![[Chronique] Le rêve oméga, l'intégrale, de Jeff Balek](https://i0.wp.com/img.over-blog-kiwi.com/300x300/0/54/07/81/20160918/ob_042273_reve-omega-integrale-balek.jpg)
Synopsis
Yumington, 2075. Garibor Coont est un ouvrier disséqueur. Son métier : extraire les organes des morts afin de les préparer à la transplantation. Si son quotidien est banal, ses hobbies le sont bien moins : Coont a la capacité extraordinaire de décoder les mémoires d'Heisenberg, les implants mentaux dont est équipé l'essentiel de la population de Yumington. Un don qui va attirer l'attention de l'Organisation, une société secrète dont l'objectif est de résoudre des crimes aussi technologiques que mystérieux. Sous la contrainte, Coont devra enquêter pour leur compte. Et ce qu'il apprendra l'amènera à remettre en cause sa propre identité. Yumington : la cité aux mille récits. Plongez dans ses bas-fonds, et vous n'en reviendrez peut-être pas… Et si l'homme se trouvait confronté à l'apparition d'un homme d'une espèce nouvelle et supérieure ? Et si l'apparition de cette nouvelle espèce n'était pas issue de l'évolution naturelle ? L'homme de Neandertal a disparu après l'apparition de l'Homo Sapiens Sapiens. Et si l'histoire se répétait ?
La loi d'attraction universelle…
Ce roman est mon premier roman lu dans le cadre de mon partenariat avec les éditions Bragelonne/Milady pour août 2016. Je remercie donc très chaleureusement les éditions Bragelonne et leur collection Snark pour ce partenariat et la découverte de cet ebook.
Je sais, je lis rarement de la science-fiction… Le genre m'attire généralement assez peu, car je préfère le surnaturel, la magie, les créatures fantastiques, aux grosses machines futuristes et aux petits hommes verts (ce que je dis est très cliché, je le sais… il m'est arrivé de lire d'excellents romans de SF qui sortaient des sentiers battus). Alors pourquoi choisir de lire un roman SF? Une intégrale, qui plus est… La raison est très simple, le résumé m'a intriguée, et j'ai eu envie d'en savoir plus. Parlez-moi d'ouvrier disséqueur, et vous avez déjà gagné toute mon attention…
Le concept en quelques points…
Yumington, c'est avant tout un univers très particulier, un style d'univers que je n'avais encore jamais rencontré auparavant (mais peut-être est-ce parce que je lis peu de science-fiction, je ne sais pas…). Ce qui rend le monde de Yumington si particulier, c'est qu'il s'agit d'un univers transmédia…
Transmédia… Un mot barbare, dites-vous? Mais non! Je vous laisse l'auteur vous l'expliquer dans cette courte vidéo…
Vous l'aurez compris, Yumington, c'est un univers riche, et surtout interactif. D'ailleurs, vous aussi pouvez interagir et faire partie de la communauté! Je n'ai personnellement pas encore essayé, mais ça semble tentant…
Mais qu'est-ce que Yumington, au juste? Une cité? Un univers? Bah, je dirais un peu des deux!
Les bases de l'univers de Yumington…
Qui, mieux que l'auteur, peut vous donner les clés pour entrer dans cette ville futuriste qui constitue un univers à elle seule? Voici un petit extrait qui éclairera vos lanternes…
Urbanisme.
Pour faire face à l’augmentation de la population, Yumington a fait construire dix nouvelles zones habitables souterraines. De véritables villes sous la ville où s’élèvent de nouveaux immeubles et complexes commerciaux. À l’origine très convoités, ces niveaux souterrains sont peu à peu devenus des quartiers d’autant plus insalubres qu’ils sont profonds.
Robotique.
En 2045, suite à une série de braquages de banques utilisant des robots à apparence humaine, ceux-ci ont été interdits dans Yumington.
Seuls des robots rudimentaires œuvrent dans la ville. Ils sont assignés aux tâches les plus difficiles et les plus répétitives.
Des robots humanoïdes, surnommés humanos ou encore les tu-sais-quoi, sont cependant encore exploités en toute illégalité dans des maisons de passe de la ville.
Nanotechnologies et biotechnologies.
Les nanotechnologies et les biotechnologies permettent à l’homme de s’extraire du carcan de l’évolution darwinienne. L’homme a le pouvoir de prendre en main et déterminer sa propre évolution. Il s’agit de l’évolution proactive.
