[Chronique fantasy] Leïlan. T1, Les yeux de Leïlan, de Magali Segura

Ça sent le vieux Disney à plein nez, tout ça! En lisant ce roman, je pouvais presque entendre les mélodies surannées, et je m’attendais à la limite à voir les personnages pousser la chansonnette.

Acherontia

Synopsis

leilan,-tome-1---les-yeux-de-leilan-51286-264-432Il est un royaume mystérieux que l’on nomme Leïlan, le pays des Illusions.
Depuis qu’un drame affreux a frappé la famille royale, ses frontières sont fermées et son peuple est opprimé par l’infâme duc Korta.
Une rencontre pourrait tout changer : celle d’un jeune messager, Axel, et d’une fascinantes jeune fille aux yeux bleus. Mais un secret entouré de sorcellerie les sépare et rend leur amour impossible.
Pourtant, autour d’eux, l’espoir renaît : un justicier insaisissable met les hommes du duc en échec. Qui est ce héros dont l’identité cachée est jalousement défendue? Quelle est cette étonnante compagnie qui partage ses exploits ?

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La loi d’attraction universelle

Comme pour Cavalier Vert précédemment, il s’agit d’une série que j’ai acquise grâce aux OP Bragelonne… En revanche, je serais bien incapable de vous dire pourquoi cette série plutôt qu’une autre! Je l’ai ressorti de ma PAL parce que je recherchais des histoires d’amours impossibles ou compliquées.

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Contes de fées…

La présentation faite par l’éditeur, à la fin du volume, m’a fait tilter… Un mélange de Robin des bois et des contes de fées, disent-ils. Eh bien, oui! C’est tout à fait ça! Je n’aurais pas su mieux résumer! Sauf qu’ils nous le présente comme un agréable mix, et que moi je n’ai pas du tout accroché…

Pour moi, le roman verse beaucoup trop dans le cliché mièvre que dans le récit de cape et d’épées. D’entrée de jeu, on nous présente Axel : beau de surcroît, bien bâti, la crinière blonde et longue, les yeux verts qui pétillent, bref… un vrai mannequin! Encore un peu, je pourrais presque me croire dans une pub de parfum pour homme. Et notre cher Axel s’apprête à traverser une des régions les plus craintes du continent, j’ai nommé les Brumes Infernales. Personne ne s’en est jamais sorti vivant, même pas les plus braves ni les plus costaudes. Et bien entendu, je vous le donne en mille, Axel y parvient, lui!

Après s’ensuivent de nombreuses péripéties au cours desquels il rencontre la fameuse Fille-aux-yeux-bleus, une jeune demoiselle trop parfaite pour être réelle, et dont il tombe bien sûr fou amoureux. Une fille étrange qui est capable de contrôler des plantes tueuses très agressives que l’on appelle les amalyses.

Jusque-là, on baigne à fond dans la féerie. Et ce jusqu’à la fin du roman. Mais attention, je ne parle pas des contes traditionnels, qui peuvent souvent être très cruels. Je parle surtout des versions revisitées et édulcorées dont on abreuve nos têtes blondes à tour de bras. Ça sent le vieux Disney à plein nez, tout ça! En lisant ce roman, je pouvais presque entendre les mélodies surannées, et je m’attendais à la limite à voir les personnages pousser la chansonnette. Je crois que la cerise sur le gâteau, c’est le coup des Trois Fées et de leur Prophétie qui veut que les trois princesses de Leïlan soient le grand amour des trois princes de Pandème, et vice versa. Oh, bien sûr, cette prophétie sera plus compliquée qu’il n’y paraît, comme nous le verrons plus tard, et heureusement d’ailleurs! Ceci étant, fées, prophéties, élus, grand amour, princesses blondes et sveltes, princes aussi blonds et musclés, c’est vraiment too much pour moi. Trop de fanfreluches, trop de dentelles, trop de guimauve. Ça fait mal aux dents, vraiment, et ça ne m’a pas donné envie de croquer l’histoire à pleines dents.

