[Chronique] Les foulards rouges. 2, Terre, de Cécile Duquenne

[Chronique] Les foulards rouges. 2, Terre, de Cécile Duquenne

Synopsis

Lara et Renaud ont réalisé l’impossible : avec une poignée de Foulards Rouges, ils se sont évadés de Bagne, la planète-prison désertique. En se crashant sur Terre, ils plongent non seulement dans les eaux de la planète Bleue, mais également dans les intrigues politiques tentaculaires du Parti, celles-là même qui ont fait d’eux des criminels… et désormais des fugitifs. Trouvant refuge en Australie, ils comptent bien mettre en place une véritable résistance. Car Renaud sait sur les origines du Parti des secrets inavouables qui l’ont convaincu depuis longtemps que, davantage qu’une simple vengeance, il s’agit d’offrir la liberté à tout un peuple tenu dans l’ignorance et le mensonge depuis des siècles. Il est cependant loin d’imaginer à quel point lui et Lara, qui vient de se découvrir des pouvoirs de Thaumaturge, forment des pièces centrales sur l’échiquier des forces en jeu. Malgré leurs efforts acharnés, ont-ils jamais eu la moindre chance de sauver l’humanité et de réécrire son avenir… ?

La loi d'attraction universelle…

Ce roman est mon troisième roman lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady/Castelmore pour ce second trimestre de l'année, Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne pour ce partenariat issu de leur collection "Snark".

Chroniques des tomes précédents…

Tome 1, Bagne…

Qui dit deuxième tome…

Je vous l'ai dit dans ma première chronique, l'univers des Foulards Rouges est très riche, très dense. Dans ma chronique du premier tome, je me suis attachée à la description de cet univers et de ses personnages. C'est une partie qui sera beaucoup moins développée dans cette seconde chronique, puisque cela a déjà été fait dans la précédente. Je ne peux donc que vous conseiller de la lire si vous souhaitez un aperçu général de l'univers.

Dans la chronique de ce tome 2, je vais avant tout parler de l'histoire, des changements depuis le tome 1, et de l'évolution des personnages. Pour éviter de spoiler le lecteur qui n'aurait pas encore lu ce second opus, et afin de donner envie à ceux qui ne l'ont pas lu de le faire sans plus tarder, je ne parlerai que du début du roman.

Pour les lecteurs qui n'ont pas du tout entamé la saga, je vous conseille, pour éviter tout spoil, de vous arrêter ici et de ne lire que la chronique du premier tome…

Un départ compliqué…

À la fin du premier tome, Lara, Renaud et leurs comparses Foulards Rouges étaient parvenus à s'enfuir de Bagne, la planète prison. Après une série de péripéties totalement épiques et jouissives dans l'espace, à bord de leur vaisseau guidé par la magie, ils atterrissent enfin sur Terre. Oui, bon… Quand je dis sur Terre, entendez par là, l'océan… Il vaut mieux pour eux, notez. Mieux vaut un grand plouf qu'un gros boum, comme qui dirait…

Mais vous vous doutez que leurs (més)aventures ne s'arrêtent pas là. Que vont-ils trouver sur Terre? Qui seront leurs amis, leurs ennemis? S'ils parviennent seulement à sortir du vaisseau et à gagner la surface…

Crocodile Dundee…

L'intrigue se focalise d'entrée de jeu sur Lara. Elle a survécu au crash du vaisseau, a réchappé à la noyade, mais n'a aucune idée d'où elle se trouve ni du sort de ses compagnons d'infortune. Le suspens est à son comble! A-t-elle été faite prisonnière par des gens du Parti pour la paix? Ses amis sont-ils morts? Sont-ils retenus prisonniers, ou agonisant sur une plage lointaine?

Pour répondre à ces questions, Lara émerge péniblement de sa convalescence et s'en va explorer le lieu où elle pense être retenue contre son gré. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle s'aperçoit que le seul couloir auquel elle ait accès débouche sur… une arène!

Lara va encore devoir se battre pour sa vie et pour celle de ses amis, pour notre plus grand plaisir! Et il se pourrait bien que le combat recèle quelques belles surprises…

Une terrible douleur la saisit à la jambe et l’emporta vers le fond.
Non.
NON !
Le haut et le bas n’étaient plus qu’une vague notion étrangère à sa logique. La bête ne lâchait pas. Elle agita Lara en tous sens ; broyant le muscle ; écrasant l’os. Elle mâchait – sa jambe. Dans un hurlement strident, Lara expulsa le peu d’air qui lui restait. Tout à coup, les contours du monde se firent plus nets, comme si les éclairs de souffrance décuplaient l’acuité de ses sens.
Elle se rappela qu’elle tenait toujours l’épée et la projeta dans la direction approximative du crocodile. La pointe toucha l’écaille sans l’entamer. Lara frappa de toutes ses forces. Aucun effet notable, sinon que l’animal se mit à nager de manière à les éloigner du bord. Lara faillit perdre connaissance, comme la peur et le manque d’air l’étouffaient, mais soudain son nez perça la surface. La bête était pourchassée par les siens et louvoyait pour les éviter. Lara cracha un peu d’eau, inspira quelques – ténues – gorgées d’air. Saisissant sa chance avant que le crocodile ne replonge, elle jeta ses dernières forces dans un coup désespéré : son corps lui hurlait d’abandonner la partie, mais elle enfonça la lame entre les yeux, là où la peau et l’os seraient les plus fins.
De douleur, la bête contracta les mâchoires, lui arrachant un nouveau cri, puis le terrible étau se relâcha soudain. Lara eut l’impression d’être une éponge déchiquetée, essorée, qui se vidait d’eau et de sang. Cela surpassait toutes ses précédentes expériences traumatisantes. Toutes les fois où on lui avait tiré dessus. Elle se laissa donc emporter par le courant, vers le mur de l’Arène, manquant de s’assommer contre la pierre. Le crocodile mort sur le coup s’enfonça dans l’eau avec l’épée, ce qui attira aussitôt l’attention de ses congénères, qui serpentèrent vers lui pour la curée.
Avec tout le sang perdu, Lara se sentait au bord de l’évanouissement. Le destin avait voulu qu’elle ait refait surface près du bouclier miraculeusement intact et… en bois. Du bois qui flottait. Les larmes aux yeux, Lara s’y raccrocha de toutes ses forces. Sa gorge la brûlait jusque dans l’estomac. Respirer devenait un supplice. Les allers et retours de l’air entre sa bouche et ses poumons arrachaient à chaque passage leur dîme de souffrance. Ses oreilles se débouchèrent, l’ouïe lui revint. Une formidable clameur s’élevait depuis le public, ravi du spectacle. Apparemment, beaucoup l’avaient cru morte.

Terre, de Cécile Duquenne

J'ai retrouvé un petit côté Hunger Games dans le début de ce second tome. Et quand je dis "petit", je pense plutôt à son opposé… Une arêne… Une lutte acharnée pour sa survie… Devoir tuer pour s'en tirer… Du sang partout… Une héroïne exemplaire avec de longs cheveux sombres ramenés en tresse… Un univers dystopique… Bref, vous m'avez compris!

Heureusement, cette tendance diminue légèrement par la suite, car l'auteur met en place un univers bien à elle, qui contient beaucoup d'originalité et de personnalité.

Bien sûr, vous vous doutez qu'elle se sort de cette fameuse arène (puisque le roman continue sur plus de 400 pages après cette scène…), mais dans quel état?

Portrait d'un Thaumaturge façon Arcimboldo…

Renaud, quant à lui, est en plus mauvaise posture que Lara. Comment? me direz-vous. Il existe pire encore que l'arène et les crocodiles géants? Eh bien, croyez-moi, oui, il existe un endroit pire que cela. Et cet endroit s'appelle l'intérieur de sa propre tête…

C'est que Renaud a mal vécu le crash du vaisseau. La magie nécessaire au maintient de ce dernier l'a laissé épuisé. Et lorsqu'on se retrouve entraîné sous l'océan, il n'est guère bon d'être épuisé si l'on veut sortir la tête de l'eau un jour.

Malgré le sauvetage in extremis effectué par Lara, le Thaumaturge ne s'en tire pas à si bon compte qu'elle. Le diagnostic tombe, Renaud est dans un coma profond. Un légume, selon le médecin qui s'occupe de lui…

Lara sursauta. Passant les bras autour de son torse comme pour se réchauffer, elle entra malgré elle dans la pièce afin de laisser passer le nouveau venu. L’homme en blouse blanche se dirigea vers une boîte, toute simple, de laquelle s’échappait un ronronnement discret. Le médecin – car c’était bien lui – vérifia quelque chose sur les bandes de papier millimétré qui dégringolaient en fines boucles jusqu’au sol. Après quoi, il déroula son stéthoscope pour écouter le cœur de Renaud.
Lara sentit que le sien allait s’arrêter pour de bon.
—  Expliquez-moi, exigea-t-elle de but en blanc.
Le médecin grimaça, comme si l’odeur de marécage qui flottait autour d’elle le dérangeait :
—  Pour une raison inconnue, votre ami se trouve plongé dans un coma profond de stade III.
—  Stade III ? interrogea-t-elle, peu au fait du jargon médical.
—  Humm, oui, stade III, répéta-t-il, se complaisant à la maintenir dans l’ignorance.
Insupportable. Ce gnome gonflé de fatuité prenait un plaisir évident à jouer le rôle du professeur. Lara le prit immédiatement en grippe.
—  Expliquez-moi, répéta-t-elle.
Cette fois, elle s’arrangea pour que cela sonne comme une menace. Le médecin se montra tout de suite plus coopératif, mais il n’en demeura pas moins agressif :
—  Humm, eh bien, il n’a plus de tonus musculaire, ce que même vous pouvez constater. Il ne réagit plus aux stimuli extérieurs, qu’ils soient lumineux ou autres. Pas non plus à la douleur. En d’autres termes : c’est un légume.
Choquée, Lara ne prit même pas la peine de retenir la méchante saillie qui lui démangeait le bout de la langue :
—  Parlez encore une seule fois de Renaud en ces termes, et c’est vous qui tomberez dans le coma.
Le médecin recula. L’assistance respiratoire se mit en travers de son chemin de retraite, donnant corps à cette menace.
—  Vous… vous n’oseriez pas.
—  Oh, je suis Lara Carax et je suis sortie indemne de votre Arène. J’ose tout, même le pire. Surtout le pire. Ça se sait.
—  Sans moi, votre ami serait déjà mort.
—  Je suis sûre qu’il y a d’autres médecins tout aussi compétents que vous à Canberra, et bien plus délicats et respectueux avec leurs patients.

Terre, de Cécile Duquenne

Bref, un retour sur terre chaotique pour un roman qui débute sur les chapeaux de roue!

Vous le savez, nous autres, lecteurs, sommes des monstres de sadisme. Plus les héros galèrent et souffrent, plus on en redemande! Et c'est bien ce qui se produit dans la première partie. Oh, bien sûr, cela continue, encore et encore, jusqu'à la toute fin. Lara ne serait pas Lara sans sa dose de combats, son lot de souffrance et sa pléthore de questions existentielles. Et c'est ce qu'on aime, finalement! Chez moi, en tout cas, la sauce a bien pris. D'entrée de jeu, j'ai été happée par le récit et par le calvaire des personnages, que j'ai aimé voir évoluer au fil des épisodes.

De nouveaux objectifs…

Lara et Renaud ont enfin quitté Bagne. Quel bonheur!

Ils ont rejoint la planète Terre. Quelle horreur!

