[Chronique fantasy] La dernière geste. T2, L’héritage du rail, de Morgan Of Glencoe

Morgan Of Glencoe a décidément trouvé ses marques dans son métier d’écrivaine, sa façon de raconter est clairement plus fluide et plus maîtrisée.

Synopsis

Alors que la nouvelle se répand en Keltia, Yuri, ramenée de force à l’ambassade du Japon, est déterminée à reprendre sa liberté malgré tout. Mais comment fuir, et où trouver refuge ? Seul le Rail seul désormais capable de lui donner asile …

!! Spoiler alert !!

Cette chronique contient de gros spoilers du tome 1, bien sûr. Si vous n’avez pas encore lu le tome 1, je vous suggère de visiter ma chronique, qui est par ici

En 2019, le tout premier tome de « La dernière geste » m’avait emportée dans un tourbillon de féerie, de japonaiseries et d’héroïnes badass, et ma joie de lectrice avait été à son comble. Quelle ne fut pas ma surprise, il y a deux mois, de voir apparaître le second tome de cette série que j’avais dévorée ! Je ne m’attendais pas à une sortie si rapide, et j’ai été ravie de pouvoir n’en faire qu’une bouchée. Je dois d’ailleurs remercier les éditions ActuSF pour cette belle édition et ce généreux service presse !

Ma surprise fut double, puisqu’au sortir de ma lecture, je me suis prise à trouver ce second tome meilleur encore que le premier. On dirait qu’il est plus abouti, plus posé, que l’écriture y est en quelque sorte plus mature. L’auteure a déjà posé son décor au cours du premier opus, elle a esquissé son intrigue, tissé les destins de chacun, et peux désormais se consacrer à l’approfondissement de ses personnages. Et on commence en force, avec Bran, prisonnière d’elle-même, au plus profond de son âme, plongée dans un combat contre sa partie animale, celle qui, autrefois, se dénommait « Shura ».

Yuri, quant à elle, s’émancipe une nouvelle fois du joug de son promis, le dauphin Louis-Philippe. Elle trouve une nouvelle faille pour s’enfuir et regagner la liberté à laquelle elle aspire tant, pour courir se réfugier dans le seul asile possible désormais depuis que les Rats ne sont plus : Le Rail et l’équipe des Fourmis du capitaine Trente-Chêne. Mais cet affranchissement pose au final encore plus de questions : si elle n’est ni princesse, ni épouse du futur roi de France, alors qui est-elle ? Qui a-t-elle envie d’être ? C’est finalement une constante dans cette saga, cette recherche de soi, ce cheminement intérieur aussi bien qu’extérieur, cette quête existentielle. Yuri a une magnifique page blanche devant elle, mais ne sait pas encore quoi y écrire. Elle qui a toujours été manipulée par le clan Nekohaima, un pion sur l’échiquier politique de la Triade, la voici à présent sans guides, seule face à son destin qu’il lui faut prendre en main. J’aime beaucoup l’évolution du personnage de Yuri, qui apprend à découvrir sa vraie personnalité et qui doit tracer seule son chemin de vie. C’est une école très difficile, il faut un luxe de caractère pour y parvenir, mais c’est aussi la meilleure pour trouver sa voie véritable, non celle qui nous est imposée, ni celle qu’on pense avoir choisie mais qui au final nous est soufflée par notre entourage.

Au niveau de l’écriture en elle-même, ce deuxième tome se veut à mon sens plus palpitant que le premier. L’intrigue bénéficie d’un meilleur équilibre entre action, moments d’introspection, manigances politiques et révélations, rendant l’ensemble beaucoup plus léger à lire. Du coup, les pages se tournent toutes seules, et l’on arrive à la fin que l’on n’en a vu que du feu (follet !). Je pense que Morgan Of Glencoe a décidément trouvé ses marques dans son métier d’écrivaine, sa façon de raconter est clairement plus fluide et plus maîtrisée. De même, ses personnages sont plus fouillés, plus réalistes. On les découvre dans des moments très intimes, qui offrent au lecteur de belles émotions.

