[Chronique horreur] Derniers jours, d’Adam Nevill

L’horreur vient à pas de loups, mais reste présente pendant toute la durée du roman, avec cette impression d’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête des protagonistes, ce sentiment d’inéluctabilité.

Acherontia Nyx

Éditions Bragelonne, 2014

456 pages

Traduction de Benoît Domis

Le récit débute donc avec une intrigue sommes toutes assez classique. Kyle Freeman, un réalisateur qui peine à boucler ses fins de mois se voit proposer un alléchant projet qui pourrait bien le mettre financièrement à l’abri. De plus, le projet n’est pas pour lui déplaire. Il s’agit en effet d’enquêter sur une ancienne secte à la réputation sulfureuse et sinistre appelée le Temple des Derniers Jours. Jusque là, tout paraît assez linéaire, assez simple. Après avoir rencontré l’énigmatique commanditaire du projet et avoir été dûment briefé, Kyle se met en route, caméra sous le bras, aidé de son fidèle ami monteur qui va le suivre tout au long du roman. Malheureusement pour nos deux (anti) héros, toute cette entreprise va très vite foirer dans les grandes largeurs. La secte sur laquelle ils enquêtent aurait-elle joué avec le feu au point de réveiller des puissances malsaines et incontrôlables ?

Malgré un rythme de départ assez lent, je me suis assez vite prise au jeu de l’histoire. En fait, cette lenteur initiale ne m’a pas dérangée dans le sens où elle est nécessaire pour mettre en place l’histoire, les personnages, et surtout pour présenter cette secte fictive aux lecteurs. L’auteur ne nous épargne aucun détail, ce qui peut sembler parfois un tantinet rasoir, mais on se rend vite compte que sans ces détails, on passe à côté d’une bonne partie de l’intrigue et de la mise en ambiance.

Par la suite, effectivement, cette lenteur devient plus gênante, surtout lorsque le suspens augmente et que l’on a envie d’avancer dans l’intrigue. En fait, ce qui m’a le plus gênée, à partir de la seconde moitié de l’histoire, ce sont les redites, les répétitions de certains points concernant la secte. J’avais l’impression que l’auteur radotait, ce qui était assez casse-pied, il faut bien l’avouer. C’est surtout au travers du commanditaire du projet que le radotage s’est fait le plus sentir, car il insistait parfois sur des points cruciaux pour lui, mais qui avaient déjà été énoncés bien plus tôt dans le roman.

Outre ce point noir, le reste de l’intrigue m’a complètement emportée. L’histoire de la secte est si fouillée qu’elle en paraît parfaitement réelle. C’est assez hallucinant de voir le travail réalisé par l’auteur, qui a sans doute dû beaucoup se renseigner au sujet de sectes réelles pour en arriver à un résultat aussi réaliste. Tout y est, du passé trouble du gourou aux manipulations psychologiques, c’est vraiment bluffant.

Et pourtant, ce n’est pas le point que j’ai préféré dans ce roman… À mon sens, le côté vraiment original et prenant réside dans les vieux amis qui hantent nos héros jusqu’au dénouement. Au début, ce ne sont que des présences, sinistres, glaçantes. On les ressent plus qu’on ne les voit. C’est là, d’ailleurs, toute la force du suspens mis en place par l’auteur. La tension monte très progressivement, d’échelon en échelon. L’horreur vient à pas de loups, mais reste présente pendant toute la durée du roman, avec cette impression d’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête des protagonistes, ce sentiment d’inéluctabilité, de ne pas pouvoir échapper à ses « présences » qui s’accrochent au destin de ceux qu’elles croisent et que seule la lumière peut maintenir à distance… mais pour combien de temps ?

Moi qui suis assez habituée à l’épouvante, je dois dire que ces vieux amis m’ont réellement terrifiée. Je pense que l’ambiance et la tension créées par l’auteur y sont pour beaucoup. En soi, ces créatures sont effrayantes, mais rien d’insurmontable, surtout au vu d’autres lectures bien plus thrash lues par le passé. Mais l’aura de mystère de la secte, combinée à ces terreurs anciennes qui rampent et qui se terrent dans les ombres, a joué sur mes nerfs bien plus que ce à quoi je m’attendais. Il en résulte une excellente surprise pleine de sueurs froides et de flips monumentaux pris dans mon propre salon dès le soir tombé. Et de monter les escaliers de ma chambre en trombe parce que la lumière du palier s’est éteinte, me plongeant dans les ténèbres délétères.

En résumé

En ces temps de pré-Halloween, voici un roman que je ne peux que vous conseiller, si toutefois un léger effort d’immersion ne vous effraie pas. Si vous savez vous montrer patient (et parfois indulgent) par rapport à certaines longueurs, l’auteur saura vous surprendre avec ce récit de secte atypique qui a réveillé des forces avec lesquelles elle n’aurait pas dû jouer. L’ambiance pestilentielle et la tension qui s’installe de façon progressive auront sûrement raison de vos nerfs, pour votre plus grand plaisir.

Ma note

Note : 4 sur 5.

Synopsis

Quand Kyle Freeman, réalisateur indépendant, est chargé de réaliser un documentaire sur une secte oubliée, il y voit un moyen de rembourser ses dettes. Le Temple des Derniers Jours, basé dans le désert d’Arizona et dirigé par un gourou à la réputation sulfureuse, a connu une fin sanglante. Pourtant, les rumeurs vont encore bon train sur les pratiques déviantes et les expériences paranormales du groupe. Bientôt, une série de phénomènes inexpliqués s’abat sur la production. Visites nocturnes troublantes, disparitions soudaines et découvertes d’atroces artefacts, le tournage vire au cauchemar…

À propos de l’auteur

Adam LG Nevill est né à Birmingham, en Angleterre, en 1969 et a grandi en Angleterre et en Nouvelle-Zélande.

Diplômé de l’Université de St Andrews, il est l’auteur de neuf romans écrits sous un pseudonyme. Avant de devenir un auteur à plein temps, il travaillait dans l’édition. Il vit à Londres.

Source : Babelio.com

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3 réflexions au sujet de « [Chronique horreur] Derniers jours, d’Adam Nevill »

    • Hello ! Avec plaisir, pour le tag ^^
      C’est marrant, parce que j’ai lu pas mal d’avis concernant ce roman, et ils sont assez partagés d’un point de vue de l’horreur. Comme quoi, on a chacun sa sensibilité par rapport à ça, c’est peut-être lié à la thématique (certaines personnes ont plus peur de certaines choses que d’autres) ou à la mise en ambiance. Du coup, j’ai envie de faire ma curieuse, quels romans t’ont le plus effrayée ? Histoire que je gonfle encore un peu ma wishlist 😉

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