[Chronique fantasy] Les énigmes de l’aube. Tome 1, Premier souffle, de Thomas C. Durand

Pour une première lecture dans le rayon de la fantasy humoristique, on dirait que j’ai fait une très bonne pioche.

Synopsis

La petite Anyelle découvre qu’elle possède un don. Ce n’est pas une chose inhabituelle dans les Royaumes, à ceci près que le don d’Anyelle, qui lui permet de renforcer la magie des autres, est de nature à causer des troubles et à attiser certaines convoitises. Pour sa propre sécurité, elle doit absolument apprendre à le maîtriser, et donc étudier la magie. Seulement voilà : les écoles ne sont ouvertes qu aux garçons. Commence un périple où Anyelle devra faire ses preuves et trouver sa voie. La tâche n’est pas mince pour une enfant dont le désir d’étudier ne semble résulter que d’une franche envie de faire ce qui lui est interdit.

Mon avis

À mon grand regret, je n’avais encore jamais exploré les rayonnages de la fantasy humoristique. Même Terry Pratchett, que je connais bien sûr de nom et de réputation, est jusqu’à présent resté en dehors de mon radar littéraire. Pourtant, cela faisait déjà un bon moment que j’avais envie de me lancer. D’ailleurs, deux tomes du Disque Monde appartenant à mon amoureux m’attendent sur les étagères de la maison. Ce qui m’a retenue jusqu’à ce jour ? Rien, sinon peut-être mon incompréhension de la chronologie du Disque Monde. Mais, me doutant bien que Pratchett n’est pas le seul à officier dans ce genre, je me suis dit qu’il était temps pour moi de remédier à mon manque de culture. Du coup, cherchez l’erreur, j’ai commencé avec ce premier tome issu de la plume de Thomas C. Durand. Pour la petite histoire, je l’ai vu passer dans la liste des services presse disponibles chez ActuSF, et je n’ai fait ni une ni deux. Merci, d’ailleurs, à ActuSF pour l’envoi de ce roman qui m’aura tenu une belle compagnie !

J’ai donc encore très peu de recul pour analyser ce roman comme il se doit, étant peu au fait des autres œuvres du même genre. Cependant, cela ne m’a guère gênée dans ma lecture. J’ai très vite trouvé mes repères, étant déjà une grande fan de fantasy en général, et aussi d’humour décalé par la même occasion. Je ne peux donc pas vous dire si ce roman égale les chefs-d’œuvre du genre, mais je peux en tout cas certifier que j’ai passé un excellent moment de lecture, avec quelques passages qui m’ont franchement fait sourire.

Nature versus civilisation

La toute première chose qui m’a plu dans ce roman, c’est le rapport étroit d’Anyelle et de son père avec la nature. Habitant tous deux au cœur des bois, ils se sont naturellement adaptés à leur environnement, et vivent dans le parfait respect de leur lieu de vie et des êtres qui les entourent. J’avoue que c’est une des dimensions qui m’a le plus touchée dans ce roman, par rapport à la ville et sa superficialité, étant moi-même férue de nature, de randonnée et de grand air. Alors, je vous rassure, on n’est pas du tout sur de la fantasy à message écologique, même si le père d’Anyelle a une attitude très protectrice avec ses bois. On pourrait le penser au début, mais l’histoire dérive très vite vers le personnage d’Anyelle, la magie, et tout ce qui s’ensuit.

Anyelle

Anyelle, bien sûr, est mon véritable gros coup de cœur de ce roman. Comment pourrait-il en être autrement ? On a en face de soi (façon de parler) une gamine de dix ans avec un caractère bien trempé et un cœur gros comme une mappemonde. En fait, elle m’a beaucoup rappelé ma petite belle-fille du même âge, avec le même caractère entier et volontaire. Non contente de savoir ce qu’elle veut et d’être capable de tenir la dragée haute aux adultes, Anyelle a aussi un côté attendrissant qui ne laissera pas grand monde indifférent (excepté celles et ceux qui n’aiment pas les enfants). Et il se fait qu’elle possède un don magique naturel, qui est celui de renforcer le don naturel des autres magiciens. Pour sa propre sécurité comme pour celle des autres, Anyelle va devoir quitter sa cabane au fond des bois pour se rendre à l’école de magie de la ville. Mais ce ne sera pas une mince affaire car, de un, ils n’y acceptent pas les filles, et de deux, Anyelle est considérée comme une pauvresse qui ne connaît rien à la vie.

