[Chronique] Elvira Time 1, Dead time, de Mathieu Guibé

[Chronique] Elvira Time 1, Dead time, de Mathieu Guibé

Synopsis…

L’existence des vampires n’est plus un secret pour personne. Alors que le tout Hollywood les décrit comme les amants du siècle, notre bon vieux gouvernement des États-Unis a tranché. Chaque rejeton aux dents longues se verra proposer un choix : se référencer auprès des autorités et survivre comme un animal en cage ou rester libre et se faire traquer par des chasseurs de primes rémunérés par l’état. Perso, je préfère la deuxième solution. C’est beaucoup plus lucratif pour mes finances depuis que j’ai hérité de l’entreprise familiale. Le problème, c’est qu’à 17 ans, je suis encore enchainée au lycée et je dois concilier cours de math et exécutions sommaires. D’aucuns diront que j’ai la fâcheuse tendance à ramener plus de boulot au bahut que je ne rapporte de devoirs à la maison. C'est pas faux.

Alors voyez-vous, quand on doit gérer tous ces vampires attirés par le miasme hormonal émanant de mon école et qu'en plus, on s'appelle Elvira, la vie n’est pas simple.

Une ado qui se plaint de son calvaire quotidien ? Rien de neuf à l’horizon, me direz-vous. Mais croyez-moi, je sais garder les pieds sur terre. Ma vie aurait pu être bien pire : j’aurais pu être un de ces monstres et me retrouver du mauvais côté de mon pieu.

La loi d'attraction universelle…

Ce sympathique roman, je l'ai déniché à la Foire du livre de Bruxelles cette année. De passage sur le stand des Éditions du Chat noir, j'ai fait de bien belles acquisitions, m'offrant un roman ou deux de chaque auteur présent. Lorsque je passe à la caisse, l'auteur qui tenait cette dernière (Mathieu Guibé en personne, mais ça, je ne le savais pas encore) me regarde et me dit en souriant : "Eh, mais tu n'as pas pris mon roman…?!" De fait, c'était le seul qui manquait à ma panoplie… Un peu gênée (oui, je suis facilement gênée… j'ai dû rougir, comme d'habitude, aidée par le verre de champagne sifflé une demi-heure plus tôt), je m'exécute et jette mon dévolu sur le premier tome d'Elvira Time.

Eh bien… hum… comment dire? Vous voulez vraiment avoir mon avis? Mais vraiment vraiment? Parce que c'est embarrassant, voyez-vous… Ce roman, je ne l'ai vraiment pas aimé, mais alors pas du tout…

…Même pas un tout petit peu.

Un énorme "like"…

Bien sûr que non, puisque je l'ai adoré! Bon, vous constaterez l'effet de suspense à deux balles… Je sais, ce n'est pas génial, mais j'ai l'encéphale actuellement un peu fatigué, un handicap momentané qui se caractérise par de l'humour de bas étage et des effets rhétoriques douteux.

Alors, si vous voulez expliquer à vos enfants le terme "euphémisme", rien de plus simple! Vous leur dite simplement qu'Acherontia (célèbre blogueuse littéraire, au passage, vous serez gentil de me faire un peu de pub mensongère) a kiffé le premier tome d'Elvira Time. Assurément, vos ados comprendront! Rien de tel qu'un bel exemple en guise de support didactique…

Je tire mon chapeau à l'auteur, Mathieu Guibé, pour ces quelques 200 pages de pur bonheur, ainsi qu'à Élodie Marzé, qui signe des illustrations très réussies des différents protagonistes de l'histoire, les rendant presque vivants.

Un excellent Buffy-like

Il y aurait énormément de choses à dire concernant la série Elvira Time.