Car leurs aventures ne s'arrêtent pas au seul fait de l'évasion, vous vous en doutez. Sinon, il n'y aurait pas de tome 2…

En s'évadant, ils ont défié le Parti pour la paix, et ce dernier entend bien ne pas en rester là. Quand un groupuscule d'hommes et de femmes défient tout un système politique bien établi, c'est un peu le pot de terre contre le pot de fer. Mais Renaud, lui, prétend détenir certains secrets concernant le Parti et la création des Thaumaturges. Il a entendu parler d'une prison où seraient enfermés d'autres Thaumaturges comme lui, d'autres magiciens capables de réfléchir. Et que dit réfléchir, dit aussi désobéir…

—  Je dois réapprendre la peur…, souffla-t-elle, le regard brillant d’excitation comme elle venait enfin de trouver une solution à son problème. Et pour cela, je dois trouver mes limites, savoir où m’arrêter. Sinon, je perdrai toujours le contrôle. Je dois cesser de me croire invincible.
—  C’est un bon plan, approuva Renaud.
À cet instant, Lara crut même déceler un soupçon de fierté dans sa voix.
—  Ce n’est pas ce qu’on nous apprenait à l’Académie Militaire, mais le Parti n’encourageait pas ses Thaumaturges à apprendre. Il voulait des mages soumis, plutôt que des êtres invincibles. Ce dont nous avions peur, c’était du Dalaï, de la prison, de…
—  Il y a une prison pour Thaumaturges ? s’étonna Lara.
Renaud haussa les épaules.
—  C’est la rumeur qui court. L’un de mes premiers objectifs est de trouver cette prison, si elle existe, et de délivrer les mages qui y sont enfermés. Cela ne blessera pas d’innocents, et le Parti ne pourra pas continuer à nous ignorer. La vérité sur nos origines ne tardera alors pas à éclater, portée par la multitude.
—  Je vois…
—  Enfin, bref : pour trouver tes limites, il va d’abord falloir que tu comprennes la nature profonde de ton pouvoir. Tu as été créée sur Bagne, et cela implique certaines… particularités.
—  Lesquelles ?
—  Eh bien, Bagne est une planète dite « morte », mais c’est faux : en vérité, elle se bat pour survivre.
—  Je… je ne te suis pas. Mais alors pas-du-tout. Quel rapport avec moi ?
—  Viens, assieds-toi, on a le temps pour une leçon ou deux d’ici à ce que tout le monde se réveille. Toujours pas sommeil ?

Terre, de Cécile Duquenne

D'une autre part, Lara et Renaud se heurtent à des problèmes plus immédiats, comme nous allons le voir ci-plus bas…

De nouvelles rencontres…

Au gré de leurs aventures, le petit groupe de Lara, Renaud, Claudia et d'autres aura l'occasion de rencontrer d'autres dissidents au régime. Ceux-ci, appelés les Enfants de Proudhon, vivent en autarcie dans une ville abandonnée. Ils accueillent Lara et ses comparses et les aident dans leur quête. Mais c'est sans compter sur Kilian, le "mari" un peu bizarre de Renaud, qui refait surface et qui aimerait bien que leur relation reprenne son cours, et Nikki, la fille rebelle du Diacre Michael qui avait soigné Lara après ses péripéties en haute mer.

Je vous avoue que Kilian n'est pas mon personnage préféré. Je l'ai trouvé irritant et plutôt lourd, parfois même un peu suffisant. Son personnage ne suffit toutefois pas à gâcher l'entièreté du récit, bien heureusement. Mais je l'imaginais un peu plus mûr, un peu plus réfléchi. Il m'a fait l'impression d'un ado attardé à qui tout est dû. Et ses retrouvailles avec Renaud m'ont déçue également. Il le croyait mort depuis vingt ans, je pensais qu'ils allaient se sauter dans les bras, tomber dans les pommes, je ne sais pas, moi… Mais ressentir quelque chose de fort, en tout cas. Et non… Déçue, j'ai été… Rester sur ma faim, je dois…

Nikki, en revanche, m'a plu d'emblée. Avec son côté rebelle et son impertinence, elle m'a prêté à rire plus d'une fois. J'ai beaucoup admiré son aplomb, et l'intelligence avec laquelle elle analyse des situations qui ne sont pas vraiment de son âge. Très impressionnant… Mais un peu trop romancé, peut-être.

—  Oui, bon, ça va, tu meurs d’envie que je pose la question. Je te préviens, je ne supplierai pas. Dis-moi : ils sont où, vos bateaux pirates ?
—  Aaaah, ça, Renaud, c’est toute la beauté de la chose : nous n’avons pas de bateaux pirates.
—  Ah bon ? Et de quoi vous vivez ? D’où viennent tous vos meubles ? Vos ressources ? Et d’où vous tirez les venaisons que j’ai mangées hier soir ? Ne va pas me dire qu’il n’y avait que du kangourou et du crocodile au menu, je ne te croirai pas.
—  Nous avons des sous-marins d’abordage.
Renaud ouvrit une bouche béate d’admiration et d’indignation mêlées, comme il se sentait idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt.
—  Ils sont magilectriques ?
—  Non. Ce sont des modèles de « fabrication locale », on va dire.
—  Ils fonctionnent à quoi, alors ?
—  À la vapeur, mon ami. L’avenir est dans la vapeur ! s’exclama Kilian en levant sa tasse de thé fumant. Bon, ça n’a pas été sans sacrifices aux premiers essais, mais cela fonctionne, désormais.
—  Comment avez-vous obtenu les matériaux ? Et confectionné les pièces ?
Seul le silence lui répondit. Renaud n’insista pas : il s’agissait d’un autre de ces secrets que Kilian ne pouvait lui révéler sans trahir sa parole ou celle d’un autre.
—  Et donc vous arraisonnez des vaisseaux du Parti avec vos sous-marins ?
—  Mieux que ça : on les coule. Ensuite, avec nos automates, on récupère la marchandise dans l’épave.
—  Malin.
—  Pas assez spectaculaire.

Terre, de Cécile Duquenne

D'impressionnantes théories alambiquées…

Ah, Renaud et ses grandes théories scientifiques!

C'est une chose qui ne cesse de m'étonner dans cette sage. Les théories scientifiques s'enchaînent et se ressemblent… presque. Car à chaque fois, on en apprend un peu plus sur l'origine de la magie, le fonctionnement des planètes, les flux électromagnétiques et j'en passe. Petit bout par petit bout, on parvient à décoder les grands principes qui régissent cet univers très particulier, un peu comme un archéologue qui époussète par petits coups de pinceau une griffe de ptérodactyle enfouie six pieds sous terre.

Personnellement, je reste totalement bluffée par ces théories. Elles sont fumeuses, plus que certainement, à moins que… Je vous avoue ne rien y connaître dans ces domaines-là. C'est bien là le problème, avec Cécile Duquenne. Elle parvient à rendre ses théories tellement plausibles qu'on se demande si c'est nous qui sommes totalement ramollis du cerveau au point de ne pas connaître ces grands principes de base, ou si c'est elle qui affabule de façon magistrale…

Pour ce point-là, franchement, chapeau bas…

—  Alors… Bagne est une planète mourante, son noyau est en train de se solidifier, ce qui explique l’absence de vie, l’état pathétique des ressources naturelles, et le fait que les gens meurent si vite : quand tu te reçois un vent stellaire dans la figure et que tu n’y es pas préparé, ça fait mal.
—  Je vois.
—  Tu te rappelles l’orage magilectrique juste avant notre départ ?
—  Oui. Et ?
—  Eh bien les orages magilectriques sont des orages « auto immunes », qui n’ont rien à voir avec la météo. Bon, sûrement que Pulp avait neutralisé le système des Veilleurs, et si un véritable orage nous était tombé dessus, on ne l’aurait pas vu venir non plus. Mais là, l’orage s’est formé sur place. Il n’est pas venu du sud. En fait, ces orages si particuliers se produisent à deux conditions, parfois simultanées, parfois non.
—  Qui sont ?
—  Les tempêtes stellaires, d’une part. Donc une cause extérieure à la planète.
—  Et ? l’encouragea-t-elle.
—  Et l’apparition ou le déplacement d’un pôle magnétique, d’autre part.
—  Donc… si je comprends bien… l’orage a eu lieu parce que le pôle magnétique de Bagne s’est déplacé sous l’Hacienda, et qu’une tempête stellaire a eu lieu en même temps ?
—  L’un des pôles magnétiques moribonds de Bagne, corrigea Renaud, dont la force et la densité fluctuent. Lors de l’orage, il a dû y avoir une fulgurance. Tu es donc née au-dessus d’un pôle mourant qui à ce moment-là avait retrouvé sa vigueur d’antan et était donc… très puissant. C’est pour cela que ton pouvoir est si…
Il cherchait un terme qui ne soit ni insultant ni inquiétant, mais Lara ne vit pas de raison de s’embarrasser :
—  Dangereux. Pour les autres. Pour moi.

Terre, de Cécile Duquenne

Quand la magie est trop omniprésente…

Le problème majeur auquel Lara aura à faire face à son arrivée sur Terre – et Renaud par la même occasion – c'est sa magie naissante. Oui, désolée, je vous casse l'effet de surprise, pour le coup… Mais c'est vous qui l'avez accepté, hein, c'est vous qui avez décidé de sauter par-delà ma bannière anti-spoil ^^

Donc Lara a l'heureuse surprise qu'elle aussi est un petit peu magicienne sur les bords. Pas que cela lui déplaise, car cela peut s'avérer utile, surtout en temps de guerre. Mais ces pouvoirs prennent rapidement de l'ampleur et finissent par l'effrayer. Elle doit apprendre à les maîtriser afin de ne pas nuire aux personnes qui l'entourent. En parallèle, Lara fait des rêves de plus en plus étranges qui ne peuvent trouver une explication que dans ses nouveaux pouvoirs et la façon dont elle les a acquis…

Ses rêves devenaient de plus en plus étranges. Après avoir passé plusieurs nuits à brûler vive sans que la flamme ne la consume, elle se retrouvait désormais prisonnière d’un cocon de cendres solidifiées. Les jambes ramenées contre son torse, la nuque courbée vers l’avant et les coudes collés aux flancs, elle n’entendait plus que le bruit de sa propre respiration. Le craquement du bois avait disparu peu après l’extinction des flammes. Le bruissement des cendres s’était tu.
Elle était seule.
Avec la disparition de la chaleur revint le froid. D’abord simple picotement, puis glacial, insupportable. Les lèvres collées par le givre, les membres gourds… Prise de frissons, elle éprouva très vite le besoin de bouger, mais la coque protectrice qui l’enveloppait ne lui laissait aucune liberté de mouvement. Son premier réflexe fut de hurler pour qu’on lui vienne en aide, mais seul un grondement sourd et inhumain sortit de sa gorge. Qu’est-ce que c’était que ça ? Elle hurla, formant des mots, des phrases entières, mais elle n’émettait que des bruits de bête ou des plaintes aiguës. En s’agitant, Lara sentit un ergot de cristal s’enfoncer dans sa peau. Elle se retourna sur elle-même pour s’écarter de la chose qui lui faisait mal, mais elle comprit qu’il s’agissait de ses propres ongles devenus griffes. Elle voulut ouvrir les yeux, mais ses paupières, collées elles aussi, refusaient de bouger. Se débattant de plus belle, ses sens s’éveillèrent, et elle sentit l’écaille de sa peau, l’élasticité de sa chair et, enfin, se découvrit une langue bifide.
Que lui arrivait-il ?

Terre, de Cécile Duquenne

Je vous avoue tout! C'est le point qui m'a le plus chagrinée dans ce second opus. La magie naissante de Lara est une belle surprise pour le lecteur, certes, mais j'ai trouvé cette solution trop facile, trop simpliste. Le personnage de Lara se trouve un peu en difficulté? Qu'à cela ne tienne! On lui ajoute un peu de magie, et le tour est joué!

