Le roman se laisse lire tout seul. Il ne me laissera peut-être pas un souvenir impérissable, mais il m’a permis de beaux moments de détente.
Acherontia
Synopsis
Entendant le doux nom des Caraïbes, vous vous projetez sûrement des images en trois dimensions de plages de sable fin et d’eau turquoise. Le tableau aurait pu être idyllique. Malheureusement, considérant la situation dans laquelle je me trouvais, la seule eau dont je pouvais vous faire miroiter les reflets était celle d’une mangrove pullulante de vie, et en lieu et place d’une plage j’eus droit à un vicieux piège végétal. Et c’était sans compter _la chose_ qui en avait après moi…
Jusqu’à récemment, Sacha était persuadé de mener une vie tranquille et solitaire en venant s’exiler sur cette île quelques années plus tôt. C’était là son ultime essai de se rapprocher de parents qu’il avait à peine connus, avant que ces derniers, toujours en voyage, ne disparaissent complètement de sa vie lors d’une tempête en pleine mer. Habitué à une certaine marginalité et une apathie certaine, c’est sans aucun doute ce qui lui permit de garder un recul tout relatif à la série d’événements insolites qui débuta un soir de novembre. Dès lors, c’est tout un autre monde qui se dévoila à lui, avec autant d’effet qu’un changement de saisons… ou presque.
La loi d’attraction universelle
J’ai découvert ce roman par le biais de la plateforme Netgalley, que je tiens à remercier au passage, ainsi que les éditions MxM Bookmark (auprès de qui je m’excuse platement pour l’énorme délais de chronique).
Ce qui m’a attirée vers cette lecture, c’est surtout l’originalité du titre qui m’a prêté à sourire, mais surtout l’évocation des Caraïbes, et une certaine référence à la magie vaudou.
Un début rocambolesque
Je peux dire que j’ai vraiment bien accroché au début du roman, qui démarre sur des chapeaux de roues! Notre héros, Sacha, un placide jeune homme à qui rien n’arrive jamais, est un soir poursuivi à travers la mangrove par une chose, dit-il. En fait, cela ressemble surtout à un zombie, ou je ne m’y connais pas! Elle en aurait après la cervelle fraîche de Sacha, pensez-vous? Que nenni! C’est simplement que notre héros vient d’assister à un rituel qu’il n’aurait jamais dû voir. Un rite impie de magie vaudou de la pire espèce, sanglant, morbide, bref! Du vaudou comme on l’aime! Il en était tellement estomaqué qu’il est resté là, planté comme un ananas au milieu d’un champ de poireaux. Et bien sûr, le sorcier qui menait le rituel s’est aperçu de son intrusion, et cherche à le rattraper, à présent qu’il s’est enfuit à toutes jambes. En même temps, à quoi s’attendait-il, à pratiquer sa magie pratiquement sur la place publique?
Mais les mésaventures de Sacha ne s’arrêtent pas là, vous vous en doutez. Car, par la suite, il va aussi jouer au sous-marin dans les mangroves, puis à l’épouvantail au sommet d’un arbre, pour finir en pâtée pour toutou de l’Enfer. Entre la vie et la mort, il sera ramassé à la petite cuillère par un mystérieux individu encapuchonné aux longs cheveux. Sans doute un métalleux revenu d’un concert foireux et qui serait encore en manque d’adrénaline. Ou peut-être pas…
Sacha touille un peu
On ne peut pas vraiment dire que le personnage de Sacha soit charismatique. C’est un jeune homme tout ce qu’il y a de plus banal, qui vit seul dans une grande maison aux Caraïbes et dont le seul contact social est un vieux pirate qui s’avère être son patron. Le jour, Sacha cultive l’oisiveté comme d’autres cultiveraient leur potager. La nuit, fort heureusement, il travaille, dans un bar qui sent bon le rhum, la sueur et la testostérone. Pas de petite amie/petit ami, pas de sœurs, pas de frères, ni même de parents. D’ailleurs, ceux-ci ont disparus lors d’une expédition en mer.
Le personnage pourrait donc paraître très fade, voire médiocre, si ce n’était son humour décapant et son verbe caustique. Heureusement qu’ils sont là, ces deux-là! Parce qu’aussi non, la sauce n’aurait pas pris chez moi. C’est, selon moi, un des points les plus positifs de ce roman, ou en tout cas celui qui m’a le plus plu.
Et d’ailleurs, assez rapidement, on constate que la médiocrité de Sacha n’est qu’une façade. Nous avons affaire à une jeune homme qui ne se connait pas encore et qui se cherche, ce qui laisse déjà envisager une potentielle évolution du personnage. Mais en plus, on découvre qu’il possède des pouvoirs dont personne n’arrive à déterminer la nature et l’origine. Haha! Je me disais aussi qu’il y avait anguille sous roche! Et si l’on ajoute à cela une grosse part de mystère autour de la mort de ses parents et de leur supposé métier, alors on tient une intrigue qui devient intéressante.
