Let’s have a beer #4

Let's have a beer #4

Let's have a beer… with Ursula K. Le Guin

Bonjour tout le monde!

Ce soir, dans Let's have a beer, j'ai rencontré Ursula K. Le Guin et sa prose poétique qui flirte avec le surréalisme. Ce fut une griffonnante rencontre que celle-ci, et au final, je suis heureuse de l'avoir faite. Bref, vous me comprendrez un peu mieux avec l'extrait qui illustre cet article!

Let's have a beer #4
Let's have a beer #4

La bière…

Cette semaine, c'est Le fruit défendu qui fit le plaisir de mon palais. Je vous la recommande chaudement!

Et surtout, ne voyez rien de pernicieux dans ces phrases!

La nouvelle…

Je continue toujours plus loin dans l'anthologie publiée chez Omnibus et intitulée "La grande anthologie de la fantasy". Les textes de cette antho ont été sélectionnés et réunis par Marc Duveau.

La boîte d'ombre, d'Ursula K. Le Guin

Un petit garçon trouve une curieuse boîte en bois sur la plage. Tout heureux, il court voir sa maman la sorcière qui lui dit qu'elle est remplie d'ombre. Le petit garçon en fait cadeau à un prince, venu sur le rivage pour combattre son frère exilé venu reprendre ses droits sur le royaume. Il l'accepte, mais il n'est pas au bout de ses surprises.

J'ai trouvé cette nouvelle très sympathique. J'ai beaucoup aimé sa poésie, tout d'abord, son style travaillé, recherché, qui joue avec la musicalité des mots. Son côté fantasy, ensuite. Même si on ne le voit pas trop, il se ressent malgré tout. Son côté surréaliste, enfin, car l'on retrouve des éléments inattendus ainsi que des associations étranges auxquelles seule une imagination totalement débridée peu penser. En revanche, la finale m'a laissée un peu perplexe. Pas vraiment déçue, ni sur ma faim, mais perplexe.

Une douce brise passa. Dans le visage de Rickard, la dureté avait presque chassé la jeunesse. Il jeta un ordre à ses capitaines, remonta en selle et prit le chemin de la cité, contournant les dunes au trot de sa monture, ignorant les navires noirs qui revenaient s'échouer sur la plage pour laisser leurs soldats rembarquer, ignorant son armée dont les rangs se complétaient tandis qu'elle prenait la route derrière lui. Quand le griffon piqua vers lui en criant, il leva le bras, souriant aux efforts de la créature pour se percher sur son poing ganté. Les ailes déployées et battantes, il crachait comme un matou en colère.
– Griffon ridicule! l'accabla-t-il, coq de basse-cour, retourne donc à ton poulailler!
Insulté, le monstre prit un air dédaigneux et s'envola vers l'est, reprenant seul le chemin de la cité.

La boîte d'ombre, d'Ursula K. Le Guin

Et quand je vous parle d'éléments atypiques, presque surréalistes…

Elle claqua des doigts et le balai se précipita par la porte laissée entrouverte, s'arrêtant, horizontal, à cinquante centimètres du sol. La hutte frissonna et se mit à gambader d'excitation.
– Ferme-la! lança la sorcière, et la hutte obéissante ferma sa porte.

La boite d'ombre, d'Ursula K. Le Guin

Ma progression dans La grande anthologie de la fantasy

Let's have a beer #4

8 nouvelles lues sur 71!

À très bientôt pour un nouvel épisode de Let's have a beer!

Si vous appréciez ce concept, n'hésitez pas à faire pareil et à venir parler des nouvelles que vous avez lues, soit en commentaire de cet article, soit sur la page Facebook du blog!

Votre dévouée,

Acherontia.

Let’s have a beer #3

Let's have a beer #3

Let's have a beer with… Robert E. Howard et Jack Vance

Bonjour tout le monde!

Me revoici pour un nouveau rendez-vous de Let's have a beer! Un rendez-vous incontournable, ou je lis -nous lisons- une nouvelle fantasy autour d'une bonne bière…

Let's have a beer #3
Let's have a beer #3

La bière…

Pour cette semaine, j'ai opté pour une Bush bien pêchue, histoire de voir double les lignes de mon bouquin XD

Les nouvelles…

Je continue toujours plus loin dans l'anthologie publiée chez Omnibus et intitulée "La grande anthologie de la fantasy". Les textes de cette antho ont été sélectionnés et réunis par Marc Duveau.