Implants mentaux permettant d’améliorer ses capacités cognitives, greffes de tissus biologiques autorisant de nouvelles performances physiques, sont monnaie courante à Yumington en cette fin du vingt et unième siècle.
Si ces avancées biotechnologiques sont la promesse d’un homme nouveau, elles sont aussi l’objet de nombreux trafics.
Mémoire d’Heidelberg.
Les seuls implants mentaux autorisés sont des assistants mémoriels, codés et obligatoirement détruits après la mort du porteur. Cette technologie est également appelée Mémoire d’Heidelberg, du nom de son inventeur. Elle permet d’augmenter les capacités cognitives de leurs porteurs.
Et ce ne sont là que quelques uns des merveilleux concepts développés au court de l'histoire. Mais je ne vais pas vous gâcher l'effet de surprise en vous donnant toutes les clés, n'est-ce pas?
Une écriture morcelée…
Ce côté transmédia a une incidence directe sur la façon dont cette intégrale est écrite. Le texte est rédigé de façon morcelée, un peu comme un patchwork ou, puisque l'on parle d'ouvrier disséqueur, de morceaux de corps que l'on grefferait l'un à l'autre pour former une entité à part entière. Une espèce de Frankenstein urbain et futuriste, si vous voulez, l'odeur en moins.
Bon, je vous le dis tout de suite, il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour atterrir proprement dans cette lecture. Heureusement que la promesse de l'ouvrier disséqueur était là, planant quelque part entre ma liseuse et mon subconscient.
Le récit est raconté à la première personne. C'est un choix comme un autre, choix que je rencontre de plus en plus souvent au gré de mes lectures, d'ailleurs, soit dit en passant. À croire que cela devient une mode! Mais ici, en plus, la narration en "je" est surlignée par le fait que l'auteur ne s'embarrasse pas de littérarité. Tout est vraiment fait comme si Coont s'était enregistré lui-même dans un dictaphone tandis qu'il décrit ses enquêtes et sa petite vie. D'ailleurs, chaque chapitre commence par "Enregistrement n°xxx – Play" et se termine par "Stop." Original, oui, mais il y a un point où l’agacement prend le pas sur l'originalité. Car l'auteur n'a pas pensé que dans un format ebook, il peut se passer d'étranges choses que seule la fée électricité peut expliquer. Et donc moi, pauvre lectrice prise au piège de la technologie, je tournais souvent ma page pour me retrouver à la page suivante, avec pour seul mot ce "Stop." Autant l'avouer, c'est très frustrant, et plutôt horripilant.
Ceci mis à part, je n'ai rien à redire quant à la structure, dont j'ai beaucoup apprécié l'originalité. Car il n'y a pas que ces fameux enregistrements qui font office d'histoire, il y a aussi tous ces petits à-côtés qui font le charme de cette intégrale. Les fausses publicités, notamment, les bons conseils du Docteur Fillglück, ou encore les petites annonces, comme celle qui suit. Savoureux, n'est-ce pas?
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L'Organisation…
Un petit côté Matrix dans cet univers de Yumington? Noooon, absolument pas! L'agent Smith est d'ailleurs la pour le prouver. Mais quel agent Smith? Car dans l'Organisation qui recrute Coont pour le pousser à lire les mémoires de Heidelberg des gens, ils s'appellent tous John Smith.
L'Organisation, c'est donc une sorte de société secrète qui enquête sur des phénomènes bizarres en parallèle des autorités locales (et en marchant souvent sur leurs plates-bandes).
John Smith.
Tu imagines le gars en costard noir, chemise blanche, lunettes noires ?
Tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’à l’épaule.
Il n’y a que dans les films ou dans les agences gouvernementales que les types sont aussi facilement identifiables.
Non, John Smith est neutre. Parfaitement neutre. C’est un cadre moyen comme tout le monde. Si parfaitement comme tout le monde, que tu le prends pour un cadre moyen paumé quand il entre sur ton lieu de travail. Jusqu’à ce que ce cadre moyen qui semble tombé de son siège à roulettes te colle sa carte professionnelle sous le nez. Et comme le cadre moyen n’appartient à aucune agence gouvernementale officielle, la seule carte dont il dispose est un neuf millimètres.
Cadre moyen ou pas, ça fait toujours son effet, bordel de dieu !
— Garibor Coont ?