Bien sûr (1) par une suite de péripéties loufoques, elle parviendra malgré tout à être acceptée au sein de l’École des Magies Utiles et Laborieuses. Mais le fait qu’elle puisse suivre les cours ne signifie pas qu’elle soit véritablement la bienvenue. D’entrée de jeu, certains élèves vont lui faire sentir qu’elle n’y a pas sa place. Bien sûr (2), elle va braver l’adversité et parvenir à se faire un ami. Un seul ami, mais un bon.

Mais voilà, Anyelle n’est jamais allée à l’école de sa vie avant ce jour. Son père lui apprenait ce qu’elle avait besoin d’apprendre, et cela s’arrêtait là. Au début, elle a donc toutes les difficultés du monde à suivre les cours et à s’accrocher pour obtenir des notes passables. Ceci étant, un de ses professeurs la remarque et la pousse vers l’avant, mine de rien. Un jour, elle est amenée à découvrir un concept tout nouveau pour elle : la magie harmonique, celle qui permet de diriger un orchestre ou de jouer de la musique par magie. Dès lors, ses objectifs changent, et elle se met à travailler dur pour rattraper son retard et améliorer ses notes.C’est vraiment quelque chose que j’adore, quand un personnage a un objectif et qu’il met tout en œuvre pour l’atteindre. J’ai toujours trouvé ça hyper positif et motivant.

Une magie à part

Le gros « plus », dans ce roman, ce sont toutes ces notions de magie. On pourrait penser à Harry Potter en lisant le résumé, mais il n’y a au final pas beaucoup de similitudes. La façon d’aborder la magie n’est pas vraiment la même dans les deux sagas. Ici, outre la magie que je qualifierais de « basique » (potions, sortilèges, formules magiques, etc.), il existe d’autres formes de magie qui sont une pure invention de l’auteur (en tout cas je n’en avais jamais entendu parler dans d’autres romans, mais je ne les ai bien sûr pas tous lus). Cette magie harmonique, notamment, est une pure merveille que j’ai trouvé vraiment fascinante. Il y a aussi, comme le titre l’indique, les énigmes de l’aube. Ce sont de menus événements liés à la magie qui ont lieu tous les jours au levé du soleil et dont personne ne connaît l’origine, mais qu’il vaut mieux connaître si l’on ne veut pas perdre son ombre ou paraître grossier. D’ailleurs, je me réjouis de voir dans les tomes suivants si ces petits mystères trouveront une explication… Et puis il y a les dons, qui sont eux naturels et n’ont pas besoin d’être appris, si ce n’est pour savoir les maîtriser. Chacun a un don différent, parfois utile, parfois pas vraiment. Certains ont le don de faire pousser les arbres, de faire des contre-sorts, ou de changer la couleur des tissus, c’est selon. C’est évidemment un prétexte à toutes sortes de situations loufoques où les dons sont vraiment bizarres ou sont employés à mauvais escient.

Un soupçon de Practhett, une dose de Monty Python…

D’aucun pourrait trouver l’humour du roman un peu lourd, mais moi, personnellement, cela ne m’a pas choquée. D’un côté, je suis habituée aux calembours douteux de par les – trop nombreuses – plaisanteries paternelles. D’un autre côté, je possède moi-même un sens de l’humour qui peut parfois tomber sur l’estomac. Il va donc sans dire que ce genre de roman passe chez moi comme une lettre à la Poste du temps où l’épidémie de Covid ne s’en mêlait pas. Ici, l’humour repose principalement sur des situations cocasses ou des noms biscornus. Il émaille l’histoire sans pour autant la dénaturer ou l’influencer, ce qui, à mon sens, est une réelle qualité. Après, c’est vrai que cette tendance à vouloir faire rire peut perdre un peu le lecteur, l’auteur va parfois un peu moins vite au but, et on peut alors se demander où il veut en venir. Mais dans une grosse majorité, l’écriture restant fluide, relativement simple et agréable à lire, c’est plutôt de la légèreté que le lecteur est amené à trouver.