Mon ressenti, c'est que ça dénature complètement le personnage de Lara, qui est une femme forte par son seul caractère et sa seule force physique. Pour moi, elle n'avait pas besoin de magie pour réussir son entreprise. Mais bon, l'auteur a voulu surprendre son lectorat, c'est de bonne guerre. Cela aurait pu effectivement être une idée de génie, si la magie de Lara n'avait pas été aussi puissante d'entrée de jeu. Certes, il y a l'enjeu de l'apprivoisement, le fait qu'un tel pouvoir confère de grandes responsabilités, et qu'il lui faut gérer de nombreux problèmes auxquels elle n'avait jamais songé.

Mais il n'empêche que je suis restée sur ma faim. Terminé, la Lara qui se bat comme une lionne pour survivre à ses blessures. À présent, même une jambe déchiquetée peut guérir en moins de deux et continuer à la porter aussi loin qu'elle le souhaite. Mouais, bon, n'allez pas chercher, c'est magique…

En résumé…

Dans ce second tome, certains éléments m'ont plu, d'autres moins…

Tout ce qui a fait mon régal dans le premier tome et qui se retrouve dans le second comptent évidemment parmi les éléments que j'ai aimé. L'écriture de l'auteur, l'héroïne et son caractère, l'univers toujours aussi magnifiquement fouillé, les scènes d'action fluides, le style oscillant entre la SF et le steampunk…

Je trouve juste dommage que les nouveaux éléments introduits ne me satisfont pas comme je m'y attendais. La magie est trop présente et est utilisée un peu comme une solution de facilité (à mon sens), certains personnages peuvent être agaçants (n'est-ce pas Kilian…), certains rebondissements semblent moins plausibles. Sans compter que, comme prévu, la planète Terre est moins séduisante et exotique que Bagne. Si Bagne manque à Lara, je dois dire qu'à moi aussi!

Ma note : 15/20. Vous voyez, je n'ai pas trop sorti mes vilains crocs! La qualité littéraire est omniprésente malgré tout, il faut le reconnaître.

[Chronique] Les foulards rouges. 2, Terre, de Cécile Duquenne

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques!

… où vous entendrez parler de lutins. Hé oui, une fois n'est pas coutume! Mais pas n'importe quels lutins, alors, ça non! Des lutins urbains! Comment cela, ça n'existe pas?! Mais si, mais si! Et je m'en vais vous le prouver! Rendez-vous dans ma prochaine chronique!

[Chronique] Les foulards rouges. 1, Bagne, de Cécile Duquenne

[Chronique] Les foulards rouges. 1, Bagne, de Cécile Duquenne

Synopsis

Sur Bagne, Lara traverse les étendues désertiques pour remplir ses contrats. Car Lara est une Foulard Rouge, appelée à faire régner la loi à grand renfort de balles. Et sur cette planète-prison où les deux-tiers de la population sont des hommes, anciens violeurs ou psychopathes, c’est une vraie chance pour une jeune femme comme elle de ne pas avoir fini dans un bordel. En plus, elle fait plutôt bien son boulot – on la surnomme même Lady Bang. Mais Lara n’a pas obtenu ce job par hasard – tout comme elle n’a pas atterri dans cet enfer par hasard. Elle doit tout ça à quelqu’un en particulier, à qui elle en veut profondément… et qui, pourtant, a quelque chose à lui offrir – une chose qui n’a pas de prix. Lara acceptera-t-elle de baisser un peu sa garde et de se lier à de dangereux criminels comme le mystérieux Renaud ? Si elle veut reprendre son destin en main et ne pas finir ses jours ici, elle n’aura pas vraiment le choix…

[Chronique] Les foulards rouges. 1, Bagne, de Cécile Duquenne

La loi d'attraction universelle…

Ce roman est mon second roman lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady/Castelmore pour ce second trimestre de l'année, Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne pour ce partenariat issu de leur collection "Snark".

Et je suis vraiment bien contente de ce partenariat, car cela faisait fort longtemps que cet ebook me faisait de l’œil. Enfin, disons plutôt ces ebooks… Les foulards rouges est en réalité une suite de romans publiés sous forme de série, chaque tome correspondant à une saison, et chaque chapitre correspondant à un épisode. Personnellement, j'aime beaucoup ce format série, que je trouve très ludique et amusant. Comme chaque épisode est d'abord publié séparément avant d'être regroupé en saison intégrale, cela permet une attente moins longue entre les différentes parties.

Chez moi, le problème de l'attente ne s'est pas fait sentir, puisque malheureusement, je prends la série en cours alors que l'intégrale de la seconde saison voit le jour. C'est donc cette seconde saison que je dois réellement chroniquer dans le cadre de mon partenariat, mais comme je n'avais pas encore lu la première, voici que je rattrape mon retard…

Un style d'écriture éblouissant…

La première chose qui m'a frappée à la lecture du premier épisode, c'est évidemment le style d'écriture. Cécile Duquenne possède une belle plume fluide, déliée et d'une richesse extrême qui m'a d'emblée séduite. Ces descriptions de la planète Bagne sont tout à fait admirables. Je parvenais presque à sentir l'aspect rocheux du sol, la chaleur qui en émane par vagues, le manque d'humidité, la soif, la poussière… La précision avec laquelle les actions sont décrites, la justesse des sentiments, le piquant des dialogues… Tout y était! Je reste réellement ébahie devant le talent de cette jeune auteure, et ne manquerai pas de suivre la suite de ses aventures avec délices.

Conservant son attitude faussement soumise avec soin, le visage à moitié dissimulé par le rideau noir de ses cheveux, elle suivit Renaud jusqu’aux quartiers des dames. Ils traversèrent un atrium encadré d’arcades sculptées, décorées de motifs usés par le temps. Où que le regard porte, la vieille peinture ocre s’écaillait comme la peau d’un lépreux pour révéler, en dessous, la pierre couleur de rouille qui saignait comme une plaie malade.
Une bonne partie des arcades se voyait renforcées de remblais de pierre, pas de bois. En absence d’arbres, ils avaient sûrement dû improviser et se servir des ressources locales. La pierre ne manquait pas dans le coin. Claudia n’avait pas vu grand-chose de Bagne, mais quand elle s’était retournée pour observer la plaine lors de son arrivée, l’absence de toute forme de faune et de flore n’avait pas manqué de la frapper. L’intérieur de l’Hacienda ne différait pas. La cour n’était qu’un carré de terre battue tellement sèche qu’elle se fissurait comme un vieux pot cassé puis recollé. Une fine couche de poussière gris beige tapissait les surfaces planes et s’infiltrait dans les chaussures dès le premier pas. Une vieille souche racornie témoignait d’un passé plus verdoyant…

Bagne, de Cécile Duquenne

Attention, planète inhospitalière en vue…

Bagne… Un assemblage de contrées arides, tant du point de vue du climat qu'au niveau humain. Ici, on ne peut attendre de cadeau de personne, et surtout pas de Dame Nature. C'est bien plus qu'une planète-prison, c'est une planète-torture. Même trouver de l'eau potable relève du chemin de croix, alors que le climat désertique pousse les habitants à toutes les extrémités dans leur quête d'eau. Les orages et les pluies acides sont autant redoutées que les pillards et les violeurs qui attendent l'imprudent(e) au détour des chemins… quand chemin il y a.

Et pourtant, je me suis surprise à aimer Bagne. Est-ce de ma part une forme de sadisme envers les personnages, qui souffrent et suent sang et eau pour tirer leur épingle du jeu? Est-ce l'attrait tout simple pour une planète d'un type plus exotique, qui me change un peu tellement de mon quotidien sur Terre? Est-ce grâce à l'extraordinaire inventivité dont fait preuve Cécile Duquenne dans ses descriptions et sa conception de cette planète? Je pencherais probablement pour les trois éléments en même temps.

Lara se reconcentra sur sa conduite. Elle approchait de sa destination, en témoignait le sol devenu rocailleux sous le motoride en suspension. Elle survolait désormais des plaques de basalte disposées comme autant d’écailles de dragon, grêlées de scories et perlées d’obsidienne. Peu à peu, le dénivelé augmenta et le motoride se retrouva à gravir une petite pente aussi noire et luisante qu’un meuble laqué. Regardant droit devant elle, Lara soupira. À environ un demi-kilomètre, il lui faudrait choisir entre l’escalade à mains nues des murs naturels, ou bien l’entrée fracassante par la porte principale. Son instinct lui soufflait d’opter pour la seconde solution.
Cap City, ville-cratère construite dans le giron d’un volcan éteint, célèbre pour ses orgues basaltiques, sa serre de légumes hors-sol, sa production maison d’alcool fort et, plus récemment, le massacre de ses trente-deux habitants. Aux dires de l’unique rescapé qui avait fini par rendre l’âme dans la ville voisine, juste à temps pour Lara de lui extorquer sa dernière confession, Cap City avait été prise par un bataillon de mercenaires dirigé par un dénommé Black. Apparemment, il s’agissait d’une dizaine de loqueteux mal équipés ayant profité de l’effet de surprise. Lara n’avait donc a priori pas besoin de renforts sur ce coup-là, et elle s’accommodait fort bien de sa solitude. Elle détestait travailler en équipe avec d’autres Foulards Rouges – à ses yeux tout aussi coupables et mauvais que les Bagnards qu’ils arrêtaient.
Même si elle ne cautionnait aucunement le meurtre et la torture, elle trouvait quelque chose de remarquable à l’acte de Black et ses sbires. Un certain panache. Cap City se situait en plein cœur du territoire fédéré, et le desperado avait trouvé le moyen d’outrepasser les frontières pour s’en emparer. Rien à sauver de ce bout de terre quasi stérile, il avait sûrement voulu remettre en cause l’autorité du Capitan dans une ultime provocation.
C’était réussi ; depuis deux jours, on ne parlait que de lui dans toute la Fédération.

Bagne, de Cécile Duquenne

Une héroïne pas comme les autres… ou presque

Lara, le personnage central de ce roman, est une héroïne qui m'a personnellement fait vraiment plaisir. D'abord pour le fait qu'elle est une héroïne comme je les aime, avec un caractère fort et une soif de survie sans égal. Mais aussi pour le fait qu'elle ne ressemble pas à une Wonderwoman au physique nickel chrome, se pavanant en sous-vêtements métallisés en guise d'armure. J'ai aimé le fait que son personnage ne soit pas la perfection incarnée, qu'elle ait des petits boutons dus au stress, qu'elle puisse paraître fatiguée, qu'elle soit maigrichonne et que ses vêtements sentent la vieille sueur rance, qu'elle puisse être sûre d'elle avec ses flingues en main, et que l'instant d'après elle puisse rougir en repensant à un rêve osé, qu'elle puisse en imposer aux hommes de Bagne, et à la fois souffrir de la solitude et de la perte de son grand amour. À défaut d'être parfaite, elle est réelle et humaine, et c'est ce qui la rend attachante.

La jeune femme le fixa, plissant les yeux car elle faisait face à l’aurore. Ses iris déjà d’un bleu très clair paraissaient presque gris à cause de la lumière. Ils constituaient le principal atout de son visage fin toujours sévère. La ride d’expression entre ses deux sourcils, presque tout le temps froncés par la contrariété, formait une virgule agressive. Au même endroit, un peu d’eczéma dû au stress. Autour, quelques boutons dus à la mauvaise alimentation. Ses traits tirés et son teint trop pâle lui donnaient un air maladif.
Son charme venait d’ailleurs : de ses yeux de diamant taillés en forme d’amande dont les pupilles, parfois, se teintaient d’une douceur mélancolique ; de ses dents à l’alignement impeccable qui suivaient la courbe ourlée de ses lèvres quand celles-ci daignaient esquisser un sourire ; de sa chevelure noire qui, lorsqu’elle défaisait sa tresse, tombait en boucles sur ses épaules et dans son dos. Ils lui arrivaient dans les reins, par mèches épaisses remplies de fourches.
À défaut d’être la plus belle, Lady était la plus désirable. Renaud possédait un défaut qui lui avait valu d’atterrir sur Bagne et ne l’avait pas quitté depuis : il suffisait qu’on lui interdise une chose pour qu’il la désire. Et l’obtienne.