La chambre de Belle-Dame, de Robert E. Howard

Il s'agit plus d'un poème, à dire vrai, écrit d'une très belle plume au demeurant. J'ai apprécié que la version originale soit mise en vis-à-vis du texte français. Et je dois avouer que je n'étais pas souvent d'accord avec la traduction, même s'il est très compliqué de traduire de la poésie. Je vous offre un petit extrait :

Orchid, jasmine and heliotrope
Scent the room where the dead men grope.

Héliotrope, jasmin et orchidée
distillent leur parfum suave
dans la chambre de l'adorée
où flotte encor l'esprit esclave
de bien plus d'un
amant défunt.

La chambre de Belle-Dame, de Robert E. Howard

Les dix-sept vierges, de Jack Vance

Cette nouvelle fait partie des aventures de Cugel, que l'on peut trouver en deux tomes aux éditions J'ai Lu (Cugel l'astucieux, et Cugel saga).

Cugel quitte la ville de Julle car on s'y est moqué de lui. Au cours de son voyage, il rencontre une petite ville peuplée d'étranges habitants, possédant une architecture bizarre et une machine encore plus mystérieuse. Il décide de s'y établir quelques temps, mais il pose beaucoup de questions et émet des avis qui ne plaisent pas à tout le monde, aussi s'attire-t-il l'inimitié d'un personnage influent, qu'il tentera à de nombreuses reprises de duper.

J'ai adoré ce récit, cette plume légère et poétique, cet univers typiquement fantasy aux idées farfelues. Les noms choisis pour les villes et pour certains concepts étaient tout simplement fabuleux. Si on ne peut pas vraiment s'attacher au personnage de Cugel, on ne peut immanquablement pas perdre le fil de ses aventures trépidantes qui prêtent souvent à sourire. La chute m'a juste laissée un peu sur ma faim, mais je suis difficile en matière de chutes!

– Quant au feu et aux projecteurs… n'avez-vous jamais entendu parler du prestigieux Ordre des Emosynaires Solaires? Nous stimulons la vitalité du soleil : il ne mourra jamais tant que le courant de nos vibrations sympathiques assurera la régulation de la combustion solaire. Des stations semblables à celle-ci existent dans d'autres lieux : à Bleu d'Azor, dans l'île de Brazel, dans la cité fortifiée de Munt, ainsi que dans l'observatoire du Grand Etoilier, situé à Vir Vassilis.
Cugel secoua la tête d'un air triste.
– Je crains qu'il y ait eu du changement. Brazel est depuis longtemps recouverte par les vagues. Munt a été détruite il y a mille ans par les Dystropes. Et, bien que j'aie beaucoup voyagé, je n'ai jamais entendu parler de Bleu d'Azor ni de Vir Vassilis. Il est possible que Gundar soit le siège des tout derniers Emosynaires Solaires…
– Voilà une bien mauvaise nouvelle, déclara Maier, mais elle expliquerait le sensible affaiblissement du soleil. Nous devrions peut-être doubler l'intensité de nos appareils.
Cugel se versa à nouveau à boire.
– Une question me vient à l'esprit : si, comme je le pense, nous nous trouvons dans la dernière station des Emosynaires Solaires, qui peut bien s'occuper du soleil lorsque celui-ci a disparu derrière l'horizon?
L'aubergiste secoua la tête.
– Je ne puis vous donner aucune explication. Il se peut que le soleil se repose et dorme pendant les heures de la nuit, bien que cela relève de la plus haute spéculation.

Les dix-sept vierges, de Jack Vance

Ma progression dans "La grande anthologie de la fantasy"…

Let's have a beer #3

6 nouvelles lues sur 71!

À très bientôt pour une nouvelle bière!

Si vous appréciez ce concept, n'hésitez pas à faire pareil et à venir parler des nouvelles que vous avez lues, soit en commentaire de cet article, soit sur la page Facebook du blog!

Let’s have a beer #2

Let's have a beer #2

Let's have a beer with… Clark Ashton Smith

Bonjour tout le monde!

Me revoici pour un nouveau rendez-vous de Let's have a beer! Un rendez-vous incontournable, ou je lis -nous lisons- une nouvelle fantasy autour d'une bonne bière…

Let's have a beer #2

La bière…

Pour cette semaine, j'ai opté pour une Légia cassis-menthe bien fraîche… achetée au supermarché du coin, tout simplement!

