Une histoire dont vous pourriez être le héros…

Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire un article un peu particulier.

Chut ! C’est l’heure du conte !

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de la petite Acherontia. Oui, c’est cela, la version de moi petite fille, celle qui rêvait, celle qui croyait encore que la vie était infinie et que tout était possible. Cette même petite fille qui ne m’a jamais vraiment quittée, qui est restée quelque part au creux de moi, malgré les petits et grands bonheurs, malgré les avanies, les contrariétés, les déceptions, les naufrages, les désastres. Celle qui, au fond, ne me quittera jamais vraiment et qui contribue, jour après jour, à être celle que je suis aujourd’hui.

Voilà. C’est d’elle que je veux vous parler aujourd’hui. Parce qu’elle est importante quoi qu’on en dise, que son avis compte et que je ne l’écoute pas assez.

La petite Acherontia est née un jour d’Halloween dans un curieux village médiéval qui s’est retiré du monde depuis bien longtemps. Elle aurait préféré naître la nuit, quand tous les chats gris virent au noir et que spectres et autres esprits de la nature sortent danser au clair de lune dans des ronds de champignons. La petite Acherontia, elle a du noir au fond du cœur, du brouillard dans la tête, mais son âme, elle, est comme un vitrail coloré et lumineux. Ainsi, elle sera toujours attirée par la lumière, comme un papillon de nuit, attirée par ses rêves et par ses envies les plus chères.

La petite Acherontia est différente de la plupart des autres enfants. C’est une différence intérieure, invisible à l’œil nu, même si tout un chacun voit bien que quelque chose « cloche » chez elle. Certains disent qu’elle est née handicapée mentale, mais ils parlent par ignorance. D’autres pensent qu’elle a été marquée par les fées, mais peut-être pas par les bonnes. Certains mettent même en doute son intelligence. Car, de fait, la petite Acherontia ne parle pas. Ou peu. Car, en fait, la petite Acherontia est autiste Asperger, même si elle ne l’apprendra que bien plus tard.

Oh, elle sait s’exprimer, bien sûr. Mais uniquement de la façon qu’elle choisit. Grognements animaux, feulements félins, mais surtout beaucoup de dessin. Elle n’a même pas un an que, du haut des genoux de sa mère, elle se saisit maladroitement d’un stylo-bille et se met à griffonner sur une nappe en papier. Des crolettes hésitantes, désorganisées, recouvrent rapidement tout ce qui peut se dessiner. Les nappes en papier des banquets familiaux, les rames de papier que papa ramène du boulot, les portes des armoires aussi car c’est rigolo (moins pour maman qui fait vite le gros dos). Petit à petit, le trait s’affine, le dessin s’affirme. On voit émerger des morceaux de poupées, des esquisses de peluches, puis des monstres, beaucoup de monstres, avec de longues griffes et des mâchoires pleines de dents.

C’est qu’il faut bien évacuer le stress du quotidien. La vie de tous les jours n’est pas si rose que ça. De la petite Acherontia, la plupart des gens n’en veulent pas. Trop bizarre, trop taciturne, pas assez souriante. Et puis elle fait des grimaces tout le temps, sans même avoir l’air de s’en rendre compte. Les autres enfants n’ont pas trop envie de la côtoyer, ce serait trop la honte d’être vu en sa compagnie. Et puis, qui aimerait rester toute une récré assis à côté d’une fille qui ne parle pas, qui ne vous regarde même pas. Qui a le regard dans le vide, à contempler qui sait quoi, ou fixé sur ses maudits bouquins qu’elle apprend par cœur, encore et encore. Qui aurait envie de jouer avec elle, elle qui est si maladroite, qui part à gauche alors qu’on avait dit à droite, qui ne rattrape jamais les ballons parce qu’elle tend les bras trop haut ou trop bas, quand elle les tend, parce que la plupart du temps, elle rêvasse. La petite Acherontia ne comprend pas les règles des jeux de cours de récré. Elle ne comprend même pas la nécessité qu’ont les enfants de jouer. Quel est le but de s’agiter partout en criant ? Quel est le but de courir après un ballon, encore et encore ? Pour s’amuser ? C’est quoi, ça, s’amuser ? Quel est même le but de dire bonjour ? On voit quand même bien, après tout, s’il fait beau ou pas. Et puis, si c’est pour souhaiter aux gens qu’ils passent une bonne journée, pourquoi le ferait-elle ? Les gens n’ont que faire de ses bons vœux. Pourquoi doit-on sourire ? Elle, si elle est triste ou qu’elle s’ennuie, elle ne va quand même pas sourire pour faire plaisir. Pourquoi doit-on faire la bise ? C’est dégueulasse, la bise, on a de la salive d’autrui sur soi après, et des particules étrangères plein la peau.