En guise de mise en bouche, je me permet de retranscrire un extrait de l'excellente introduction rédigée par Morgane Caussarieu. Je n'aurais pas su mieux résumer l'intrigue et l'ambiance du roman…

Le but n'est pas de sortir des clichés de la bit-lit ou des super héros, plutôt de jouer avec, de les détourner. Elvira est une punkette cynique et violente qui ne perd pas son temps à baiser avec les vampires qu'elle est chargée d'éliminer. Elle est assistée par l'improbable Ludwig, un petit génie hypocondriaque de 13 ans, fan de BD qui ne comprend pas le second degré, sorte de mélange agaçant entre Sheldon Cooper et Cortex, la souris mégalo qui veut conquérir le monde… Il y a aussi Jericho, le meilleur ami plus très consistant, Belinda la meuf collante dont personne ne veut mais qui s'incruste quand même, et pour finir, Shinta, un néo samouraï un peu pédé sur les bords… Voilà un scoobygang très mal assorti mais au complet, qui ensemble essaiera de déjouer la menace composée de créatures diverses et variées : vampires beaux gosses bourrés de vampestérone, vampires gros lards ou encore vampires catcheur albinos russe fan de disco… Vous l'aurez compris, on se fend bien la poire en lisant Elvira Time et on aurait du mal à le classer dans la case bit-lit, malgré les ressemblances! D'ailleurs, on aurait bien du mal à le classer tout court…

Dead Time, introduction de Morgane Caussarieu

Définitivement, je ne placerais pas ce roman dans la catégorie "bit-lit". Si Elvira Time utilise certains des codes employés dans ce genre littéraire, c'est pour mieux s'en détourner de façon humoristique et cynique. Ici, pas de scènes de cul à l'horizon. Excusez ma grossièreté, mais il faut bien avouer qu'en bit-lit, les pseudos-scènes érotiques foisonnent et sont à peu près aussi plaisantes que du travail à la chaîne dans une usine de boîtes de conserve. Prenez ces scènes, comparez-les et vous constaterez qu'elles se ressemblent toutes. Ce sont toujours les mêmes éléments, les mêmes protagonistes au physique stéréotypé (trop d'ailleurs, des physiques à la Shemar Moore déclinés selon tous les types et toutes les origines ethniques, super, quelle créativité! Où est le charme, là-dedans, je vous le demande…), les mêmes mouvements, les mêmes zones qui sont privilégiées (Hé ho! Ne me demandez pas des détails non plus! Vous m'avez très bien captée…). Vous l'aurez compris, je n'aime pas beaucoup la bit-lit, du moins pas celle que l'on voit fleurir dans les rayons des super-marchés. Ceci pourrait constituer une autre preuve, s'il en fallait une, qu'Elvira Time n'est pas de la bit-lit, car j'ai adoré Elvira Time. Une preuve plus que suggestive, mais une preuve tout de même!

Je dirais qu'Elvira Time est un inclassable. Un joli petit ovni littéraire en forme de canine ensanglantée qui s'accroche longtemps à la mémoire comme aux zygomatiques. C'est un détonant mélange de fantastique résolument moderne, d'humour noir, cynique, grinçant, d'action trépidante, d'amitié inespérée. Le texte fleure bon les relents de l'adolescence révoltée, l'atmosphère saturée des couloirs de lycée, le fumet métallique du sang, et l'odeur délicate de la vampestérone. Un parfum tenace qui ne lâche plus mes organes olfactifs, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Un autre point qui m'a énormément plus, c'est le côté rock et geek de l'univers d'Elvira. Déjà en elle-même, la demoiselle envoie du lourd avec ses répliques cinglantes et ses airs de guerrière vénèr. Même si elle n'en parle pas forcément, on sent bien qu'elle passe son temps avec du gros son dans les oreilles. Et ça, j'achète! (Surtout, ne venez pas me confondre avec une fan de danse avec les stars!).

Le côté geek, quant à lui, m'a carrément ramenée vingt ans en arrière, à la bonne époque des Tortues Ninja, des premiers Star Wars, des flippos, et des tamagochis. Très vite, certaines vidéos du joueur du grenier me sont revenues en mémoires, dont celle que je vous partage plus bas… Une de ces vidéos qui me font toujours rire aux éclats, et qui à la fois me rappellent tant de bons souvenirs passés devant mon écran de télé…

Ceci dit, je vous rassure, toutes les références ne sont pas aussi éculées! Les natifs plus récents y trouveront largement leur compte également, car l'auteur fait de nombreux clins d'yeux à des références récentes, et puis de toute façon, les comics et les super héros ne se démodent pas!