La nouvelle…

Celle que j'ai lu aujourd'hui provient d'une anthologie publiée chez Omnibus et intitulée "La grande anthologie de la fantasy". Les textes de cette antho ont été sélectionnés et réunis par Marc Duveau. Voici cette fameuse nouvelle :

Le voyage du roi Euvoran, de Clark Ashton Smith

Le roi Euvoran règne sur sa corps en arborant une magnifique couronne léguée par ses ancêtres. Non contente d'être construite dans l'or le plus précieuse et sertie des gemmes les plus recherchées, elle est surmontée d'un oiseau empaillé qui serait le dernier de son espèce. Malheureusement pour Euvoran, un nécromancien vient le voir un jour, et ranime l'oiseau de sa couronne, qui se fait la malle joyeusement. Euvoran est à présent condamné à rechercher l'oiseau avant de perdre sa dignité de monarque.

Le style d'écriture de cette nouvelle, ses descriptions, son vocabulaire, sont vraiment très chouettes. L'ambiance est parfaite, certaines idées sont bien trouvées (notamment ce peuple-oiseau qui empaille des humains pour les punir), mais malgré tout, je lui ai trouvé certaines longueurs, et une chute qui m'a plutôt laissée de marbre. Enfin, s'il s'agit vraiment d'une chute?

D'après les matelots qui avaient tué l'oiseau dans l'île quasi légendaire de Sotar, située loin à l'est du continent de Zothique, ce gazolba était le dernier de son espèce. Comme il ornait la couronne d'Ustaim depuis neuf générations, les rois en étaient venus à le considérer à la fois comme l'emblème sacré de leur pouvoir et comme un talisman dont la perte entraînerait les plus terribles catastrophes.
Euvoran, fils de Karpoom, fut le neuvième porteur de la couronne. Elle trônait sur sa tête dans toute sa magnificence depuis dix ans et dix mois ; en fait, depuis le décès de Karpoom, provoqué par une indigestion d'anguilles farcies et d’œufs de salamandre en gelée. Lors des manifestations officielles, réceptions, audiences publiques et séances judiciaires, elle avait ceint le front du jeune roi, lui conférant une majesté redoutable aux yeux des spectateurs éblouis. Elle avait également servi à dissimuler l'accroissement déplorable d'une calvitie précoce.
À la fin de l'automne de la troisième année de son règne, le roi Euvoran, après avoir pris un copieux petit déjeuner comprenant douze plats accompagnés de douze vins, se rendit selon son habitude au palais de justice. De celui-ci, qui occupait une aile entière de son palais dans la cité d'Aramoam, on embrassait d'un seul regard le marbre versicolore des collines couvertes de palmiers et les lazulis onduleux de l'océans oriental.

Le voyage du roi Euvoran, par Clark Ashton Smith

Ma progression dans "La grande anthologie de la fantasy"…

4 nouvelles lues sur 71!

À très bientôt pour une nouvelle bière!

Si vous appréciez ce concept, n'hésitez pas à faire pareil et à venir parler des nouvelles que vous avez lues, soit en commentaire de cet article, soit sur la page Facebook du blog!

Let’s have a beer! #1

Let's have a beer! #1

Let's have a beer with… Lord Dunsany et Hannes Bok

Bonjour tout le monde!

Vous le savez peut-être déjà, je me suis prise de goût pour l'écriture de nouvelles, mais je constate que j'en ai lu trop peu sur ma courte vie. Or, cela peut s'avérer utile pour glaner des idées et apprendre à construire ces courtes histoires d'une main de maître. Afin de remédier à ce triste constat, j'ai décidé de vous donner rendez-vous les vendredis soirs (les samedis et les dimanches aussi, mais cela, je vous l'expliquerai les jours concernés ^^). Une bonne chope de bière à la main, je lirai une (ou plusieurs) nouvelle(s) fantasy, et vous donnerai mon avis dans un court article.

Cela me permet, d'une part, de lire davantage de nouvelles et de découvrir de nouveaux auteurs, et d'une autre part de progressivement vider ma PAL des grosses anthologies qui la peuplent. Et, par la même occasion, de tester toutes les bières spéciales auxquelles je n'ai pas encore goûté 😉

Je ne sais pas encore si ce rendez-vous sera hebdomadaire ou pas… Il est à l'essai jusqu'en septembre. Dès lors, je devrai décider d'une fréquence, en fonction de ce que je peux lire, de ce que je peux chroniquer, et aussi de ce que mon corps peut absorber sans trop prendre de poids (déjà que j'essaie d'en perdre…)!

Mais cessons de tergiverser, et allons prendre cette bière!

La bière…

Cette semaine, j'ai choisis une Apogée, produite par la brasserie belge Fulltime Hops, et achetée à la boutique de l'Avouerie d'Anthisnes.

Voici ce qu'en dit son brasseur :

L’Apogée est une bière rousse brassée avec du malt tourbé dans laquelle on fait macérer des copeaux de chêne imbibés au whisky durant la fermentation… titrant 6% vol.alc, donc très légère et avec un goût venu de l’espace intersidéral !