Dans la cours de récré, la petite Acherontia préfère lire, et de loin ! Pour elle, apprendre, c’est un besoin compulsif. Elle ne sait pas vivre sans. C’est sa nourriture intellectuelle et émotionnelle, plus importante même que la nourriture physique. Elle étudie ses fiches sur les dinosaures, elle les apprend par cœur comme si tout ce savoir devait faire partie intégrante d’elle. Et quand elle étudie, il faut qu’elle sache tout dans les moindres détails, leur anatomie, leur mode de vie, les zones où on les a trouvés, leur nom latin et toute la classification qui va avec. Il ne faut négliger aucun détail ! Parfois, la petite Acherontia s’octroie un roman de la bibliothèque. Mais elle est assez déçue du choix de livres au rayon jeunesse. Le club des cinq, les petites filles modèles, les bandes dessinées, ce n’est pas vraiment pour elle. Alors elle fréquente le rayon adulte. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle a découvert Lovecraft, dont elle aima d’emblée l’aura de mystère et d’occultisme, et qui est rapidement devenu un auteur culte pour elle. La même année, elle découvrit aussi un cycle de romans, une trilogie qui trônait sur la bibliothèque de son frère aîné et qui l’attirait beaucoup car les couvertures et le nom de l’auteur était pour elle synonymes de mystère.

Ce cycle, c’était le Seigneur des anneaux de Tolkien. Un cycle qui allait changer ses goûts en matière de littérature, à tout jamais. Pour la petite Acherontia, désormais, plus rien d’autre ne comptera que les littératures de genre, celles que l’ont méprise parce qu’elle ne sont pas « de la vraie littérature », celles que l’on dédaigne mais qu’on lit quand même en cachette sous sa couette, parce que ces histoires ont quand même un côté chouette. Et dans les littératures de « mauvais » genres, la science-fiction, le fantastique et la fantasy garderont toujours une place spéciale à ses yeux.

Dans sa jeunesse, la petite Acherontia a découvert beaucoup de belles choses qui ont façonné son imaginaire. Il y eu la nature, pour qui elle a un fort attachement, presque fusionnel. Il y eu le petit peuple, les créatures légendaires, les vieux savoirs populaires qui aimantent son intérêt comme des phalènes sur un lampion. Et puis, adolescente, elle a découvert la harpe celtique et ses notes cristallines, envoûtantes.

Cet imaginaire, elle a parfois tendance à l’oublier depuis qu’elle est devenue une femme adulte avec plein d’activités et de responsabilités. La vie quotidienne, le travail, les trajets, l’intendance de la maison, les trois bambins qui ne sont pas les siens mais qu’elle aime quand même et dont elle s’occupe bien… Tout cela la ronge, l’épuise, la vampirise, même si c’est ce qu’elle a choisi, même si c’est positif au départ. Mais son imaginaire n’est pourtant jamais bien loin, affleurant sous les strates d’années de déceptions, de pleurs, de solitudes et de combats acharnés. C’est que la vie ne l’a pas vraiment épargnée. Ce que c’est, quand même, d’être née différente dans un monde où la différence fait peur, où elle est vécue comme une tare. Mais là, pourtant, si on y regarde bien, la magie est toujours bien là, pétillant dans ses iris vert-de-gris, fourmillant au bout de ses doigts, hurlant en tornade dans les moindres recoins de son âme.

Mais au fait, vous devez vous demander pourquoi je vous raconte tout ça…

Et vous, que vous inspire l’histoire de la petite Acherontia en pleine expansion créative ? Et celle de la grande Acherontia qui ne trouve plus sa place dans le monde des adultes ?

Si je vous fait part de ce vécu, qui est le mien, c’est parce que je suis actuellement dans une période de transition. La vie que je mène actuellement ne me convient que peu car il n’y a plus assez de place pour la créativité, pour ce qui me fait du bien, pour mon besoin d’isolement récurrent, bref… plus assez de place pour moi en tant qu’âme. J’imagine que beaucoup d’entre vous se reconnaissent dans ce tableau, pas vrai ? Certes, vous n’êtes peut-être pas Asperger, mais vous vous sentez sans cesse bouffés par votre quotidien, même si vous l’aimez et que vous l’avez choisi. Je vous comprends. C’est loin d’être facile de cumuler autant de casquettes sans laisser de côté son âme créative.