Bagne, de Cécile Duquenne

De la science-fiction à la sauce steampunk, en passant par le western…

Les foulards rouges, c'est un mélange vraiment étonnant entre deux styles qui se complètent à merveille. On y trouve de la science-fiction, d'une part, car Bagne est une autre planète que la Terre, qu'on y retrouve des technologies futuristes franchement bien pensées, que de nombreuses scènes se déroulent dans l'espace… En fait, Bagne m'a vaguement rappelé un des rares romans de science-fiction que j'aie lu quand j'étais jeune, Chroniques martiennes de Ray Bradbury, par ce côté "planète exotique où rien ne se passe comme sur la Terre". Cela m'a également rappelé des extraits de Star Wars, et notamment l'extrait qui suit, où ce marché de matériel de New Eldorado évoque une certaine planète Tatooine, bien connue des fans de la saga.

Elle laissa la place, espérant ne pas avoir payé pour une dysenterie surprise au passage. Le stand voisin proposait des lampes à pétrole. Elle joua des coudes et, sans s’éclaircir la gorge pour paraître aussi masculine que possible, demanda par-dessus le bruit ambiant :
— Y aurait des lampes à ultraviolets dans le coin ?
— C’est quoi, ça ?
— Une lampe à magilectrie, au rayonnement bleu, parfois vert…
— Pas d’magie ici.
— Ni dans les environs ?
Elle récolta un juron camouflé d’une toux à peine poussée. Elle demandait de la renvoyer chez des concurrents, et cela ne plaisait guère.
— Le gars en face en avait l’autre jour, j’crois, ça brillait bizarre. Mais il est super cher, tu feras pas d’affaire chez lui, il négocie pas, p’tit gars.
Lara s’extirpa de la masse qui se pressait à l’ombre des tôles, pour se retrouver sous le soleil au centre de l’allée.
Quelle merde.
Traverser la foule dans sa largeur quand le courant allait dans le sens de la longueur s’avérait aussi ardu que de traverser un fleuve – on ne cessait de lui couper la route ou de la pousser. Elle ne s’arrêta d’avancer que lorsque ses hanches cognèrent contre la table qui faisait office de vitrine. Les objets, solidement accrochés, recouvraient toute la surface de la planche. Son regard chercha les lampes un instant, avant de tomber sur un vendeur occupé à surveiller la fauche. Elle apostropha l’homme dont la première moitié du visage se révéla dévorée de petite vérole, quand l’autre était défigurée par une vilaine brûlure :
— On m’a dit que vous aviez peut-être des lampes à ultraviolet. Il m’en faut une et je suis prêt à y mettre le prix.

Bagne, de Cécile Duquenne

Mais j'ai également retrouvé un petit je-ne-sais-quoi de steampunk dans toute cette technologie débridée, qui parfois fonctionne à la magilectrie, une source d'énergie magique, comme son nom l'indique. Les vêtements, également, peuvent rappeler l'époque victorienne, surtout ceux qui sont employés sur Terre. Les armes et certains éléments de décor tels les clés peuvent également rappeler un univers steampunk (même si j'avoue que l'illustration de couverture aide beaucoup à se représenter Lara en Lady corsetée jouant du flingue contre des méchants loqueteux).

J'ai également trouvé une troisième influence, c'est celle du western : les flingues, les règlements de comptes, les longs manteaux de cuir et les chapeaux, les chevaux, les noms des villes, l'aspect désertique de la planète… C'est un côté totalement surprenant dans ce contexte de science-fiction omniprésente, mais cela fonctionne à merveille, et je n'y ai vu que du feu!

Une cavalcade de violence…

Des règlements de comptes, des fusillades, des guet-apens, des batailles… Vous vous en apercevez, Bagne est tout sauf une planète tendre, et ses habitants sont loin d'être des enfants de chœur. Dans ce contexte, il n'est pas rare de rencontrer, au détour des pages virtuelles, quelques beaux extraits de pure violence nappée de gore. De quoi donner du piquant à l'histoire ^^

Après de longues heures de chevauchée, Lara parvint sur les lieux de l’accident. Elle contourna le Hubb de loin, afin de s’assurer d’être seule. Il n’avait pas bougé, couché sur le flanc comme une bête morte, à l’image des chevaux fusillés que le groupe avait abandonnés là.
Avec la pluie et la chaleur, leur état de décomposition s’était accéléré. Une odeur âcre, mélange de gaz pestilentiel, méthane et propane, émanait de la matière autrefois vivante. Les ventres crevés offraient leurs viscères à la morsure d’un soleil vorace, qui venait s’en repaître près de trente heures par jour. Fait extraordinaire : il y avait aussi des mouches. Elles devaient avoir parasité les chevaux sur Terre et les avoir accompagnés jusque sur Bagne, car Lara ne se souvenait pas en avoir vu sur quelque cadavre que ce soit, même abandonné aux quatre vents pendant des jours et des jours. Ici-bas, la vie ne trouvait plus son chemin. Les gens venaient là pour mourir. S’ils se refusaient à l’admettre en arrivant, ils finissaient par l’accepter à la vue du désert stérile, sans plantes ni animaux. Aucun écosystème ne s’y développait. Était-ce la même chose partout sur la planète ? Ou existait-il des endroits verdoyants, où des Bagnards plus chanceux que les autres étaient parachutés ? Pour un peu, elle aurait aimé connaître la réponse à ces questions, car si Bagne était habitable à certains endroits, cela changeait tout. On pouvait vivre sur une planète agréable, même s’il s’agissait d’une prison. On pouvait prendre un nouveau départ.

Bagne, de Cécile Duquenne

Guerres politiques et embrouilles religieuses…

Si l'univers dépeint par Cécile Duquenne est décidément d'une richesse ahurissante, son intrigue est tout aussi complexe et haletante. Car la guerre gronde sur Terre… Le Parti pour la paix, sorte d'état totalitaire et tentaculaire aux méthodes violentes et sans scrupules, cherche à asseoir son autorité, et sur Terre, et sur Bagne. Lara et ses comparses se posent, évidemment, en opposant face à cette organisation tyrannique.

Dans le même temps, des religions et des façons de penser radicalement différentes s'affrontent. Ainsi, les principaux cultes que l'on connaît ne sont officiellement plus les bienvenus. Lara, quant à elle, est bouddhiste croyante, mais non pratiquante. Dans l'univers de Cécile Duquenne, le bouddhisme est l'alternative choisie par beaucoup à toutes les autres grandes religions.

Et bien sûr, comme souvent, la politique et la religion vont souvent de pair… ce qui offre aux lecteurs une trame complexe qui offre de solides bases à l'histoire proposée. Tout est magistralement ficelé, rien n'est laissé au hasard, et je ne peux être qu'admirative devant un tel niveau d'écriture.

— Et quels sont vos projets pour nos deux humbles personnes ? interrogea Renaud du ton le plus impassible dont il disposait encore en rayon.
— Vous faire évader pour vous livrer à nos alliés terriens. L’Australie a compris quelle était la vraie voie de la paix. La rouge Évoria, soit-elle bénie sept fois, ne peut intervenir sur le terrain, mais vous le pouvez. Aidez l’Australie, aidez la Terre, aidez-vous vous-mêmes. Nous ferons la guerre dans l’espace, contre les troupes du Parti, nous prendrons Bagne, Éden s’il le faut, et toutes les colonies minières de votre planète après elle, mais nous vous laisserons vous occuper de la Terre. La guerre contre le Parti doit aussi se mener de l’intérieur.
Lara observa Renaud avec crainte, et hésitation. Les enjeux les dépassaient. La situation leur échappait. Et, surtout, elle avait désormais une certitude : où qu’ils aillent, ils ne seraient jamais libres, toujours prisonniers des plans de quelqu’un d’autre. D’abord le Parti, puis Bagne et ses Foulards Rouges, et à présent Évoria aux côtés de l’Australie dissidente… L’idée de frayer avec des chrétiens lui retourna l’estomac, néanmoins cette perspective s’avérait moins effrayante que celle de rester ici à la merci de tels monstres.

Bagne, de Cécile Duquenne

De la magie dans l'air…

Je vous parlais ci-plus haut de la magilectrie, mais ce n'est pas la seule forme de magie que l'on rencontre. Assez vite dans l'histoire, nous apprenons à faire connaissance avec les Thaumaturges, ces magiciens d'un type un peu particulier qui sont à la botte du Parti pour la paix. J'aime assez la façon dont l'auteur traite la magie dans son univers. C'est quelque chose de très spirituel, de très intériorisé. J'aime la façon dont elle se manifeste, aussi, et l'impact qu'elle a sur le corps des Thaumaturges.

En résumé…

Je me suis au final laissée séduire par l'univers de Cécile Duquenne, de part la grande richesse de son intrigue, son foisonnement de détails, ses descriptions de qualité, son style fluide et agréable, son incroyable créativité et son imagination débordante.

J'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de Lara, cette héroïne forte et tellement humaine à la fois. Je me suis totalement laissée embarquer dans cet univers mi-SF mi-steampunk avec un côté western très plaisant, sur cette affreuse planète-prison désertique que l'on apprend peu à peu à apprécier. Et, je l'avoue, en entamant la lecture de la seconde saison, j'ai été un peu déçue de laisser Bagne de côté pour retrouver la planète Terre. Adieu, planète exotique! Bonjour, planète (trop) familière…

Ma note : 18/20. C'est un bon gros coup de cœur pour moi, et j'ai hâte de voir ce que donnera la suite!

Chroniques des tomes suivants…

Tome 2, Terre

[Chronique] Les foulards rouges. 1, Bagne, de Cécile Duquenne

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques…

où il sera encore question de Lara, de Renaud et des autres, tout simplement.

[Chronique] New Victoria, l’intégrale, de Lia Habel – part 1

[Chronique] New Victoria, l'intégrale, de Lia Habel - part 1

Synopsis…

New Victoria : une civilisation high tech obéissant aux codes et aux modes de l’ère victorienne, dont les frontières sont menacées par des rebelles curieusement difficiles à tuer. Bien loin des combats armés, Nora, jeune aristocrate en crinoline, a un destin tout tracé : épouser un membre de la haute société et collectionner les robes de bal. Faire honneur à la mémoire de son père, l’éminent docteur Dearly. Rien, dans sa délicate éducation victorienne, ne l’a préparée à un violent kidnapping, ni à survivre dans le camp d’une faction rebelle. Et pourtant elle devra surmonter ses craintes et ses préjugés pour comprendre la nature du véritable danger qui menace les vivants… comme les morts.

La loi d'attraction universelle…

Je sais que cela devient lassant, mais… la couverture! Eh oui, cet élément indispensable de l'objet-livre a encore frappé!

Et quel objet-livre! Bragelonne a, de nouveau, mis le paquet sur la présentation, parvenant à appâter même les cœurs les plus endurcis. En fine amatrice d'esthétique steampunk, je ne pouvais fondamentalement pas passer à côté. Alors, voyons voir, passons en revue les atouts séduction de ce volume… Une présentation soignée, des couleurs paon et turquoise, sombres et lumineuses à la fois, qui attirent le regard aussi sûrement qu'un éphèbe nu sur une plage, un cœur mécanique disloqué laissant apparaître un joli petit lot de rouages (et là, c'est mon propre cœur qui fond à cette douce évocation), un grand format agréable à manipuler, des tranches dorées, une petite frise baroque sur les en-têtes et les pieds de pages et, cerise sur le gâteau, les coins des pages sont arrondis. Même les intitulés de chapitres sont agrémentés de tuyauteries et de mécanismes steampunk!

