[TAG] Les incontournables (récents) en SFFF, version Acherontia Nyx

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Hey là, les libronautes ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus fait de tags littéraires, par ici… Cela fait d’ailleurs bien longtemps que je n’ai plus sérieusement mis le cap sur le blog, et je m’en trouve assez honteuse, en fait. C’est que, avec le confinement, tout ça tout ça, ma tendance habituelle à hiberner et me recroqueviller sur moi-même est revenue, tout naturellement, et à mon plus grand désarroi. Je fais de mon mieux, mais à chaque fois cette vilaine tendance me rattrape. C’est épuisant de lutter contre sa nature profonde, quand on a le tempérament d’une ourse mal léchée en mal de sa tanière.

Toujours est-il que j’ai envie de soigner cela, en commençant par une sympathique incursion dans le monde de la SFFF post-2000, et avec cela un regard en arrière sur toutes ces belles lectures qui m’ont accompagnée ces dernières années. Voici le topo, proposé par le blog Neverthwere

Lorsque les médias généralistes consacrent des articles aux littératures de l’imaginaire, c’est toujours une joie qui tourne rapidement à l’aigre lorsqu’on regarde les ouvrages cités. En effet, les titres proposés sont assez systématiquement les mêmes et ont généralement comme point commun d’avoir tous été écrits entre les années 1950 et les années 1970, le plus souvent par des hommes blancs.

Loin de moi toute idée de remettre en question le statut culte ou la valeur de ces œuvres. Mais tous ces classiques du genre sont-ils vraiment aujourd’hui la meilleure porte d’entrée pour découvrir les littératures de l’imaginaire, et surtout, n’y-a-t-il aucun livre sorti plus récemment qui pourrait intégrer ce club ultra-select ?

Voilà pourquoi je vous propose un petit tag pour ouvrir de nouvelles perspectives sur le sujet : Les incontournables (récents) en SFFF.

Le principe est simple : présentez dans un article entre cinq et dix ouvrages appartenant aux littératures de l’imaginaire (SF, fantasy, fantastique) qui sont pour vous incontournables, quelle qu’en soit la raison.
Une seule condition : ces livres doivent avoir été publiés à partir de l’an 2000.

Vert, du blog Nevertwhere
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[Chronique] Le protectorat de l’ombrelle. Tome 2, Sans forme, de Gail Carriger

[Chronique] Le protectorat de l'ombrelle. Tome 2, Sans forme, de Gail Carriger

Synopsis…

Miss Alexia Tarabotti est devenue Lady Alexia Woolsey. Un jour qu'elle se réveille de sa sieste, s'attendant à trouver son époux gentiment endormi à ses côtés comme tout loup-garou qui se respecte, elle le découvre hurlant à s'en faire exploser les poumons. Puis il disparaît sans explication… laissant Alexia seule, aux prises avec un régiment de soldats non-humains, une pléthore de fantômes exorcisés, et une reine Victoria qui n'est point amusée du tout. Mais Alexia est toujours armée de sa fidèle ombrelle et des dernières tendances de la mode, sans oublier un arsenal de civilités cinglantes. Et même quand ses investigations pour retrouver son incontrôlable mari la conduisent en Écosse, le repère des gilets les plus laids du monde, elle est prête !

Les autres tomes de la série déjà chroniqués…

=> Tome 1, Sans âme

La loi d'attraction universelle…

C'est grâce à un collègue que j'ai découvert cette fabuleuse série de romans (oui, c'est souvent grâce à un(e) collègue… merci à elles/eux!). Ayant lu le premier tome l'année dernière, et ayant bien sûr adoré, j'ai eu envie de récidiver ce délicieux méfait cette année.

Votre thé, avec ou sans âme?

