[LIVE REPORT] Mass Deathtruction 2022

Live report par Acherontia Nyx

Je vous en ai parlé il y a peu dans ma dernier article de blog « Une année sabbatique pour une sorcière en herbe« , cela fait déjà pas mal de mois, voire d’années, que je souhaite élargir le blog à d’autres thématiques connexes aux littératures de l’imaginaire. La musique metal fait bien sûr partie de ces nouveaux environs qui font à présent faire partie intégrante du paysage du blog. J’aurais pu commencer mon propos par un article de fond du type « Mes X groupes metal préférés » ou encore « Pourquoi j’ai commencé à écouter du metal » (et je le ferai sans doute un jour, même si c’est un tantinet bateau). Mais au final, j’ai préféré m’y prendre autrement et rentrer directement dans le vif du sujet, au cœur même de l’action, avec un live report. Certes, mon actualité s’y prêtait bien, et ç’aurait été très dommage de ne pas vous en faire profiter.

J’étais d’autant plus ravie d’être sur place que, un mois plus tôt, j’ai été en proie à de gros problèmes de dos. À vrai dire, on suspecte une hernie discale, ce n’est pas très joyeux comme perspective. C’est donc avec une jambe gauche très engourdie et une camisole d’antidouleurs que je me suis rendue au festival, un peu craintive de ne pas y rencontrer de conditions idéales pour mon dos. D’ailleurs, ce n’est pas très compliqué, je m’y suis rendue avec une béquille, pour pouvoir trouver un appui durant les concerts où je serai debout en permanence. Je sais d’expérience que peu de festivals proposent des places assises, et si c’est le cas, elles sont très vite squattées (et les gens ne proposent pas souvent spontanément de céder leur place aux personnes en situation de handicap). Clairement, je n’aurais logiquement pas dû aller à ce festival, étant donné mon état. Et pourtant, très curieusement, tout s’est très bien passé à ce niveau-là. Je vous explique…

Cette édition avait lieu à la Ferme du Biereau, à Ottignies-Louvain-la-Neuve. C’est une salle de concert bien connue par chez nous car elle propose une large gamme de concerts en tous genres, dans un cadre très sympa et avec une très bonne acoustique. Après, je n’ai pas eu le sentiment que la musique metal faisait partie de leurs styles habituels, mais soit, ils ont le mérite de s’y être essayés, et plutôt avec succès. Pour vous expliquer la configuration du site, la Ferme contient deux salles, une salle de taille moyenne et une petite. Elles sont reliées par une cour extérieure où étaient installées des tentes chauffées munies d’un bar, d’une échoppe de nourriture, et surtout… de bancs et de tables ! Pour ma condition, la configuration était idéale. Je pouvais reposer mon sacrosaint popotin aussi bien dans ces tentes qu’à l’intérieur du hall de la grande salle, équipée de banquettes, aller au petit coin en prenant l’ascenseur et non les escaliers, et mieux encore, assister aux concerts tout dans le fond de la grande salle, munie de petites marches, sans perdre le visuel de la scène. Je pouvais même m’asseoir sur le petit muret qui bordait la salle, alors que demande le peuple ? Non, de ce point de vue, rien à redire, j’ai pu gérer mon dos et mes douleurs au mieux. Seul bémol, cela me faisait tout bizarre d’assister à un concert metal sans headbanguer. Mais bon, on ne peut pas tout avoir, n’est-ce pas ?

Je vais donc aujourd’hui vous faire part de mon expérience et de mes impressions sur un festoche belge très sympathique auquel j’avais déjà pris part un peu avant la quarantaine de 2020, et qu’il me tardait de retrouver. Cela faisait déjà un petit moment que je n’avais plus participé à un festival metal, et ce pour diverses raisons, et donc j’étais tout particulièrement ravie d’être sur place, accompagnée de mon amoureux et de quelques amis.

Edito de ce live report…

  1. Edito de ce live report…
  2. L’affiche
  3. Changements de dernière minute
  4. Bornholm
  5. Skelethal
  6. Teethgrinder
  7. Benighted
  8. Krisiun
  9. God Dethroned
  10. Evil Invaders
  11. Nile

Alors, puisque mon petit confort était dûment respecté, voyons maintenant l’affiche !

