Si vous cherchez une héroïne qui en a dans la culotte sans se la jouer, un ténébreux héros un rien gaffeur sur les bords, de la magie pleine de fraîcheur qui ne réinvente peut-être pas le genre mais qui divertit à coup sûr, alors ce roman est fait pour vous!
Acherontia

Chloé, élève en seconde, assiste un jour par hasard à un combat à l’épée entre Thomas, un élève d’une autre classe qu’elle connaît à peine, et une sorte de démon. L’adolescente tente d’intervenir mais est blessée et perd connaissance. A son réveil, la créature est morte et Thomas lui explique qu’il est un mage et que sa mission est de repérer et fermer les failles vers le monde des démons.
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Acherontia’s chronicles – Le coeur et le sabre
Je tiens d’abord à remercier les éditions Castelmore pour ce service presse. C’est une lecture que j’avais demandé sur la plateforme Netgalley.fr, et cela m’a fait très plaisir d’être sélectionnée pour le lire et le chroniquer!
Pourquoi ai-je demandé cette lecture en particulier? Parce que cela faisait un petit moment que j’entendais parler d’Olivier Gay, que je n’avais encore rien lu venant de lui, et que je me disais qu’il serait grand temps de remédier au problème, tout simplement. Après, il faut avouer que la couverture et le résumé ont beaucoup influencé mon choix… Mais quel lecteur ne se laisserait pas influencer par eux, hein?
Ma mère était devant son chevalet, comme d’habitude lorsqu’elle ne traînait pas sur les sites de rencontre. Elle semblait convaincue qu’elle avait du talent. Moi aussi, je l’avais longtemps cru, je l’avais même encouragée dans sa passion. Mais, depuis que Papa était parti, elle semblait se contenter de vivre de la prestation compensatoire en attendant qu’une éventuelle galerie daigne la transformer en star.
Elle leva vaguement les yeux vers moi puis retourna à sa peinture. Deux diffuseurs d’encens ne suffisaient pas à couvrir l’odeur de la térébenthine.
– Il y a quelques restes dans le frigo, et j’ai fait une salade de pâtes.
Pas de « bonjour », pas de « comment s’est passée ta journée », ni même un « alors, pourquoi rentres-tu si tard? ».
D’habitude, je ne m’en offusquais pas ; ces derniers temps, ma mère n’était que l’ombre d’elle-même. Ce soit, pourtant…Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay
La première chose qui m’a frappé dans ce roman (aïe…), ce sont les deux personnages principaux. Ils ne représentent en rien l’archétype du super-héros, sans être pour autant des antihéros. Ils se situent à la frontière des deux, ce qui les rend au final très humains, et c’est ce qui me plaît chez eux.
Il y a Chloé, qui est une adolescente de taille démesurée, et donc d’un naturel maladroit, ce qui la mène souvent à des situations rocambolesques, voire drôlissimes. Ses problèmes familiaux lui confèrent une profondeur et un background historique intéressants ; son père est parti quelques années plus tôt au bras d’une femme plus âgée que sa mère, et cette dernière se réfugie dans l’alcool et la peinture, ne consacrant plus assez de temps à Chloé. La mère et la fille vont tenter de se rapprocher tout au long du récit, mais il faudra du temps à la mère pour comprendre ce que sa fille attend d’elle et pour l’appliquer. Chloé n’est pas à proprement dit la fille la plus populaire de son lycée, loin s’en faut. Mais à défaut de popularité, elle possède un franc parler tout à fait délectable qui prête le lecteur à sourire à de nombreuses reprises.
Et puis il y a Thomas, cet adolescent qui se la joue ténébreux et qui s’avère être un très gentil garçon, dans le genre mage foireux. Parce que, oui, Thomas est mage, comme vous allez le voir dans la suite…
Dans le Paris décrit par Olivier Gay, la magie existe bel et bien. Elle y est même plus puissante qui partout ailleurs. Ce n’est peut-être pas celle du monde de Harry Potter (et encore…), mais plutôt une magie qui joue avec les élémentaux et les forces de la nature.