Et pour finir, il y a Buffy! L'indémodable Buffy et ses vampires ridiculement grimmés. Bien sûr, le ton du roman nous rappelle furieusement cette série très en vogue il fut quelques temps… mais en mieux! Ceux qui connaissent Buffy, franchement, lisez Elvira Time, vous ne pourrez qu'être bluffés. Pour ceux qui ne connaissent pas Buffy… allez-y d'autant plus les yeux fermés!

Vampire hunter

Hé, les bouffeurs d'hémoglobine! Z'avez intérêt à bien sangler vos docs, à planquer vos canines et à vous accrocher aux jupes de vos mères! Elvira Time la chasseuse de vampire badass est dans la place! Ça va déménager grave!

Elvira est une héroïne comme il y en a peu. Malgré son impopularité au sein de la jungle scolaire (et qui pourrait lui reprocher de ne pas vouloir entrer dans le moule…), elle n'a pas sa langue en poche. Son humour grinçant, son cynisme et sa confiance en elle la rende attachante (sans doute bien malgré elle, car elle déteste qu'on lui colle aux basques), au même titre que ses moments de faiblesse qu'elle se plaît à dissimuler du mieux qu'elle peut.

L'ado gothico-punk possède un caractère trempé dans l'acier de son expérience en matière de chasse aux vampires. Son pieu fièrement fixé à sa ceinture (cloutée, cela va de soi), son bocal de canines prêt à accueillir de nouvelles recrues rangé dans l'obscurité de son casier de collégienne, elle est à l'affût du moindre suceur de sang qui aurait le malheur de croiser sa route.

J'ai littéralement adoré son personnage, et le fait que ce soit elle qui raconte l'histoire, à sa façon mi-garçon manqué, mi-lycéenne en révolte. À travers elle, j'ai retrouvé un peu de mon adolescence lointaine, je me suis en partie reconnue dans son portrait (hé oui, derrière la petite blogueuse timide se cache une ex-ado déjantée qui écoutait du Metallica à fond en faisant de l'air guitar au milieu de la chaussée, qui ne se séparait jamais de ses docs à pointe renforcée et qui hurlait des "merde!" monumentaux au sommet des collines, à la façon des chanteurs de death metal. J'ai moi-même eu ma période "garçon manqué" où je préférais les t-shirt de groupes et les colliers à clous au vernis rose et aux paillettes. Encore maintenant, d'ailleurs, à bien y réfléchir…). J'ai adoré son caractère parce que, quelque part, cela m'a rappelé qu'à une époque, j'avais moi aussi un caractère bien trempé, et que j'ai trop souvent tendance à le mettre au placard au profit de la soi-disant "bienséance". Sornettes que tout cela! Ce roman m'a donné envie de me bouger le cul et de retrouver cette part de moi qui sommeille depuis trop longtemps!

Un pieu bien placé entre les omoplates et le type explosa façon ballon de baudruche. La binoclarde me dévisageait de ses yeux ronds que ses culs de bouteille grossissaient de manière grotesque. Heureusement, le sang sur le verre me masquait un peu le spectacle. Non, mais elle en tirait une tronche!
– Qu… Qu'est-ce que tu as fait?
– Un truc à mi-chemin entre le refroidir et te sauver les miches, mais y'a pas de quoi!
– Tu… tu… tu as tué mon petit ami!!
OK, entre l'option A : évanouissement ou option B : hurlements suraigus type cochon qu'on égorge, elle avait coché la case joker : pie bavarde! Ma veine!
– Ton petit ami était un vampire et c'était le baiser de la mort qu'il s'apprêtait à te donner.
Je savais être poète à mes heures perdues, peut-être que ça l'aiderait à lui faire passer la pilule.
– Impossible!
Manqué…
– Je t'assure, les humains normaux ne meurent pas en mode feu d'artifice "oh la belle rouge" quand tu les plantes avec un bout de bois. C'était définitivement un vampire… enfin "définitivement".
Après trois simples phrases, elle avait outrepassé mon seuil de tolérance à la bêtise féminine. La plupart des filles de mon âge voulait goûter au fruit défendu : se faire empaler par un vampire dans leur pieu, alors que je ne souhaitais, moi, que d'empaler un vampire avec mon pieu. D'où l'infranchissable fossé qui me séparait des greluches hystériques.

