On se sent happé par cette histoire d'artefact maléfique, si bien qu'il est difficile de lâcher le roman une fois l'intrigue principale démarrée. Et cette menace latente en fin de roman, cette vision d'horreur finale qui introduit la trilogie suivante, nous mettant l'eau à la bouche, c'est juste… tellement frustrant! Si j'avais eu la suite sous la main, je l'aurais lue dans la foulée!
Abandonné en pleine nature sur un continent à l'autre bout du monde, avec pour seules armes son intelligence et sa détermination.
Kaspar, l'ancien duc d'Olasko,doit se battre au jour le jour pour assurer sa survie. Rusé, astucieux et doté d'une volonté de fer, il se lance dans cette odyssée avec un seul but en tête: rentrer chez lui et se venger de Serwin Fauconnier, l'homme qui l'a destitué.
Mais Kaspar ne sait pas encore qu'il y a bien plus en jeu que sa seule existence. Il n'est qu'un pion dans une partie terrifiante qui oppose Ser et le conclave des ombres aux agents des forces obscures. Ces derniers menacent non seulement Olasko, la terre natale de Kaspar, mais aussi Midkemia dans son ensemble. La guerre de la Faille et celles des Serpents sembleraient presque triviales au regard du conflit qui s'annonce…
Si vous n'avez lu ni le premier, ni le second tome, cette chronique risque de vous dévoiler des éléments importants de l'histoire… Si tel est votre cas, n'hésitez pas à vous reporter à la chronique du premier tome, dont le lien figure à la fin du présent article. Merci!
… Ou comment j'en suis venue à choisir ce roman-là, et pas un autre.
Ce roman est mon troisième roman lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady pour novembre 2016. Je remercie donc très chaleureusement les éditions Milady pour ce partenariat et la découverte de ce livre.
Après un second tome palpitant, j'avais un peu l'impression que l'histoire m'avait déjà livré tous ses secrets, et je voyais mal ce qui pourrait encore se produire dans le troisième et dernier tome du Conclave des ombres. Eh bien, je me suis pour le moins trompée, car il y a encore beaucoup à dire, et pas du tout de la façon dont je le pensais!
… ou la loi du Talion selon Ser.
Si vous vous souvenez bien du second tome, l'histoire se concluait sur une victoire totale de Ser face au tyran Kaspar, duc d'Olasko, et à l'infâme magicien Leso Varen. Dès lors, je me suis demandée ce qu'un troisième tome pourrait apporter. Allait-on enfin connaître les plans exacts de Leso Varen? Mais comme ce dernier semble mort et enterré, est-ce vraiment important? Va-t-on nous parler de ce que Ser compte faire de sa vie une fois sa vengeance consommée? Je supposais qu'il n'y aurait là rien d'épique, aussi étais-je passablement dubitative…
En fait, le troisième et dernier tome s'ouvre sur le bannissement de Kaspar d'Olasko, emmené sur une île inconnue par un magicien du Conclave des ombres. L'affaire semble mal entamée pour le duc, qui est rapidement fait prisonnier et retenu dans des conditions peu enviables. Puis, dans un soudain rebondissement, il parvient à échapper à ses détenteurs et s'enfuit à travers une étendue désertique et hostile, où il doit lutter pour sa survie.
Cela n'est pas sans rappeler ce qu'il fit subir à Ser au cours du deuxième tome, cet enfermement qui lui imposa dans une citadelle aride, où les vivres se faisaient aussi rares que les rayons du soleil. De toute évidence, Ser a fort bien calculé son coup et avait dans l'idée de rendre à Kaspar la monnaie de sa pièce.
Mais si l'on se doutait déjà du sort réservé à Kaspar, son évasion et les péripéties qui s'ensuivent sont, elles, inattendues. Assez, en tout cas, pour susciter mon intérêt et me plonger rapidement dans l'intrigue.
Kaspar gisait à l'agonie.
Protégé du soleil d'après midi par un rocher en surplomb, il savait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Trois jours durant, il avait suivi l'ancienne route. Il avait fini son eau ce matin-là, à l'aube. Souffrant de vertiges et de désorientation, il était descendu en titubant jusqu'à une zone ombragée pour attendre que la chaleur se dissipe.
S'il ne trouvait pas de l'eau d'ici la tombée de la nuit, il ne se réveillerait sans doute pas le lendemain matin. Il avait les lèvres desséchées, et le nez et les joues qui pelaient à cause des coups de soleil. Allongé sur le dos contre des rochers, il s'efforçait d'ignorer les cloques douloureuses qui lui couvraient les épaules. Il était trop fatigué pour laisser la douleur l'ennuyer. En plus, cette douleur signifiait qu'il était toujours en vie.
Quand l'on suit l'histoire avec les yeux du méchant…
Ce qui m'a complètement scotchée, dans ce troisième tome, c'est que l'auteur met complètement de côté son personnage principal, Ser, pour s'intéresser au grand méchant de l'histoire, Kaspar. C'est en effet au travers de ses yeux et de ses mésaventures que l'histoire suit son cours, dessinant une introduction parfaite pour la trilogie suivante. Je dois dire que c'est un exercice extrêmement difficile pour un écrivain, que de laisser en arrière un personnage auquel on s'était attaché, pour mettre en avant celui qu'on est censé faire détester.