L’affiche

Rendons bien sûr à César ce qui est à César (c’est bien normal, entre artistes), cette très belle affiche est un méfait de Sclerosis Design, dont le travail est vraiment à découvrir pour tout qui aime les arts sombres.

Changements de dernière minute

Ce n’est à la base pas l’affiche qui était originalement prévue. Malheureusement, une partie des groupes qui avaient répondu présents ont vu leur tournée annulée, et la date du Mass Deathtruction dans la même foulée. C’est très triste pour ces musiciens qui auraient sans doute aimé pouvoir défendre leur art sur scène, et c’est en même temps regrettable pour nous qui les attendions avec impatience. Nous ne pourrons ainsi pas assister aux concerts de Keep Of Kalessin, Dodheimsgard, Temple Of Evil et Cadaver, remplacés par Evil Invaders, Sabathan et Toxic Shock. Personnellement, j’aurais vraiment aimé voir Dodheimsgard, mais voilà, c’est la vie comme on dit.

Bornholm

Nous sommes arrivés un peu (beaucoup) tard pour assister aux quatre premiers concerts (gros pantouflards que nous sommes !). Le temps d’entrer dans la salle avec nos beaux bracelets flambant neufs, Bornholm avait déjà commencé son set. Prendre des jetons ? Un bock de bière ? Non, bien sûr ! J’étais trop pressée d’aller assister au concert. Je laisse ces tâches aux hommes de la bande, et file m’insérer dans le public (pas trop loin quand même pour ne pas tomber dans un pogo dont je ne me relèverais pas). Le trio hongrois fait sensation avec des titres notamment tirés de son dernier album Apotheosis. Son black metal teinté d’éléments pagan semble faire mouche auprès du public, encore relativement peu nombreux, mais déjà chaud et enthousiaste.

Skelethal

Le concert terminé, on sort prendre l’air dans la cour intérieur, on passe saluer l’un ou l’autre pote métalleux, fumer (ou pas), se désaltérer un gosier déjà rendu sec par l’atmosphère de la salle, et surtout faire de l’humour un peu potache comme on sait si bien le faire entre nous. Je veux voir Skelethal, qui officie dans la plus petite des salles juste après Bornholm. Pas de chance, la salle est comble pendant un certain temps avant que je ne puisse m’y immiscer et trouver une petite place tout contre la barrière qui sépare la salle de la régie son. De là, tout ce que j’aperçois, c’est la chevelure longue, frisée et très fournie d’un guitariste qui tressaute tandis qu’il headbangue sans relâche. La scène me prête à sourire, vous imaginez. Ceci étant, le death metal des lillois semble mettre tout le monde d’accord. Je ne peux écouter que deux morceaux, mais cela me donne envie de me pencher un peu plus sur le groupe une fois rentrée à la maison, car ça balance vraiment pas mal.

En fait, nous ne reviendrons plus du tout dans cette salle après le concert de Skelethal. Trop surpeuplée, malheureusement. Je ne peux pas me permettre d’être trop bousculée alors que je souffre du dos. On pourrait se dire qu’avec une béquille, les gens feraient plus attention, mais en fait non. Ce n’est pas nécessairement une question de mauvaise volonté, c’est juste que dans le noir de la salle, avec la foule, ils ne voient pas ce détail. Par conséquent, malgré ma volonté d’assister à tous les concerts, ne fut-ce même que pour deux-trois morceaux, je dois renoncer et profiter des bancs tant que le public est massé dans la petite salle.

Teethgrinder

Après l’expérience Skelethal, nous filons voir Teethgrinder, groupe de death grind néerlandais aux relents de hardcore qui viennent défendre leur troisième album, Dystopia, tout juste sorti au mois de juillet de cette année. J’ai été personnellement très impressionnée par l’énergie que dégage ce quatuor de metalheads très en colère. C’est limite un vrai plaisir de s’en prendre plein la tête, de se faire haranguer par Jonathan Edwards, chanteur de la formation, et de se manger du gros riff dans les gencives. Encore une belle découverte à noter à mon tableau de chasse ! Je ne doute pas que cet album, Dystopia, figurera parmi mes prochaines chroniques d’album !

