[Chronique] Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez

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[Chronique] Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez

Synopsis…

La ville étend ses membres tentaculaires et rejette à la surface ce qui a fait jadis ses heures de gloire.Les hommes la cultivent, récupérant les nombreux rebus qu'elle ne manque pas de leur offrir. On dit même que dans ses entrailles profondes vivent d'autres créatures qui ne sont plus tout à fait humaines. Et puis il y a ces lutins qui apparaissent au crépuscule, comme surgis de nulle part…Mais qu'importe ? L'essentiel n'est-il pas que la ville continue à fournir ses rebuts ? C'est dans ce monde sombre et déliquescent, qu'Obicion exerce son travail d'enquêteur royal. Vieillissant et désabusé, il enquête sur l'étrange meurtre d'une jeune femme. Étrange car il s'aperçoit bien vite que ses os sont en plastique….

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La loi de l'attraction universelle…

Cette loi est très simple, pour le coup… Elle s'appelle "attraction de la première de couverture" et peut toucher tous les lecteurs, les petits comme les grands. J'ai croisé par hasard le chemin de ce roman dans la petite librairie proche de mon travail. Au premier coup d’œil, je lui ai trouvé un look d'enfer! Beau, ténébreux, bien proportionné… Bref, appétissant! Je l'ai salué tout en le retournant pour avoir une meilleure vue sur ses fondements. Le résumé m'a paru intéressant. Et comme je sais qu'il ne faut point juger sur le simple physique, j'ai opté pour une exploration moins superficielle. La découverte de sa personnalité profonde m'a totalement décoiffée… Fi! Je vais encore effrayer les gosses à la piscine…

Féerie pour les ténèbres en portrait chinois

J'ai bien envie d'entamer cette chronique par un petit portrait chinois, tiens… Histoire de vous mettre déjà dans l'ambiance ^^

Si Féerie pour les ténèbres était une musique…

Là, je n'hésite pas, je sors directement l'artillerie lourde de mes potes de Benighted!

Si Féerie pour les ténèbres était un tableau…

Sans hésitation, je choisirais cette peinture de Francisco de Goya, Saturne dévorant un de ses fils.

[Chronique] Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez
Si Féerie pour les ténèbres était un animal fabuleux…

Une chimère, bien sûr!

Si Féerie pour les ténèbres était une boisson…

Un bon petit verre d'absinthe qui arrache…

Un autre roman qui me fait penser à Féerie pour les ténèbres

Le premier tome des livres de sang de Clive Barker, en particulier la dernière nouvelle, Dans les collines, les cités

Bref… vous voyez le topo! Passons donc à la chronique proprement dite!

Avis important aux lecteurs qui auraient l'outrecuidance de lire la suite…

Dans les lignes que vous vous apprêtez à lire se cachent d'indicibles horreurs qu'il vous sera difficile d'affronter seul. Retenez que ce qui suit va bien au-delà de l'effroi. Aussi, sachez préserver votre esprit peut-être déjà fragile d'une mort cérébrale certaine. Pensez à vous équiper d'un Féeur compétent pour vous accompagner dans ce qui pourrait s'avérer être votre premier et dernier Vertige. La Féerie n'est pas affaire de débutant…

Note de l'auteur : Pour vous préserver des larves de féeurs peu scrupuleux, n'hésitez plus! Achetez les capotes géantes Meunier. Meunier, le choix, la qualité, c'est notre métier!

Entre causticité décalée et humour putride…

J'affiche clairement la couleur : j'ai adoré ce roman! Il a tout pour me plaire… une plume recherchée et fluide à la fois, un humour noir et grinçant qui m'a souvent rappelé l'humour anglais, avec quelques belles notes grivoises, un univers glauque, des personnages totalement loufoques et attachants, même les pires d'entre eux, du gore en veux-tu en voilà…

Soyons clair dès le début, je ne pense pas que ce roman convienne au tout venant. Si le gore thrash vous rebute, si les univers sombres vous fichent le cafard, si vous n'appréciez pas l'humour noir ou si vous n'êtes pas accoutumés à apprécier une lecture au 36e degré, vous aurez du mal à entrer dans l'intrigue de cette trilogie. Clairement, il faut avoir l'estomac bien accroché pour entamer cette lecture, tant elle dézingue tout sur son passage, vous remuant cœurs et têtes aussi sûrement qu'une montagne russe. Âmes sensibles et esprits chatouilleux, s'abstenir, donc…