Et pour le lecteur aussi, c'est un fameux exercice. Au début, je me sentais un peu déboussolée, d'autant plus que Kaspar n'est, à la base, pas un personnage que l'on a envie d'aimer et auquel on a envie de s'intéresser. Donc, durant les premiers chapitres, je ne pouvais m'empêcher de me demander quand on allait cesser de s'intéresser à son cas et en revenir à Ser ou aux magiciens du Conclave des ombres.
Et puis finalement, assez curieusement, on finit par s'attacher à lui, d'une façon totalement surprenante. Progressivement, des changements s'opèrent en lui, et le rendent de plus en plus digne d'intérêt.
Abattre un arbre était plus difficile que Kaspar l'aurait cru, étant donné qu'il n'avait vu des bûcherons à l’œuvre qu'une seule fois, lorsqu'il était enfant. L'arbre avait bien failli lui tomber dessus, pour le plus grand plaisir de Jorgen, qui avait trouvé ça très drôle, une fois passée la peur.
Kaspar avait coupé toutes les branches, puis débité le tronc en plusieurs rondins. Il en avait attaché un avec de grandes lanières en cuir destinées à être fixées au harnais d'un cheval. Mais l'unique cheval de la famille avait disparu avec le père de Jorgen, Kaspar décida donc de le remplacer pour tirer le rondin jusqu'à la maison, en traversant la prairie humide. Il banda ses muscles et tira de toutes ses forces tandis que le rondin récalcitrant le suivait par à-coups.
… ou presque.
Petit à petit, on commence à sentir que Kaspar s'interroge sur ses actes passés, sur ce qui l'a poussé à agir de la sorte. Il sent qu'il a été manipulé par son magicien, Leso Varen, mais il est suffisamment sage pour prendre conscience que son caractère et sa soif de pouvoir y sont aussi pour quelque chose. Souvent, il rêve de son ancienne vie, et constate à son réveil que ce qui ne le gênait nullement quelques mois plutôt lui donne à présent la nausée.
Après sa fuite, il s'invite dans la cabane d'une mère et de son fils. Connaissant le caractère initial de Kaspar, j'ai tout de suite imaginé une catastrophe ; viol de la mère, vente du fils sur le marché aux esclaves, vol, meurtre… Et puis en fait, on se retrouve agréablement surpris par l'attitude de l'ancien duc d'Olasko, qui impose sa présence par nécessité pour sa propre survie, tout en respectant la petite famille. On pourrait même dire qu'il tente de se racheter, d'une certaine façon, en les aidant dans leurs tâches quotidiennes.
Son attitude bienveillante, ainsi que le fait qu'il réfléchisse sur lui-même et sur ses actions passées contribuent à le rendre de plus en plus acceptable en tant que personnage principal aux yeux du lecteur. Je me suis même surprise à m'y attacher peu à peu, surtout lorsque l'histoire a réellement pris son essor.
La troisième nuit, il avait eu un rêve-souvenir particulièrement saisissant de réalisme : il s'agissait d'une conversation avec Leso Varen dans les appartements privés du magicien. Les lieux empestaient le sang et les excréments humains, ainsi que l'odeur bizarre de toutes ces choses inconnues que le magicien tenait à mélanger et à faire brûler dans sa pièce de travail. Kaspar se souvenait bien de cette conversation, car c'était la première fois où Varen lui avait suggéré d'envisager de faire disparaître ceux qui se dressaient entre la couronne de Roldem et lui. Kaspar se rappelait également à quel point l'idée lui avait paru séduisante.
Mais, à son réveil, il avait été pris de haut-le-cœur au souvenir de la puanteur de la pièce. Pourtant, à l'époque où il avait rendu cette visite à Varen, l'odeur ne l'avait pas dérangé le moins du monde, c'est à peine s'il l'avait sentie. Or, ce matin-là, il s'était réveillé en sursaut, haletant, devant la porte de la cabane, et il avait bien failli réveiller Jorgen.
… parce que la nuit, tous les Talnoy sont gris.
Aaaah, les Talnoy… Vous vous demandez ce que c'est, avouez! Ne vous en faites pas, vous le découvrirez bien assez tôt! 😉
Comme l'on peut s'en douter, le but premier de Kaspar est de rejoindre son ancien duché pour voir ce qu'il s'y est passé durant son absence – et, au début, en reprendre les rennes, même si par la suite, il se verra contraint de modifier son objectif. Et puis, au détour d'une petite ville, il rencontre un curieux homme qui lui propose une quête, une sorte de mission périlleuse. Il lui promet une généreuse rémunération contre ses services. Par curiosité et par nécessité, Kaspar accepte sa curieuse requête. L'homme lui présente alors la "chose" qu'il se verra contraint d'escorter.