Benighted

Bon, vous êtes prêts pour une longue tartine dithyrambique ? Parce que c’est ce qui vous pend sous le nez, là tout de suite. Imaginez un peu… Je découvre Benighted en 2011 avec la sortie de leur album Asylum Cave. Et là, ça avait été une claque monumentale ! L’album a tourné très très souvent chez moi, ç’en était presque obsessionnel. Même la sonnerie du GSM s’est mise au diapason, puisque j’avais sélectionné « Hostile » pour m’avertir en cas de coup de fil. Je ne vous dit pas la tête des gens quand mon GSM sonnait dans le bus !! Depuis lors, je désespérais de les voir en concert. À l’époque, je n’en faisais malheureusement pas beaucoup pour diverses raison. Et puis un peu plus tard, à chaque fois que j’ai eu l’occasion de les voir, quelque chose faisait que je devais annuler. Cette fois-ci, c’était la bonne ! Je prenais enfin ma revanche sur les revers du destin qui m’empêchaient de voir en live un des meilleurs groupes de death grind de tous les temps. Pourquoi un des meilleurs ? Allez donc écouter le niveau technique des gaillards aux instruments ! C’est rapide, extrêmement précis, ce qui ôte cet aspect « grosse soupe sonore » que peuvent avoir certains groupes de grind, c’est créatif, et surtout bien crade ! Et je ne vous parle même pas de la technique vocale imparable de Julien Truchan, qui passe en un claquement de doigt de growls extrêmement profonds à de magnifiques séquences de « pig squeals » comme j’en raffole, le tout à une vitesse hallucinante. La scène était décorée aux couleurs de leur dernier méfait, Obscene repressed. Le groupe a principalement joué des morceaux de leurs derniers albums et, bien que je les aime énormément, je me désespérais un peu de ne pas entendre d’extrait de ce fabuleux Asylum cave qui m’avait ouvert les portes du grind façon Benighted. Et là, dernier morceau, c’est l’apothéose… Une magnifique version de « Let the blood spills between my broken teeth », titre phare de l’album. Moi je dis : « Merci la vie » ! Je chante la vie, je danse la vie, je… Oui, bon, bref.

Petite anecdote pour la route, j’ai pu obtenir un autographe de Julien Truchan alors qu’il faisait papote dans le hall de la grande salle. Bon, il a fallu l’entremise d’un pote, parce que moi, avec ma timidité presque maladive, je n’osais pas aller le trouver. Au final, c’est quelqu’un de très sympathique et de très accessible. Dommage que je n’aie pas la même gouaille à l’oral qu’à l’écrit. Et puis maladroite comme je peut l’être, je farfouille mon sac à la recherche d’un bic, je laisse tomber ma béquille… Enfin, c’est moi, quoi. Et là, pour le fun, puisque les thèmes du groupe sont « relativement » gore, je lui fais signer ma carte de donneuse d’organe, petite joke perso que je trouve assez drôle. Je repars un peu honteuse de ma maladresse, mais contente !

Krisiun

Actifs depuis 1990 (32 ans tout de même !), Krisiun fait partie des grands noms de la scène death metal mondiale. C’est donc avec beaucoup de regret que je dois renoncer à écouter le concert dans la salle. J’en entends quelques bribes à partir du hall où nous nous sommes tenus quelques temps, avant d’aller satisfaire nos besoins de ripailles et d’arrosage de gosier. J’ai bien peur de ne pouvoir vous en dire plus concernant leur concert, mes amis…

God Dethroned

Les néerlandais de God Dethroned étaient assez attendus du public après leur dernier album « Illuminati », sorti juste avant la première quarantaine de 2020 et qui n’a pas vraiment pu être défendu sur scène. J’étais très heureuse de les voir en live pour la première fois. Leur death metal ravageur a mis ce jour-là, je pense, tout le monde d’accord. Entre riffs façon rouleau compresseur et mélodies plus léchées, le groupe envoie la patate et le public en redemande. J’ai vraiment adoré l’énergie que le trio a envoyé durant ce set aussi pêchu que technique et bien exécuté. On en reprendrais bien une tranche !