Je reste là, la mâchoire affalée sur la poitrine.
— Je vous pose la question par principe. Je SAIS que vous êtes Garibor Coont. Garibor Coont ?
Je hoche la tête, le regard rivé sur le canon du flingue que le gars me pointe vers le visage.
— Bien. (Le type remballe sa carte de visite et sourit.) En ce cas je vous prie de me suivre. Notez bien que prie n’est qu’une formule de politesse. Vous n’avez pas le choix. Je m’appelle John Smith.
Missions par pizza interposée…
Ne vous fiez pas à son côté psychorigide, l'Organisation sait plaisanter quand cela est nécessaire. Un petit coup de mou? Ils vous livrent vos missions en code pizza, apportées par des robots ancienne génération souvent d'assez mauvais poil et adeptes des pourboires.
Je me réveille en sursaut. Une de ses saloperies de bots de livraison de pizzas de chez PizzaBots se penche sur moi. Sa trogne de conserve à moitié rouillée à quelques centimètres à peine de mon visage. La même trogne que la dernière fois.
— Quatre fromages. Vous avez commandé une pizza quatre fromages.
— Mais bordel, qu’est-ce que tu fous chez moi ?
J’entendrais presque les processeurs calculer dans son crâne de métal. Je n’aime pas les robots. D’aussi loin que je me souvienne, je déteste ces succédanés d’humain.
— Votre porte était ouverte, monsieur Garibor Coont. L’une de nos missions est de porter secours aux êtres humains. La mienne est également de livrer des pizzas.
Pause.
— Je suis entré au cas où vous auriez été victime d’un malaise. Vous dormiez. Je livre votre pizza. Vous me devez 12 Yu$, sans les pourboires. Les pourboires permettent à PizzaBot de…
— Ta gueule !
Y-Files, ou les dossiers Yumington…
Des missions, Garibor Coont en résoudra quatre dans cette intégrale. Il sauvera de pauvres citoyens dont les souvenirs se voient effacés au profit d'un seul, un affreux cauchemar qui revient sans cesse. Il prêtera main forte aux scientifiques pour tenter de découvrir pourquoi certains de ses concitoyens se transforment en rocher vivant à l'écoute d'un message sur un GSM.
Je m’approche de la victime. Les paramédics sont comme autant de canards qui auraient trouvé un fusil-mitrailleur. Ils ne savent que faire et s’interrogent du regard. Je comprends bientôt l’objet de leur embarras.
Evereth Stinger est allongé, nu, sur le sol. Toute sa peau est couleur gris souris et son réseau veineux se dessine sur son corps en noir charbon.
Je m’accroupis à ses côtés, les secouristes s’écartent.
Cadavre ? Pas tout à fait.
J’ai un mouvement de recul quand je m’aperçois que les yeux de Stinger bougent encore dans leurs orbites. Le type est aussi raide qu’une plaque de marbre, mais ses yeux vont d’un secouriste à l’autre, affolés. Ça a quelque chose de répugnant.
J’ai vu défiler bon nombre de cadavres à la ProEvTech, mais jamais de cadavres encore vivants.
Je prends sur moi et tapote le bras de Stinger. Sa peau sonne comme de la pierre.
— Fascinant, hein ?
C’est Smith qui, debout juste derrière moi, laisse tomber cette réflexion. Je ne réponds rien.
— Le fourgon de l’Organisation ne devrait pas tarder. On l’embarque et on l’étudie au labo.
Puis plus doucement :
— Vous pourrez vous y connecter tranquillement et voir ce qui a bien pu lui faire ça.
— Je ne suis pas médecin, Smith.
— On n’a plus vraiment affaire à un patient, Coont. Les constantes vitales de ce gars chutent à chaque minute qui passe. Dans trois heures, il sera mort.
— Donc il n’est pas encore mort, Smith. Et s’il n’est pas encore mort, il est encore vivant.
— Considérez-le comme un pré-mort, alors.
Il s'en ira vingt mille lieues sous les mers afin de définir pourquoi l'équipage entier s'est auto-zigouillé.
Baxter attend l’ennemi. Il va surgir d’un instant à l’autre. Face à lui. Baxter lève sa lame. Mais ce n’est pas l’horreur de l’ennemi qui le fait hurler. Ce qu’il observe avec effroi est en lui. Plus exactement, sort de lui. Un ver. Puis deux. Puis dix. Puis cent sortent grouillant du dos de sa main.