Là, on sent que l'action démarre véritablement. Cette rencontre est l'élément perturbateur qui va lancer un nouveau type d'intrigue, à mille lieux des histoires de cour, des guerres, des prises de pouvoir…
Flynn invita ses compagnons et Kaspar à l'accompagner dans l'autre partie de l'entrepôt, où se trouvait un chariot. Il s'agissait d'un simple véhicule destiné au transport des marchandises, semblable à ceux que Kaspar croisait souvent dans les rues de sa capitale. Au fond se trouvait un objet dissimulé sous une toile cirée. Vu sa taille, Kaspar commença à avoir une petite idée de sa nature. Flynn sauta dans le chariot et rabattit le bord de la toile.
Il s'agissait d'un corps – ce fut du moins l'impression ce que Kaspar en retira. Ou alors c'était juste une armure vide. Quoi qu'il en soit, il n'avait jamais rien vu de pareil.
… qui exigera les interventions les plus improbables qui soient.
Car cette chose que Kaspar doit escorter loin, très loin de cette île n'est pas un artefact comme les autres. La silhouette dans le chariot dégage une étrange aura maléfique qui, au mieux, met mal à l'aise ceux qui l'entourent. Et qui, au pire, est capable de tuer d'une horrible manière ceux qui désireraient déserter l'escorte…
Très vite, le voyage se fait pénible, et l'étrange fascination qu'exerce l'artefact sonne pratiquement comme une malédiction. Sauf que de cette malédiction-là, personne n'en a jamais entendu parler, et personne, pas même les prêtres de la région, ne semble en mesure de la dissoudre.
J'ai littéralement adoré cette partie de l'histoire, beaucoup plus sombre, plus prenante. Une fois la malédiction de l'artefact mise sur le tapis, l'ambiance s'est littéralement métamorphosée pour se faire glauque, pressante. Une tension palpable s'est installée, qui m'a complètement dissuadée de lâcher le livre jusqu'au dénouement de l'histoire.
– Est-ce qu'il y a quelqu'un à l'intérieur? demanda-t-il.
– Personne ne le sait, répondit Kenner. On n'arrive pas à retirer le heaume, ni aucune autre partie d'ailleurs.
– Elle a un aspect maléfique, fit remarquer Kaspar, en parlant lentement.
Le heaume avait une forme très simple, comme si on avait découpé un cylindre selon un certain angle, avant d'arrondir les bords, ne laissant qu'une ligne continue des épaules au sommet du crâne, sans angle ni pointe. Il était légèrement pincé sur le devant, si bien que, vu de dessus, il avait vaguement la forme d'une goutte plutôt que d'un rond. De chaque côté du heaume jaillissait une aile, mais ces ailes n'appartenaient à aucune créature connue. Elles avaient la forme de celles d'un grand corbeau, mais elles se recourbaient légèrement en suivant les côtés du heaume et elles étaient pourvues d'une membrane comme une chauve-souris géante. Une seule fente au niveau des yeux permettait à l'occupant, s'il y en avait un, de voir quelque chose.
Au fur et à mesure que l'on en apprend plus au sujet de l'artefact et de sa curieuse malédiction, on comprend que c'est l'univers tout entier qui est menacé. Des choses étranges se produisent, des créatures cauchemardesques surgissent là où on ne les attend pas, les magiciens eux-mêmes semblent dépassés par la situation.
La menace est de plus en plus grande, l'avenir s'assombrit peu à peu, mais cette fois, l'ennemi ne fait pas partie du monde connu…
Et le livre se termine sur un moment tellement angoissant que… ah non! Aaaarggg!! Au secours!! Je veux la suite, et vite!!!
Heureusement pour moi, et pour vous aussi si vous avez suivi cette trilogie, la suite arrive très bientôt en format poche chez Milady! Cela s'appelle La guerre des ténèbres, une autre trilogie dont le premier tome devrait être disponible d'ici février 2017. Comptez sur moi pour le lire et le chroniquer!
J'ai ADORÉ le parti pris de l'auteur, qui a décidé, au dernier tiers de cette saga, de changer radicalement de perspective. Le changement de personnage principal, s'il est déroutant au début, est en fait une vraie source de jouvence pour le récit. En tout cas, il fallait le faire! Ce n'est pas facile de retirer le gentil de l'histoire pour ensuite mettre le grand méchant aux commandes. Le résultat est totalement ahurissant, et à la hauteur de ce qu'on peut attendre d'une trilogie de Feist.
Ensuite, l'histoire en elle-même est juste gé-niale! Cela change des précédentes intrigues de cour, des guerres, des querelles intestines, de la politique houleuse, and so on… On se sent happé par cette histoire d'artefact maléfique, si bien qu'il est difficile de lâcher le roman une fois l'intrigue principale démarrée. Et cette menace latente en fin de roman, cette vision d'horreur finale qui introduit la trilogie suivante, nous mettant l'eau à la bouche, c'est juste… tellement frustrant! Si j'avais eu la suite sous la main, je l'aurais lue dans la foulée!
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