Fulltime Hops

Les nouvelles…

Les deux nouvelles que j'ai lu aujourd'hui proviennent d'une anthologie publiée chez Omnibus et intitulée "La grande anthologie de la fantasy". Les textes ont été sélectionnés et réunis par Marc Duveau. Les deux nouvelles que j'ai choisi de lire aujourd'hui sont les suivantes :

Chu-Bu et Sheemish, de Lord Dunsany

Cette nouvelle est initialement parue dans "Le livre des merveilles".

Chu-Bu était une divinité mineure dont la statue était idolâtrée dans un petit temple de Ting. Mais un jour, une autre statue fut introduite dans le même temple, et idolâtrée au même titre que celle de Chu-Bu. C'était la statue de Sheemish, un autre dieu mineur. Chu-Bu en conçut une terrible jalousie, et passa dès lors son temps à regagner l'adoration de ses fidèles.

J'ai adoré cette nouvelle, toute simple et pourtant truffée d'humour. Cette histoire de dieux jaloux m'a vraiment prêté à sourire, surtout à la lecture de leurs petites vengeances personnelles et de leurs insultes dignes d'une cours de récré. J'ai trouvé cela succulent. Et la finale est plutôt surprenante, avec une bonne chute.

Il s'agissait probablement pour la nouvelle idole d'affermir sa réputation. Mais je doute que Chu-Bu se soit préoccupé un seul instant de ses motivations. Pour le dieu déjà consumé de jalousie, le simple fait de savoir que son rival honni s'apprêtait à faire un miracle dépassait tout ce qui était admissible. Sans hésiter, Chu-Bu concentra de nouveau toutes ses forces pour obtenir un tremblement de terre, même un tout petit. Pendant quelques instants tout se figea et attendit dans le temple de Chu-Bu, mais aucun tremblement de terre ne vint.
Être un dieu et ne pas réussir un miracle donne une sensation assez horrible. C'est à peu de chose près comme si, dans le cas des êtres humains, quelqu'un s'apprêtait à éternuer de belle façon et qu'aucun éternuement ne venait ; ou bien encore comme si quelqu'un décidait de nager avec de lourdes chaussures de marche, ou bien tentait de se souvenir d'un nom oublié depuis longtemps. Tous ces désagréments étaient aussi ceux que connaissait Sheemish en cet instant.

Chu-Bu et Sheemish, de Lord Dunsany

La quête de la pierre, de Hannes Bok

Dans un royaume qui ressemble au Japon ou à la Chine traditionnelles, l'empereur Po Ko souhaite partir à la quête de la Pierre du Pouvoir, qu'il doit dérober à un puissant magicien. Bien des obstacles jalonneront son chemin.

La véritable force de cette nouvelle, ce sont les descriptions. Elles se veulent démesurément poétiques, imitant le style asiatique traditionnel, très pompeux et exalté. Mais il y a une surenchère dans la démesure qui prête à sourire, parce qu'on sent bien que, par ce biais, l'auteur tourne un peu le style en dérision. Comme lorsqu'il parle de la cité impériale d'Oa, dont le nom signifie "Le lit du fleuve visité jadis par la déesse Tow Kow et son cortège de neuf cent quatre vierges sages"… Le tout m'a fait penser à un mash-up entre Karaté Kid et Elric le nécromancien. C'était au final assez comique, et remarquablement bien écrit.

Le globe doré du soleil se prélassait languissamment sur les coussins bleutés de l'horizon, tandis que d'entêtants zéphyrs susurraient au travers de ses rayons de miel, caressant au passage la joue ferme, lisse, couleur de pain d'épice de l'empereur Po Ko et faisant frémir l'éventail en plumes de paon qu'il agitait négligemment d'une main aux ongles effilés, semblables à des griffes laquées. Sur la terrasse la plus élevée de ses jardins, l'empereur occupait son trône du mercredi, tout d'argent et de malachite. C'était un homme long et mince comme une stalagmite mordorée, élégamment drapé dans les vastes plis d'un kimono bleu vif, dont l'étoffe soyeuse disparaissait sous de riches broderies représentant des chimères et des dragons s'accouplant dans des gerbes de flammes.

La quête de la pierre, de Hannes Bok

Ma progression dans "La grande anthologie de la fantasy"…

Let's have a beer! #1

3 nouvelles lues sur 71 pour ce recueil de nouvelles fantasy!

Let's have a beer! #1

À très bientôt pour une nouvelle bière!

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