Baxter les voit. Forcer sa peau puis surgir au travers d’elle, longs, fins, se tortillant. Sa main est bientôt couverte de vers noirs d’une dizaine de centimètres de long. Puis cette infection intime gagne son avant-bras jusqu’à le couvrir complètement d’une horreur grouillante. Le bras ne résiste pas à cette répugnante colonisation.
Stopper la progression de l’ennemi. Éliminer l’ennemi. Tuer l’ennemi qui progresse maintenant jusqu’à la base de son cou. Bientôt son visage sera couvert de cette monstruosité. Son visage sera dévoré par les vers. Ses joues. Ses yeux. Son cerveau.
Survivre.
Stopper la progression de l’ennemi à tout prix.
Baxter plante la lame de son couteau à la base de sa mâchoire puis découpe sa propre chair.
Dans ce cauchemar, il distingue à peine la voix de l’homme qui hurle à quelques pas de lui.
Il sera pour finir envoyer à #Tijuana avec son collègue Tremblay pour retrouver Baker, un codeur de génie pris au piège dans la salle de bain de sa chambre d'hôtel par une organisation malveillante.
Comment avait-il pu se planter cinq échardes dans le doigt ?
Dans un premier temps il tenta de gratter ces petites pointes qui affleuraient. La douleur fut instantanée, comme s’il avait plongé son index dans de l’huile bouillante. Il ne put retenir un cri. Il se leva, alla chercher la loupe qu’il conservait dans le placard de sa chambre d’étudiant. Un ustensile qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’utiliser jusqu’alors mais auquel il était attaché car il le tenait de son grand-père.
Il revint à son bureau, orienta la lampe d’architecte sur son doigt et observa les cinq curieux points noirs. Il eut un mouvement de recul.
— Putain ! Mais qu’est-ce que c’est que ça !
L’effroi le saisit plus de cinq minutes et durant tout ce temps il fut incapable de regarder à nouveau son index. Prenant sur lui, il observa à nouveau. La nausée le submergea et il courut aux toilettes pour vomir.
— Quelle horreur ! Quelle horreur ! Quelle horreur ! ne pouvait-il s’empêcher de répéter pour lui-même.
Malgré toute la répugnance que lui inspirait cette observation, il se pencha une troisième fois, aussi fasciné qu’horrifié sur l’extrémité de son doigt. Grâce au fort grossissement de la loupe, il y distinguait très nettement de petites têtes de vers noirs qui semblaient s’être nichés dans un bourrelet de chair. Un nid constitué de sa propre peau dans lesquels ces corps étrangers et bien vivants s’étaient logés. De la pointe de son stylo, et avec beaucoup d’appréhension, il tenta de titiller l’une de ces têtes. La bête se rétracta et la douleur fut immédiate, insupportable.
Cubicle et colocataires…
Parce qu'il n'y a pas que le travail dans la vie, Coont a un chez lui. Oui, enfin… Un très petit chez lui. Un cublicle (ce qui n'est déjà pas grand) qu'il partage avec son meilleur pote Churros et une nouvelle colocataire, Dancing, qui a l'air de lui plaire beaucoup.
En fait, nous avons là l'essentiel des personnages des trois premiers épisodes de cette intégrale. Coont, Churros, Dancing, les John Smith, et quelques intervenants mineurs qu'on voit à peine passer. Du coup, je me suis sentie un peu à l'étroit dans l'univers de Coont. Peu d'amis, peu de relations en dehors de chez lui, pas de famille… Oh, bien sûr, tout cela est plus ou moins expliquer dans le tout dernier tome, Génésis. Mais en attendant les réponses, eh bien, cela déconcerte, voire cela ennuie un tantinet. Parce qu'en dehors des enquêtes, on a le sentiment qu'il ne se passe pas grand chose de captivant.
Churros entre donc dans mon cubicle sans frapper, comme d’habitude.
— Merde Churros, tu peux pas frapper ? Je suis en plein enregistrement !
Je lui dis ça par principe et sans réelle conviction sachant que jamais il ne frappera pour entrer chez moi.
— TaaaaaTaaaaaaaaaaaaaaaaaaTaTaaaaaaaa
Il se tient là, debout, bras et jambes écartés, ventre en avant.
— Alors ?
— Alors… Quoi ?
— Ben qu’est-ce que t’en penses ?