J'ai beaucoup apprécié la façon dont l'auteure a traité le sujet "vampires vs. Loups-garous". Sans vouloir faire dans l'originalité, Gail Carriger a su ajouter au sujet une petite touche novatrice et personnelle. Les vampires vivants dans des ruches dirigées par des reines, les loups-garous vivant en meutes civilisées, et à côté de cela, ceux que l'on nomme les "isolés", ne faisant partie de rien en particulier. Il y a ce BUR, sorte d'organisme officiel chargé de veiller au bon fonctionnement de toute cette société surnaturelle, et aussi ce Cabinet fantôme… Toute une petite société fort bien rodée, savamment imaginée par l'auteure et qui revisite le sujet d'une façon très agréable. Et, il faut bien l'avouer, voir la reine Victoria qui s'en mêle, c'était plutôt drôlissime.

Sans compter une nouvelle catégorie d'être tout droit sortis de l'imagination fertile de Madame Carriger, les paranaturels, ces hommes et ces femmes nés sans âmes qui ont le pouvoir de contrecarrer ceux des surnaturels. Catégorie intéressante, car le statut de sans âme et le pouvoir qui y est lié amène tout une série de quiproquos fort comiques qui rend l'histoire adorable et délicieuse à souhait.

Acherontia, chronique de "Sans âme"

Miss Alexia Tarabotti est une "sans âme", donc, une paranaturelle capable d'annihiler les pouvoirs des êtres surnaturels qui, eux, ont un surplus d'âme. Le système produit par Gail Carriger fonctionne un peu comme la fée électricité, deux + donnent un +, deux – donnent un -, en revanche un + et un – donnent un… moins que rien?

Hé bien oui, parce qu'il faut bien avouer qu'un loup-garou ou un vampire sans son surplus d'âme, cela tourne vite au comico-tragique…

Loup-garou, donc? Eh bien, l'ombrelle d'Alexia Maccon n'avait pas de pointe en argent pour rien. Elle lui en donna à nouveau un bon coup, s'assurant cette fois que le bout entrait en contact avec sa peau. Elle recouvra la parole en même temps.

"Comment osez-vous? Espèce d'abruti, vlan, impudent, vlan, arrogant, vlan, autoritaire et, vlan, sans le moindre talent d'observation. Vlan, vlan." D'ordinaire, Alexia n'utilisait ni ce type de langage, ni ce type de violence ni ce type de langage, mais les circonstances semblaient le justifier. C'était un loup-garou : si elle ne le touchait pas, annulant ses capacités surnaturelles, il était pour ainsi dire impossible à blesser. Aussi considéra-t-elle que quelques coups supplémentaires – pour la discipline – étaient justifiés.

Sans forme, de Gail Carriger

Dans ce second tome, la petite communauté des surnaturels s'agrandit. En plus de vampires charmeurs et de loups-garous velus, on découvre la classe des fantômes. C'était auparavant des êtres surnaturels qui, à leur décès, ont laissé leur surplus d'âme sur terre. Désincarnés, ils hantent les lieux proches de leur dépouille mortelle et ne survivent pas à la perte de leurs pouvoirs surnaturels. Alexia est donc d'un grand danger pour eux, mais comme elle a un bon fond malgré son absence d'âme, elle leur laisse la paix et va même jusqu'à fraterniser avec certains d'entre eux. Une de ses domestiques au château de Woolsey est d'ailleurs une timide fantôme répondant au nom d'Autrefois Merryway. Ah oui, car lorsqu'un surnaturel meurt et devient fantôme, il abandonne aussi son prénom, remplacé par "Autrefois". Logique, non?

Ma foi, j'ai beaucoup apprécié ce nouveau concept proposé par Gail Carriger, et qui vient mettre un peu de piment dans le camp des surnaturels. Les fantômes ne sont pas ce qui se fait de plus original, mais j'ai aimé la façon dont le sujet est traité, avec légèreté et subtilité (tout le propre des fantômes, me direz-vous…).