Cocasseries et descriptions saugrenues…

Le premier éléments qui m'a séduite dans ce roman, et qui a continué à attiser ma curiosité et mon hilarité tout au long du récit, c'est cette cocasserie propre à l'écriture de Jérôme Noirez. Prenons déjà le titre de certains chapitres, très éloquents quant au côté saugrenu des situations qu'ils renferment…

Estrec de Gourios et ses problèmes de plomberies, Malgasta de Sponlieux manque de se faire gratter, Grenotte et Gourgou goûtent à l'ergot de blé, Jobelot avale de la neige, Quinette la chienne au cul de Meurlon, Malgasta au jardin des idiots et des fous, Obicion discute avec une bouche d'égout, Dame Plommard entretient son potager, Jectin de Lourche jure de se mettre à la broderie, Grenotte et Gourgou rotent et pètent dans l'En-Dessous, Mesvolu le fraselé narre l'inénarrable…

Sans compter les noms des personnages et des lieux… J'ignore encore comment s'y est pris Jérôme Noirez pour produire cet effet, mais chaque patronyme ou toponyme sonnait à mes oreilles comme un parfait compromis entre le grotesque et le sordide. Caquehan, Bobancié, Vicerince, Sponlieux, la mer clapotante… ou encore Obicion, Malgasta, Meurlon, Mesvolu, Orbarin Oraprim, Dame Plommard, Dandin d'Ando…

Ce sont tous ces petits détails qui font aussi toute l'ambiance du roman, qui donne à cet univers étrange ses lettres de noblesse, en quelques sortes.

On trouve dans cette histoire toute une foule de détails comiques et loufoques, comme ces quelques moments où l'auteur nous parle de l'histoire des saints "bien connus". C'est que Jérôme Noirez nous propose une complète hagiographie comico-morbide qui vient agrémenter le plat de quelques grains de poivre noir qui font tousser de rire. Citons entre autre sainte Cadacace-la-sept-fois-pestiférée, saint Dediace-le-Fou, sainte Coriolle-l'Amoureuse, saint Avoi-le-Malportant…

Il y a ce vieil hurluberlu de Lulle-Haut qui s'amuse à imiter les cris et les imprécations des skieurs qui se cassent la nénette sur la piste noire…

Le vieux Carcaran, à l'oreille attentive, note chaque cri dans un livre qu'il a intitulé Clameurs de l'Ubac et dont il aime faire la lecture deux soirs par semaine à l'unique auberge du pénonage, une grande bâtisse de pierre noire dressée en aplomb d'un bois de sapins. Il y fait salle comble, car il imite à la perfection les cris de douleurs et sait redonner tout son piquant à ces bordées d'insultes exotiques que seule une folle souffrance peut inspirer à un homme.

Féerie pour les ténèbres, chapitre 6, de Jérôme Noirez

Il y a la colle de Fichoiro, aussi…

Si les bourgeois de Caquehan, les bigots de Sainterel ou les courageux pêcheur d'Aspe ignorent tout de Sponlieux, au moins connaissent-ils Vicerince. La colle de poisson de Vicerince est la meilleure du monde ; grâce à elle, Barugal le Fou décore les murailles de sa forteresse avec le corps de ses ennemis. Un jour, il y a collé cent bonshommes, et ni la pluie, ni le soleil, ni les attaques des corbeaux n'ont réussi à les décrocher. Ils doivent y être encore.

Les seigneurs de Vicerince ont fait fortune grâce au fichoiro, le poisson glu qu'on ne trouve que dans la Mer Clapotante. Il est infect à consommer, ce n'est qu'une outre de bile et de vinaigre, mais il contient, dans trois grosses glandes, cette colle miraculeuse qui s'échange contre de l'or, des épices, du pouvoir et des rebuts.

Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez

Mais soit… Je ne peux malheureusement pas trop épiloguer sur le sujet, sinon on est encore là la semaine prochaine! Ce récit est une véritable fourmilière de cocasseries en tout genre, et c'est tout pour me plaire. Ceci confère un peu de légèreté à ce que suit…

Un monde grand-guignolesque…

On pourrait pratiquement qualifier l'entièreté du roman de "grand-guignolesque". Pour ceux qui ne connaissent pas ce terme, il s'agit d'un adjectif désignant ce qui est d'une horreur exagérée et invraisemblable. Pour la petite histoire, le terme provient de l'ancienne salle de théâtre Grand-Guignol, à Paris, réputée pour ses pièces mettant en scène des histoires macabres et sanguinolentes.

Passé ce bref encart théorique, mieux vaut un petit dessin qu'un grand discours, voici une preuve que le terme convient parfaitement aux écrits de Jérôme Noirez (ou du moins à celui-ci en particulier).

Cinq années d'errance, de famine et de maltraitances n'ont pas réussi à changer l'humeur de Quinette. La petite chienne à poil long, qui ressemble le plus souvent à un informe tas d'étoupe, est toujours aussi remuante de la queue et frémissante de la truffe lorsqu'elle croise un humain.

Pourtant, elle n'a guère eu de chance lors de ses rencontres avec les hommes. Affamée, rouée de coups, laissée pour morte, dressée à tuer – un échec cuisant pour le dresseur, puisque Quinette n'a jamais rien tué d'autre que des mouches à bovins, et encore, à grand-peine -, sacrifiée à une espèce de divinité assoiffée de sang animal, suspendue cinq jours au bout d'une corde de pendu, transpercée par un carreau d'arbalète : elle a connu toutes les souffrances et a échappé de peu à toutes les morts.

Mais elle chemine encore à la recherche d'un improbable maître en caresses et en tendresse. Ainsi est sa nature. Elle ne peut réprimer cet amour spontané pour tout ce qui se tient sur deux pattes et qui sent le savon ou bien la crasse humaine au parfum si enivrant.

Féerie pour les ténèbres, chapitre 9, de Jérôme Noirez

Vous en conviendrez, après de tels traitements, n'importe quel chien aurait déjà rendu l'âme, et sans doute plus d'une fois, d'ailleurs. On trouve dans l'écriture de Jérôme Noirez une surenchère de gore qui, plutôt que de dégoûter, prête à sourire par ce côté "too much". Je pense que c'est là l'effet recherché par l'auteur. Au fil de ma lecture, je n'ai pas eu l'impression que le but de ce récit était de faire peur comme dans la littérature d'épouvante, ou de susciter le dégoût ou l'effroi comme dans les récits thrash ou gore. Je pense plutôt que cette surenchère est faite pour donner à l'histoire un cachet sombrement cocasse.

Oui, enfin… ça, c'est bon pour la première partie du roman (jusqu'au premier tier, environ). Dans la suite du roman, la surenchère de gore tourne parfois au carnage total. L'auteur a semé son récit d'ornières dans lesquelles nous tombons inévitablement, véritables trous de lapin crevé qui nous emmènent dans les sombres dédales de l'En-Dessous, jusqu'au Fondril et ses charniers putrides.

Allez, les enfants, ne soyez pas timides, vous avez voulu que Papa Noirez vous raconte une histoire, assumez, à présent! Il avait l'air gentil, de loin, Papa Noirez, avec sa grande barbe blanche, ses beaux habits rouges et ses drôleries sur fond de petit feu de bois… Mais si vous y regardez de plus près, mes doux agneaux…

De plus près… on voit les vers qui grouillent sous l'abondante toison faciale. Voyez-vous le mouvement des poils, qui vont, qui viennent, qui pulsent en rythme? Pouvez-vous à présent apercevoir les dents rougies de croquemitaine qui luisent dans la bouche jusqu'ici restée close? Si vous vous approchez suffisamment près, vous vous apercevrez que le petit feu de bois n'est pas exactement un feu de joie, mais plutôt un ramassis d'âmes damnées. Des corps suppliciés, mutilés, martyrisés… des esmoignés, des fraselés, des ossifiés… Et là, mes chers enfants, il est temps pour vous de prendre une grande respiration, de humer d'un peu plus près cette fragrance de charnier avant de…

Basculer vers le Fondril…

Acherontia

Dans l'univers de Jérôme Noirez, il y a les humains, les gens comme vous et moi, qui vont et viennent à la surface de la terre, qui vaquent à leur petite vie, le plus souvent dérisoire.