Voici qui confère à cette intégrale des allures de merveilleux rainbow cake entr'aperçu dans la vitrine d'une boulangerie et qui me donne envie de m'en faire une part sur le champ!

New Victoria en portrait chinois…

Si New Victoria était une musique…

Alliant sonorités futuristes et culture zombie, The Browning décrit assez bien ce roman avec ce morceau Living dead.

Si New Victoria était un tableau…

Steam zombies, de Simon Beer.

[Chronique] New Victoria, l'intégrale, de Lia Habel - part 1
Si New Victoria était un plat…

Du tofu aux asticots. Vous comprendrez pourquoi en lisant cette chronique plus avant 😉

Si New Victoria était un juron…

Celui qui est mien et que j'affectionne le plus : putréfaction!

Quand post-apocalyptique et steampunk se mêlent…

L'univers proposé par Lia Habel est original en ce sens qu'il mêle différents genres des littératures de l'imaginaire : le roman post-apocalyptique et presque dystopique, où, suite à une série de catastrophes naturelles, la plupart des pays ont disparus et les survivants se sont réorganisés comme ils ont pu…

Cent cinquante ans auparavant, le monde était un endroit terrifiant. À cette époque, la race humaine avait déjà subi une longue liste d'horreurs. Sur terre, les pôles avaient de nouveau disparu sous des chapes de glace meurtrières, et les hivers étaient devenus longs et rudes pour un nombre croissant de nations. Les humains avaient été contraints de se replier vers les zones tempérées le long de l'équateur, créant d'importantes vagues migratoires. Des pays avaient été totalement balayés de la surface du globe par des tempêtes cataclysmiques. Cuba, l'Indonésie, l'Angleterre, le Japon. Tous avaient disparu.

La planète toute entière souffrait, mais les Amériques, selon moi, enduraient plus que leur lot de catastrophes. Les réfugiés venus du Canada étaient porteurs d'une nouvelle souche du virus de la grippe qui terrassa une personne infectée sur quatre. La famine succéda à cette épidémie, puis la second guerre de Sécession et ses destructions nucléaires.

Personne ne remporta cette guerre. Les États-Unis cessèrent d'exister. Les survivants se préservèrent comme ils le purent, se regroupant pour fonder de nouvelles tribus qui ne reposaient ni sur la race, ni sur la classe sociale, ni sur la nationalité.

Cependant, le pire restait à venir.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

… Et le steampunk, de par l'esthétique du roman et le choix d'une pseudo société victorienne…

La direction que nous prîmes ne fut pas le fruit d'un coup de tête ou d'une folie passagère, mais mon peuple, conservateur par nature, n'avait jamais oublié le passé. Alors que les tribus du Sud imaginaient des mondes parfaits, futuristes et complètement utopiques, ou bien sombraient dans le chaos et la misère, les miens adoptèrent un mode de vie à l'ancienne. Les robes longues redevinrent la norme pour les dames. L'étiquette devint un passe-temps national. La violence et la grossièreté furent sévèrement réprouvées. Chacun était tenu de respecter ses supérieurs et d'être bien conscient de la place qu'il occupait dans la société.

Quelques décennies plus tard, mes ancêtres avaient définitivement arrêté leur choix sur l'époque victorienne comme modèle de politesse, d'ordre et de prospérité. Lorsque le moment fut venu d'entériner notre Constitution et de baptiser notre pays, le peuple se prononça, avec une écrasante majorité, en faveur de "New Victoria".

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

J'avoue que j'ai eu un peu de mal à m'adapter à ce mélange dans un premier temps, même si mon trouble n'a perduré que le temps de lire les trente premières pages. Je me suis sentie déroutée de voir une société "high tech" employer l'étiquette et les mœurs de l'époque victorienne. Pour moi qui suis accoutumée aux romans steampunk se passant effectivement à la fin du 18e siècle, voire au début du 19e siècle, ou même pendant la seconde guerre mondiale comme c'est parfois le cas, le décalage était si énorme qu'il m'a fallu m'y acclimater. C'est que, pour moi, une demoiselle en robe de bal et corset assise dans un fiacre et lisant… une tablette numérique… c'est délicieusement nouveau et inattendu.

Une fois accoutumée à ce décalage temporel, on devient vite accro au concept. Finalement, que nous ayons affaire à de la mécanique steampunk toute de cuivre vêtue et fonctionnant à l'éther, ou à des gadgets high tech fonctionnant à la fée électricité et visant à recréer un monde idéal basé sur l'époque victorienne, ma foi… c'est toujours de la technologie! Même si je confesse une préférence accrue pour la bonne vieille mécanique de cuivre et de laiton fonctionnant à la vapeur ou à l'éther et dotée de noms barbares qui feraient boucler les moustaches du plus puritain des gentlemen.

Une autre chose à laquelle j'ai eu un peu de mal à m'adapter, c'est le passage incessant d'un personnage à l'autre d'un point de vue narratif. L'histoire est racontée en "je", mais à chaque chapitre, la personne qui se cache derrière ce "je" change, sans pour autant que le style d'écriture soit adapté en fonction (comme on peut le voir notamment dans La horde du Contrevent d'Alain Damasio). C'est un peu perturbant au début, mais on s'y fait. Et heureusement, chaque chapitre est intitulé en fonction du nom du narrateur, ça aide 😉

Lazare et tofu…

Désolée, mais vu le thème et l'actualité, je n'ai pas pu m'en empêcher…

Une des grandes forces de ce roman, qui fait également son originalité, ce sont bien sûr les zombies. On sent que Lia Habel a mené une enquête très approfondie sur ces créatures, ne gardant que le meilleur de toutes les histoires de morts-vivants qu'elle a pu lire ou visionner.

Pour faire simple, les zombies tirent leur état d'un virus très justement nommé le Lazare (du même nom que ce personnage biblique mort depuis quatre jours et ressuscité par Jésus). L'auteur explique savamment bien les mécanismes du Lazare, ses origines, ses effets sur l'organisme et ses conséquences. Tellement bien que l'on y croirait.

Lia Habel explique aussi que certains individus qui se réveillent après leur mort sous l'effet du Lazare sont intacts, leur personnalités inchangées et leurs souvenirs indemnes, ou presque. Ces individus-là se trouveront dans les rues, errant sans but, en état de choc. D'autres, en revanche, reviennent avec un esprit beaucoup plus altéré. Ceux-là errent aussi dans les rues, mais avec un autre but, celui de grignoter du bifteck au goûter, fût-il animal ou humain.

– C'est vrai, il semblerait que nous ayons des tendances naturelles au cannibalisme, répondit-il d'un ton si détaché que j'en eus la chair de poule. Voilà ce dont je voulais parler quand je vous ai dit que votre père m'avait sauvé la vie. Au cours de ses recherches, il s'est aperçu que certains d'entre nous revenaient mieux… conservés que d'autres. Au niveau des souvenirs, ou de la personnalité, par exemple. De nouveaux morts-vivants que ses hommes croisaient avaient l'air d'errer sans but, complètement perdus et bouleversés… Ceux-là ne semblaient pas nécessairement à l'affût de leur prochain repas. C'est ainsi que sa mission s'est transformée… Eh bien, c'est-à-dire qu'en l'absence de remède sa mission est devenue de nous aider à gérer notre maladie.

J'eus l'impression qu'on venait de m'écraser une brique entre les deux yeux. Tout à coup, tout devint limpide. Mon père avait réellement vu des monstres affamés évoluer devant ses yeux. Un vieux conte était devenu réalité. Cela aurait été la même chose s'il avait découvert un dragon. Il aurait essayé de le dompter.

– C'est comme… voyez-vous, comme pour un être humain vivant, continua Bram. Il vous faut certaines choses. Vous avez besoin de nourriture, d'eau. Si vous en manquiez, alors peu importe le niveau de civilisation que vous pensez avoir, vous régresseriez. Sans ces éléments, vous deviendriez folle. Vous tueriez les autres, trouveriez des astuces pour vous les procurer. C'est un simple instinct animal. Il est difficile d'être gentil quand on est tenaillé par la faim. Eh bien, j'ai besoin de certaines choses, moi aussi. J'ai un besoin maladif de liquides, parce que je suis en train de me dessécher. J'ai un besoin maladif de protéines, parce qu'à chacun de mes mouvements, j'endommage les tissus de mon organisme, même si je ne peux plus utiliser les protéines pour me régénérer. Et les prions qui vivent dans mon cerveau ont un besoin maladif de nouvelles victimes et poussent mes synapses à me rendre un peu vif. Bref, je suis complètement reprogrammé pour éprouver le désir brûlant de trouver un beau corps bien chaud. Comme n'importe quel adolescent, voyez-vous.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

Deux catégories de zombies, donc… Si la première est totalement inoffensive, la seconde, en revanche, est létale. Mais comme dans tout roman post-apocalyptique qui se respecte, l'armée (ou ce qui en tient lieu) est là pour veiller au grain. Et bien sûr, quoi de plus naturel que d'utiliser les zombies sains pour lutter contre les cannibales? Après tout, ils sont sacrifiables, ils sont déjà morts…

C'est donc dans ces circonstances qu'évolue Bram, l'un des héros de cette histoire. Bram est en gentil zombie. Il marche à peu près comme tout le monde, parle normalement, a une apparence presque saine, si ce n'est le voile blanc qui recouvre ses yeux. Il calme ses envies sanguinaires en ingurgitant du tofu. Même si son corps est incapable de synthétiser les protéines pour se régénérer, le tofu a au moins le mérite de lui contenter l'estomac et les papilles (ou presque). Oui, Bram est un brave zombie, un petit capitaine au service de sa patrie, prêt à donner sa vie (?) pour sauver les pauvres Victoriens qui ne savent pas quel fléau les guette. Et comme tous les zombies de son âge, Bram est amoureux. Difficile, quand on a plus de cœur à faire battre plus fort, et quand les papillons dans le ventre ne sont en fait que des vers attirés par la chair en décomposition. D'autant plus difficile que l'heureuse élue est, elle, bien vivante…

Heureusement, Bram a de nombreux amis dans son unité. Entre Chas, Coalhouse, Renfield, et j'en passe, il n'y a que l'embarras du choix. Eux aussi sont de braves zombies, avec du caractère, toutefois. Ils ne sont peut-être que de la chair à canon, mais faut pas les emmerder! Surtout Chas, d'ailleurs. Nommée originellement Chasteté, cette jeune demoiselle a tout pour me plaire. Une langue bien pendue, un caractère bien trempé, un look d'enfer et une mâchoire d'acier.

Une héroïne et demi qui en a…

Un autre point fort du roman, c'est Nora Dearly, notre héroïne en corset et jupons. Je pense que tout me plaît dans son caractère. Et, vous savez, le caractère d'un personnage, c'est un peu comme en cuisine. Il faut user des bons ingrédients dans de bonnes proportions et éviter les mélanges hasardeux. Dans le présent cas, Nora est une jeune demoiselle qui sait ce qu'elle veut et qui fera tout pour obtenir gain de cause. Opiniâtre, mais non têtue, combative mais non garçon manqué, romantique sans être fleur bleue, sensible sans être fragile, jolie sans être canonissime, mignonne mais pas potiche, et d'une intelligence extrême, elle incarne pour moi l'héroïne parfaite, le mélange et le dosage idéal. Elle ne m'a déçue à aucun moment, mais en revanche, elle n'a cessé de m'étonner.

J'ai particulièrement apprécié son petit jeu avec Bram, jeu qui avait pour but de faire accepter à Nora la réalité de la situation avec le Lazare, le fait qu'elle soit entourée de morts et que le monde tel qu'elle le connaissait s'écroule autour d'elle. C'est un passage tout en délicatesse, parce que Bram respecte au mieux la sensibilité de Nora et ne cherche en aucun cas à la brusquer. De son côté, Nora se laisse le temps pour assimiler les bribes d'information données par Bram. C'est une sorte d'apprivoisement d'un monde nouveau, version zombie.