Dead Time, de Mathieu Guibé

L'improbable scoobygang…

Si la psychologie d'Elvira est complexe et bien travaillée, les autres personnages ne sont pas en reste. Belinda la collégienne effacée/collante et comédienne à ses heures, Ludwig le petit génie au QI démesuré qui raffole des comics, Jericho l'ami discret et son sweat d'Halloween, ou encore Shinta dont je ne parlerai pas dans cette chronique de peur de vous en dire trop quant à la fin du roman… tous sont très attachants, chacun à leur manière, même si bien souvent certains nous tapent délicieusement sur les nerfs.

Sourire d'enfer

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Elvira a un meilleur ami… Jericho de son petit nom, ce jeune homme pourrait être qualifié de discret, si son sweat n'arborait pas une tête de citrouille façon Halloween…

Ce n'est à mon sens pas le personnage le plus présent physiquement, et pourtant une bonne part du récit repose sur lui et son histoire. On finit rapidement par s'y attacher, d'autant plus que sa relation avec Elvira est tout à fait touchante.

Ce que j'aime, avec ce personnage, c'est la façon très progressive avec laquelle le lecteur apprend à le connaître. À chaque nouveau chapitre où il apparaît, on en apprend un peu plus, et à la fois on est amené à se poser de nouvelles questions. Les éléments d'intrigue le concernant sont incroyablement bien amenés. Nombre d'entre eux sont dissimulés dans les premiers chapitres, de telle sorte qu'on ne comprend les allusions qu'à la seconde lecture, lorsque l'on sait le fin mot de l'histoire quant à sa nature. Dans le texte qui suit, par exemple, se cachent des indices, et pourtant on dirait une "banale" description (et non, je ne dirai pas quels indices ni ce qu'ils sont censés révéler!).

Adossé contre le mur, la capuche de son sweat rabattue sur sa tignasse dont des mèches brunes s'échappaient en houppette au-dessus de son front, il la jouait profil bas. C'était sans compter sur l'orange pimpant de son hoody qui avait trahi sa présence. Jericho avait mis cette horreur pour la première fois, il y a exactement un an, jour pour jour, afin de manifester, avec second degré, son irritation profonde à l'égard de la célébration d'Halloween et surtout pour éviter d'avoir à se déguiser. Le visage d'une citrouille était sérigraphié sur le buste de telle sorte qu'une paire d'yeux menaçants se tenait en lieu et place de ses tétons et qu'un sourire béat partiellement édenté lui ceignait l'estomac. La grande classe! Je suis sûre qu'il n'avait pas prévu de le ressortir aussi souvent, le jour de son achat. Malgré l'extravagance et des contrastes à faire péter des records de saturation, Jericho était plutôt du genre lycéen fantôme. Il ne faisait pas de vagues, rasait les murs et ne pipait pas mot pendant les cours. Sa peau franchement livide, bronzée par le rayonnement de son écran de PC, et ses cernes de trois kilomètres n'aidaient sans doute pas à attirer le regard. Mais lui comme moi, en s'en fichait. Je me serais bien effacée, moi aussi, mais c'était sans compter ma grande gueule et mes activités extrascolaires.