Et puis il y a les habitants de l'En-Dessous, ce qu'il appelle les rioteux. Les rioteux se divisent eux-mêmes en trois classes distinctes : les esmoignés (comme Meurlon dont nous parlons ci-plus bas), les fraselés (comme Mesvolu dont nous parlerons également) et les ossifiés (qui sont seulement cités dans l'histoire).

Je vous gâcherais la surprise du récit en vous en disant de trop au sujet des rioteux. Le mieux est de vous laisser découvrir par vous-même un rien de leur essence au travers de cet extrait…

Mesvolu sourit.

Le sourire d'un fraselé est un spectacle remarquable. Sa dentition articulée se dresse et s'entrechoque à l'extérieur de sa bouche. Sa langue, également faite de multiples rameaux, s'ouvre en corolle. Le tout forme une fleur de chair et d'émail d'une grand délicatesse.

Féerie pour les ténèbres, chapitre 27, de Jérôme Noirez

Et encore plus bas que l'En-Dessous, dans une partie du sol où même les rioteux ne s'aventurent pas, est le Fondril. Et dans le Fondril se terre une horreur de chairs putrides dont la seule évocation suffit à se faire dresser sur les bras les poils les plus récalcitrants. Mais j'en tairai le secret afin de vous préserver d'un spoil non mérité…

36e degré pour un 36e dessous…

Je ne vous le cache pas, ce roman est par moments d'une obscurité étouffante et baigne dans une atmosphère malsaine de folie larvée. C'est pourquoi il est bon de trouver les petites touches de cocasserie dont je vous parlais en début de chronique. C'est, je pense, ce qui nous permet d'apprécier cette histoire en la prenant au 36e degré plutôt qu'au premier, c'est un humour qui agit comme une sorte de barrière qui nous empêche de sombrer définitivement dans le sordide.

Le ton du récit m'a globalement rappelé les films des Monty Python, en particulier cette scène du chevalier noir qui se fait débiter en morceau au fil du combat et qui, après avoir perdu bras et jambes, continue à sautiller pour mordre son adversaire.

Bon, c'est vrai, ce livre m'a fait penser à de nombreuses scènes des Monty Python, en fait, mais il serait vain de les énumérer de manière exhaustive. Je vous avouerais que les Monty Python et moi, c'est une longue histoire d'amour. Nous nous sommes rencontrés grâce à mes grands frères, et nous nous sommes mariés quelques années plus tard. Nous… n'avons pas eu beaucoup d'enfants… pas un seul, d'ailleurs. En revanche, j'espère bien que nous vivrons heureux pour toujours ^^

Les belles histoires de Mamy Acherontia… Chapitre 1, L'ingénieur et le chimiste
Ah, mes grands frères, parlons-en! C'est toute une histoire! Sensiblement plus âgés que moi, ils n'avaient de cesse de me montrer leurs films d'horreur (The thing de John Carpenter, ou encore The hidden qui était mon petit favori), me faire écouter leur musique death metal (même si, en fait, c'était plutôt moi qui écoutait derrière la porte XD), me faire lire leurs romans fantasy (même si c'était plutôt moi qui les piquait sur leurs étagères). Sans compter les expériences étranges auxquelles ils me conviaient... fumigènes foireux qu'on jette dans les égouts à défaut d'avoir un extincteur sous la main, atelier de fabrication de slime fluorescent, séance de nourrissage de l'iguane (Wally de son petit nom), puis du gecko (Sexy de son petit nom), puis des phasmes (petits noms trop nombreux à énumérer), puis du boa constricteur (et aussi du petit élevage de souris qui va inévitablement avec... et... ah oui! Son petit nom à lui, c'était Kaa)... Je me souviens aussi des jeux vidéos... des vieux jeux de flipper sous MS-DOS (oui, je n'en ai pas l'air, ainsi, mais en fait je suis un dinosaure! J'ai connu les débuts de l'informatique...) et de nos parties endiablées, des Goblins (un vieux jeu français qu'on ne trouve pratiquement plus), de Doom (où mes frères s'étaient amusés à remplacer les flingues par des poulets...), de Theme Park (où l'on s'amusait à construire des montagnes russes si hautes que les visiteurs du parc gerbaient partout...). Eh oui, c'est cela, la vie avec un ingénieur et un chimiste, tous les deux totalement barrés! Respect pour mes deux grands frères, donc! C'est quand même leurs goûts bizarroïdes et leurs passes-temps farfelus qui ont contribué à ce que je suis aujourd'hui. Sommes tout, si je suis métalleuse et fan des littératures de l'imaginaire, c'est un peu grâce à eux. Ils m'ont transmis leur grain de folie, grain que je ne suis pas prête de laisser filer. Grâce à vous deux, j'ai passé les meilleurs moments de mon enfance. Je voulais vous remercier tous les deux pour cela. Du fond du cœur... 