[Nora]

Je parvins à loger les cartouches dans le chargeur et le refermai d'un claquement sec. Je remplis les poches amples de ma chemise de nuit avec le reste des munitions. Ensuite, me forçant à calmer ma respiration, je regardai autour de moi. La salle de bains de mon père était accessible d'où je me trouvais, mais il n'y avait aucune issue par là. De larges baies vitrées donnaient accès au balcon, mais il faudrait alors que je saute dans la rue…

… ou que je grimpe sur le treillage pour rejoindre le toit.

Une fois mon plan arrêté, je me jetai sur les portes vitrées du balcon et les ouvris en grand. La chambre de mon père se trouvait juste au-dessus de son bureau et, en contrebas, je vis d'autres créatures s'engouffrer à l'intérieur par les fenêtres. Combien étaient-elles? Descendre n'était sûrement pas envisageable.

Je passai la bandoulière du fusil par-dessus ma tête, et commençai à escalader le treillage blanc fixé sur la façade de la maison. Il était recouvert de roses, dont les épines m'égratignèrent la peau et s'accrochèrent à ma chemise de nuit. Des gouttes de sang perlèrent sur mes doigts, mais je fis abstraction de la douleur.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

Tiens? J'ai bien dit une héroïne et demi? Une héroïne et… une paire de jambes qui avance seule? Ou alors… une héroïne et un buste qui se traîne? Rien de tout cela, je vous rassure!

Il y a une autre personne que l'on pourrait élever au rang de demi-héroïne (et demi doit ici être pris au sens de "personnage secondaire qui aurait tout d'une héroïne"). Il s'agit de sa meilleure amie, miss Pamela Roe. Pamela n'est certes pas le personnage central de l'histoire, et d'ailleurs au début, je pensais qu'elle n'était là que pour le décor, ou pour épauler Nora de temps à autre comme n'importe quelle bonne amie. Mais en réalité Pamela prend véritablement part à l'histoire, à son histoire à elle, vécue en parallèle de celle de Nora. Et on peut dire qu'elle gère la situation aussi bien que son amie.

[Pamela]

Je l'attrapai en ôtant une main de la femme et commençai à frapper. Je suis incapable de dire si cela lui fit mal ou non, mais cela la déconcentra assez pour qu'elle s'en prenne à l'ombrelle plutôt qu'à moi. Je parvins à la repousser suffisamment pour pouvoir me libérer de son poids en me tortillant, et à me relever. À bout de souffle, j'agrippai l'ombrelle comme une batte de base-ball.

Elle s'élança vers moi. Je la frappai avec force. Je parvins à la maintenir à distance, mais malgré la force des coups que je lui assenais, l'ombrelle n'était pas assez lourde pour la blesser sérieusement. J'essayai de m'échapper, mais elle était si rapide qu'elle parvint à attraper le bord de ma robe, exactement comme ma mère l'avait fait quelques minutes plus tôt, et je n'eus d'autre choix que de me retourner et l'affronter à nouveau. Elle eut tôt fait de m'acculer contre un mur, faisant de moi une proie impuissante. Elle s'approcha en sifflant, le corps penché vers l'avant, et je compris que j'allais mourir.

Je ne saurai jamais ce qui me prit à cet instant-là, quelle partie de mon cerveau commanda mes bras. Peut-être que Nora était morte et que son esprit me hurlait ses instructions. Mais, dans une dernière et pathétique tentative pour me sauver, je retournai l'ombrelle pour la tenir comme un javelot, et la lançai de toutes mes forces au moment où elle bondissait sur moi comme un animal.

New Victoria, tome 1, de Lia Habel

D'autres personnages… qui en ont moins…

Comme dans tous les bons romans, on trouve également ce que l'on appelle des anti-héros. Dans ce roman-ci, je peux en citer trois qui m'ont littéralement tapé sur le système nerveux… N'est-ce pas, Isambard Roe, Michael Allister et Vespertine Minck?

Ce ne sont pas des méchants à proprement dit, juste d’indécrottables casses-pieds qui ralentissent les héros et qui me sont antipathiques à mourir. Et Isambard, celui-là… À la seule évocation de ce prénom, mon estomac gronde tout seul dans son coin… trop proche de "Carambar"!

La belle et… le zombie!?

C'est peut-être l'élément le plus improbable de ce roman, au final. Je vous ai dit que Bram était amoureux, n'est-ce pas? Est que l'heureuse élue était une vivante? Eh bien, devinez de qui il s'agit… Je ne vous ferai toutefois pas l'affront de vous révéler si cet amour sera partagé ou non!

Mais, quoi qu'il en soit, vous imaginez cela, vous? Une romance entre une vivante et un zombie? Embrasser de la chair froide, flasque, et tout et tout? Voir votre amoureux vous regarder d'un œil languide et… plein de pus? Je ne peux pas m'empêcher de multiplier les blagues graveleuses et d'imaginer les pires scénarios.

"Tient donc, chéri, tu as l'air bien réceptif, ce soir…

– Hé ouais, ma puce, rigidité cadavérique…" ou encore…

"Hihi, chéri, tu me chatouilles!

– Et merde! Euh… t'aurais encore un peu de vermifuge?"

Oui, bon, soit. C'est rigolo, mais ça reste quand même un tantinet nécrophile, et ça, c'est franchement tek tek beurk…

Ceci dit, malgré ce côté un peu risible, j'ai trouvé ça complètement mignon au final. Et puis j'ai aimé leur respect mutuel, leur manière de s'apprivoiser l'un l'autre. Pour une amourette d'ado, les deux zigotos sont au final très matures dans leurs sentiments respectifs, et ça… hé ben ça, j'achète, évidemment!

Nora tourna son visage vers moi. Elle ne sourit pas mais, sans que je sache pourquoi, j'aimais la façon dont elle me regarda. Comme si je lui inspirais quelque chose. Comme si j'avais dit quelque chose qui résonnait en elle.

Je lui tendis la main.
– Allons danser.
Elle sourit.

Pendant les deux heures qui suivirent, nous nous rapprochâmes l'un de l'autre et nous nous touchâmes sans aucune peur ni regrets. À la fin, Nora accepta de se blottir dans mes bras pour danser un slow, mais il fallut d'abord que je la persuade que nous le dansions de cette façon chez les Punks et que ce n'était pas simplement un prétexte pour pouvoir la tenir contre moi.

Quelque chose rompit cependant le charme. Je me retrouvai à humer son odeur pour la deuxième fois de la journée, penché tout contre son oreille. Elle se raidit un peu.

– Que se passe-t-il?
– Vous sentez… le chocolat.
Elle inclina la tête.
– Le docteur Chase m'a prêté du parfum.

Je me mis à rire. Je savais qu'elle allait me détester pour ce que j'allais dire, mais tant pis.
– De la chair vivante enrobée de chocolat.
Elle rougit.
– Oh! Taisez-vous!

New Victoria. Tome 1, de Lia Habel

En résumé…

Je me suis bien amusée avec ce premier volet de la série New Victoria. J'ai aimé l'univers et le concept que j'y ai découvert, j'ai adoré Bram et Nora (et Pam) jusqu'au trognon. Les zombies sont charmants, ou presque, et paraissent parfois plus vivants que les vivants eux-mêmes.

Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le roman du siècle, mais j'ai pris beaucoup de plaisir avec cette lecture. J'ai ri, j'ai psychoté un peu dans les moments les plus épineux, j'ai râlé sur les méchants et les emmerdeurs, j'ai été attendrie par le feu de la romance, bref… c'était bien écrit, bien conté et j'étais dans l'histoire avec les personnages du début à la fin.

Le seul point un peu moins positif, c'est que j'ai eu du mal à démarrer ce roman. J'ai dû attendre l'arrivée des gentils zombies pour vraiment accrocher à l'histoire et me laisser entraîner. Le début, quoique nécessaire à la compréhension, était peut-être un peu long.

Ma note : 17/20. Il y a de la recherche et du boulot derrière cette histoire de zombie, et j'ai trouvé les personnages vraiment bien travaillés, avec des caractères très complets et très aboutis.

[Chronique] New Victoria, l'intégrale, de Lia Habel - part 1

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques!

PS : Je crois que je ferais un bon zombie…

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

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[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Synopsis…

A beautifully produced and richly illustrated book that showcases the day-to-day adventures of independent girl-about-town Victoria Psismall and her pet land octopus Otto. Thirty panoramic, full-page illustrations humorously chronicle the duo's home and social activities that include (among other things) bathing, biking, dating, cooking, playing croquet, and pumpkin carving. Accompanying text explains the "do"s and "don't"s of living with a large land octopus. The book's art is extremely detailed, and each illustration tells its own visual story. The Victorian era characters and period-influenced design elements combine to create a wonderful, collectible art-object for those who still value the classic elegance of ink-on-paper. The hardcover binding is plussed with two-layer embossing and spot varnish, and the interior is printed on extra heavy paper. An exquisite volume for lovers of books, art and pets.

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[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

My first english session…

Dire que mon anglais est rouillé serait un bel euphémisme! Je m'en suis tout de suite aperçue lors de mon séjour à Londres le mois dernier, lorsque j'ai voulu demander une information à l'employée de l'hôtel et qu'elle m'a regardé d'un air qui paraissait vouloir dire "gnêêêêêêh? pas compris…". Mi-vexée, mi-amusée, je me suis exprimée par gestes, en m'admonestant mentalement et me promettant de retravailler mes notions de la langue de Shakespeare dès mon retour à la maison.

L'anglais n'est pas le seul à souffrir de mon trop plein d'activités. Mes notions d'allemand ont elles aussi fondu comme neige au soleil, sans parler de mes maigres bases de russe, à présent limitées à la lecture et l'écriture du cyrillique ^^' Alors j'ai eu envie de relever mes manches et de me lancer le défi de lire un peu plus en langue originale. D'où cette "English session"…

Bon, ne vous attendez pas non plus à trouver un article par semaine, ma vitesse de lecture déjà peu rapide (j'aime profiter des romans que je lis…) ne s'en trouvera pas améliorée par le fait de lire un texte qui n'est pas écrit dans ma langue maternelle. Pour l'instant, je m'attaque à des petits formats ou à des textes courts, mais si d'aventure je devais me lancer dans une brique… voilà, quoi…

Voici donc ma première chronique pour cette série de lectures anglophones. J'ai choisi de débuter par un des deux albums steampunk achetés chez Forbidden Planets et qui font encore le délice de mes yeux tant les illustrations sont magnifiques. Réminiscence rétinienne, que voulez-vous…

Et détail qui ne gâche rien, l'album est signé par l'auteur ^^ Il est fréquent, dans les librairies londoniennes, de trouver dans les rayonnages des livres déjà signés par leur auteur. Petite cerise sur le gâteau pour celles et ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'assister à la séance de dédicace… Même s'il manque le charme de voir l'auteur en chair et en os, la satisfaction y est!

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

La belle et le poulpe…

L'histoire se base sur une idée géniale, qui est l'existence d'espèces de céphalopodes génétiquement modifiées qui peuvent vivre hors de l'eau . Ces poulpes sont devenus, avec le temps, d'idéaux compagnons pour l'être humain, qui ne se lasse pas de leur utile et joyeuse présence.

L'album s'ouvre sur une introduction expliquant les différents types de céphalopodes génétiquement modifiés que l'on peut sans problème domestiquer. L'auteur en détaille quatre : la pieuvre, la seiche, le nautile et le poulpe. Chaque espèce possède ses caractéristiques propres, par exemple le nautile est plus agressif du fait de sa petite taille, les seiches ont tendances à avoir la rancune tenace, etc.