Ne nous fions donc pas aux apparences! Si le personnage de Sacha peut rebuter de prime abord par sa nonchalance et son laisser-aller, sachez que Monsieur cache bien son jeu! Je ne peux que suggérer au lecteur de se prendre au jeu…
Un soupçon de fantastique
Oui, je parle d’un soupçon car, à la lecture du titre et du résumé, je m’attendais à en recevoir plein les yeux… et ce ne fut pas vraiment le cas. Alors certes, il y a pas mal d’éléments fantastiques, des zombies, des sorciers vaudous, des anges déchus, des pirates immortels, des génies dans des lampes (ou presque), des chiens infernaux, des pouvoirs magiques et toute la clique. Et j’ai trouvé les idées plutôt pas mal, encore qu’assez éculées. Mais, selon moi, le roman tourne avant tout autour d’une seule et unique chose… l’amour.
Sacha vire
L’amour, sujet universel s’il en est… Et si j’avais su que ce thème aurait été autant omniprésent, je ne serait pas venue. Parce qu’à la base, ce n’est pas vraiment ma cup of tea, comme ceux qui me connaissent le savent bien. Surtout qu’ici, [alerte spoil] on se situe dans une relation homme-homme, ce qui est encore moins ma cup of tea, voyez-vous. Non, non, ce n’est pas que je sois homophobe, loin de moi cette idée! C’est juste que, à choisir, si vraaaaaaiment il faut que l’amour se mêle à l’intrigue, je préfère encore une relation dans laquelle je me retrouve.
Ceci étant, je les ai trouvés mignons, tous les deux. Parce que pour l’un d’eux, il s’agit d’une première relation, et vous savez comment ça va, n’est-ce pas? On a le cœur qui bat la chamade, on ne sait plus trop ce qui nous arrive, au point que l’on ne se reconnaît pratiquement plus. Et donc, même si je ne suis pas très amateur des récits à l’eau de rose, celui-ci avait un petit plus qui m’a attendrie et que j’ai eu assez de plaisir à découvrir. Cela tient peut-être dans la nature des deux protagonistes, pas vraiment humaine… [fin de l’alerte spoil]
Donc voilà, si vous abordez cette lecture, sachez qu’elle tient plus de la « bit-lit » que du fantastique. On n’y parle pas de loups-garous ni de vampires (encore que…), mais le fait que les sentiments et les rapports physiques soient au cœur du récit m’y a fait fortement penser.
En résumé
J’ai apprécié ce roman surtout pour l’humour très caustique de Sacha, le personnage central. Beaucoup de ses dialogues et de ses réflexions m’ont prêté à sourire, voire m’ont arraché deux-trois éclats de rire, ce qui est plutôt rare pour mon cas. Le cadre du roman, dont j’ai finalement peu parlé dans cette chronique, est plutôt original, et assez exotique que pour me permettre de m’évader vers les îles, avec des senteurs de vanilles et de rhum dans les narines. Les éléments fantastiques sont plutôt bien mis en place, même si j’aurais aimé les voir plus au centre du récit. Je suis en revanche restée un peu sur ma faim avec cette histoire de magie vaudou, j’aurais vraiment apprécié qu’elle soit plus développée encore, quitte à en faire le thème majeur du roman.
Mais voilà, j’ai eu le sentiment que le thème majeur a finalement dérivé du fantastique vers la relation Sacha/Djinn (non, je ne vous ai pas encore parlé de lui, mais c’est parce que je voulais ménager la surprise de ceux qui liront ce roman). Je ne peux pas dire que cela soit une mauvaise chose, car je les ai trouvé bien mignons, mais ce n’était pas ce que j’attendais de ce roman. Je pensais y trouver beaucoup plus d’action et d’intrigues fantastiques, et je me sens un peu frustrée par rapport à ça.
Ceci étant, le roman se laisse lire tout seul. Il ne me laissera peut-être pas un souvenir impérissable, mais il m’a permis de beaux moments de détente. À la période où je l’ai lu, tandis que je me remettais péniblement de ma mononucléose, c’était à peu près tout ce que je demandais à mes lectures…
Ma note : 15/20
Un roman détendant et original, mais pas mémorable pour la cause
D’autres avis éclairés
Nyfa Mars chez Le masque du temps
Ambiance métallique
Pour la rédaction de cette chronique, j’ai écouté l’avant-dernier album de Megaherz, « Zombieland », un peu avant la sortie de leur nouveau méfait que j’attends avec impatience ^^
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