Un autre point très positif, c’est le changement de paysage et de culture. Dans le tome 1, on découvrait le Rail, Paris et son palais royal, les égouts et le repaire des Rats, avec de brefs aperçus de Keltia. Dans ce tome 2, le Rail reprend sa route vers l’Orient, et passe donc par la Russie et ses plaines enneigées. L’intrigue se situe au moment des fêtes de fin d’année (donc si vous voulez faire un cadeau sympa sous le sapin, l’heureux lecteur sera à fond dans l’ambiance !), la neige et le froid sont au rendez-vous, c’est une atmosphère feutrée et glaciale que j’adore personnellement. On découvre de nouveaux personnages, notamment une nouvelle espèce féerique tout en poils et en mignonitude. Bran sera confrontée à un homme qu’elle ne pensait plus jamais revoir, et sera à nouveau en lutte avec elle-même, avec son passé et ses vieilles blessures. Cette étape russe sera le théâtre de beaux moments d’introspection mais aussi de nouveaux liens d’amitié, d’un passage à une autre compréhension de soi et de l’autre, plus complexe, plus mûre. Alors que Bran tourne la page sur les chapitres les plus douloureux de sa vie, Yuri entrevoit peu à peu son chemin, sa voie bien à elle. Quant à Ruyzâki, de belles révélations le concernant viennent pimenter la fin de ce tome deux, introduisant le tome suivant, et surtout, donnant très très envie d’avoir la suite entre les mains au plus vite !

En résumé

Une suite géniale qui laisse présager une fin de série palpitante et pleine d’émotions. L’écriture de Morgan of Glencoe a sans aucun doute pris de la bouteille, pour notre plus grand plaisir. Ses personnages se révèlent peu à peu, comme des oignons dont on enlève les peaux successives (et oui, ça peut faire pleurer !), on va en profondeur dans leur psychologie, leur âme même. On découvre de nouveaux paysages, de nouveaux personnages, qui viennent renouveler l’horizon du lecteur. L’intrigue va de rebondissements en révélations, le tout étant très bien dosé, mieux équilibré que dans le premier tome. Bref, un vrai « page turner » pour les amateurs du genre !

Ma note :

18/20

Fiche technique

Publié par : Éditions ActuSF

Sortie en septembre 2020

Collection NAOS

Description physique : Grand format, 467 pages

Genre : urban fantasy

À propos de l’auteur

Originaire du pays de Porhoët, en Bretagne, Morgan of Glencoe naît en 1988 et est, dès l’enfance, passionnée de légendes, particulièrement de la Geste Arthurienne. Rapidement, et grâce au Seigneur des Anneaux et à Elfquest, les deux œuvres modernes qui l’influenceront le plus, elle élargira cet intérêt pour les mythes aux littératures de l’Imaginaire. En 2008, elle remporte son premier prix littéraire, au concours Flammes Vives de la Poésie francophone : elle reçoit la Flamme d’Or des Jeunes Poètes, pour son poème Paris sans toi, Paris sans toit.

La première mouture du premier tome de La dernière geste, alors nommé Si loin du Soleil, est publiée en auto-édition en 2016 sous l’influence d’Elen Brig Koridwen. Il rencontre aussitôt son public et le bouche-à-oreilles fonctionne… jusqu’à ce qu’Ameylia Saad Wu, une harpiste et compositrice amie tout à la fois de l’une et de l’autre, propose le roman de Morgan à Audrey Alwett. L’aspect auto-édité est loin de repousser l’autrice et directrice de collection d’ActuSF. 

En 2019, La Dernière Geste fait son grand retour aux éditions ActuSF, collection Naos. Le premier tome, remanié et rebaptisé Dans l’Ombre de Paris, remporte le prix Vampire & Sorcière et le prix Elbakin. Salué par la critique autant que par le lectorat, il connaît un franc succès dans le monde de l’Imaginaire francophone.
Le second opus, L’Héritage du Rail, sort en 2020 et remporte instantanément l’adhésion du lectorat du premier tome, beaucoup le considérant même comme meilleur. En même temps, Morgan lance son premier album solo, Fleur du Porhoët, toujours aussi féerique mais plus intime que ceux des Ménestrels, véritable déclaration d’amour, surtout, au pays de ses origines. 

Aujourd’hui, Morgan travaille sur la suite de la Dernière Geste et sur son prochain album, tous deux à paraître en 2021, tout en se produisant en concert, conférence et dédicace à travers toute la France.

Source : site officiel de l’auteure

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