Ensuite vient l'histoire proprement dite, où l'on apprend à connaître Victoria Prismall, jeune héroïne issue de l'aristocratie néo-victorienne. Indépendante et aventureuse, la belle aux somptueux atours steampunk affiche une zénitude à toute épreuve, facilitée par les nombreux services rendus par Otto, son poulpe dûment apprivoisé selon les bons conseils que donne le présent guide.

Tout commence par l'adoption d'Otto dans une "foire à l'adoption" (car il est vivement recommandé aux futurs propriétaires de céphalopode de débuter leur recherche d'un compagnon idéal dans les refuges de la région avant de passer par les services d'un éleveur…). Puis vient l'éducation nécessaire à tout jeune céphalopode fougueux et plein de vie… Avec ses hauts et ses bas, bien entendu!

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Un univers magique…

Les adultes, sous le vernis de la maturité, ne sont en fait que des enfants qui ont trop grandi. Donnez-leur l'occasion de faire un break, et c'est le côté bambin qui sort le bout de son nez, ne fut-ce que le temps d'une lecture. Et qui dit album dit aussi festin pour les yeux.

J'ai donc pris plaisir à dévorer ces illustrations steampunk plus somptueuses les unes que les autres, tournant les pages avec avidité et boudant les textes au profit du graphisme. Brian Kesinger est talentueux, il n'y a pas à sourciller. Maniant la plume avec autant de brio que le crayon et le pinceau, il nous embarque dans son univers néo-victorien peuplé de poulpes terrestres, de belles pin-up corsetées et de machines biscornues. Il faut dire que le monsieur a du galon, ayant son lot d'années d'expérience dans le domaine du film d'animation.

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Court mais plaisant…

Oui, certes, je suis consciente de l’ambiguïté de ce titre de chapitre… Et pourtant, cela résume assez bien ce que j'ai éprouvé à la lecture des 64 pages de cet album. Les textes qui accompagnent les illustrations sont relativement courts, mais cela ne nuit en rien au récit, car l'auteur parvient à résumer en peu de mot son idée.

Souvent, les commentaires sont dit sur le ton de l'humour et complètent de manière parfois cocasse l'illustration annexe. C'est un passage de la théorie à la pratique, pourrait-on dire… D'un côté, nous avons les bons conseils du "guide du parfait propriétaire de céphalopode", et d'un autre nous avons une illustration mettant en scène ce conseil, au travers de l'expérience de Victoria et Otto. Hilarant ou attendrissant, les tableaux qui s'offrent au lecteur ne lassent jamais.

Please remember that one's pet is a living creature and not an accessory. Always be mindful of its dignity.

Walking your octopus, de Brian Kesinger

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Lorsque j'étais petite, j'étais, comme beaucoup d'enfants de cet âge, passionnée par les dinosaures. Sauf que mes passions prenaient souvent d'étranges tournures car j'avais une imagination débordante. Mon rêve à moi, c'était de pouvoir me rendre à l'école à dos de vélociraptor (mon dino préféré! Du moment que c'était intelligent et que ça avait de grandes dents, j'étais aux anges…). Pour rendre vie au vélociraptor, j'avais imaginé un système de couveuse dans laquelle je devais initialement placer un œuf d'autruche dans lequel j'aurais injecté de la moelle de bœuf… Recherché, le stratagème! Seulement, je n'ai pu me résoudre à injecter ladite moelle car, sensible comme j'étais, je ne voulais pas faire de mal à l’œuf. Et puis je n'ai pas pu trouver d’œuf d'autruche non plus… En revanche, ma couveuse fonctionnait à merveille! Je me suis donc retrouvée avec un mignon petit poussin tout pépiant dans ma chambre à coucher. Si les dinosaures proviennent bien des oiseaux comme semble le penser Alan Grant dans Jurassic Park, alors j'étais une digne pratiquante de l'évolution contraire!

Bref… Tout cela pour dire que l'être humain a toujours eu ce rêve d'"apprivoiser la bête", de s'attirer l'amitié d'animaux plus improbables les uns que les autres. L'apparition des NAC en est une preuve, le récit de Brian Kesinger en est une autre. Ne faisant pas exception à la règle, je suis sortie de cette lecture avec une furieuse envie de voir la science un jour concrétiser les rêves uchroniques de l'auteur.

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Un air qui me ressemble…

Ce que j'ai préféré dans cet album? Outre les illustrations, bien sûr… C'est le caractère de Victoria! De toute évidence célibataire, elle affiche une indépendance fière que de nombreuses femmes pourraient lui envier. C'est que la demoiselle a un caractère bien trempé et un goût prononcé pour l'aventure et la découverte. Tout ce que j'aime pour une héroïne féminine!

Et ses cheveux émeraudes… j'en suis fan! Je dois avouer que j'ai longtemps eu l'idée de teindre les miens de cette couleur, pour que mes cheveux soient assortis à mes yeux. Une de mes amies a récemment coloré ses cheveux en mauve, ravivant mes rêves capillaires les plus fous. Malheureusement, ma coiffeuse a refusé. Ma chevelure est trop longue et risquerait de prendre un trop grand coup dans l'aile à cause des produits agressifs utilisés dans les colorants. La seule couleur "pas naturelle" que j'aie pu me permettre est le rouge, couleur que je porte actuellement et dont je suis au final assez satisfaite.

D'ailleurs, on voit déjà apparaître les premiers cosplays de Victoria Prismall, signe de l'engouement pour l'univers de Brian Kesinger dans les pays anglophones…

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Bref, assez de réflexions capillotractées! Voici venu le temps de la note finale…

En résumé…

Points positifs…
  • L'idée géniale de voir des céphalopodes adaptés aux conditions à la vie amphibie et que l'on peut domestiquer.
  • Les illustrations sublimes, les couleurs lumineuses.
  • Les textes qui accompagnent les illustrations, avec leur accent old british et leurs touches humoristiques.
  • L'héroïne et son caractère très indépendant.
Points négatifs…
  • On en veut plus!! Heureusement, j'ai acheté le second tome en même temps que le premier ^^
Ma note : 20/20. Mon premier album coup de cœur de l'année! Vivement qu'il sorte en français...

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

Il est à noter que j'ai trouvé les illustrations toutes faites sur le net et que je n'ai nullement passé mon temps à scanner les pages de l'album pour les mettre ni vu ni connu en ligne. J'ignore si je bafoue de ce fait le droit d'auteur, mais si c'est le cas, je m'en excuse d'avance…

[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger
[Chronique] Walking your octopus, de Brian Kesinger

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques…

… où je vous conterai la rocambolesques et étourdissante aventure de ma lecture de Punk's not dead d'Anthelme Hauchecorne, et où il sera question de ma visite lointaine, très très lointaine, de la Foire du livre de Bruxelles, où je vous entretiendrai de cosplay et des problèmes de cornes qui y sont liés, et enfin où je m'abaisserai à la dithyrambe la plus bassement exaltée…

– Votre dévouée chroniqueuse, Acherontia.

Le protectorat de l’ombrelle. Tome 1, Sans âme, de Gail Carriger

Le protectorat de l'ombrelle. Tome 1, Sans âme, de Gail Carriger

Résumé…

Miss Alexia Tarabotti doit composer avec quelques contraintes sociales. Primo, elle n'a pas d'âme. Deuxio, elle est toujours célibataire. Tertio, elle vient de se faire grossièrement attaquer par un vampire qui ne lui avait même pas été présenté! Que faire? Rien de bien, apparemment, car Alexia tue accidentellement le vampire. Lord Maccon – beau et compliqué, écossais et loup-garou – est envoyé par la reine Victoria pour démêler l'affaire. Des vampires indésirables s'en mêlent, d'autres disparaissent, et tout le monde pense qu'Alexia est responsable. Mais que se trame-t-il réellement dans la bonne société londonienne?

Ce qui m'a attirée vers cette lecture…

La première phrase…

"Mademoiselle Alexia Tarabotti n'appréciait pas sa soirée."

Un roman steampunk?

Dès les premières pages, on baigne d'emblée dans le fantastique. Mademoiselle Tarabotti, attaquée par un vampire n'ayant aucune idée des conventions sociales en vigueur, le tue presque par mégarde à l'aide de son ombrelle… Là, c'est certain qu'avec un tel début, on ne peut pas se tromper sur le style! C'est du fantastique, et pourtant…

Il y comme un parfum de steampunk qui remonte des pages lorsqu'on les tourne. Très agréable parfum, d'ailleurs, d'encens, de métal et de vapeur mêlés, qui confère à l'ensemble du récit une aura mystérieuse qui décoiffe. Tout se passe à l'époque victorienne, mais pas tout à fait celle que l'on connaît. C'est une époque victorienne faite de technologie à vapeur, de découvertes scientifiques majeures, de manipulations médicales qui font peur… Un monde où les dames en corset se font enlever par d'obscurs ordres ayant pour logo une pieuvre de cuivre, un monde où les paranaturels peuvent tuer à coup d'ombrelle à embout métallique et où les vampires peuvent naître en laboratoire clandestin.

Des vampires et des loups-garous…

J'ai beaucoup apprécié la façon dont l'auteure a traité le sujet "vampires vs. Loups-garous". Sans vouloir faire dans l'originalité, Gail Carriger a su ajouter au sujet une petite touche novatrice et personnelle. Les vampires vivants dans des ruches dirigées par des reines, les loups-garous vivant en meutes civilisées, et à côté de cela, ceux que l'on nomme les "isolés", ne faisant partie de rien en particulier. Il y a ce BUR, sorte d'organisme officiel chargé de veiller au bon fonctionnement de toute cette société surnaturelle, et aussi ce Cabinet fantôme… Toute une petite société fort bien rodée, savamment imaginée par l'auteure et qui revisite le sujet d'une façon très agréable. Et, il faut bien l'avouer, voir la reine Victoria qui s'en mêle, c'était plutôt drôlissime.

Sans compter une nouvelle catégorie d'être tout droit sortis de l'imagination fertile de Madame Carriger, les paranaturels, ces hommes et ces femmes nés sans âmes qui ont le pouvoir de contrecarrer ceux des surnaturels. Catégorie intéressante, car le statut de sans âme et le pouvoir qui y est lié amène tout une série de quiproquos fort comiques qui rend l'histoire adorable et délicieuse à souhait.

Une héroïne de caractère…

Un des plus grands points positifs de cette série, c'est tout de même l'extraordinaire Mademoiselle Alexia Tarabotti… Cette jeune dame a décidément tout pour me plaire. Un caractère plus qu'affirmé, très impertinent pour l'époque, un sens inné de la débrouillardise, une curiosité débordante, une intelligence au-dessus de la moyenne, un humour ironique à croquer, un goût certain pour l'aventure…

Il faut dire qu'Alexia a désespérément le chic pour se fourrer dans des situations périlleuses, à l'issue desquelles elle parvient généralement à défrayer la chronique… et écorner au passage son honneur de vieille fille de bonne famille! Mais si, aux yeux de la bonne société londonienne, elle ne fait décidément rien comme tout le monde, pour nous, c'est un véritable plaisir de suivre ses aventures rocambolesques.

Et, bon point supplémentaire pour elle, Alexia possède plus de charme que de véritable beauté. Loin de ressembler à un mannequin (je parle de ceux de notre époque), ses formes sont plutôt généreuses, son teint mat et trop foncé pour la mode de l'époque, et son nez un peu trop gros au goût de sa mère. Ca fait du bien à lire! Ca change de toutes ces héroïnes filiformes et musclées de la Bit-Lit et des romans jeunesse actuels. L'auteure nous prouve qu'il n'est nul besoin d'être "parfait" à l'extérieur pour rayonner de l'intérieur. Merci Gail Carriger!