Une image de Goblins 3, mon jeu favori à l'époque ^^ C'est encore un bon exemple de mes mauvais goûts en matière de garçons... Après Maître Splinter, je vous présente Blount, le héros du jeu... Oui, c'est un Goblin, je sais... Oui, il est moche, accessoirement... Mais surtout, c'est un PUTAIN DE PERSONNAGE DE JEU VIDEO!!! Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond, chez moi? Après ça, je me suis améliorée... Je suis passée à Luke Skywalker XD Hé ho! Pas de moqueries, hein! J'aurais tout aussi bien pu choisir Yoda...

Une image de Goblins 3, mon jeu favori à l'époque ^^ C'est encore un bon exemple de mes mauvais goûts en matière de garçons… Après Maître Splinter, je vous présente Blount, le héros du jeu… Oui, c'est un Goblin, je sais… Oui, il est moche, accessoirement… Mais surtout, c'est un PUTAIN DE PERSONNAGE DE JEU VIDEO!!! Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond, chez moi? Après ça, je me suis améliorée… Je suis passée à Luke Skywalker XD Hé ho! Pas de moqueries, hein! J'aurais tout aussi bien pu choisir Yoda…

Pour en revenir à nos Monty Pythons… Je vous rassure déjà, aucun "amoureux" à compter parmi leurs rangs, je n'ai pas poussé le vice du mauvais goût aussi loin…

voilà voilà, donc si vous avez vu le Saint Graal ou encore La vie de Brian, vous comprendrez ce que j'entends par "36e degré".

Si vous ne les avez pas vu, eh bien… Filez à la médiathèque la plus proche, louez-les et regardez-les! Vraiment… C'est un trou dans votre culture générale auquel il convient de remédier au plus vite 😉 Les Chevaliers qui font Ni vous en remercieront. Ils vous donneront peut-être même un de leurs jardinets. Par contre, si vous croisez ceux qui font Ekki Ekki Ekki Ekki P'tang zoom boing, fuyez!

Si vous n'aimez pas l'humour anglais, et encore moins l'humour noir, alors… je ne peux rien pour vous, et encore moins vous conseiller la lecture dont il est question dans cette chronique.

Une plume grandiloquente…

J'ai beaucoup apprécié la plume de Jérôme Noirez. L'écriture est fluide et très agréable à lire. Il emploie de beaux mots de temps à autres pour ponctuer son texte, qui brillent comme autant d'étoiles mortes dans un ciel crépusculaire et qui prennent feu en entrant dans l'atmosphère de nos esprits surchauffés. C'est un petit feu d'artifice littéraire dont les retombées étincelantes nous cinglent et nous brûlent la peau. Avez-vous déjà allumé ces petits feux de Bengale qui garnissent parfois les gâteaux d'anniversaire? Si, comme moi, vous vous y êtes pris comme un poney des Landes et que vous avez mis vos doigts trop près des étincelles, vous saurez alors de quelle sensation je parle. Pour ceux qui n'ont jamais testé la chose, cela fait un peu comme des baisers piquants de salamandre facétieuse. Hé bien, c'est ce que j'ai ressenti d'une part à la lecture de ce roman, dont les beaux mots et les traits d'humour étaient les étincelles.