Dead Time, de Mathieu Guibé

Belinda des bois

Belinda, c'est un peu le Kinder surprise de la bande. Elle incarne à elle seule l'expression "L'habit ne fait pas le moine"…

Dans le genre cruche/potiche/écolière fantôme que personne ne peut blairer, on ne fait pas mieux! Et pourtant, vous risquez d'être bien étonnés par son personnage et le rôle qu'elle va jouer dans l'histoire…

Elle baissa les yeux sur sa poitrine émergente et plaqua aussitôt ses cahiers et livres de classe pour en cacher l'inexistence quasi totale. Cette fois, j'espérais l'avoir bien mouchée pour enfin regagner mon casier seule. Cependant, son embarras soudain l'avait éveillée au regard que porte la société sur elle, tous les lycéens du corridor ayant cessé leur activité pour la dévisager avec des yeux de chouette interloquée.
– Pourquoi tout le monde me fixe? demanda-t-elle en resserrant la prise sur ses livres, comme si notre dernier échange pouvait être la raison d'un tel voyeurisme flagrant.
– Ben, disons que pour moi, c'est un peu devenu une habitude et puis, je m'en tape pas mal des œillades en traître, mais je pense que de te voir recouverte de sang dans ta robe de petite fille sage, ça les interpelle pas mal.
– Oh mon Dieu, c'est vrai! Le sang!!
– Ouais, et puis c'est pas comme s'il y avait que ça. Il te reste quelques bribes de boyaux un peu partout. Tiens regarde, t'en as même dans les cheveux.
Je glissai mes doigts derrière son oreille pour récupérer un lambeau de chair sanguinolente et le déposai sur le rebord de son cahier, c'est-à-dire juste sous son nez. À cet instant, alors que nous étions à hauteur des toilettes pour filles, Belinda bifurqua et en franchit la porte. Le temps que le battant se referme, je la surpris à se vider de ses propres tripes sur le carrelage en damier. Hémoglobine et vomi, ça allait être une sacrée journée pour le concierge.

Dead Time, de Mathieu Guibé

Ludwigénial

Lui, je pense que c'est mon petit préféré! Engager la conversation avec lui, c'est comme ouvrir un dictionnaire au hasard, un dictionnaire dont les illustrations se seraient muées en dessins de comics, et dont la couverture serait entièrement aseptisée (monsieur est très attentif à ne pas toucher des germes et autres particules qui ne lui appartiendraient pas…).

Ludwig est agaçant à souhait, et c'est justement pour cela qu'on l'aime!

– Et tu ne pouvais pas attendre qu'il finisse sa phrase?
– Disons que quand il a commencé à s'exciter en m'attrapant par les épaules, je me suis dit que ça commençait à sentir le roussi.
– Autrement dit, ton amygdale s'est activée.
– Ludwig, l'expression "autrement dit", ce n'est pas, en général, pour reformuler de façon plus simple?
– L'amygdale est la région de ton cerveau qui initie le sentiment de peur. Quant à l'origine de l'expression "autrement dit", cela…
– C'est bon! Je n'ai pas eu peur, je préfère penser que j'ai été prudente.
– Eh bien la prudence aurait voulu que tu entendes cet avertissement qui semblait de la plus haute importance. Et peut-être même de ne pas te priver d'un vampire puissant qui combattait ses semblables comme allié. C'est un peu comme si tu avais tué Blade…
– Tu m'énerves avec ton héros de papier. Si tu étais un peu plus génie que tu ne le prétends, tu aurais déjà trouvé tout ce qu'il nous faut comme informations! Ça fait des heures que tu te promènes sur internet et que tu essaies de programmer un algorithme de recherche plus performant que Google.
– Je te l'ai dit, je manque de paramètres! "Le règne des porcs", tu es sûre qu'il a dit ça?
– Certaine! Tu penses que l'équipe de foot du lycée va remporter le championnat ou quelque chose comme ça? Je vois pas bien le rapport avec moi…
– Hmm, je miserais plutôt sur une modification profonde du génome de la race porcine, un peu comme les Teenage Mutant Turtles. Sauf que je ne vois pas le lien avec les vampires.
– Parce que tu vois peut-être le lien entre des cochons humanoïdes et moi?!
– …
– Non! Ne dis rien, je ne veux pas savoir! Être intelligent ne t'empêche pas d'être un grand malade, mon pauvre Ludwig.

Dead Time, de Mathieu Guibé

La cerise sur le gâteau…

Ben oui, quoi, vous croyez que ça s'arrête là? Une bonne intrigue, de l'action, des personnages sympas… et c'est tout? Eh ben non, mes loulous!

