Let's have a beer with… Lord Dunsany et Hannes Bok
Bonjour tout le monde!
Vous le savez peut-être déjà, je me suis prise de goût pour l'écriture de nouvelles, mais je constate que j'en ai lu trop peu sur ma courte vie. Or, cela peut s'avérer utile pour glaner des idées et apprendre à construire ces courtes histoires d'une main de maître. Afin de remédier à ce triste constat, j'ai décidé de vous donner rendez-vous les vendredis soirs (les samedis et les dimanches aussi, mais cela, je vous l'expliquerai les jours concernés ^^). Une bonne chope de bière à la main, je lirai une (ou plusieurs) nouvelle(s) fantasy, et vous donnerai mon avis dans un court article.
Cela me permet, d'une part, de lire davantage de nouvelles et de découvrir de nouveaux auteurs, et d'une autre part de progressivement vider ma PAL des grosses anthologies qui la peuplent. Et, par la même occasion, de tester toutes les bières spéciales auxquelles je n'ai pas encore goûté 😉
Je ne sais pas encore si ce rendez-vous sera hebdomadaire ou pas… Il est à l'essai jusqu'en septembre. Dès lors, je devrai décider d'une fréquence, en fonction de ce que je peux lire, de ce que je peux chroniquer, et aussi de ce que mon corps peut absorber sans trop prendre de poids (déjà que j'essaie d'en perdre…)!
Mais cessons de tergiverser, et allons prendre cette bière!
La bière…
Cette semaine, j'ai choisis une Apogée, produite par la brasserie belge Fulltime Hops, et achetée à la boutique de l'Avouerie d'Anthisnes.
Voici ce qu'en dit son brasseur :
L’Apogée est une bière rousse brassée avec du malt tourbé dans laquelle on fait macérer des copeaux de chêne imbibés au whisky durant la fermentation… titrant 6% vol.alc, donc très légère et avec un goût venu de l’espace intersidéral !

FullTime Hops est une association sans but lucratif regroupant plusieurs talents qui a pour but la promotion du savoir-faire brassicole belge et tout autre type de produits et recettes artisanaux …
N'hésitez pas à jeter un oeil à leur site, c'est très instructif ^^
Les nouvelles…
Les deux nouvelles que j'ai lu aujourd'hui proviennent d'une anthologie publiée chez Omnibus et intitulée "La grande anthologie de la fantasy". Les textes ont été sélectionnés et réunis par Marc Duveau. Les deux nouvelles que j'ai choisi de lire aujourd'hui sont les suivantes :
Chu-Bu et Sheemish, de Lord Dunsany
Cette nouvelle est initialement parue dans "Le livre des merveilles".
Chu-Bu était une divinité mineure dont la statue était idolâtrée dans un petit temple de Ting. Mais un jour, une autre statue fut introduite dans le même temple, et idolâtrée au même titre que celle de Chu-Bu. C'était la statue de Sheemish, un autre dieu mineur. Chu-Bu en conçut une terrible jalousie, et passa dès lors son temps à regagner l'adoration de ses fidèles.
J'ai adoré cette nouvelle, toute simple et pourtant truffée d'humour. Cette histoire de dieux jaloux m'a vraiment prêté à sourire, surtout à la lecture de leurs petites vengeances personnelles et de leurs insultes dignes d'une cours de récré. J'ai trouvé cela succulent. Et la finale est plutôt surprenante, avec une bonne chute.
Il s'agissait probablement pour la nouvelle idole d'affermir sa réputation. Mais je doute que Chu-Bu se soit préoccupé un seul instant de ses motivations. Pour le dieu déjà consumé de jalousie, le simple fait de savoir que son rival honni s'apprêtait à faire un miracle dépassait tout ce qui était admissible. Sans hésiter, Chu-Bu concentra de nouveau toutes ses forces pour obtenir un tremblement de terre, même un tout petit. Pendant quelques instants tout se figea et attendit dans le temple de Chu-Bu, mais aucun tremblement de terre ne vint.
Être un dieu et ne pas réussir un miracle donne une sensation assez horrible. C'est à peu de chose près comme si, dans le cas des êtres humains, quelqu'un s'apprêtait à éternuer de belle façon et qu'aucun éternuement ne venait ; ou bien encore comme si quelqu'un décidait de nager avec de lourdes chaussures de marche, ou bien tentait de se souvenir d'un nom oublié depuis longtemps. Tous ces désagréments étaient aussi ceux que connaissait Sheemish en cet instant.
La quête de la pierre, de Hannes Bok
Dans un royaume qui ressemble au Japon ou à la Chine traditionnelles, l'empereur Po Ko souhaite partir à la quête de la Pierre du Pouvoir, qu'il doit dérober à un puissant magicien. Bien des obstacles jalonneront son chemin.
La véritable force de cette nouvelle, ce sont les descriptions. Elles se veulent démesurément poétiques, imitant le style asiatique traditionnel, très pompeux et exalté. Mais il y a une surenchère dans la démesure qui prête à sourire, parce qu'on sent bien que, par ce biais, l'auteur tourne un peu le style en dérision. Comme lorsqu'il parle de la cité impériale d'Oa, dont le nom signifie "Le lit du fleuve visité jadis par la déesse Tow Kow et son cortège de neuf cent quatre vierges sages"… Le tout m'a fait penser à un mash-up entre Karaté Kid et Elric le nécromancien. C'était au final assez comique, et remarquablement bien écrit.
Le globe doré du soleil se prélassait languissamment sur les coussins bleutés de l'horizon, tandis que d'entêtants zéphyrs susurraient au travers de ses rayons de miel, caressant au passage la joue ferme, lisse, couleur de pain d'épice de l'empereur Po Ko et faisant frémir l'éventail en plumes de paon qu'il agitait négligemment d'une main aux ongles effilés, semblables à des griffes laquées. Sur la terrasse la plus élevée de ses jardins, l'empereur occupait son trône du mercredi, tout d'argent et de malachite. C'était un homme long et mince comme une stalagmite mordorée, élégamment drapé dans les vastes plis d'un kimono bleu vif, dont l'étoffe soyeuse disparaissait sous de riches broderies représentant des chimères et des dragons s'accouplant dans des gerbes de flammes.
Ma progression dans "La grande anthologie de la fantasy"…

À très bientôt pour une nouvelle bière!
Si vous appréciez ce concept, n'hésitez pas à faire pareil et à venir parler des nouvelles que vous avez lues, soit en commentaire de cet article, soit sur la page Facebook du blog!
Miam, une bonne bière et des nouvelles pour commencer le week end… Qui dit mieux?
J’aimeJ’aime