[CHRONIQUES LITTÉRAIRES] Le septième templier, de Giacometti et Ravenne

Un petit dépoussiérage du thème des Templiers, et ça repart !

Cette semaine, j’ai participé pour la première fois depuis bien longtemps au challenge « Un mot, des titres », animé par Azilis sur le forum LivrAddict. Comme toujours, c’est un vrai bonheur pour l’addict aux livres que je suis de pouvoir farfouiller dans mes bibliothèques et celles de mon Amoureux à la recherche du titre qui fera l’affaire ! Rien que pour ce petit plaisir-là, le challenge vaut vraiment le détour ! Cette session-ci tournait autour du mot « sept » ou « septième ». C’était tout vu ! Seule lecture contenant ce mot dans son titre, c’était « Le septième templier » de Giacometti et Ravenne, un duo d’auteurs que mon fiancé affectionne particulièrement, et que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir.

Eric Giacometti et Jacques Ravenne, Le septième templier
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Le passeur de lumière, par Bernard Tirtiaux

Après une looooooooooooongue période d'absence – merci les festivals et mon costume pour la convention Star Wars!!! – voici une petite chronique au passage, d'un livre que j'ai énormément aimé et que j'ai totalement dévoré!

Le passeur de lumière, par Bernard Tirtiaux

Résumé de la couverture…

"La lumière est diffuse", dit Rosal de Sainte-Croix au jeune Nivard de Chassepierre. "Elle est fugace, changeante, capricieuse. Elle a toutes les ruses. Jamais tu ne seras satisfai de ton ouvrage, si beau soit-il. Jamais tu n'auras assez de couleurs dans tes casiers pour donner vie à un vitrail comme tu le souhaites, jamais tu n'auras la certitude de colorer juste comme on chante juste. Qu'importe! Tes pas partent du feu et tu dois atteindre le feu, devenir un maître en ton art."

Nivard ne déçut pas le chevalier qui attendait de lui la plus vertigineuse escalade jamais rêvée vers la lumière. Animé par une passion presque charnelle pour le verre et ses sortilèges, il récolte d'Orient en Occident les couleurs alchimiques de nos cathédrales. Il oeuvre en Bavière, à Saint-Denis, au Mans, à Chartres…

La quête déchirée de ce "passeur de lumière" sera alors celle d'un artisan sublime, funambule oscillant entre le ciel et l'ombre…"

Un peu d'histoire…

Le récit commence à l'adolescence de notre héros, Nivard, en l'an de grâce onze cent treize, dans la ville mosane de Huy. Nivard est un garçon très intelligent et très introverti laissé par sa mère en apprentissage chez un maître François, un orfèvre très réputé de la ville. Nivard, au début plutôt taiseux, se laisse peu à peu apprivoiser par le vieil orfèvre, et devient rapidement un excellent artisan. Il réalise une châsse magnifique pour une église locale, mais il lui manque pour la compléter un joyau qu'il ne peut trouver qu'en Orient. Il tentera alors de suivre les traces de son père, décédé en croisade, dans le but de dénicher ce bijou qui pourrait à lui seul illuminer la châsse qui lui paraît bien sombre. Il part à la rencontre de Rosal de Sainte-Croix, qui prépare un convoi pour l'Orient dont le départ est imminent. Rosal se rend très vite compte de l'ampleur du talent de Nivard et se propose de le prendre à bord du convoi, non comme orfèvre, mais comme maître verrier… Va s'ensuivre alors pour Nivard un long périple au cours duquel il va apprendre à apprivoiser cette lumière qu'il admire tant.

La quête déchirée d'un artisan oscillant entre le ciel et l'ombre…

Tout est dans le titre… Nivard, c'est un assemblage de sentiments extrêmes qui se bousculent dans un déferlement intérieur. Il oscille sans cesse entre l'amour et la haine, la tendresse et la violence, le calme apparent et l'agitation, la lumière et l'obscurité, le bien et le mal. Autant il peut se donner corps et âme à la femme qu'il aime, autant il peut haïr au point de tuer. Il peut caresser le verre, exécuter le travail le plus raffiné, et à la fois faire souffrir. On sent qu'au fond de lui se mélange des sentiments très forts, souvent contradictoires, des sentiments qui le déchirent de l'intérieur, et pourtant il conserve son attitude réservée, il vit tout au fond de lui-même, il garde tout pour lui.

Il est fort également, d'un caractère – presque – inébranlable, un caractère trempé dans l'acier et dans le feu, le genre de trempe qui fait d'un homme un véritable meneur. Il tient tête aux chevaliers les plus hauts placés lorsque le jugement de ceux-ci est altéré, il tient tête à la toute puissante église chrétienne en faisant sa propre justice, en refusant les règles établies qu'il juge inhumaines. Il défie Dieu de part ses actions, et pourtant il cherche à s'en rapprocher par le biais de la lumière…

La lumière est son chemin de vie, sa raison d'être. Ne s'est-il pas juré sur la tombe de sa mère de vouer sa vie à la lumière? "C'est dans cette église hostile, au pied de l'autel, que le garçon fit avec la morte le pacte qu'il n'accepterait plus l'hostie des mains des prêtres et qu'il ne partagerait plus leurs prières. Il atteindrait Dieu par un autre chemin, il défricherait sa propre voie vers la Lumière. Au soir du jour le plus éprouvant de sa jeune existence, Nivard traça à l'encre noire sur le revers de sa ceinture cette phrase amère qui allait diriger la marche de sa vie : Quaere Dei lumem post materiam, non gentes. Cherche la lumière de Dieu à travers la matière au mépris des humains."