Dans ce Paris, il y a aussi des failles qui donnent sur d’autres univers et que les mages doivent colmater afin d’éviter une invasion de goules et autres monstres indésirables. C’est le rôle de Thomas, et c’est d’ailleurs dans l’exercice de cette fonction qu’il rencontrera Chloé. Lors d’un combat avec une goule, alors qu’il est en mauvaise posture, Chloé vient à sa rescousse mais manque de mourir par la même occasion. Pour la sauver, Thomas n’a qu’une solution…
Thomas recula de nouveau. Comme tout à l’heure, il agita sa main gauche à hauteur de son visage.
– Air et feu, Feu follet, Viens et Frappe, Danse et Brûle, Feu follet, Air et Feu, Chante et Tue…
Une bille de lumière se forma sans sa main, grandissant alors qu’il psalmodiait.
OK, on venait officiellement d’entrer dans le grand n’importe quoi. Qu’est-ce qu’il essayait de faire? Et c’était quoi, ces paroles pourries? On aurait dit une chanson de RnB.
Je perdais pied – dans tous les sens du terme. Mes bras et mes jambes s’engourdissaient. J’avais beau être musclée, cela faisait presque cinq minutes que je pendouillais ainsi. Mais je n’avais pas envie de descendre pour autant.
Thomas n’eut pas le temps de finir son improbable litanie. L’homme se fendit de nouveau et manqua de le toucher au poignet. Puis il feinta, un mouvement bas et long qui trompa la garde du garçon.Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay
… Faire subir à Chloé un rituel qui est normalement interdit pour son rang : celui de l’Adoubement. Chloé devient alors le chevalier servant de Thomas, littéralement. Elle devra le protéger envers et contre tout des monstres qui le menacent tandis qu’il tisse ses rituels. Pour mener à bien sa mission, Chloé se voit « augmentée » de pouvoirs extraordinaires ; mais cela, je vous le laisse découvrir dans le roman… Ce ne serait pas comique, si je vous disais tout!
Qui dit Chevalier dit aussi épée. Ou plutôt sabre, en ce qui nous concerne. Et cela tombe bien, car Chloé est justement une vraie cheffe en matière d’escrime! Elle se débrouille même tellement bien qu’elle est sur le point de se rendre à un tournoi qui pourrait faire d’elle une escrimeuse professionnelle.
C’est d’ailleurs, selon moi, un des gros points forts de ce roman. Je ne sais pas si l’auteur pratique lui-même l’escrime, ou s’il s’est très bien documenté sur ce sport, mais quoi qu’il en soit, les descriptions semblaient très réalistes. On voit qu’Olivier Gay maîtrise bien son sujet, sans toutefois inonder le lecteur sous les termes techniques et les descriptions de combat à rallonges.
Et le mousquetaire, dans tout ça, me direz-vous? Ah ben ça… Je vous laisse le découvrir!
Il se leva, et se planta juste devant moi. Je n’avais pas pu juger de sa taille alors qu’il était assis, mais il arrivait presque à ma hauteur, avec de larges épaules et des mains comme des battoirs. Il avait dû être une vraie force de la nature avant que la vieillesse le rattrape. De nouveau, je cherchai à deviner son âge. Soixante ans? Plus?
– Thomas nous a forcé la main. Il a réalisé un rituel qu’il ne devait faire sous aucun prétexte. Il devait attendre le jour de ses dix-huit ans pour se lier avec un Chevalier et, au lieu de ça…
– Ce n’est pas la première fois que j’entends ce mot, intervins-je. Qu’est-ce que ça veut dire?
Ha! Chacun son tour de se faire interrompre. Mais la plaisanterie n’était pas du goût de Mickael. Il se pinça l’arête du nez avant de reprendre, la voix glaciale :
– Un Chevalier est un homme dévoué à notre cause, qui se retrouve doté de capacités extraordinaires pour nous protéger. Nous, les Mages.
– Mais…
– Ce n’est pas un rôle pour une femme. Depuis quatre mille ans, tous les Chevaliers sont des hommes. Et nous allons devoir supporter les conséquences de son erreur ridicule.Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay
Le seul réel bémol que je peux émettre concernant ce roman, ce sont les méchants de l’histoire, les fameuses goules. Qui sont-ils/elles? D’où viennent-ils/elles? D’un univers parallèle certes, mais on ne sait pas grand-chose de cet univers, et c’est bien dommage. Peut-être est-ce réservé au tome suivant? Mais moi, j’aurais bien aimé un petit mot d’explication les concernant. Déjà, pourquoi les appelle-t-on « goules »?
Il y a bien un élément d’explication quant au fait qu’elles essaient constamment d’envahir l’univers de Chloé et Thomas, mais je le trouve un peu léger, j’aurais vraiment apprécié d’en savoir plus, ou au moins savoir que de plus amples informations me seront fournies au prochain numéro…
– Il paraît que tu connais de nombreux rituels, observa l’homme en avançant d’un pas, testant la lame de son adversaire.
– Il paraît.
– Tu penses que cela va m’arrêter?
– En tout cas, ça t’a fait réfléchir. Tu ne devais pas me percer le coeur?
L’homme eut un rire froid. De nouveau, il avança. De nouveau, les lames s’entrechoquèrent. De nouveau, Thomas prit de la distance. Je constatai avec surprise qu’ils étaient plutôt doués. Malgré leur position peu orthodoxe, ils se déplaçaient avec la souplesse d’escrimeurs-nés. Oui, ils étaient bons – mais pas exceptionnels. Même d’aussi haut, je pouvais voir des trous béants dans leur garde. Mon prof les aurait traités de tous les noms.
Fascinée, je contemplai ce ballet incompréhensible sans intervenir, sans prononcer le moindre mot. J’en oubliai même mes mains douloureuses à force de serrer cette maudite corde. Tout cela n’avait aucun sens.Le coeur et le sabre, d’Olivier Gay
J’ai vraiment adoré tout ce qui était lié à la magie dans ce roman. Ce n’est peut-être pas ce qui s’est fait de plus original, cela ne réinvente clairement pas le fantastique moderne, mais j’ai aimé la fraîcheur du concept La façon dont celui-ci est traité, aussi, avec beaucoup de simplicité et de candeur. Dieu merci, on est lui de la bit-lit pour grands ados aux hormones bouillonnantes, où les scènes de fesses crues et vulgaires sont plus présentes que les éléments fantastiques censés pourtant abonder. Certes, il y a bien un peu de romance, mais on est beaucoup plus proche des premiers émois adolescents que de la littérature érotico-pornographique.
Le personnage de Chloé est ce qui m’a le plus convaincue dans ce roman. Je l’ai appréciée pour ses qualités autant que pour ses défauts. Ses réparties étaient drôles, sa maladresse était attendrissante, et je ne doute pas que bon nombre d’adolescentes pourront s’identifier à elle, que ce soit dans son manque de popularité à l’école ou dans ses difficultés familiales.
L’écriture d’Olivier Gay est fluide et agréable à lire. Quelques cliffhangers viennent ponctuer et rythmer le récit, lui conférant un côté addictif très plaisant. Je dois bien avouer que j’avais hâte de retrouver ma lecture chaque jour et de tourner les pages pour voir ce qui allait s’y passer. Certes, le combat final est peut-être un tantinet trop « easy », on se serait cru dans une grosse production hollywoodienne où les héros réussissent à tuer tous les méchants d’un coup de cuillère à pot. Heureusement, la toute fin vient tout sauver, avec l’arrivée d’un personnage aux pouvoirs un peu particuliers, ainsi que de révélations finales qui laissent pantois et donnent envie de se réjouir du tome suivant.

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Lu dans le cadre des challenges…

Littérature de l’imaginaire 2017

Défi lecture 2017
n°22 – Un livre dans lequel il pleut

Challenge Si j’étais un livre #3
…Je serais le premier tome d’une saga
Ce livre me fait de l’oeil !
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Je te dirais bien de le tenter, dans ce cas 😉 Il se lit très vite et est assez addictif. Oui, je sais, je suis un vil démon tentateur :-p
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