— Qu’est-ce que je pense de quoi ?
Il balaie des deux mains, de haut en bas, l’ensemble de sa personne.
Je me redresse sur un coude. Et je ne lui trouve rien de changé : immense, potelé comme un bébé de huit jours, gras comme un churros.
— Quoi ? T’as changé quoi ?
— Comment ça ce que j’ai changé ?
Je ne retiens pas un soupir dont il n’a rien à cirer et je l’observe plus en détail.
— Non, je vois pas. Désolé, vieux, mais là… Je vois pas.
— Merde ! Le tee-shirt, le bermuda, les tongs…
Maintenant qu’il me le fait remarquer je vois le changement radical.
La veille encore, il se baladait en toge orange de moine bouddhiste, deux petites cymbales accrochées aux majeurs, quatre bracelets de clochettes aux chevilles et aux poignets.
Comment ai-je pu passer à côté de ça ?
— T’es plus bouddhiste ?
#Tijuana, ou le changement radical de décor…
Ah ouais, là, pour le coup…! Je vous conseille de vous chausser de vos santiags préférées avant d'entamer les deux tomes de #Tijuana, car ça va déménager! Changement d'époque, déjà, puisqu'on passe de 2075 à 1970… Juste un petit bond dans le passé, si peu… Et changement de décor, aussi! Bienvenue dans le western spaghetti!
Ici, on commence à sentir un peu plus d'air frais, grâce à l'apparition de nouveaux personnages (Baker, Allegra et ses sbires…). Le changement de décor aussi permet de nous sentir moins enfermé.
Progressivement, au fil de l'histoire, on va s'apercevoir que l'on se trouve dans un univers gigogne, où chaque univers est imbriqué dans un autre. C'est un peu comme le film Inception et ses différents niveaux de rêves. Et ici, du rêve, vous allez vous en enfiler à la pelle, les amis! Car tout tourne autour du rêve et de l'irréalité.
C’est le type au chapeau de cow-boy qui parle. Je peux l’observer en détail maintenant. Un grand type, très grand. Il a bien la gueule d’ours que j’avais remarquée quelques heures plus tôt. Il porte un pantalon de cuir, des santiags, et il est torse nu sous un gilet en peau de reptile.
La fille quant à elle est bien plus menue. Les traits de visage sont fins, ses yeux aussi noirs que ceux de son acolyte. Elle semble arborer un sourire en permanence.
— On va déjà décider quoi faire de vous, pas vrai, ma Doody ?
— Faut bien !
— Pas la peine de vous lever si je dois vous descendre, hein ?
Le type rit grassement. Dancing aussi mais son rire est heureusement plus cristallin.
— Bon alors, commençons gentiment. Tout d’abord se mettre en condition.
Le type attrape une cigarette roulée qu’il porte sur l’oreille et l’allume avec son Zippo. À l’odeur, je devine immédiatement qu’il ne fume pas que du tabac. Il inspire une grande bouffée avant de grogner en s’ébrouant.
— Bon. Les choses sérieuses, maintenant.
Il sort un jeu du Destin de la poche intérieure de son gilet.
— Oh non, pas ça ! je fais.
— Quoi ? Tu ne crois pas au destin ?
— Non.
Génésis, où la boucle est bouclée…
Troisième et dernier changement de décor. On revient à Yumington, mais cette fois, ce n'est plus Coont qui est aux commandes de l'histoire. Un militaire doit diriger une mission dans une prison appelée Jailcity. Cette prison est une sorte de grande ville coupée du monde extérieure, où les prisonniers ont pris leurs aises. Notre militaire doit éliminer un certain Koenigsman, qui dirige une sorte de secte et qui serait responsable d'une série d'abominations scientifiques. C'est au cœur de Jailcity que le lecteur trouvera les réponses aux questions qu'il se pose depuis le tout début de cette intégrale. À savoir, qui est réellement Coont?
— C’était quoi, ce truc ?
— C’était un homme, pas un truc, Steer. Un type d’ici. Un barjot, lui répond Yang à voix basse.
— Non. C’était tout sauf humain. C’était gris, comme avec des écailles.
— Tu délires, Steer.
— Je l’ai vu, je te dis. Il avait des griffes. C’est avec ses griffes qu’il a égorgé Johanson, pas avec un couteau. Je sais ce que j’ai vu. Je suis pas dingue.