Le message sous-jacent

Sous ses airs de « light fantasy », Premier souffle est un roman qui se moque ouvertement des professeurs et des administrations scolaires, avec toutes les lourdeurs, lenteurs, bévues, erreurs, injustices, voire corruptions, qu’elles peuvent supposer. De plus, l’auteur, pourtant loin des romans féministes tels qu’on les imagine, se questionne à juste titre sur l’égalité des sexes face à l’accès à l’enseignement et à l’éducation. On n’est peut-être pas dans la revendication pure et dure, mais le message ne passe par inaperçu pour autant, le tout avec humour et légèreté, ce qui est très appréciable.

En résumé

Pour une première lecture dans le rayon de la fantasy humoristique, on dirait que j’ai fait une très bonne pioche. L’histoire m’a captivée de bout en bout, avec une finale qui m’a donné envie d’en lire plus. Je me suis comme de juste attachée au personnage d’Anyelle, ainsi qu’à son ami Naxu. Ce sont peut-être les deux seuls avec qui j’ai eu un réel coup de cœur, mais ils en valent à eux deux le détour. Quant à cette fameuse magie, s’écartant des sentiers déjà battus et rebattus par J. K. Rowlings, elle réserve de jolies découvertes aux lecteurs curieux et avides, ainsi que des énigmes qu’on espère voir un jour résolues. L’humour, pas trop lourdingue, m’a souvent prêté à sourire, sans toutefois nuire à l’histoire principale. Une jolie réussite, à mon sens !

Ma note

17/20

Fiche descriptive

Éditions : ActuSF

Année de parution : 2020

Collection : Bad wolf

Description physique : Grand format, 404 pages

Genre : Fantasy humoristique

À propos de l’auteur

Thomas C. Durand est un écrivain, dramaturge, vidéaste et vulgarisateur français.

Il étudie la biologie à Orléans où il commence à écrire et jouer ses premières pièces. Docteur en physiologie végétale, il enseigne la biologie végétale à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et effectue son travail de chercheur à l’École normale supérieure de Lyon.

Thomas C. Durand est membre de la SACD. Depuis 2007, ses pièces de théâtre publiées sur les sites Internet du Proscenium et de la Théâtrothèque ont été jouées par une quarantaine de troupes d’amateurs en France et à l’étranger. En 2008, il fonde « Vies en Scène » qui organise un concours d’écriture théâtrale principalement destiné aux étudiants.

En 2014 il est, avec Anthony Da Silva (alias Vled Tapas), l’un des créateurs et le principal auteur de « La Tronche en Biais », une chaîne Youtube consacrée à la zététique et plus particulièrement aux biais cognitifs, où il est connu sous les pseudonymes Acermendax et Mendax.

Cette chaîne a remporté en 2016 le prix Diderot, décerné par l’Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle, qui récompense des actions de diffusion du savoir. Il tient un blog intitulé La Menace Théoriste, également consacré à la zététique.

En 2017 sort le documentaire « Les lois de l’attraction mentale » dont il est l’auteur et l’un des monteurs.

Thomas C. Durand a publié les deux premiers romans de la saga de fantasy humoristique « Les Énigmes de l’Aube », en 2011 et 2012. Il est par ailleurs l’auteur de quelques nouvelles.

son site
son blog
Facebook
Chaîne YouTube

Source : Babelio.com

D’autres avis éclairés

AmarüelSometimes A BookImaginerreNanetElarinyaDorisLaurynLisouBulle de livreL’ours inculteOmbreBonesFantasy à la carte – …

Une réflexion au sujet de « [Chronique fantasy] Les énigmes de l’aube. Tome 1, Premier souffle, de Thomas C. Durand »

  1. Merci pour le lien 🙂 quel bel article tu proposes au sujet de ce roman ! Perso j’aime beaucoup ce type de fantasy mais le danger c’est de tomber sur quelque chose de mal écrit… Ici ce n’était pas le cas et si je peux te recommander les poisons de Katharz d’Audrey Alwett en version humour noir pour continuer ta découverte du genre… 😏

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s