Un peu de romance ne fait jamais de mal…

Les pérégrinations de Miss Tarabotti sont fréquemment ponctuées de ces si rafraîchissantes entrevues "galantes" avec Lord Maccon. C'est dans ce domaine que j'ai trouvé notre jeune héroïne la plus touchante… Son inexpérience des relations amoureuses et sa découverte de la chose étaient décrites avec beaucoup de douceur et de délicatesse, même s'il faut le dire, pour la stricte ère victorienne, ces intermèdes auraient été considérés comme particulièrement osés… Rien à voir avec ces scènes de sexe que l'on trouve maintenant dans la Bit-Lit et que je trouve parfois franchement crues. Au final, j'ai goûté à tous ces petits moments intimes avec beaucoup de bonheur et d'attendrissement.

Un style léger qui déride…

Ce que j'ai apprécié avec ce roman, c'est aussi le style d'écriture, mêlant tournures plus anciennes et modernité. Cela aurait pu paraître lourd, mais l'auteure y met tellement de légèreté que cela passe tout seul comme une tasse de thé sucré à point et à température parfaite. On sent dans l'écriture tout le côté guindé de la société victorienne, et à la fois le côté frivole et intelligent de notre Alexia, ce qui est, il faut le dire, un exercice de style considérable. Cerise sur le gâteau, une touche d'humour tantôt loufoque, tantôt ironique, qui relève un peu la sauce allégée baignant notre plat romanesque.

Un petit aperçu de ce style plutôt particulier :

"Aussi, Alexia, qui abhorrait la violence, se vit-elle contrainte de saisir le scélérat par les narines, une partie de son corps délicate et donc susceptible d'être douloureuse, et de le repousser au loin. Il tituba par-dessus la desserte renversée, perdit son équilibre avec un manque de grâce stupéfiant pour un vampire et tomba à terre. Il atterrit pile sur une assiette de tarte à la mélasse.

Ce qui troubla terriblement Mademoiselle Tarabotti. Elle avait un goût prononcé pour les tartes à la mélasse et se faisait une fête de pouvoir consommer cette assiette-là. Elle ramassa son ombrelle. Emporter une ombrelle à un bal du soir relevait d'un terrible manque de goût, mais mademoiselle Tarabotti allait rarement où que ce fût sans son ombrelle. Elle l'avait entièrement conçue et réalisée elle-même : un objet noir à fanfreluches sur lequel étaient cousues des pensées mauves ; la structure était en cuivre et sa pointe en argent contenait de la chevrotine.

Elle l'abattit droit sur le sommet du crâne du vampire tandis qu'il tentait de s'extraire de sa nouvelle relation intime avec la desserte. La chevrotine donnait à l'ombrelle de cuivre ce qu'il faillait de poids pour produire un "ponk" délicieusement satisfaisant.

"Mal élevé!" gronda mademoiselle Tarabotti.

Le vampire hurla de douleur et se rassit sur la tarte à la mélasse."

Le protectorat de l'ombrelle. Tome 1, Sans âme, de Gail Carriger

En résumé…

Les petits plus…

  • Un concept vampires vs. loups-garous plutôt novateur.
  • Une héroïne au caractère fort et qui sort des stéréotypes.
  • Une romance traitée tout en délicatesse.
  • Un style inimitable qui mêle modernité et tournures anciennes avec humour et légèreté.

Les petits moins…

  • Selon moi, il n'y en a pas…
Ma note : 9,5/10... PREMIER COUP DE CŒUR DE L’ANNÉE!!

Lu dans le cadre du challenge "Petit Bac 2014", Ligne fantastique, Catégorie Objet

Lu dans le cadre du challenge "Petit Bac 2014", Ligne fantastique, Catégorie Objet

Lu aussi dans le cadre du challenge "Mythologies du monde"

Lu aussi dans le cadre du challenge "Mythologies du monde"

Coeur d’argent, par Michael Moorcock et Storm Constantine

Coeur d'argent, par Michael Moorcock et Storm Constantine

Résumé de la couverture…

On dit que la ville Karadur-Shriltasi est au centre du multivers. C'est là que serait né le temps. Elle court aujourd'hui un grand danger et pourrait disparaître à jamais…

Max Peau d'Argent, voleur d'exception, vit à Karadur, la ville du métal et de la vapeur. Il n'a que six jours pour découvrir les secrets de son héritage. La marque du sorcier, le Coeur d'Argent, le dévore et le consume.

Dame Rose De Fer est la fille du chef du Clan De Fer, l'un des plus puissants de Karadur. L'alliance incertaine de l'héritière et du voleur pourrait bien sauver le futur de la ville. Tandis qu'à Shriltasi, la ville jumelle et souterraine, les habitants en savent long sur la prophétie qui fait de Max l'unique sauveur de ces deux cités.

Résumé plus complet…

Résumé issu de www.scifi-universe.com et rédigé par Nicolas L.

"Au cœur d’un monde glacé et hostile se trouve la cité de Karadur, une mégalopole industrielle laborieuse dirigée par les membres d’une aristocratie ancienne et respectée, les Clans du Metal.
L’administration de la cité est animée par un Haut Conseil de familles privilégiées qui élisent un responsable pour assumer le pouvoir exécutif. Depuis des générations, c’est le Clan de Fer qui se voit confier cette charge.
Promothée, le chef actuel de ce clan, vit cependant des moments délicats. Sans héritier male, il doit composer avec la concurrence des autres Maisons, mais aussi avec les agissements d’un hors-la-loi, Max Peau-d’Argent, qui sème le trouble dans les rues mais aussi dans les esprits des gens de Karadur…

Les premières pages du livre nous introduisent rapidement auprès des principaux protagonistes, qui servent littéralement de guides pour nous faire visiter cette cité originale qu’est Karadur. Ancienne ville alchimique construite à partir et par ceux que l’on nomme des Clans du Metal, c’est un centre d’activité industriel et marchand qui, de part le climat glacial et la pollution inhérente à ces centaines de fonderies en marche, ne respirent pas vraiment la joie de vivre. Culturellement, il semble aussi que les anciens bâtisseurs aient eu des connaissances plus évoluées en matière de sciences que les contemporains de l’histoire, et l’on peut penser que le niveau technologique actuel, approximativement notre 16ème siècle, consiste en soi une décadence. Ce monde peut être considéré, pour faire bref, en une société ‘’steampunk-rennaissance’’ morose et repliée sur elle-même.

Matérialisation et humanisation de la structure chimique de leur emblème, on s’aperçoit au cours du roman que les Seigneurs du Metal sont les exacts reflets des propriétés du minéral qui leur sert de patronyme. Le Clan de Fer est l’un des plus ancien et il dominent politiquement la cité grâce à ses fonderies. Promothée, le chef de la Maison est un homme conservateur, droit et juste, mais que l’on peut juger comme archaïque. Dans le Haut Conseil, viennent ensuite les autres Maisons puissantes, comme le Clan d’Acier, jeune, vigoureux et ambitieux, le Clan de Cuivre, fin diplomate et conciliateur, le Clan d’Or, précieux et superficiel, et le Clan d’Argent, à l’attitude ambiguë. Les autres Maisons mineures – aux noms d’alliages -, comme le Laiton ou le Plomb, n’ont qu’une influence politique limitée.

Ces Clans dominent une population dense qui vit dans ce que l’on appelle la Zone Libre, une zone franche qui n’est pas soumise à l’autorité des Mécas – des droïdes de surveillance dotés d’une technologie oubliée – mais qui est régulièrement patrouillée par les Irréguliers, des milices chargées de veiller à ce que la ville conserve sa glaciale tranquillité. C’est dans cette zone libre que vit le personnage de Max Peau-d’Argent, un fils de petit noblesse qui a choisi la délinquance et la clandestinité. Ce personnage, anti-héros par essence, va devenir le héraut de la destinée de la cité de Karadur."

Fifty-fifty…

J'ai beaucoup de mal à me positionner par rapport à ce roman, beaucoup de mal même à déterminer si j'ai aimé ou pas. L'histoire comporte pourtant toute une série de thèmes que j'apprécie énormément (le multivers, la magie, l'univers Steampunk, le métal…). Il y a dans ce livre un certain nombre de concepts que j'ai trouvé vraiment géniaux, comme celui de Shriltasi, la ville cachée, celui aussi des différents clans portant chacun le nom d'un métal, ou celui d'objets disparates qui s'unissent pour former des artefacts magiques d'une incroyable beauté et d'une puissance inégalée.

Le récit est bien conté, le style d'écriture est très agréable à lire, peut-être un peu moins alambiqué que celui employé dans les romans d'Elric, mais tout de même recherché. L'intrigue se déploie à un rythme raisonnable, tout se tient, tout est bien ficelé…

Alors pourquoi ce manque d'engouement? Pourquoi m'a-t-il fallu près d'un mois pour terminer la lecture d'un livre que je pensais à la base dévorer en moins de deux? Tout y est, et pourtant quelque chose manque, quelque chose que je ne parviens pas à définir. Serait-ce dans le trop plein d'intrigues, dans les révélations qui jalonnent l'histoire à un rythme peut-être trop rapide pour réellement marquer mon esprit? Serait-ce dans la redondance d'éléments déjà vus et revus en littérature fantasy?

Au moins peut-on dire que les thèmes propres à Moorcock s'y retrouvent en juste proportion. Max Peau d'Argent fait une bonne figure d'Eternel champion, sauveur in extremis de la cité et et sauvé in extremis de son sort tout tracé. Le thème de la prédestination est également présent. L'on voit tous les éléments de la vie de Max peu à peu s'imbriquer dans le grand puzzle de son destin. Chaque élément, même le plus insignifiant, prend alors un sens particulier, à la lumière de la voie qui lui a été tracée. Mais si le roman est le fruit du travail de deux auteurs, j'ai malheureusement assez peu remarqué la part de Storm Constantine, sans doute noyé dans les schémas récurrent de Moorcock.

La rose a des épines…

J'ai toutefois pu trouver à ma lecture une grande satisfaction, celle de voir en action une héroïne telle que Rose de Fer. Pas de mièvrerie, pas de caprices de princesse ni de paroles nunuches, on est face à une véritable femme de caractère.

Rose est douce et aimante, mais en tant que future dirigeante de Karadur, elle a un caractère bien trempé qui n'est pas pour me déplaire. C'est que la rose a des épines, sachant se défendre aussi bien en politique qu'en combat à l'épée. Sans compter l'intelligence dont elle fait preuve et qui l'aide à comprendre, à percer les secrets de Karadur-Shriltasi.

Rose est patiente aussi, car il lui en faut du temps, à Max, pour s'apercevoir de ses sentiments pour elle!

Mais j'avoue, ce qui m'a plus plu encore, c'est que de la façon dont elle est décrite en début de récit, j'ai eu l'impression de me voir dans un miroir… Plongée dans l'étude, hantant les bibliothèques, avide de savoir, souvent dédaigneuse des mondanités, réservée et secrète, préférant tester ses connaissances sur le terrain en solitaire plutôt que de se plier aux conventions sociales idiotes de la communauté où elle vit. Ouais, ça me ressemble bien, ça! Et c'est finalement ce qui m'a poussé à continuer ma lecture, car je voulais connaître son rôle exact dans l'histoire. Maintenant que c'est chose faite, je ne suis pas déçue!

Ghost Brigade, c'est le groupe de metal que j'associe le plus au Steampunk. Allons savoir pourquoi… Mais l'ambiance qui se dégage de leur musique me rappelle celle que je ressens dans le Steampunk. Bref, j'avais envie de partager cette vidéo pour célébrer le premier roman steampunk (enfin plus ou moins…) que je lis.

Lu dans le cadre du challenge "Lieux imaginaires 2013", catégorie des mondes imaginaires après 1950.

Lu dans le cadre du challenge "Lieux imaginaires 2013", catégorie des mondes imaginaires après 1950.

Lu aussi dans le cadre du challenge "Petit Bac 2013", dans la catégorie Couleur (Coeur d'ARGENT).

Lu aussi dans le cadre du challenge "Petit Bac 2013", dans la catégorie Couleur (Coeur d'ARGENT).

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