Evil Invaders

Force est de constater que je ne suis toujours pas friande de heavy metal ni de hard rock pur jus. Mais avec cette formation belge, je me suis surprise à me piquer au jeu et à esquisser un léger headbang (point trop pour ne pas esquinter mes cervicales). En les voyant ainsi sur scène, je comprends fort bien leur succès grandissant auprès du public metal. C’est que les compositions sont excellentes, et exécutées avec brio et vigueur. Le groupe ne lésine pas non plus sur les effets visuels, que ce soit leur look, leur attitude scénique ou leur décorum. Alors oui, on retrouve pas mal de « gimmicks » propres au heavy, mais c’est assez bon enfant, et toujours fait de sorte à ne pas tomber dans le kitsch et le ridicule. De toute façon, il est difficile de paraître ridicule lorsqu’on joue aussi bien. Verdict : j’ai passé un excellent moment et me suis bien éclatée. C’est le principal, non ?

Nile

Nile aussi fait partie des « vieux de la vieille », avec God Dethroned et Krisiun. Les quatre légendes du Nil s’invitent sur scène pour quelques invocations divines et autres « vils rites nilotiques ». Personnellement, j’ai adoré ces ambiances égyptiennes façon « malédiction de la momie ». Il y avait un côté presque grandiose à leur musique, une petite note épique et sombre, comme une antique incantation extraite du Livre des Morts. Le duo vocal formé par Karl Sanders et Brian Kingsland fonctionne à merveille et fait des ravages tandis que la guitare « lead » se déchaîne et lâche de superbe envolées lyriques, soutenue par une batterie rapide et implacable. Du grand art pour terminer cette journée de Mass Death’ en beauté !

En définitive, nous avons passé une superbe journée entourés de bons amis, d’excellent groupes au top de leur art, et de cette faune métalleuse si particulière et pourtant très amicale. L’organisation était vraiment bien au point, il n’y a pas eu trop de décalage dans la programmation, les horaires étaient respectés, le son était d’excellente qualité. Chapeau bas aux organisateurs qui ont su relever le défi de trouver des remplaçants de dernière minute aux groupes qui ont dû malheureusement annuler leur venue. Ils sont parvenus à trouver des groupes de qualité pour égayer les oreilles des spectateurs, qui en ont eu à n’en pas douter pour leur argent. Seul petit bémol, pour moi, mais qui pourrait aisément être corrigé pour les prochaines éditions, c’est la nourriture proposée sur place. En effet, on avait le choix entre des frites, des pains fricadelle, et… des pains fricadelle avec des frites ! Pas mauvais au demeurant, mais la diversité de choix n’était vraiment pas au rendez-vous. On s’est donc rattrapés sur le champagne… Oui, oui ! Du champagne ! Premier festoche metal où je vois du champagne à la carte. Et, en bonne connaisseuse, je peux vous dire qu’il était très qualitatif, curieusement.

Voilà, mon premier live report est bouclé ! Pfiou !! J’espère qu’il vous aura mis l’eau à la bouche et qu’il vous aura donné envie de découvrir les groupes présents ce jour-là. Et surtout, de venir en Belgique festivaler avec nous !!

As weird as Nyx

Acherontia Nyx et ses chroniques à l'encre de nuit

Acherontia Nyx est une fière trentenaire issue des pluvieuses contrées liégeoises. Fervente passionnée des cultures gothiques et metal, lectrice compulsive de SFFF, harpiste à ses heures, folle de randonnée et secrétaire de rédaction pour le magazine Metallian, elle aime semer à tout vent ses graines de folie qui germeront sans doute dans les esprits de ses lecteurs. Acherontia déteste le rap, les incivilités et l’odeur des pieds. En revanche, elle aime beaucoup Cthulhu, écouter de la musique en planant et profiter de son bol de Golden Grahams annuel à son anniversaire (le jour d’Halloween, ben tiens…).

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