Décalage anglais…

Un des grands points forts de cette série, c'est tout de même l'écriture de Madame Carriger, qui mêle les belles tournures stylistiques et autres délicatesses de langage à l'humour "So British" totalement loufoque et décalé que j'affectionne tant. J'aime particulièrement cette façon qu'elle a de rendre drôlissime tous les petits gestes du quotidien et les objets qui les accompagnent, ainsi que dans cette scène où elle décrit les verribles d'Alexia et leur emploi…

Alexia sortit ses verribles favorites de sa serviette et les chaussa. Leur nom correct était "lentilles monoculaires à agrandissement croisé avec modificateur de spectre", mais tout le monde les appelait des "verribles" à présent, même le professeur Lyall. Celles d'Alexia étaient en or, incrustées d'onyx sur le côté qui n'était pas pourvu de verres multiples et d'une suspension liquide. Les nombreux petits boutons et les molettes étaient également en onyx, mais ces détails ne les empêchaient pas d'avoir l'air ridicule. Toutes les verribles avaient l'air ridicule : la progéniture malheureuse de l'union illicite entre des jumelles de marine et un face-à-main.
L’œil droit d'Alexia fut agrandi d'horrible manière et hors de toute proportion tandis qu'elle manipulait une molette tout en visant le visage du potentat.

Plus bas dans cette chronique, j'ai retranscrit une scène, dite "scène de la nuisette", où Alexia décrit le "contrat" passé avec sa chemise de nuit pour qu'elle n'aille pas plus loin que le seuil du lit et échoue à tous les coups sur le sol. J'aime cette manière de presque humaniser les objets les plus familiers, leur conférant une seconde vie farfelue qui nous prête à sourire. On pourrait presque écrire un volume supplémentaire à la série du Protectorat de l'ombrelle, et qui serait intitulé "La vie secrète des objets du quotidien de Miss Tarabotti".

Autre touche d'humour qui fait irrémédiablement naître un sourire sur mes lèvres, ce sont les titres de chapitres. Jugez donc par vous-même…

  • Où des objets disparaissent, des tentes irritent Alexia et Ivy a quelque chose à annoncer.
  • Emplettes de chapeaux et autres problèmes.
  • Un fléau humanisant.
  • Où des meringues sont annihilées.
  • Pieuvres problématiques et ascension de dirigeable…

Oh dear!…

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Alexia est en avance sur son temps. Très curieuse de nature, notre petite miss a déjà maintes fois eu l'occasion de fureter dans la bibliothèque de son père, où elle a déniché des ouvrages pour le moins illicites sur le bon emploi du corps humains et de ses portions les moins visibles. Loin de pervertir notre héroïne, cela lui permet d'acquérir un esprit aventureux en la matière, tout en conservant ses valeurs de femme fidèle. Deux qualités dont son mari, le comte de Woolsey, profite allégrement, étant lui-même fin connaisseur en matière de sport de chambre. Un couple bien assorti, somme toute…

Quant à Alexia, elle aime beaucoup son mari et tient son physique en haute estime. Une opinion qu'elle aime à partager dans ses descriptions, ce qui ne sera pas pour déplaire aux demoiselles, car le comte de Woolsey est assez bien bâti…

En émettant le lourd soupir des grandes victimes, Alexia Maccon roula hors de son lit et ramassa sa chemise de nuit là où elle gisait en une flaque de froufrous et de dentelle, sur le sol de pierre. C'était l'un des cadeaux de mariage que son mari lui avait offerts. Ou plutôt, qu'il s'était offert à lui-même, vu qu'elle était en soie française d'une grande douceur et qu'elle manquait terriblement de plis. Un vêtement scandaleusement en avance sur la mode et d'une audace très française. Alexia l'aimait bien. Conall aimait bien la lui ôter. Voilà comment elle s'était retrouvée sur le sol. Ils avaient négocié une relation temporaire avec la chemise de nuit : la plupart du temps, elle ne pouvait la porter que hors du lit. Son mari était capable de se montrer très persuasif quand il y travaillait, avec sa cervelle et d'autres parties de son anatomie. Lady Maccon avait décidé qu'elle devrait s'habituer à dormir dans le plus simple appareil.