— Ça va maintenant, Steer. Tu la fermes. Et tu regardes devant toi.
Sur les parois, les tags qui marquent le territoire de Koenigsman se font de plus en plus nombreux. J’ai la sensation d’entrer au cœur de l’enfer. Un enfer dont nul ne peut sortir vivant. Un lieu où règne la violence totale, la terreur. Un enfer où les hommes sont réduits à l’état de bêtes sauvages et immondes. Un enfer sur lequel règne un dieu absolu, intransigeant, mauvais, sournois : Koenigsman.
Je comprends un peu mieux les inquiétudes de Chase. Si un tel monstre prenait possession de toute l’île et se révélait capable de lever une armée prête à donner l’assaut sur la Ville, plus aucun espoir ne serait permis. Ces types détruiraient bien plus que la Ville, massacreraient bien plus que ses habitants. Il annihilerait la civilisation elle-même.
Tout à coup, Johanson braque le spot sur sa droite. Une ombre s’échappe dans un conduit perpendiculaire, comme effrayée par la lumière.
— Un animal, dit-il à voix basse. Rien qu’un animal.
C’est la première fois que j’entends le son de sa voix.
L’atmosphère se détend peu à peu. Je m’autorise à relâcher un peu mon attention, même si j’ai conscience que nous ne sommes pas à l’écart de tout danger.
— Il y a des animaux, ici ?
— De toutes sortes. Chiens, chats… Des rats, bien entendu. Mais aussi des vaches, des porcs. Mais ceux-là ne sont pas dans les égouts. Il faut bien que les gens se nourrissent. Il y a deux fermes industrielles sur l’île. Tenues par des gangs, bien évidemment. Jail City est un véritable écosystème auto-suffisant. Tous ces gens vivent dans une quasi-totale autarcie.
— C’est sans compter les monstres, ajoute Steer.
— Les monstres ?
Yang se marre et allume une cigarette.
— Ouais, les monstres.
Il ne semble pas vouloir en dire plus.
— Les monstres ? Quels monstres ?
Yang lance un coup d’œil qui me paraît complice à Steer.
— C’est l’île aux monstres. Il n’y a que des monstres, ici. Ou presque. Tous ces tueurs, ces violeurs, ces terroristes sont des monstres, pas vrai ?
Je regarde Yang droit dans les yeux. Il me cache quelque chose. Celui-ci ne détourne pas le regard tout en tirant sur sa cigarette.
— Y a-t-il des informations que j’ignore et dont je devrais être informé ?
En résumé…
J'ai relativement bien accroché avec cette série de S-F qui s'est vraiment laissée lire toute seule. Au début, j'étais catastrophée de voir qu'elle faisait 856 pages, et puis à ma première lecture, j'ai vu qu'elles défilaient vite et bien, donc ça m'a rassurée. C'est vrai que je n'ai pas retrouvé ma littérarité bien-aimée, mais l'histoire avait un côté si divertissant et si fou que je me suis prise au jeu malgré tout. Quelques petites coquilles s'étaient glissées dans le texte et ont un peu gêné ma lecture, surtout dans les deux épisodes de #Tijuana, mais ce n'était pas vraiment grave.
Là où je plussoie de façon très enthousiaste, c'est pour l'univers proposé, et cet humour, parfois noir et grinçant, parfois décalé avec un petit côté "nonsense" que j'adore.
Malgré le capharnaüm qui semble régnait au sein de ces histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres, il y a une logique, et les réponses viennent à la fin. Le lecteur ne reste donc pas avec des questions en suspens, ce qui est fort appréciable.
Je ne vais pas dire que les personnages sont attachants, toutefois. Garibor Coont est un bon gars, mais bien trop insouciant et débonnaire pour que je m'attache réellement à lui. Quand à ses colocataires… Churros a un côté comique, mais il peut vite taper sur le système. Dancing, quant à elle, reste au final assez mystérieuse.
Ma note finale : 15/20 - L'histoire et ses concepts étaient géniaux, mais les personnages étaient plutôt bof et trop peu nombreux, et l'écriture m'a parfois donné du fil à retordre. L'humour m'a plu, en revanche.
![[Chronique] Le rêve oméga, l'intégrale, de Jeff Balek](https://i0.wp.com/img.over-blog-kiwi.com/300x300/0/54/07/81/20160918/ob_7640ea_acherontia-nyx-boese-angry.jpg)
À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques!
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