C’est pourquoi, dans les prochaines semaines, je vais vous proposer de suivre, presque en direct, les petites choses que je vais mettre en place pour relier avec cette part créative qui n’a que trop longtemps sommeillé et qui réclame à présent d’être prise en compte. Le processus sera peut-être long. Il se peut que je m’égare parfois, que je suive des routes qui ne conviennent pas. Et de cela aussi, je retirerai des enseignements. Et je pourrai vous en faire profiter, pour que vous ne fassiez pas les mêmes erreurs, et pour que vous connaissiez les bons chemins, ceux qui mènent, non pas à Rome, à nous-mêmes.

Des coachs pour les créatives, il y en a beaucoup, déjà, sur le web. L’idée n’est pas de devenir l’un.e d’eux. L’idée, c’est de vous convier dans mon univers littéraire et artistique, et si je peux vous aider en quoi que ce soit au passage, alors c’est tout bénéf’ ! Des créatifs et des créatives qui sont dans la même situation que moi, je sais qu’il y en a un paquet, et je me dis qu’ensemble, si on partage nos trucs et astuces, on est plus forts !

Voilà, j’ai avant toute chose envie de partager mon monde, mes créations, mes aventures et mes mésaventures avec vous. Que vous sachiez que derrière la blogueuse qui lit, écoute et chronique, derrière la bijoutière et illustratrice, derrière l’écrivaillonne, il y a un être humain avec tout un parcours (qui fut parfois plutôt chemin de croix), avec des espoirs, des rêves, et surtout, beaucoup de difficultés pour concrétiser ce qui se cache au fond d’eux et le partager.

Ma valise à projets

Pour le moment, j’ai plusieurs projets sympas sur le grill. Je vais vous en parler, comme ça peut-être que je vous mettrai l’eau à la bouche et que vous aurai encore plus envie de suivre mes divagations 😉

J’ai, quelque part dans ma valise à projets en cours de concrétisation, l’idée de concevoir et illustrer une petite BD sur le syndrôme d’Asperger, puisque je le connais de près. Si le thème vous intéresse, stay tuned ! Il y aura sans doute de quoi vous mettre sous la dent prochainement.

En illustration, je travaille sur une série de douze illus au format A4 sur le thème des mythes littéraires. Six auteurs SFFF que je considère comme « mythique », et six de leurs personnages qui sont au final devenu des mythes littéraires, puisqu’on les voit partout en dehors de leur œuvre originale. Pour l’instant, j’ai portraituré Lovecraft et Tolkien (tiens donc…). Les suivants, vous aurez bientôt la surprise !

En lecture, je suis à fond sur le challenge du Printemps de l’imaginaire francophone, pour lequel j’avais fait cet article de présentation : CLIC. En moyenne, je lis un roman par semaine, donc j’avance à un rythme que je juge satisfaisant.

En écriture, je reprends mon roman feuilleton là où je l’avais laissé. Je vais tout relire et essayer de refaire un plan correct avant d’en continuer l’écriture. Sinon, je travaille toujours sur les recherches pour mon « Traité de l’ombre », dont je ne vous ai pas encore parlé, mais ça ne saurait tarder, héhé 😉

Pour ce qui est des bijoux, c’est un peu en stand by pour l’instant. Je réfléchis à une meilleure ligne de conduite pour les fabriquer et les vendre. Surtout, j’essaie de faire un tri dans toutes les techniques que j’aimerais essayer. Pour les dés, je vais clairement switcher vers un mode de fabrication entièrement artisanal, en créant des dés personnalisés à l’imprimante 3D puis en les moulant pour les reproduire dans toutes les couleurs imaginables. Pour les hérésilles, je me tâte encore. Beaucoup de bonnes idées, mais pour les réaliser, j’ai besoin d’apprendre une nouvelle technique, qui demande du temps et des finances, qui est la suivante : les pâtes polymères métalliques. Elles se travaillent comme de la Fimo, sauf qu’il faut les cuir à très haute température, et donc avoir un four spécial. Mais ce serait génial, car ça me permettrait de faire tous mes apprêts moi-même, et donc de faire en sorte que l’entièreté de mon bijou sorte tout droit de ma petite tête (plutôt que d’avoir un assemblage de trucs tout faits achetés en vrac sur internet).

Mais dans un premier temps, je dois créer mon « antre », ma pièce où je pourrai officier sans risque d’être dérangée par des « Je peux faire rentrer le chat ? », des « Je peux boire un verre d’eau, dis ? », ou des « Marie, vient voir, ya un papillon dans le jardin ! ». J’abuse, mais à peine. Charmant, au demeurant, mais tellement castrateur quand on cherche le fil rouge créatif dans sa tête et qu’il faut rassembler un luxe d’énergie rien que pour se mettre à table et démarrer une activité.

Alors je vous dit « à bientôt » pour la suite de mes (més)aventures !!

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