D'un autre côté, de par ses aspects les plus glauques, le récit m'a donné l'impression de marcher dans une matière molle qui happait mes godillots de lectrice par un subtil mécanisme de succion continue. Cette même sensation que l'on a lorsque l'on marche sur une motte de tourbe très humide, et que l'on s'y enfonce jusqu'à la cheville, pour s'en extirper péniblement dans un grand schluuuurp un peu écœurant… ou lorsque l'on pose par hasard le pied dans de la chair putride… même si je n'ai jamais testé cette seconde option et n'ai aucune envie d'avoir à l'essayer un jour…

En bref, lire Jérôme Noirez, c'est un petit peu comme se prendre les pieds dans le terrier du lapin d'Alice, tomber dans un tunnel de ténèbres, puis être entraîné vers les confins insoupçonnés de la folie par un chapelier toqué à qui il manquerait des membres, et un chat du Cheshire qui, au contraire, aurait quelques paires de pattes en trop. Pour compléter le tableau, vous risquez de croiser une drôle de reine rouge dont le corps serait rembourré de frigolite émiettée, un Tweedledum et un Tweedledee en version roteuse et péteuse, et tant d'autres personnages merveilleusement déjantés.

Le message sous-jacent…

Une dernière chose dont je souhaitais vous parler, c'est de la notion de Technole, omniprésente dans l'univers de Jérôme Noirez. Cet univers est une sorte de monde post-apocalyptique. On ne sait pas trop ce qui a pu arriver au monde que nous connaissons, nous. On ne sait pas non plus à quelle période ou à quelle année se situe le récit. Ce que l'on comprend, en lisant un peu entre les lignes, c'est que le monde du roman recouvre notre monde et sa technologie. Notre monde constitue en fait l'En-Dessous et le Fondril, et la technologie dont nous "jouissons" à l'heure actuelle est littéralement vomie par la terre dans des plaines aux rebuts. Objets cassés, vieux vêtements, machines déglinguées, matières chimiques, plastiques… C'est ce qui s'appelle la Technole.

Des inclusions de Technole se voient de plus en plus fréquemment dans le monde qui recouvre le nôtre, et les habitants n'ont pas l'air d'apprécier ça. Ça fait tache sur le paysage auparavant si sauvage. Beaucoup d'entre eux préfèrent se tenir éloignés de la Technole, préférant une vie simple aux falbalas technologiques et autres gadgets brisés extraits des vomissures de la Terre.

Je ne sais pas vous, mais personnellement, je flaire le fumet d'une bonne fable écologique comme je les aime. Pas une de ces histoires mièvres à la Sauvez Willy, fort heureusement. Nous sommes loin de My Little Pony : Battle for Ponyland… (celles et ceux qui ont vu l'épisode du Joueur du grenier sur les dessins animés pour filles sauront à quoi je fais allusion ^^). Féerie pour les ténèbres est une fable sombre qui prend directement racine dans le cadavre exsangue d'un monde dévoré par le consumérisme galopant et les aspirations mégalomanes de quelques humains à la stabilité psychologique douteuse (Chincheface en est le parfait exemple). J'aime beaucoup les romans qui nous font réfléchir d'agréable façon, ces romans que l'on a en tête encore longtemps après la lecture, et qui nous pousse à nous interroger un peu plus sur notre vie et notre conception du monde.

Mais je vous rassure, si l'écologie ne trouve en vous aucun écho, le roman n'est pas axé à proprement dit sur le sujet. C'est un aspect que l'on peut capter si on y est sensible, mais il ne constitue nullement un thème majeur. Il s'agit tout au plus un motif récurrent qui est si bien traité qu'il se fond parfaitement dans le décor du roman et ne paraît à aucun moment moralisateur.

Un petit extrait pour vous donner envie?

Quinette la chienne n'a nulle raison d'en vouloir aux rioteux. Ils ne lui ont jamais fait de mal, et d'ailleurs, jusqu'à ce jour, elle n'en avait jamais rencontrés. Elle a, cependant, tant de fois entendu qu'un rioteux est le pire ennemi de l'homme qu'elle voue à ces créatures une haine irrationnelle. L'un de ses maîtres lui a appris à reconnaître l'odeur de ces créatures. Elle porte encore les cicatrices de l'aiguillon qu'il enfonçait dans ses flancs pour aviver la sauvagerie que tout chien est censé avoir en lui, tout en agitant sous son nez une patte momifiée de fraselé ou la rapière couverte du sang séché d'un esmoigné.

Alors, lorsque son chemin croise, à l'heure du crépuscule, celui de Meurlon le Manquerot, rioteux esmoigné et compagnon de jeu de Grenotte et de Gourgou, parti ramasser des fraises tardives dans les sous-bois de Bobancié, elle décide, en souvenir des souffrances qu'elle a endurées, de s'en prendre à ses fesses.

