Once upon a swap…
Jour 10…
"Bon, plus sérieusement…" Sean s'était subitement rembruni. "Pour répondre à tes questions, cette langue que ta tante a parlé tout à l'heure… Il s'agit d'une langue ancienne, elle n'est pratiquement plus employée à l'heure actuelle. Il s'agit surtout d'une langue rituelle que les habitant du Petit Peuple utilisaient pour invoquer les créatures de l'inframonde. Des démons, des incubes, des revenants… Ce n'est pas de la magie noire à proprement parler, car elle n'est pas nécessairement utilisée dans des buts funestes. Mais elle est malgré tout à prendre avec des pincettes, et non des moindres.
– Mais que s'est-il réellement passé, tout à l'heure? Renelle connait-elle cette fameuse langue, ou quelqu'un a-t-il pris contact avec nous par le biais du corps de ma tante?
– Je crains que la seconde option ne soit à envisager. Quant à savoir qui a jeté ce sort, qui avait tant besoin de délivrer ce message, c'est une autre pair de planches!
– As-tu la moindre idée de ce qui signifiait le message?
– C'est bien là le problème… je ne pratique pas la langue de l'inframonde. J'ai connut, dans le temps, quelqu'un capable de traduire ce genre de texte, mais quoiqu'il soit devenu de ce quelqu'un, il y a des années que je n'ai plus eu vent de lui.
– Que faire alors? Nous sommes dans une impasse… ou…
Le visage de Moïra s'illumina soudain comme si le jour s'était fait dans son esprit après une longue matinée de brume dense.
– Mais oui, bien sûr! La bibliothécaire de l'Université! Elle en connaît un rayon sur à peu près tout!
– Un rayon! s'esclaffa Sean. C'est le cas de le dire!
– En tout cas, si elle ne connaît pas la solution, elle pourra sûrement nous renseigner quelqu'un qui pourra nous aider…
– Alors en route! Qu'est-ce que t'attends!!"
S’emmitouflant chaudement, ils prirent la direction de la prairie et du passage menant à l'Université. Mais les vacances d'hiver aidant, le campus était désert. Même la bibliothèque résonnait du chaos assourdissant du silence. Moïra était très surprise par l'absence de Madame Fassbinder, qui aimait passer des heures, voire des jours, entre les rayonnages à fouiller entre les feuillets moisis. Elle ne s'absentait pratiquement jamais, même pour les vacances. Dépitée, Moïra s'approcha du comptoir d'où Madame Fassbinder écoutait les requêtes des lecteurs. Pour une raison inconnue, son regard fut attiré par…
[Ouvrir le paquet]
…par un petit cadre en forme de cœur. D'apparence banale, quoi qu'il fut plutôt joli, ce n'est pas le cadre en lui-même qui chiffonnait Moïra, mais bien le fait qu'elle pensait avoir perçu un mouvement dans la photo qu'il mettait en valeur. Sur le cliché, on pouvait voir la bibliothécaire poser d'un air fier, un gros chat noir en apparence peu ravi dans les bras.
Elle regarda de plus près la photo. Mais non, elle n'avait pas rêvé! Madame Fassbinder venait tout juste de hausser un sourcil! C'était flagrant, et pourtant…
"Dit donc, Sean, tu avais mit quelque chose de particulier dans ton tabac de tout à l'heure?
– Euh… Quelque chose comme quoi?
– Je ne sais pas moi… Champignon, drogue, substance hallucinogène, ce genre de chose…
– Désolé, j'ai laissé mon tabac d'amanite à la maison, railla-t-il. Non, non, il s'agissait de tabac tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Il y a un problème?
– Ah ça oui! La photo… je viens de voir bouger celle qu'elle représente…
– La bibliothécaire? Vraiment? Fais-moi voir ça…"
Sean examina le portrait et se prit à sourire.
" – Bien sûr, bien sûr… Une ruse vieille comme le monde! Attends, tu vas voir…"
Sur ce, il retourna le petit cadre et en frappa l'arrière à l'aide de son doigts recourbé. L'effet ne se fit pas attendre, une sorte de fumée grasse et étrangement odorante sortit de derrière le verre, et Madame Fassbinder prit progressivement forme devant son bureau. Elle paraissait furieuse…
"Qui OSE?!?" s'emporta-t-elle…