Et je ne parle même pas de la magie! Des artefacts enchantés qui produisent tout ce que l’imagination peut entrevoir, des potions qui font on ne sait pas trop quoi… Je pense que, si par hasard vous aviez envie de savoir comment cela fonctionne, la réponse resterait invariablement la même… « Ta gueule, c’est magique! ».

… vs. Robin des bois

Le côté « Robin des bois » vient sauver la sauce, rien qu’un peu, l’espace d’un instant. Axel va croiser la route du Masque, ce brigand qui pille le pays de Leïlan. Il est pourchassé par le Comte d’Alekant, lui-même mandé par le roi pour lui rapporter sa tête. Au fil des rencontres, Axel va se rendre compte que le Masque n’est pas ce que les nobles tentent de faire croire au peuple et aux personnes de l’extérieur. Loin d’être un bandit de grand chemin, il vole les riches pour donner ses butins aux pauvres. Oui, bon, en apparence, car en fait, c’est un peu plus compliqué que ça. La magie s’en mêle, et les butins ne sont pas réellement volés, mais c’est une autre histoire. L’essentiel, c’est que le Masque essaie en fait de venir en aide au peuple, qui crève la misère alors que le roi ne lève pas le petit doigt.

Le roi, parlons-en… On pourrait le voir comme un lâche abject, mais là aussi, les apparences sont trompeuses et la situation est plus compliquée qu’il n’y paraît. Pour ne pas vous spoiler, je me contenterai de vous dire que le roi a perdu sa fille Éléa alors qu’elle était bébé, que sa femme est décédée peu de temps après, et que sa seconde fille Eloïse est plongée dans un profond coma depuis des années. Avouez quand même qu’on est proches de la Belle au bois dormant, n’est-ce pas… Il ne manque plus que le baiser du prince, et on est en plein dedans! Enfin, soit. Le roi a une troisième fille, Eline, qu’il souhaite marier à Korta, le vil comte d’Alekant.

Et là, on plonge direct dans la Belle et la bête. Eline, une pure jeune fille à la beauté parfaite, et Korta, le fourbe comte aux desseins maléfiques… C’est une des choses que j’ai regrettées dans ce roman, d’ailleurs, ce manichéisme ambiant! D’un côté, les gentils : Axel, la Fille-aux-Yeux-Bleus, le Masque et sa troupe, les villageois… De l’autre côté, les méchants : Korta, ses guerriers Scylès, ses soldats, le roi… Il n’y a pas de nuances, pas de personnages qui balancent entre les deux, pas de… Attendez… Ah! Si, il y en a un! Un seul… Jerry. Autrefois monstre, il tente à présent d’aider le Masque dans sa démarche de sauver le peuple de Leïlan. Il aurait pu être un personnage très intéressant de par ce côté-là, mais malheureusement, il se montre tellement protecteur avec le Masque que ça en devient agaçant. Et j’aurais aussi aimé que son côté monstrueux ressorte plus.

Je dois reconnaître que le côté cape et épées est bien présent. Le récit est rythmé, l’action est au rendez-vous, pas de doute là-dessus. Mais là encore, je dois y mettre un bémol, car l’action est parfois brouillonne, et souvent entrecoupée de passages plus (trop) calmes où les révélations et les prises de conscience s’enchaînent du point de vue des personnages.

Amours impossibles

Ah oui, ça, pour sûr, l’histoire d’amour, je l’ai bel et bien trouvée! Un peu trop à mon goût d’ailleurs… Bon, vous allez me dire que je ne sais pas ce que je veux. Après tout, je voulais des amours impossibles, nom d’une croquette!

Non, mais là, ce n’est plus possible pour moi! Cela dégouline de bons sentiments comme de la crème fraîche sur un gâteau, ça colle comme de la meringue, c’est rose, c’est… arf! Tous les couples semblent être « prédestinés » d’une façon ou d’une autre, les rencontres se font trop vite, trop facilement, tout cela n’a aucune once de réalité. Je préfère autrement les histoires d’amour compliquées, celles qui semblent être mal parties, et qui tournent bien par la force des choses, ou pas. Je préfère les histoires d’amour quand elles cachent une réelle profondeur, des luttes, des blessures, des peines, puis une renaissance peut-être. Mais ici, ce côté « c’est écrit dans les étoiles, les fées l’ont dit, alors c’est comme ça et pas autrement », j’ai trouvé cela agaçant au plus haut point. Et ces personnages complètement surfaits, ces physiques trop parfaits, ça m’a laissé aussi froide qu’un épisode de Barbie dans la forêt enchantée.