Comme Meurlon n'a ni jambes, ni tête, il est aisé, même pour Quinette, de situer son postérieur de rioteux et d'y bondir, la gueule grande ouverte. Derrière les poils qui lui font comme des fanons, il y a des dents…

Petites et usées, certes, mais des dents tout de même.

Meurlon, qui est également dénué de tête, ne peut se retourner pour voir ce qui lui pince le cul. Son nombril-bouche, rougi par le jus des fraises, s'ouvre pour laisser passer un hurlement.

Les rioteux ont une manière étrange de hurler. Ils modulent ce qui ressemble à une longue vocalise ; en fait, ils chantent leurs hurlements. Chaque famille de rioteux possède et pérennise ses propres mélodies à hurler. Il y a des mélodies pour exprimer la peur, la joie, la tristesse, la souffrance, il y a des mélodies qui effrayent les bêtes et les hommes, il y a aussi des mélodies à hurler pour la séduction et la jouissance.

Ce que hurle et chante Meurlon lorsque Quinette lui mord le cul est une improvisation inspirée d'un vieux hurlement familial de surprise et de douleur.
Le rioteux veut se débarrasser de l'animal, mais Quinette tient bon. En vérité, ses mâchoires sont tétanisées par sa propre audace, et même si elle le voulait, elle serait bien en peine de lâcher prise. Meurlon change de tactique et se met à lui péter au nez. Quinette, qui n'a plus guère d'odorat depuis qu'un jeune courtois s'est amusé à lui introduire des piments dans les narines, ne s'en formalise pas. Elle mord de plus belle. Ses grognements se mêlent aux hurlements chantés et aux flatulences, rendant la lutte en tantinet grotesque.

Meurlon rampe à travers les ronces vers le terrier d'où il est sorti, traînant la chienne poilue qui ne se décide toujours pas à lâcher.

Et lorsque la terre l'avale, c'est en compagnie d'une petite chienne rivée à son cul.

Féerie pour les ténèbres, chapitre 9, de Jérôme Noirez

En résumé…

Merveilleux! Je n'ai pas d'autres mots!

Si je vous ai cités beaucoup de points positifs, je ne saurais trop que dire si je devais en citer des négatifs… Ce roman correspond si bien à ce qui constitue mon petit univers (du moins une bonne partie, parce que je ne suis pas toujours aussi versée dans le gore) que je ne saurais décemment pas lui mettre une cote en-dessous de 19. En revanche, je ne réserve mes cotes de 20 qu'à de très rares romans qui m'ont tout particulièrement touchée. Et en même temps, on ne peut pas dire que ce roman ne m'ait pas touchée…

Donc…

Ma note : 19,5/20... Ainsi, je ne me prends pas la tête!

Et je terminerai par un extrait de Business Cat… (oui, je sais, encore…)…

Voici ce qui se passera si vous offrez ce roman à vos proches pour Noël!

[Chronique] Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez
[Chronique] Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez

À très bientôt pour de nouvelles aventures livresques…

où vous ferez la connaissance de Camille, d'Ambre et de tous les autres membres de la Vigie, où vos oreilles seront peut être la proie d'une attaque musicale sournoise, où votre peau deviendra peut-être la partition vivante d'un mélomane fou qui laissera derrière lui une traînée de sable noir, où vous serez peut-être amené à chasser le streum dans les artères de Lille pour assurer votre survie…

La grande aventure de ce blog se poursuit de plus belle, et Acherontia, votre dévouée chroniqueuse de l'imaginaire, compte sur vous pour lui donner vie!

2 réflexions au sujet de « [Chronique] Féerie pour les ténèbres, de Jérôme Noirez »

  1. Il me semble que frères et soeur avez fumé de la moquette de temps à autre 🙂 Bravo pour la chronique, moi qui ne suis pas lectrice de fantasy, tu parviens à me donner l’envie de m’y mettre.

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    • Juste la moquette, en ce qui me concerne, je tiens à le préciser 😉 Essayer la fantasy peut être une bonne chose. La plupart du temps, l’essayer, c’est l’adopter ^^ Mais connaissant tes goûts, je te déconseille de commencer par celui-ci, sans doute trop sombre pour toi…

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