Ce roman se révèle décidément bien surprenant, car en son cœur se cache une histoire d'un tout autre genre. Qu'est-ce qui pourrait bien être apparenté aux vampires, et qui pourtant s'avère leur être totalement différent? Une autre créature fantastique, morte elle aussi, et pourtant vivante…

Bingo! Des zombies! Dentiers vs. Zombies, pour être précise…

Dentiers vs. Zombies, c'est une sorte de série télévisée que regardent Elvira et Jericho à leurs heures perdues. Bien sûr, ils ne peuvent s'empêcher de partager leurs épisodes préférés avec nous autres, lecteurs. Voici donc un petit extrait, de quoi activer encore davantage votre appétit littéraire…

De son œil unique, feu l'infirmier Dani – un bellâtre d'origine italienne dont le sourire faisait des ravages chez les patientes, une habitude qu'il s'était fait un fierté de conserver après sa non-mort, comme en témoignait l'émail de ses dents teinté de sang – fixa avidement Magda, la désignant comme sa future proie. L'octogénaire en était convaincue, et devant ce tableau tout droit sorti de la divine comédie, elle fut horrifiée de sa compréhension. À cet instant, elle fut grandement soulagée que l'administration ait toujours le budget pour fournir des couches troisième âge à ses résidents.
L'infirmier dans sa blouse piquetée d'hémoglobine, véritable tablier de boucher, traîna la patte sur le lino en damier noir et blanc. La semelle caoutchouteuse de ses chaussures crissa sur le plastique. Le mouvement de balancier de son bassin emporta l'autre jambe, qui suivit avec une même complainte aigüe et étirée. Le déhanchement chaotique du mort-vivant laissait penser qu'il portait une prothèse en titane, mais c'était bel et bien la vieille Magda qui avait ainsi été réparée. Pourtant, elle devait courir pour sa vie, même pour le peu qu'il en restait.
Les roues mal huilées de son déambulateur couinèrent comme une souris, lui faisant gagner quelques centimètres d'un coup. Qu'elle rattrapa de son pied gauche… – elle inspira à grandes bouffées dans son masque à oxygène relié à la bonbonne fixée sur son véhicule – puis du droit. Et le processus se répéta alors que le panneau exit demeurait toujours aussi loin.

Dead Time, de Mathieu Guibé

En résumé…

J'ai trouvé ce roman très graphique. Il est écrit avec tellement de naturel qu'on se croirait presque dans un comics. Le récit est rythmé, les actions s'enchaînent à merveille, l'intrigue et le suspense sont parfaitement distillés, le texte est truffé d'humour et de références à la culture geek, l'héroïne est délectable à souhait. J'ai été vraiment séduite par cet univers très rock'n'roll, par cette histoire enlevée où je n'ai pas eu une seule fois le temps de souffler.

Je veux la suite, et vite!

Ma note : 18/20

Zombie Acherontiapocalypse!
Zombie Acherontiapocalypse!

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques…

où vous ferez la connaissance d'une apprentie magicienne pas comme les autres, un peu lanceuse de caillasses à ses heures, un peu ado rebelle et anticonformiste à d'autres, où d'infâmes complots fomentés par des magiciens sans foi ni lois éclateront au grand jour comme autant de marguerites dans un champ printanier, où l'amitié est plus forte que la raison et peine à se transformer en autre chose alors que la volonté y est, où les objets s'embrasent tous seuls et menacent la vie de ceux qui les approchent de trop près, où la pauvreté côtoie la richesse dans une paix plus que relative, où de pauvres voleurs se voient affublés de noms de rongeurs pour le moins exotiques, et où, enfin, les mages ne sont pas tous ce qu'ils semblent être…

2 réflexions au sujet de « [Chronique] Elvira Time 1, Dead time, de Mathieu Guibé »

    • Oui, je te le conseille! J’ai vraiment passé un bon moment avec ce roman. La preuve, je ne peux pas m’empêcher de le partager autour de moi. Il va bientôt partir chez une amie qui me l’a réclamé à corps et à cris…

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