Un roman vert

Et je ne parle pas que de sa couverture!

Je ne sais pas si, à la base, l’auteure avait prévu son roman pour un jeune public, mais quoi qu’il en soit, l’écriture laisse à penser qu’il s’agirait plutôt d’une série pour la jeunesse.

Déjà, les personnages eux-mêmes sont jeunes (une moyenne d’âge de 18-20 ans), et réagissent donc en fonction de leur âge. Même si certains, comme La-Fille-Aux-Yeux-Bleus ou Axel, paraissent un peu plus mûrs que les autres de par leur vécu, il n’empêche qu’ils sont parfois inconséquents dans leurs actes et encore naïfs dans leurs sentiments.

Puis il y a l’écriture, qui est assez sympathique, mais qui se laisse lire très facilement. Dans un sens, c’était assez agréable. Parfois, ça fait du bien de tomber sur des romans « zéro prise de tête ». Mais pour moi, il y a une limite entre le roman qui se laisse lire, et  celui dont l’auteur prend ses lecteurs pour des ignares. La frontière peut être vite dépassée, et ce fut le cas ici, par moments. Trop souvent, l’intrigue était cousue de fils blancs, et ce qui devait être des révélations sensationnelles sont complètement tombées à plat parce que j’avais déjà deviné. C’est assez frustrant, je dois dire, car j’avais tellement envie de pouvoir dire au moins une fois « Aaaaaah, c’était donc ça!! ».

De même, les ambiances ne sont pas assez décrites à mon goût, le roman n’est pas suffisamment immersif. Ce qui est dommage, car l’univers proposé était très chouette. Mais on n’en voit pratiquement rien parce que l’histoire se focalise uniquement sur un groupe d’individus.

D’où ma sensation d’avoir affaire à un « roman vert », un roman qui est encore jeune et qui aurait mérité une meilleure maturation.

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En résumé

C’est une lecture qui ne fut pas désagréable, mais je pense que je suis totalement passée à côté. D’une façon générale, j’ai trouvé que l’histoire manquait d’originalité. L’auteur reprend énormément de poncifs des contes type « Disney », et nous les sert à sa sauce. Sauf que la sauce n’a pas pris avec moi. J’ai trouvé cela mièvre au possible! Je n’ai que très peu réussi à m’attacher aux personnages, qui étaient trop jeunes et trop parfaits. Même l’intrigue est tombée à plat car je pouvais deviner les différents rebondissements et révélations. Du point de vue de la fantasy, l’univers est sympa, mais trop peu développé et le lecteur manque d’immersion.

Je vous le conseille si vous aimez les séries TV du genre « Once upon a time« , ou que vous lisez volontiers des « remakes » de contes de fées. Si ce n’est pas le cas, vous risquez, comme moi, de passer à côté de l’histoire. Pour ma part, j’hésite encore à poursuivre cette série. Je possède pourtant les deux prochains tomes, mais… J’ai peur que tout ça ne soit pas pour moi!

Ma note : 10/20

Et ce n’est pas tous les jours que j’ai la dent dure…

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Lu dans le cadre des challenges…

Challenge Littérature de l’imaginaire #6

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Challenge Un livre, un consigne

1 consigne validée = 1 point (consigne « Un livre dont le personnage fait partie d’une famille royale)

Fantasy = 2 points

Premier tome = 2 points

Auteur francophone = 2 points

Total = 7 points

Challenge des 52 semaines SFFF

Idée n°20 : une forêt.

Challenge prise de poids littéraire

4 réflexions au sujet de « [Chronique fantasy] Leïlan. T1, Les yeux de Leïlan, de Magali Segura »

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