La vie de Nivard est jalonnée de grands bonheurs et de désastres, d'amour inconditionnel lumineux comme le jour et de désespoir aussi profond et noir que les abysses de l'océan. On dit toujours qu'il ne peut y avoir de lumière sans une part d'ombre, que l'on ne peut pleinement profiter du bonheur si on ne connaît pas son opposé. C'est de la complémentarité de ces extrêmes que naît le génie de Nivard. Plus il connaît l'obscurité et le désespoir, plus il fait sombre au fond de lui, plus il est poussé vers la lumière. L'obscurité de son âme torturée, par contraste, fait ressortir son étincelle d'artiste et l'aide à apprivoiser par le verre l'immatérialité de la lumière. "Rosal de Sainte-Croix laisse entendre sa voix aussi tendre que ferme : – Il y a dans ton regard tout ce qu'un homme doit souffrir pour approcher la lumière de Dieu, c'est ce regard-là qu'il nous faut, pas celui d'un saint! – Je n'ai pas le droit de boucler vos églises de ma révolte et de mes interrogations. Je ne peux prétendre à cette tâche. je vous enjoins de comprendre et d'accepter mon choix. Je suis en disgrâce. Dieu est hors de ma portée. – Quoi que tu dises, Nivard, et quoi que tu penses de toi-même, tu es l'initié, le détenteur, coupe Rosal de Sainte-Croix. C'est toi seul qui possède l'héritage, toi seul qui détiens la note et personne d'autre ne peut oeuvrer à ta place."

La poésie de la lumière…

Dans ce roman, ce qui m'a frappée dès les premières lignes, c'est cette poésie qui filtre au travers de chaque mot, de chaque métaphore. Tout dans le style d'écriture laisse entrevoir la force des sentiments de Nivard, sa force de caractère aussi. Comme cette merveilleuse description du sentiment amoureux : "Il est une femme heureuse qui se révèle rameau après rameau à un homme qui se désécorce. Ils sont sous le charme l'un de l'autre et n'existent plus que l'un pour l'autre. Ils croquent le fruit à pleine bouche, avec gourmandise, insatiablement. C'est l'heure du partage, de l'alliance entre le creuset et les pépites d'or, entre les mains et l'eau de source, entre le creux d'une épaule et la rondeur d'une tête, c'est l'heure où les blessures s'ouvrent et les sangs se mêlent, c'est l'heure du dédoublement et de la fusion des êtres."

On ne compte plus toutes les fois où le mot lumière apparaît, comme une litanie qui rappelle sans cesse à Nivard le chemin de vie qu'il s'est tracé. La lumière intervient dans tous les aspects de sa vie, dans l'eau d'une source, dans un vitrail, dans un bijou, dans les yeux de son aimée, sur un paysage,… Elle change en fonction de la vision qu'il porte sur le monde, en fonction de son bonheur ou de ses malheurs. Il la recherche avidement, se sentant perdu lorsqu'il ne la perçoit plus, et elle le guide jusqu'au sommet de son art, se laissant peu à peu apprivoiser par son savoir faire.

En résumé…

Il y aurait encore tellement de choses à dire sur ce roman… La complexité du personnage de Nivard, les rebondissements de l'histoire, les personnages tous aussi attachants les uns que les autres, le style féerique de l'auteur… Je suis presque comme la lumière, une source intarissable d'étincelles d'admiration pour cette oeuvre magistrale de Bernard Tirtiaux. Rien n'y est à jeter, on y apprécie chaque phrase, chaque mot comme on goûterait chaque goulée d'un excellent vin, s'émerveillant devant chaque note et chaque arôme, se laissant enivrer par la force délicate du breuvage. Il est de ces livres qui vous grandissent l'âme, celui-ci en fait partie.

Ma note : une lumineuse découverte! 12/10, au moins…

Tout au long du roman, j'ai pensé à cette chanson. Elle parle du feu et de l'eau, de leur complémentarité et de leur différence. De la force et de la beauté du feu, de la force et de la douceur de l'eau. Ca me rappelle énormément les parts d'ombre et de lumière qui se disputent l'âme de notre héros.

Lu dans le cadre du challenge "Un mot, des titres", pour la session 17 de juillet 2013 où le mot était "Lumière" (http://aperto.libro.over-blog.com/article-challenge-un-mot-des-titres-session-17-118121538.html)

Lu dans le cadre du challenge "Un mot, des titres", pour la session 17 de juillet 2013 où le mot était "Lumière" (http://aperto.libro.over-blog.com/article-challenge-un-mot-des-titres-session-17-118121538.html)

Lu également dans le cadre du challenge Moyen âge (http://delivrer-des-livres.fr/challenge-moyen-age/)

Lu également dans le cadre du challenge Moyen âge (http://delivrer-des-livres.fr/challenge-moyen-age/)

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