat.
Elle inclina la tête.
– Le docteur Chase m'a prêté du parfum.

Je me mis à rire. Je savais qu'elle allait me détester pour ce que j'allais dire, mais tant pis.
– De la chair vivante enrobée de chocolat.
Elle rougit.
– Oh! Taisez-vous!

New Victoria. Tome 1, de Lia Habel

En résumé…

Je me suis bien amusée avec ce premier volet de la série New Victoria. J'ai aimé l'univers et le concept que j'y ai découvert, j'ai adoré Bram et Nora (et Pam) jusqu'au trognon. Les zombies sont charmants, ou presque, et paraissent parfois plus vivants que les vivants eux-mêmes.

Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le roman du siècle, mais j'ai pris beaucoup de plaisir avec cette lecture. J'ai ri, j'ai psychoté un peu dans les moments les plus épineux, j'ai râlé sur les méchants et les emmerdeurs, j'ai été attendrie par le feu de la romance, bref… c'était bien écrit, bien conté et j'étais dans l'histoire avec les personnages du début à la fin.

Le seul point un peu moins positif, c'est que j'ai eu du mal à démarrer ce roman. J'ai dû attendre l'arrivée des gentils zombies pour vraiment accrocher à l'histoire et me laisser entraîner. Le début, quoique nécessaire à la compréhension, était peut-être un peu long.

Ma note : 17/20. Il y a de la recherche et du boulot derrière cette histoire de zombie, et j'ai trouvé les personnages vraiment bien travaillés, avec des caractères très complets et très aboutis.

[Chronique] New Victoria, l'intégrale, de Lia Habel - part 1

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques!

PS : Je crois que je ferais un bon zombie…