Sans forme, de Gail Carriger

Mécaniques steampunk…

Bien qu'elles ne soient pas déplaisantes, d'autres mécaniques que celles de Lord Maccon sont présentes dans l'histoire… Dans la plus pure tradition steampunk, on retrouve dans le récit de nombreux exemples de mécaniques qui n'ont de victorien que le bois et le cuivre. Le reste relève de la science-fiction uchronique, avec leurs composants aux noms délicieusement étranges et leur fonctionnement à l'éther. Je vous parlais des verribles au début de cette chronique, mais il ne faut pas oublier le dirigeable dans lequel nos héros voyagent, ou encore l'éthérographe, dont voici une petite description…

Mme Lefoux lissa le rouleau de métal d'Alexia et l'inséra dans la fente spéciale. Alexia plaça la valve de lord Akeldama dans le berceau du résonateur. Après avoir vérifié l'heure, Mme Lefoux tira sur un levier se terminant par un bouton et activa le convecteur éthérique et la solution chimique. Les lettres gravées émirent une lueur phosphorescente. Les deux petits moteurs hydrodynamiques commencèrent à tourner, générant des impulsions éthéroélectriques opposées, et les deux aiguilles coururent sur la plaque. Elles crachaient de vives étincelles chaque fois qu'elles étaient exposées l'une à l'autre à travers les lettres : la transmission commença. Anxieuse, Alexia se demandait si la pluie pouvait causer du retard, mais elle avait confiance en la plus grande sensibilité de la technologie améliorée de lord Akeldama pour passer outre les interférences climatiques.

Sans forme, de Gail Carriger

Lefoux du roi…

Dans ce second opus, il est un personnage secondaire qui prend au fil de l'histoire une importance particulière. Il s'agit de Madame Lefoux, l'inventrice française à la pointe de la mode… masculine! Madame Lefoux aussi est en avance sur son temps, et c'est tant mieux, car j'ai beaucoup aimé son personnage, un peu garçon manqué, mécanicienne à ses heures, aventurière à d'autres, et pourtant terriblement féminine. Un vrai ying-yang version humaine! Et je trouve le résultat très réussi, très équilibré.

Noooooooooooon!!!…

Et pourtant, Darth Vador ne vient pas de m'annoncer qu'il est mon père… Nooooooooooon!!! c'est le cri que j'ai poussé à la toute fin du roman. La finale ne m'agrée pas du tout… Et j'ai hâte de lire le troisième opus pour connaître la suite. Mais non, je ne vous dirai pas pourquoi 😉 Il faudra que vous vous contentiez du fait que la fin est haletante et terriblement décevante à la fois. Bien écrit, bien pensé, mais… je reste sur les dents!

En résumé…

L'embêtant, avec les séries, c'est qu'après avoir aimé le premier tome, on redoute un peu les suivants et on craint d'être déçu. Ce ne fut pas le cas ici, du moins pas pour moi. Cette seconde mouture est aussi bonne que la première. De nouveaux éléments sont introduits pour notre plus grand plaisir, les personnages évoluent et on en apprend plus sur eux, on s'y attache aussi davantage, le style d'écriture de Gail Carriger est toujours aussi doux et épicé, un mélange doux amer comme les anglais l'aiment… L'univers steampunk déployé par l'auteur est des plus agréable et assez abouti, l'histoire est plaisante et les rebondissements sont rondement menés, et la finale nous laisse tellement sur notre faim que l'on voudrait pouvoir entamer le troisième tome dans la foulée.

Bref, un second opus qui a tout pour me plaire!

Ma note : 17/20, j'ai passé un moment de lecture très agréable!

[Chronique] Le protectorat de l'ombrelle. Tome 2, Sans forme, de Gail Carriger

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques…

où vous découvrirez l'inspecteur Ragon et sa pantagruélique boulimie littéraire, où vous serez invités à entrer dans son univers de cuivre et de sang, dans un Paris du 19e siècle mi-historique mi-steampunk, où les meurtres seront glauques et machiavéliques à souhait, où les énigmes feront tourner vos méninges jusqu'à la surchauffe, où un ingénieux tueur en série mettra l'intelligence de Ragon à rude épreuve, et la nôtre par la même occasion, où un grand puzzle littéraire déploie des pièces qui n'attendent qu'une main avisée pour se voir remises à la bonne place, où, au final, on prend beaucoup de plaisir à jouer au Sherlock Holmes des mots et où on tombe béat d'admiration devant la complexité et le caractère multiformes du récit…